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HANDBOUND
AT THE
UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
REVUE CATALANE
TOME XU — Année 1918
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Tome XII
ANNÉE 1918
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Table des Matières
Liste des Membres, i .
Nécrologie, 8. 27, 65, 74, 236.
Pages choisies, 15,41,98, 145, 184, 189, 223.
Atila, 20.
Les Catalans illustres, 21.
Livres et Revues, 44, 68. 120, 168, 188, 212. 236, 256.
La correspondance de Frédéric Mistral, 104,
Fédération régionalistc française, 143.
Nos hôtes, 144.
Nos amis de Catalogne, 144.
Eglogues, 144.
Les premières bibliothécaires de Catalogne, 149.
Hospitalité catalane. i65.
Association régionaliste du Languedoc Méditerranéen, 186
Une visite à la maison du Maréchal Joffre, 187.
Une distinction méritée, 187.
La J^enaissance Catalane et le Régionalisme, 187.
Notable invent d'un català, 188.
Les deux Marnes, 191.
Manifestation artistique de charité. 212.
Academia y Felibrige rossellonenchs, 21 3.
Y En Joffre ? 242.
Une heureuse pensée d'Apeles Mestres, 243.
Echos, 255.
Exposition Manalt, 274.
Aragon (Henry). — Documents historiques sur la ville de Perpignan :
1. Criées concernant les places et marchés de Perpignan (suite), 9.
]]. Reconstruction des marchés ; Marchés secondaires. 29.
]]]. Les rues de Perpignan à la fin du xvin' siècle : l'embellisse-
ment et l'alignement des rues, 5i.
IV. Le théâtre de la Loge de mer ou l'ancienne salle du Consulat
de mer, 57.
^
V. Criées concernant les moeurs populaires au xv' siècle, y5.
VI. Ordonnances, lettres patentes du roi Martin, mandements
relatifs au droit d'être « habitant de Perpignan », io5.
Vil. Les Jardiniers de la ville de Perpignan sous les rois d'Ara-
gon. l32.
VIII. Notes relatives au tombeau du roi Sanche ; aux cloches et
au clocher de Saint-Jean ; au trésor de la chapelle du château
des rois de Majorque ; aux biens de la Communauté de Saint-
Jean de Perpignan, 154.
IX. Le régime du vin en Roussillon du xiii' au xv' siècle, 176.
X. Droit de rèvc et de haut passage. Ordonnances relatives à la
franchise des marchandises importées à Perpignan ou exportées
du Roussillon, 196.
XI. Transit des marchandises. Ordonnances relatives à l'exporta-
tion et au droit de transit, impôt sur les importations. Permis
de franchise concernant les draps. Interdiction d'exporter des
chevaux, 224.
XI I. Pragmatiques sanctions du roi Alphonse d'Aragon relatives
aux montures des gens de la maison du roi et de ses vassaux, 244.
XI II. Criées concernant les paons du Château royal, 248.
XIV. Criées royales au sujet des Juifs de Perpignan. Ordon-
nances relatives aux jeux de hasard, 263.
Bauby (Charles). — Que vingui la pau, 40.
Bergue (Paul). — Patrô de vida, 5.
La pau del llop, 2 i .
L'home enemic de la naturalesa, 48, 87.
Himne del gall Cantaclar al sol, 129.
Quan tornarà al Pais, 169.
Chauvet (Horace}. — Ay ! vina rossinyol, ijS.
Esteve Fi (L'). — La Cigala y la Formiga, 95, 117.
Francis (P.). — L'art d'En Manalt, 28.
La Colonie antique de Ruscino, 64.
Contrapas, 2 5o.
Gibrat (Joseph). — La seigneurie et la paroisse de Serralongue, 1 19, i23,
lOD, 172, 190, 214, 25i, 275.
Grando (Charles). — Atila, 22.
A Joffre immortal, 45.
Ma llengua, 73.
La Versification de Frédéric Mistral, i3o.
Sang en rovell d'où, i53.
La Renaissance Provençale, 218.
Resurreccio, 237.
— Jll —
Grande ( Ch. ) (suite). — La tradition locale et la Revue de l'Eldorado, 259.
En Trufeta y la Victoria, 273.
Janicot (Albert). — Salut al Rossellô, 66.
Lacvivier (R. dei. — Quelques noms de plantes et synonymes, 24, 46, 90,
i>4, 141, i5o, i85, 210, 219, 254, 279-
Lagarde ( Edmond). — Abrégé des règles tactiques du Félibrige, 98.
Massé y Ventés (Joseph). — Estances à l'infermera, 121.
Monsenyor Carsalade, 146.
Mestres (Apelesj. — Une strophe finale à la Marseillaise, 243.
Aima Mater, 257.
Perez-Jorba (J.) — Gatimells, 39.
L'avié, 235.
Real (Caries de la). — Littérature roussillonnaise, 41.
Sympathies catalanes, 63.
Riols (F.). — La 1000* de Terra Baixa, 5o.
Ripert (Emile). — Au pays de Joffre, 171.
Salvat (Fr.U — Cançé de soldat, 217.
Sarrète (Jean). — La Renaissance Catalane à l'école de Mistral, 240, 260
Thiers (F. -P.) — Une basilique latine du v' siècle, 17, 42, 66, 70.
Toinas i Salvany (Joan). — L'aucell, 69.
ILLUSTRATIONS
Portrait de Guimera, 44.
No passaran 1 97.
12' Année. N' 135 15 Janvier 1918
Le5 Manuscrits non insères ^^ ^P^^F W 4 V^
ne son: pas rendue. M^ta M^* ^m ï. J M^^
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Lrs Articles parus aans ia Revue W "^ ^^ ^^^ .^V ■ ^% |^| M^''
n'engagent que leurs auteurs. ^M^A A A A Jk A^A «• A ^ 4k^
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation ; iO fr. par an.
LISTE
DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
au 1 " janvier 1918.
MM.
1908. Abat, 11, rue d'Alésia, Paris.
1915. Aladern Joseph, 52, Universitat, Barcelone.
1906. Albar Félix, chef de bataillon en retraite, place Grëtry, Perpignan.
1914. Alcantara I GusART M., publiciste, Corts Catalanes, .^49, Barcelone.
1906. *Amade Jean, caporal-interprète. Presse étrangère, rue François 1", 3,
Paris {VUl*).
— "Aragon Amédée, rue Saint-Dominique, 4, Perpignan.
1914. *Aragon Henri, propriétaire, à Château-Roussillon, près Perpignan.
— Arqués Ramon, notaire. Les Borges d'Urgel! (Lleyda).
1917. Artus Georges, place du Marché-Neuf, Perpignan.
— AsPAR Jean, rue de l'Enfer, 4, Perpignan.
1910. AuRiOL George, banquier, rue Font-Froide, Perpignan.
1908. Aymar Joseph, chanoine honoraire, curé-archiprêtre de Prades.
1906. Badua J., 192, boulevard de Charonne, Paris.
— Baille Léon, architecte, rue de la Fusterie, Perpignan.
1912. Batlle Antoine, propriétaire, place de la Liberté igare), Perpignan.
1917. Bausil Albert, infirmier, hôpital militaire d'Amélie-les-Bains.
— Bauby Charles, à Prades.
-- Blanic Jean, rue Mailly, 18, Perpignan.
1908. Bergue Paul, conducteur principal faisant fonctions d'ingénieur des
Travaux publics, à Hanoi iTonkinj.
1906. Bibliothèque Municipale. Perpignan.
J912. Bibliothèque de lUniversité, Montpellier.
— Bibliothèque Populaire, Céret.
1907. Blancou Gabriel, avocat, rue des Trois-Rois, 3o, Perpignan.
Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des membres du Conseil d'administration.
1906. *Boix Emile (docteur), avenue Mozart, 9, Paris.
1918. Boixo Edmond, ingénieur à Vernet-les-Bains.
1906. •BoNAFONT Joseph, chanoine honoraire, Félibre Majorai, curé-doyen
d'Ille-sur-Tet, Vtce-Prèsident.
1907. BiuAL Pierre, chanoine honoraire, curé-doyen de Millas.
1917. Bringuier (M"'), Directrice de l'Ecole Normale d'Institutrices, rue
Valette, Perpignan.
1914. Brousse Emmanuel, député des Pyrénées-Orientales, Paris.
1908. DE Çagarriga Henri, propriétaire, château de la Grange, Saint-Génis-
des-Fontaines.
1906. Calmette Joseph, professeur à la Faculté des Lettres, Toulouse.
1918. Calveyrach Just, boulevard des Pyrénées, maison Pares, Perpignan.
1906. 'Campanaud Laurent, propriétaire, rue Petite-la-Réal, Perpignan,
"Président.
1917. Cantagrill (M'"), école Voltaire, Perpignan.
— Capdeville (M"'), Ecole Normale d'Institutrices, Perpignan.
1916, Carcassonne Henri, rue Cloche-d'Or, Perpignan.
1906. DE Carsalade du Pont Julcs (Mgr), évêque de Perpignan.
— Caseponce Etienne (abbé), collège « La Salle », carrer Univcrsilat,
52, 2°, 2"'', Barcelone ( Espagne).
1917. Castanyé I Prat, 55, Vallirana, pr"', Barcelone.
1909. Catel Jean, Bagnols-sur-Cèze (Gard).
1906. *CoMET Joachim, Imprimerie Catalane, rue de la Poste, Perpignan.
1916. Conte Joseph, Quartier-maître, T. S. F., à bord du Trehouari,
Toulon.
1912. Créance, avocat, 1 i, rue Notre-Dame-de-Lorette, Paris.
1909. CuiLLÉ Joseph, propriétaire, rue Manuel, Perpignan.
191 1. Dalbiez Victor, député des Pyrénées-Orientales, Paris.
1910. David d'Orimond, 3i, quai de Lorraine, Narbonne.
1917. Delfau Louis, artiste peintre, rue du Théâtre, Perpignan.
1907. Delmas Joseph, capitaine au 100' d'infanterie, Tulle (Corrèze).
— Drancourt Emile, avenue de la Gare, Perpignan.
1912. Dumayne, pharmacien, quai Vauban, Perpignan.
1906. Durand Laurent, agent d'assurances. Rue Grande-la-Réal, 28, Per-
pignan.
1917. Elèves de l'Ecole Normale d'Institutrices, Perpignan.
1916. EspiE (M"* A. d'j, femme de lettres, rue Hégésippe-Moreau, i5,
Paris.
1908. EsTÈvE de Bosch Xavier, général de brigade, rue du Mail, 83,
Angers.
1917. Fabre, aide-major médecin-chef, dépôt de remonte B, Tricouville,
par Ernecourt (Meuse).
1908. Falcon, chef de bataillon en retraite, place Arago, Perpignan.
— 3 —
qtj. FoucHÉ, professeur à Saint-Louis, Perpignan.
916. Foyer du Soldat, 2' étage du Castillet, Perpignan.
915. 'Francis P., 5, rue de l'Avenir, Perpignan, Trésorier.
906. Freixe Jacques, homme de lettres. Le Perthus.
917. Gau Henri, brigadier, 209" d'artillerie, 24' batterie. Armée d'Orient,
Secteur
906. GiBRAT Joseph (abbe), cure-doyen de Prats-de-MoUo.
912. 'Grando Charles, rue des Augustins, 3y, Perpignan. Secrétaire générât.
910. Granier (abbcf, curé de Lamanère.
906. Gravas Charles, notaire, Prades.
— Guiu Charles, percepteur, Latour-de-France.
913. Henry Alphonse (abbé), à Ille-sur-Tet.
917. Institut d'Etudes Méridionales, Université des Lettres, Toulouse.
913. Janicot Albert, employé à la grande vitesse, 48, route de Prades,
Perpignan.
906. DE Lacvivier Raymond, propriétaire, Elne.
917. Laudié Louis, sergent vaguemestre, 12' d'infanterie. Secteur
— Lanquine Clément, principal du Lycée d'Epernay (Marne).
— Manalt Célestin, sculpteur. Pont-rouge, Perpignan.
906. Marie Emile, propriétaire, Prades.
914. Maséras Alfons, homme de lettres, 4, plassa Universitat, Barcelone.
906. Massot Joseph (docteur), place d'Armes, Perpignan.
918. Massot Joseph-Paul, avocat. Le Boulou.
906. MoREL Marcel, négociant, rue Grande-la-Réal, Perpignan.
910. MucHART Henri, avocat, boulevard Montparnasse, 145, Paris.
916. Nérel Léon, député des Pyrénées-Orientales, Paris.
907. Pages Raymond, domaine des Garrigues-du-Tanary, Palau-del-Vidre.
917. Paillissé Eugène, sous-lieutenant, i i 3' d'artillerie lourde, 8' pièce.
Secteur
916. Palau Alexis, propriétaire, place des Esplanades, Perpignan.
907. Pams Jules, ministre de l'Intérieur, sénateur des Pyr.-Or., Paris.
917. Pams François, avenue de la Gare, 70, Perpignan.
906. 'Pastre Louis, instituteur, école Paul-Bert, Perpignan, .Archiviste.
— *Payré Joseph, avoué, rue de la République, Perpignan.
910. Peix Victor, industriel, Millas.
— *Pépratx Justin, notaire, rue Alsace-Lorraine, Perpignan.
906. Pons Joseph, agrégé d'Espagnol, professeur au lycée d'Angoulême,
prisonnier de guerre en Allemagne.
917. Portet, éditeur de musique, rue Argenterie, 26, Perpignan.
9!0. PujET Eugène, cité Bartissol, Perpignan.
907. PuiG Joseph, directeur des établissements Vallaert Frères, 64, bou-
levard Sébastopol, Paris.
— 4 —
1910. PujARNiscLE Victor, industriel, San-Feliu-de-Guixols (Espagne).
191b. Rameil Pierre, député des Pyrénées-Orientales, Paris.
Respaut Georges, Ambulance chirurgicale, automobile n° 1 i , par
rue Pinel, 2 i , Paris.
910. RiBEiLL, contrôleur des douanes, Port-Vendres.
916. RiPERT Emile, 2' Sous-Intendance, Constantine.
912. RocARiEs, avocat, quai Vauban, Perpignan.
918. Rousse Isidore, épicier, route de Saint-Estève, Perpignan.
914. T^oussillon (l'Amicale le), i, rue St-Denis, Brasserie Dreher, Paris.
908. RozÈs Numa, propriétaire, Saint-Hippolyte.
910. Saisset Lion, juge d'instruction, avenue du Chemin de fer, 3o,
Fontainebleau (Seine-et-Marne).
916. Salgas (M""'), institutrice, Rivesaltes.
906. Salsas Albert, receveur de l'Enregistrement, Castres (Tarn).
909. Salvat Louis, curé de Trouillas.
916. Salvat François, soldat téléphoniste au 40' d'infanterie, C. H. R.,
Armée d'Orient. Secteur postal
917. Société Agricole, Scientifique et Littéraire, Perpignan.
91 j . SoLÉ Y Pla Joan (doctor), Ronda de San Père, 6, Barcelone (Espagne).
916. SouBiELLE, professeur d'espagnol, rue Vauban, Perpignan.
907. SuDRiA, lieutenant d'Artillerie, 26, rue de Staël, Paris (XV').
909. Suzanne François, 69, rue de Richelieu, Paris.
916. Taix Sauveur, rue Jean Dupuy, 74, Hanoï (Tonkinj.
917. Tavera, Préfet des Pyrénées-Orientales.
906. Tisseyre Jacques, rue Grande-la-Réal, 35, Perpignan.
910. Thomas Romain, professeur en congé, Collioure.
907. ToDESco Venanzio, professor, Bassano, Vicenza (Italie).
906. Tresserre François, mainteneur des Jeux Floraux, 65, rue Alsace-
Lorraine, Toulouse.
— Trullès Ferdinand, notaire, llle-sur-Tet.
— *ViDAL Pierre, bibliothécaire de la Ville, rue Petite-la-Réal, Perpi-
gnan.
■007. Vilar Edouard, sénateur des Pyrénées-Orientales, 7, rue Faustin-
Hélie, Paris-Passy.
1917. ViLLACÈQUE Henri, meubles, rue Mailly, Perpignan.
1910. Villeneuve (Marquis Charles de), 75, rue de Prony, Paris.
1906. *VioLET Gustave, sculpteur, Prades, "Vice-Président.
1910. Violet (M"' Veuve Lambert), à Thuir.
J906. *DE WiTTWER DE Froutiguen Jules, le Boix-Saint-Sauveur , Prats-de-
Mollo.
PATRO DE VIDA
Piadosament a l'anima det mataguanyat pare.
Desde Texcclsa estada, ont el repos frueixes
i la Ditxa en sa font,
pare, cscolta-m ! Acosta-t ! Imposa-m les meteixes
mans rudes sobre '1 front !
Com que, viu, d'aquells fores qui, aixuts, cara severa,
cuiden obrâ i callâ,
amorosit reveia-m la Parla verdadera
del teu mon de dellà !
Veus ? Mes de mitja-ruta fêta, ben laç m'assento.
Els goigs ont son ? Tantost,
amb la tristô a reçaga, devallaré, ja ho sento,
en cluc d'ull l'ûltim rost.
Tôt lo que he pogut, pobre ! ho he fet. L'aspra pujada
seguîa, ilûs, creient.
] vé-la ail) que mimba, la vida festejada,
com un sol decaient,
com sol que plé de fàstig de son voltar n'estigui
i, tôt encortinat
de nûvols melangiosos, un adeu glacial digui
a l'Home înfortunat...
— L'enuig, rancô i angoixes que traspasses a l'hora,
fill meu, prou les conec.
Doncs confii ton anima, puix t'estic a la vora,
aquî prop, frec a frcc.
— 6 —
Com ton cor, ta ma dôna-m ! Ara abdosets fem via !
No irem al Paradis ;
no, fill meu ; no es encara per tu que lluu el gran die.
Volem cap al païs,
vers la terra volguda. Ai ! Dintre '1 Cel que deixo
estona, i ont tornaré
molt trist, si una deixalla de) mal huma pateixo,
n'es el mal d'anyorê...
Ja estem. Aci, en el poble, sobre *1 beat domini
de ma mera aficiô,
aci 't daré, puix dubtes de com ta vida fini,
la gran Consolaciô.
Aixampla tes parpelles, com si, el camp que enamora
ta enveja desitgés
de cap a cap gaudir-ne d'un sol cop ! Per una hora
siguis el bon Pages !
Primer, fill, matineja ! Quan el jornal comença,
ja han d'estar ben regats
devesa, hort, colomina i feixa de ta pensa,
per la xardô aixugats.
L'ullal de la Bellesa te vessi, fresca i pura,
l'aiga a raig aixerit !
que la bellesa sola assaona i mauura
la sèment de l'esprit.
La gleba, aixî espompida, plantes de tota mena
a pler va a congriar.
Aci trauca cogula ; alla xeixa. Ta fena
es de tria i triar.
Brandant amb ma robusta l'aixada trinxadora
del ver Enteniment,
cava, fins desarrelis l'agram, i tira-1 fora,
que aprofiti el forment !
- 1 —
A tu d'eines no 'n falten. Téns els llibres de ciencia ;
ells son de seny majô ;
amb ells, ratila per ratlla, cobraràs l'experiencia
que ai camp pouava je.
No pot, no pot errar-se qui amb els llibres s'enginya.
Perxô s'han de fugî
les frévoles fumeres. Cada any poda la vinya
del fantasiôs magî !
Tant brava que es la terra, del tronc ixen a colles
brots, de saba goluts.
Doncs talla a ran ; no 't requin ! Fes foc de branques folles
i de sarments ramuts !
Ja veuràs sus la soca com a pinyocs rosseja
el raîm générés,
quan, a l'agost, al pàmpol acaricia i festeja
el sol mes amorôs !
Prô eternament no siguis crisàlida en sa capsa !
Renova-t tu meteix !
Per dar-li jove força, el bon dallaire escapça
l'herba, a mida que creix.
A cada dall, a cada podada 's fortifiqui
del gallart tronc l'orgull î
Per que jamai maloria ni pugé te s'hi fiqui,
cuida tenir bon ull !
1 s'aixeca aleshores per tu l'obra suprema,
fin meu : al fî, te cal
arreplegar amb cura ta sega i ta verema,
tôt el preciôs cabal.
L'esplet es ton bé propi. Qualsevulga l'envegi,
mostra-1 al rededô !
De ta noble jornada cumplerta tothom vegi
el ditxôs gallardô !
— 8 —
Mes, sa tasca diaria, l'home ans de tôt ne presi
el fitô tant sagrat !
Que colgui esprit i anima, o vinya i camp conresi,
a Déu sapigui-n grat !...
Aquî esta, fill, la parla ximple del difunt pare.
Ton cor, sî, si, 'm respon.
Ja '1 sento. Ai ! fill !... Prô mira : l'humanal remor para ;
callem ! El sol se pon.
Aprop de la finestra de la sala, en la calma,
corn antany, en la pau,
talaiem, cotze a cotze, com diu al seu reialme
el Sol Tadeusiau !
De quin solemne incendi l'astre morent corona
la serra i '1 plà veî !
Jamai el senyor bisbe en mes pomposa trôna
SOS fidels benei...
Sera l'adeu del pare. Fill, d'açô fes memoria î
Del terrenal sojorn
ta despedida sigui una posta de gloria,
auriola d'un bell jorn !
Pau Berga.
7 d'octubrc 1917.
NÉCROLOGIE
Nous avons le regret d'apprendre la mort, à Puycerda, de M. José-
Maria Marty, pharniacien, qui fut maire de cette ville.
C'était un catalaniste distingué, un francophile ardent, un homme de cœur
toujours prêt à rendre service, et la 7{evue Catalane avait en lui un lecteur
fidèle et un propagandiste convaincu. 11 aimait Perpignan où il était venu
plusieurs fois, notamment aux fêtes de 1910 où il montra pour le félibrige
un amour et un dévouement extraordinaires. C'était aussi un ami et un
admirateur du grand poète Jacinto Verdaguer. Sa mémoire sera toujours
vivante dans ce coin de Cerdagne qu'il aimait à chanter :
Meytat de França, meytat d'Espanya.
No hi ho ajtra »erra com la Ccrdanya.
.uQ £2 cfi en Pi^ rTi f^ Pn £Q rrt oS i^ ci oà r*! <^ fTi ^^ frl *^ *^ <^ fo <NS frt /"q pfi r^ n^i rfi fn <"o nn t^ /yi f!n r^ rrt r>n <t^ i*f^ c
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
4^^^^^ (SlfJTE)
La P lassa de la Boheria cr la P lassa de la Pella ( i )
Je ne fais que mentionner ici ces deux marchés importants,
car il a été longuement question de ces deux places dans le
document 8 octobre 1 382 relatif aux clavaires de Perpignan
[ordinacio dels consoh sobre les botigues de la Pella), qui interdirent
de faire des étalages sur la « carrera major que parteys de la dita
Loga e va à la plassa de la Boheria », 11 a été également ques-
tion de la place de la Pella dans un autre document du y octo-
bre i382, au sujet de la transformation des boutiques en plein
vent de la place de la Pella {in dicta platea de la Pellh) (2), et
dans la sentence arbitrale du 3o mai i340, relative à la recons-
truction du porche, entre le marché ou place de la Pella, qui
devra être fermé : « versus plateam Boerie ».
La Place du Pont « d'En Bas Ht »
(Marché aux légumes)
Plus tard, en 1422, la vente du jardinage eut lieu sur la place
du « Pont d"En Bastit », d'après l'ordonnance du bayle de
Perpignan, George Camprodon, bourgeois, et sur la requête de
Pierre Roure, lieutenant de Barthélémy Miralles, procureur
royal des comtés de Roussillon et de Cerdagne.
( i) Voir J^evue Catalane, XI' année, n°" 129, i3o et i32 : Documents histo-
riques sur la Ville de Perpignan.
( 2 ) Le document que je reproduis à l'appendice porte en tête : Carta del
Procurador T^eal que puguen fer botigues de Pella. (Arch. comm., Livre vert
mineur, f° 280.) — La Plassa de ta Pella était située au point de rencontre
des deux ruelles de la "Brunateria et de la Draperia. On y vendait des hardes :
c'était le principal commerce des fripiers. Du mot pella est dérivé pellot
(chifFon , qui a donné pc//aro/ 1 chiffonnier ).
lO
Voici le document relatant ces criées relatives à cette vente (i) :
23 mai J422
Die sabbati intitulata XXlll mensis madii, anno a Nativitate
Domini MCCCCXXI1-.
Ara aujats que mana lo batle del senyor Rey, per utilitat
comuna, à requesta del lochtinent del honorable Procurador
Reyal e d'En Joan Jorda, maseller de Perpenya, que tots aquells
e aquellas qui han o haurân fruyta o ortalissa per vendre en la
orta o termens de Malloles, la hagen à vendre o a fer vendre à
la Plassa del Pont d'En Bastit, sots pena de x ss. per cascun
e per cascuna vegada e de perdre la fruyta e ortalissa, sens tota
merçe (2).
Déjà en i3(^5, les tables de ce marché étaient comprises parmi
le revenu annuel qui constituait le domaine royal de Roussillon
et de Cerdagne.
En ^et, parmi les rendes de T\osselîo, sous le roi Jean 1" d'Ara-
gon, étaient compris les Censés de les taules de caulasseria de la
Plaça d'En Bastit.
Le texte dit :
Dels dits censés, qui se solien arrendar cascun any v llr, es
estât fet acapte per En Bng Maçana, olim Procurador reyal dels
dits comtats, sots cens annual de m 11. xv s, e que haie a tenir en
condret les dites taules de la Plaça d'En Bastit e sots directa
senyoria del dit s. rey : les quais 111 11. xv s., reeb vuy lo s. rey,
o per ell lo Proc. reyal dels dits comtats que vuy es (3).
()) Archives des Pyr.-Or., B. i32, Registre XV de la Procuracio real,
P 10 v°. Ce document indique bien l'orthographe du mot dénaturé de ce lieu
désigné aujourd'hui sous le vocable de Pont d'En Yestit.
(2) Publicasse cum tuba, per loca solita dicte ville, preconitzationem
sequentem. (Arch. des Pyr.-Or., Ibidem.)
(3) Archives des Pyr.-Or., B. i55.
1 1
ha Plassa de la Pexoneria
(Marché au poisson et aux légumes)
Inauguration de ce marché vers i 298
Criées relalives à la vente du poisson (i526)
Le marché de la Plassa de la Pexoneria avait été inau-
guré à la fin du xin' siècle (i). Ce marché servait primitivement
pour la vente des fruits et légumes suivant l'ordonnance de Jean
Vidal, batlle de Perpignan (ides d'octobre de l'an 1298) : Ordo-
nament co negu no gaus tener ortalissa ni fruyta de la Orta Veyla
sino à la Plassa nova prop lo Rech, ni fer legura, ni hom de
Perpenya tener peys ni vendre en la dita Plassa Nova, e de
tener carn assura.
Cette place avait été créée dans un double but: elle était
destinée à la vente des légumes et, de plus, un emplacement
spécial était réservé pour la vente du poisson.
Ffo adordonat que nul hom ni nula femna no gaus tener taula
[de] ortalissa ni fruyta de la Orta VeyÏÊl (2) sino à la plassa que
ara de noel es feyta prop lo J{ech... Item fo adordonat que negu
maseler de Perpenya ni d'autre loch no gaus tener carn assura,
sino a la d'amont dita plassa en les taules que aqui son assignades
a tener [carn] assura, sotz pena de x s.
Une ordonnance relative à la vente du poisson, du 8 des ides
de mai 1298, confirme bien le fait (3).
Le i3 décembre iSiy (4), le roi Sanche de Majorque confir-
(1) Voir plus haut, 1{ev. Cat., n" i3o et i3), ce qui a trait à la rue de la
Poissonnerie : je complète ici cette étude par des documents inédits relatifs
à ce marché ^criées concernant la vente de ces denrées j. (Extrait du Manuaïe
Curie.)
(1) La Orta Veyla était l'ancien quartier des jardins du côté de Mailloles.
Ce nouveau document confirme bien la création de ce marché dès la fin du
xiii' siècle. On retrouve, dans les documents que j'ai transcrits au sujet de
cette place, des formules analogues.
(3) Voir T^evue Catalane, n' i3), page i Sj.
(4) Vidimus du i3 juin 1393. (Document in extenso à l'appendice.)
1 1
mait les conventions faites par les Procureurs royaux Pierre de
BardoII et Hugues de Cantagrill, pour l'établissement à Perpi-
gnan, auprès du macellum vêtus, l'ancienne boucherie ou Plassa
del macell vella, d'une nouvelle pexoneria ou marchi au poisson (j) :
ce marché comprenait seize tables et trois boutiques, pour les-
quelles les poissonniers devaient payer un cens annuel de trente
livres, monnaie de Barcelone, ainsi que les droits de directe
seigneurie, de lods et de foriscap en cas d'aliénation ou de vente.
Interdiction absolue de vendre du poisson hors de ce marché,
dont l'accès pour la vente doit être toujours libre et dégagé (2).
En i3c)5, le roi Jean 1" (lo Rey En Johan, el senyor rey ara
régnant) percevait les revenus provenant de ce nouveau marché...
ensemps ah les leudes del pex e de la carn e ab lo taulage de la
pexoneria de la Plaça nova de la vila de Perpenya... per
rao de certes pensions annuals de censal mort que 'l senyor rey vene a
les dites persones (3).
Quant au marché de la poissonnerie neuve, il était affermé
annuellement 40 livres (4).
Voici un document fort intéressant relatif à la vente du poisson
sur ce marché et aux conditions exigées pour la vente de cette denrée.
Criées du lieutenant du Procureur J^oyal des comtés
de T^oussillon et de Cerdagne
concernant la vente du poisson péché dans la mer
ou dans les étangs des comtés de T{oussillon et de Cerdagne
Interdiction ahsolue de vente si l'on n'est pas «ver habitant de Perpenya »[S)
3 juillet I 526
Ara hoyats que us mana, notiffica e fa à saber lo honorable
mossen Gabriel Vilar, de la Regia Thesauraria, loctinent en lo
offici del magniffich Procurador Real en los comptats de Rossello
(1 ) « De la Piassa dels pexos que es contigua à la Plassa del macell vella. »
(î) Arch. comm., Livre vert mineur, tome 1", f° 3i3.
(3) Archives des Pyr.-Or., B. i55, P 2 1 .
(4) Del dit taulage de la pexoneria nova de Perpenya, qui se solia arrendar
cascun any xl llr, lo dit senyor (le roi Pierre IV) no n reeb res, per ço
com es obligat e ypothecat a les dites persones per rao dels dits censals o
annuals que y reeben. (Archives des Pyr.-Or., B. i55, P 24.)
I 5 ) On peut comparer ce document à celui que j'ai transcrit dans le n° 1 3 i :
— i3 —
y Cerdanya, à instancia e requesta del Procurador fiscal del Real
Patrimoni dels dits Comtats, de conseil del magniffich misser
Joan Anthoni Salvetat, doctor en cascun dret, jutge del dit
Patrimoni Real en los sobredits Comptats, à tots los peixoners
de la présent vila de Perpinya que no ni haje aigu qui gos vendre
pcix en la peixoneria de la dita vila si donchs ell propriament o
aquell no havie comprat en los maritimes o en los stanys dels dits
comtats e per son misatge qui continuament menig son pa y son
vi e prengue son loguer, sots pena de deu Uiures sens ninguna
mercé, per cascuna vegada.
Item, mana que tôt missatge qui stigue ab ningun peixoner de
la dita vila no gos comprar peix en los maritimes e stanys, fins
que haje jurât en poder del dit Procurador Real o son loctinent,
sots la dita pena sens tota mercé.
Item, mana que ningun peixoner de la dite vila no gos haver
companyia ni hostalatge de ningun hom stranyer per comprar
peix en los maritimes e stanys, sots la dite pena, sens tota mercé.
Item, mana lo dit honorable loctinent de Procurador Real que
no y haje nengun que haje ni gos vendre peix en la peixoneria
si donchs ver habitant de Perpinya no es, sots la dite pena sens
tota mercé.
Item, mana à tots los peixoners qui sien tinguts de paguar
leuda que ningu no gos levar los diners del peix que venut haurâ
de la taula fins que haje paguada la leuda (i) al cullidor de aquella,
sots la dita pena sens tota mercé.
Item, mana que ningu home, de qualsevol ley, stat ho condicio
sia, no gos mètre peix fresch ni salât dins la vila de Perpinya,
sino que leixa al portai penyora e vingue denunciar al cullidor
de la dita leuda lo peix que hi haurà posât ; e lo cullidor farâ-li
retre la penyora, sots la dita pena sens tota mercé.
Item, mana que ninguna persona, de qualsevol ley, condicio
sia, que haje mes peix salât dins la dite vila, no gos vendre ni
Ordonnance des ides de juin i3io. Le document de iSsé est beaucoup
plus complet que celui de i3io, notamment au sujet des droits de leude.
()) Il est regrettable que le document n'indique pas en quelle monnaie
étaient payés les tarifs : le texte primitif de la leude de Collioure (1249)
indique les tarifs en Melgureses ou monnaie de Malgonne ; dans le ieudaire
de Tortosa, ils sont marqués en sols Jacques ; ils furent convertis en reals.
— 14 —
desliguar e destapar aquell, fins que los cullidors de la dita leuda
hajen vist e comptât sots la dite pena sens ninguna mercé.
Item, que tota persona que vuy en die haje peix salât axi corn
congre sech, merlus, enguila salada e tonina salada, ho altre
qualsevol peix salât, de qualsevol manera sia, haje à denunciar
aquell als cullidors de la dita leuda dins très dies primer vinents,
sots la dite pena.
Item, que tôt corredor, hostaler o qualsevol altre persona que
fassa comprar ni vendre peix salât o fresch, haje denunciar lo
mercat que haurâ fet als cullidors de la dite leuda dins très dies
après qu'ell dit mercat haurâ fet, sots la dite pena ; de les quais
penas lo denunciador haurâ la terça part, e lo senyor Rey les
dues parts.
Item, que tôt peixoner, de qualsevol condicio sia, haje à pagar
leuda, ço es lo vint e sinqué diner de tôt aquell peix que vendra
en manut o en gros, entorn una leugua de Perpinya, axi com es
contengut en lo leudari ; e aquell que vendra en gros sia tingut
de pagar la leuda al leuder de Perpinya ; e aquell que vendra en
manut do la leuda al hatlle del loch hont aquell haurâ venut, sots
pena de deu liures, sens ninguna mercé.
Item, que tôt peixoner o tôt altre home qui pas peix per lo
dit leudari, ço es una leugua entorn de Perpinya, o vena o no
vena, qu'ell haje à denunciar als cullidors de la dita leuda del
peix, sots la dita pena, e paguar del peix lo vint e sinqué diner.
Y que no se hajen a fer gabellas ni conventicules tant de peix
fresch com salât, sots la dita pena.
Per ço lo dit honorable loctinent de Procurador Real, ab veu
de la présent publica crida, intima e notiffica à tothom general-
ment les dites coses, per tal que de aquellas ignorancia no puguen
allegar.
Die tcrcia mensis julii DXXVl, Anthonius Nerol, preco publi-
cus, retulit se publicasse per loca solita presentis ville presentem
preconitzationem.
Testes, discretus Benedictus Vila, notarius, Jacobus Jaubert,
clericus, et ego, notarius.
(A suivre) Henry Aragon.
Archives des Pyr.-Or., B. 423, Manuale Curie, registre XIX, f' 148.
Pages choisies
La llico dels ametllers
Aquest mes, lo bonich son eis ametllers, que florexen. Hi hà
un esbogerrament d'ignoscencia en el florir d'aquesTs arbres. Son
valents, com hi hà mon ! Sembla que no sàpiguen lo que 's fan.
No mes que tenen pressa per florir y, au ! a florir. No s'atenen
a lo qu'es y a lo que ha d'esser. No pensen en lo lluny qu'es
encara la primavera, ni ab els frets qu'encara esperen. No tenen
compte a fullar primer, tastant els ayres. Sinô que 's veu que a
mig primer son se desperten ab la gran frisança de florir, y sensé
escoltar ordre ni conseil, se llencen alegrament a lo que '1 cor
els demana. Se Ueven a mitja nit ab gran gatzara, com infants
per anar a un aplech.
Oh ! qu'expressiu el bon temps, quan totes les fulles comencen
a treure '1 cap y tasten l'ayre per assegurarhi la florida ! Primer
la fulJa, després la flor, després el fruyt. — Tant se val, tant se
val ; — sembla que responen, — no tenim ara '1 desig de florir?
donchs florim ! Quan ne tinguèm de fullar, fullarèm ; y quan de
fruytar, fruytarèm. Per que forçosament primer axô, y desprcs
allô y desorés lo altre ? Primer, lo que primer s'escaygui, y des-
prés, segons se vagi escayent. — Ah ! cada cosa per son temps 1
— Sempre es temps de tôt, quan n'hi hà l'ansia !
Y un demati de janer sortiu enfredolicats a la finestra, veyam
si neva, y us trobèu ab la florida extesa dels ametllers que riuen !
Y aquella rialla vos pren, y rihèu ab ells. Vos rihèu del fret, y
de tôt l'hivern, y de la neu que vinga, y de la mort qu'espéra.
Perô no ab el riure amargant del cansat de viure, ni ab el riure
satànich del soperb, ni ab el riure estûpit del embriach, sinô ab
el riure lluminôs d'ignoscent, per qui la paraula mort no té cap
sentit.
Diu que 'Is pagesos, quan treuen compte dels conrèus, ja des-
compten dels ametllers la meytat d'anyades perdudes : descompten
la jgnoscencia del arbre. Oh 1 el bell descompte ! Y diu que, aixîs
— i6 —
y tôt, el rcndiment es gras. Ja ho veyèu si n'es de rica la ignos-
cencia, y que mesquins davant d'ella ')s comptes segurs. L'ametller
es esplèndit : ilença les flors al fret, sensé comptar lo que n'esde-
vinga ; y ab una anyada ensopegada 'n paga dèu de perdudes.
Perque la flor del anhel es môlt féconda.
Jo, del ametller ne diria l'arbre de la llibertat ; y 'n plantaria
un a cada casa per ensenyança. Y 'Is nostres fîlls naxerien lliurcs,
y les nostres filles desiliuradores d'esclaus : dels esclaus del ordre,
dels esclaus de la prudencia, dels esclaus de la mort.
Figurèuvos que no l'heu sabuda may encara la follîa dels amet-
11ers, y que un dia us emprendèu d'una noya forastera, riallera
de mena, travessa y desembraçada, de môlt bon color en la cara
— que *m sembla que la veig — y l'ull brillant. La demanèu per
esposa, y ella us fa que si ab el cap, y us la donen ; ja es vostra.
Y un bon matî us fa una grossa follîa, que no sabèu com pèn-
dreusla, perque contraria tota lley y costum vostra. Aleshores, ab
tota la gravetat de les très mil convencions que portèu dintre, ab
tota la gravetat del home d'enteniment, dihéu ab amorosa serietat
a la jove esposa : — Perô, que fas d'empolaynarte en aquesta
hora que encara tothom dorm ? hont vols anar pels carrers, qu'en-
cara es fosch y fa fret ; ni a cap festa, ni visita, que totes les
portes son tancades ? y si no 't vols mourc d'aqui, que 'n treus
de ferte mes bella en aquesta hora de dormir, que sols jo haig,
si per cas, de vèuret, y prou que 'm plaus de tota manera ? quina
follîa es aquesta ?... — Y qu'ella us respon : A casa meva hi hà
un arbre que floreix a mig janer.
Oh ! côm restarèu atuhits y maravellats, si no conexieu la
llibertat dels ametllers ! Vos pensarèu que us havèu casât ab una
fada ; y, segons côm, vos senyarèu davant d'ella très vegades, y,
segons côm, la pendrèu en vostres braços com a una vida nova.
Y tôt plegat, sera que us ha fet la lliço dels ametllers.
Aquest mes, lo bonich son els ametllers, que florexen...
Joan Maragall.
Une basilique latine du T siècle
L'atrium el l'église d'Arles-sur-Tech
III. L'atrium et le sarcophage
Pénétrons dans l'église ; mais, avant d'en franchir le seuil,
nous nous trouverons dans une sorte de cour antérieure,
dans un angle de laquelle gît un sarcophage de pierre
marqué du chrisme des premiers siècles chrétiens. Je m'ex-
pliquerai tout à l'heure sur le sarcophage ; pour le moment,
j'ai à étudier la cour d'accès, qui n'est autre chose qu'un
atrium des premiers siècles. Voici ce que dit à ce sujet
l'excellent guide, auquel j'ai fait déjà un emprunt, qui sera
suivi de plusieurs autres (i) :
« La basilique sacrée fut éloignée, autant qu'il était pos-
« sible, de la voie publique et il y eut au moins une cour
« établie devant la basilique, sur toute la largeur de la
« façade. Cette cour, environnée de portiques qui se rac-
« cordaient avec le narthex, ou porche d'entrée, constituait
« Vaître de l'église — atrium — et, comme on y enterra,
« dès les premiers siècles, les fidèles qui s'étaient recom-
« mandés par leurs mérites, elle fut appelée aussi parâr<i/5U5,
« d'où est venu parvis.
« L'aître, ou atrium, était environné de portiques qui se
« raccordaient avec le porche d'entrée. L'ensemble des
« galeries s'appelait triporticus ou quadriporticus selon qu'elles
« étaient au nombre de trois ou de quatre.
« De très bonne heure, l'aitre perdit son importance et son
« aspect monumental ; ce ne fut plus qu'une petite cour sans
« portique, entourée de bâtiments ou seulement de murs. »
Je souligne à dessein la dernière phrase, qui dépeint bien
(i) Ed. Corroyer, !oc. cit., pp. 57-8.
— i8 —
l'état de choses que nous voyons à Arles. La présence du
sarcophage vient encore corroborer cette manière de voir.
J'aurais beaucoup de choses à dire au sujet de la croyance
qui accordait l'entrée dans le ciel aux personnes inhumées
dans le parvis des églises. Je me bornerai à les résumer en
mentionnant une curieuse épitaphe métrique du musée de
Narbonne — datée du règne d'Athanagilde — où le défunt,
prenant la parole, explique qu'il a voulu être mis là pour
assister aux offices par la porte entr'ou verte, « afin de mériter
d'être un jour admis aux joies du ciel (i). »
Revenons à notre sarcophage. Ce monument a été assez
mal décrit ; sa cuve n'est pas évasée, du moins autant qu'on
s'est plu à le dire, et si l'on y constate un évasement à
peine sensible, il faut l'attribuer à la négligence de l'ouvrier
lapidaire, plutôt qu'à l'intention du constructeur. Au
VI' siècle, les cuves étaient bien plus évasées ; certainement
notre monument ne descend pas jusqu'à cette époque ;
mais il peut remonter jusqu'au milieu du v^ siècle, et même
plus haut, grâce à la présence d'un chrisme sculpté sur sa
face antérieure. Ce chrisme est, il est vrai, dépourvu de
l'anse du rho grec, qui caractérise le chrisme constantinien ;
il a été néanmoins employé par les premiers chrétiens,
même avant le triomphe de l'Eglise (2).
Somme toute, ce sarcophage — son couvercle en forme
de toiture à 4 versants l'indique nettement — était destiné
à rester en évidence dans l'atrium, sans doute à la place où
il est encore, et il me paraît avoir renfermé les restes du
fondateur de l'église, qui avait bien le droit d'assister aux
offices, afin de mériter le ciel (3).
(i) [Cœlorum] ut merear positiva régna tueri.
(2) Le ctirisme constantinien, qui figurait sur le labarum, est constitué par
la superposition des lettres grecques X et P, tandis que le chrisme primitif,
qui figure sur notre sarcophage, est formé par la superposition des lettres
I et X (ificouî Xpiiroç). Je ne serais pas autrement surpris, si l'on m'annon-
çait un jour que notre sarcophage remonte au iv' siècle.
(3) 11 est fort possible que des sarcophages à toiture plate soient enfouis
— 19 —
La dévotion qui s'y rattache, et sur laquelle on me per-
mettra de ne pas insister, remonte vraisemblablement à
l'époque où il fut déposé dans l'atrium. Dès les premiers
âges, les tombeaux des grands chrétiens furent l'objet de
pèlerinages pieux et les témioins de grandes manifestations.
C'est ce qu'on fait encore à Arles.
IV. La porte
Si maintenant nous faisons face à l'église, notre attention
sera appelée sur la porte, qui ne peut en aucune façon être
reportée aux dates 1046 et 1 iSj, où, à la suite de diverses
restaurations, eurent lieu deux consécrations successives de
l'église. C'est du moins l'avis de M. Brutails, qui recon-
naît à cette porte un caractère archaïque (i). Les montants
en sont très simples, sans le moindre ressaut, qui trahirait
une basse origine. Il me semble même que la baie va s'éva-
sant vers Je bas, en imitation des portes antiques ; mais
ceci n'est peut-être qu'une illusion. Tout l'intérêt se con-
centre sur le linteau monolithe de granit, plus épais au
milieu que sur les côtés, formant une sorte de fronton ; et
cela est bien conforme aux règles d'une construction bien
ordonnée, qui répartit les résistances en raison de l'effort
à supporter. Aussi, ce linteau ne s'est-il pas fendu comme
tant de ses congénères.
On sait que le granit, vu son extrême dureté et sa ten-
dance à s'écailler, supporte mal la sculpture. On l'a donc
ornementé d'une façon très sommaire. Dans une sorte de
cartouche en forme d'ovale tronqué à sa partie supérieure,
dans le sol du parvis. A Ensérune, dont j'ai parlé plus haut, le sous-sol du
parvis était littéralement tapissé de sarcophages. Si une pareille découverte
avait jamais lieu à Arles, elle fortifierait singulièrement ma thèse ; mais je
déclare hautement n'avoir nul besoin de cet appui.
(1) Voici ce que dit M. Brutails à ce sujet : « La porte, en dépit de sa
rude simplicité, est à remarquer, spécialement son linteau archaïque en
forme de fronton coupé des deux bouts ». fCongr. arch., p. i32.)
2 0
l'ouvrier s'est borné à graver les lettres symboliques alpha
et oméga, qui sont àc tradition, des deux côtés d'une croix
purement latine, c'est-à-dire dont la haste est très prolongée
vers le bas. Je retrouve une croix identique sur le célèbre
linteau de Saint-Rustique (i), qui fut mis en place en 444.
Le cartouche est accosté de deux A majuscules, dont la
présence a provoqué bien des commentaires. La simple
inspection des trois lettres A suffit pour écarter les dates
de 1046 et J 1 5^ citées plus haut, car, à cette époque, les
A sont de forme onciale ; ils ne se ferment pas en pointe
et les deux branches sont réunies par une traverse supé-
rieure (2). Toutefois je dois dire que rien ne s'opposerait
à l'attribution de ces deux A majuscules au ix* siècle. Mais
pourquoi, si l'église avait été entièrement construite à cette
époque, aurait-on conservé l'orientation à l'est ? ]] faut
donc, l'acte de 82 j à la main, reconnaître que la porte a été
érigée à une époque antérieure. Si maintenant on veut bien
remarquer qu'on ne peut guère songer à la période de
l'occupation arabe, et que, si notre église avait été cons-
truite pendant la période wisigothique, on n'y verrait pas
en évidence une croix latine, on est forcé d'admettre une
date voisine du milieu du v* siècle.
(Jl suivre) F. -P. Thiers.
(i) Aujourd'hui au Musée de Narbonne.
(2) On peut voir plusieurs exemples de ces A du xi' siècle sur le linteau
bien connu de Saint-Génis-des-Fontaines. Au xii' siècle, l'A oncial s'écarte
encore plus de la forme de l'A des Latins.
T^-^ -T^-fe^ -^^^ -^^i^ T*-^ 'S^feî -^^c/fe) '^^& '^•t^ 'ï^^ '^(tg}} T^8^ -ts^
ATILA
L'illustre poète Apeles Mestres vient de publier sous ce titre un magistral
poème anti-barbare en XXYll chants, dont nous donnerons une analyse et
des extraits.
Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
12- Année. N* 136 15 Février 1918
^•J^i. :â|>i *>i :^'>>t !^>»^ ::S^Osi :$l'>i 8f>i <^>si. e^'>i (^TNfc (^ i
hcs Manuscrits non insérés
ne sont oas rendu».
REVUE
CATALANE
Lrs Àmcles parus aans ia Revue
n'engagent que leurs auteurs.
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : iO fr. par an.
La pau del llop
El bohê amb son pareil llaurava bon mati,
la llum just platejant el front de la comella.
Renyagant els caixals, el llop del bosc surti
poc a poc ; bota, i l'encranca a la gargamella.
La fera ja se '1 sent dins la gola, el botî
que sola 's calarà sensé fil) ni femella.
Perô '1 pages s'hi torna a bells cops de mantî,
mentres sa espatlla a doll vessa la sang vermella.
Lluiten tôt el sant dia. El sol puja. El sol eau.
Vé la nit... Bufen ara. 1 1' llop : « Si vols, la pau
« pactem ! — diu, — Ets un prou. Doncs anem-s'en a casa,
« tu per lia, jo per ci. 1 amies. » L'home s'ho creu.
Tant laç es ; tant bo ! Va per replegar l'arreu.
1, en el crepûscol quiet, guaiten dos ulls de brasa.
Pau Berga.
Setembrc 1917-
Les Catalans illustres
Le Maréchal Joffre vient d'être élu, par 22 voix, Membre de
l'Académie française.
L'humble l^evue Catalane est fière d'apporter, encore une fois,
son respectueux tribut d'admiration à l'illustre enfant du pays.
La Revue,
ATI LA
Poème, par Jlpeles Mestres
En juillet 5914, Apeles Mestres, poète à l'âme paisible et
délicate, vivait une existence calme, au milieu de ses plantes, dans
un coquet pavillon, célèbre par ses hortensias gigantesques, situé
au n' 14 du Passage Permanyer, à Barcelone.
Ne nous a-t-il pas dit lui-même, dans le prélude de ses immor-
telles Tlors de sang :
Jo era el cantayre de la Pau,
de la bellesa y l'armonia ;
sobre mon cap reya el cel blau,
sota mos peus el mon floria.
Et voici que devant l'horreur du crime allemand, vaillamment,
le poète des Idilis, des Canh inHms, prend sa harpe d'airain et
jette à la face du « fou couronné » son terrible réquisitoire:
Ce sont ses premières Tlors de sang, couronnées aux Jeux Flo-
raux de 1 91 5 ;
Ce sont ses centaines de chants guerriers, qu'il continue par la
suite à écrire sous ce même titre, et dont une partie seulement
ont été publiés (1) ;
C'est aujourd'hui Atila, poème magistral, en xxvii chants, où
gronde, en strophes vengeresses, la malédiction la plus formidable
qui ait été écrite contre la barbarie moderne.
Nous avons donné, courant 1916, une brève analyse de ce poè-
me, suivie d'un extrait inédit, Thor, que l'auteur avait bien voulu
nous adresser (2).
Nous ne reviendrons donc pas sur sa genèse.
Qu'il nous soit permis de dire cependant que c'est là une œuvre
forte, solidement bâtie, empreinte d'ime énergie qui rappelle la
mâle vigueur de Cicéron, et la satire puissante et indignée des
Châtiments de Hugo.
(1) Cf. 1{evue Catalane, août 1917.
(a) Cf. T^euue Catalane, 191 6, page 141,
— 2:> —
Attila, rendu à la vie par le Diable et la Mort et jeté par eux
sur la Civilisation, la fuite éperdue des populations, « la cacera
infernal », l'évocation de la Cathédrale, la lutte du fléau Attila
contre les éléments, le songe et la désillusion du monstre, renié
même par Satan, sont des pages émouvantes où le génie de l'au-
teur s'est magnifiquement déployé.
Lisez « La Catedral » :
Y d'entre la florida. com brancada
que 1 ventijol cimbreja.
broten archs y mes archs ; les amples voltes
d'aci d'allà s'estenen,
s'encreuen y entrecreuen, y al juntarse
en abraçada fèrvida,
segellen ab un bes llur abraçada
y el bes se torna clau, per fer-la eterna.
La connaissance approfondie de la langue a permis à Apeles
Mestres des effets d'un réalisme saisissant :
Sonen les trompetes, els timbals redoblen,
dringuen les espases, cruixen els fusells,
xiulen ks granades, ronquen els obusos,
els canons braolen, tronen els morters.
Les tableaux en quelques traits précis abondent :
A flor d'onades
voleyen les cercetes a bandades.
Un cel molt blau ont llisquen aies blanques.
Ce n'est pas sans émotion que l'on lira ces quelques lignes
tirées de a Els fugitius » :
Quants eren al partir ?
Ningii compta quants eren ;
eren molts, eren tants 1
una encontrada entera.
Si va comptar-los Deu,
ell sol sabra quants eren ;
si els compta al arribar,
ell sabra quants ne queden.
No pregunten quants son
no pregunten quins eren :
son el mes gran dolor,
son la mes gran miseria.
— 24 —
Comme effets de rythme, Apeles Mestres est resté, dans >^/;7a,
le maître incontesté. Nous signalerons, pour ne citer qu'un exem-
ple, la cadence martelée de « El Cant dels bàrbres » :
Hurrah y hop
pas al llop !
Ce génie poétique, mis au service d'une aussi sainte cause que
celle de la défense des Droits de l'Humanité, mérite une consé-
cration. Espérons que le Gouvernement de la République ne tar-
dera pas à orner la boutonnière du grand maître Catalan de la
« fleur de sang » des héros, symbole de l'Honneur, symbole de la
Reconnaissance française.
Charles Grando,
Ouelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
Idoles pour le projet de 'Dictionnaire réunies par M. 7^. de Lacvivier
Principales références : Companyo, J^ègne végétal ; Conill, Botanique catalane.
Pour beaucoup de noms, l'orthographe avec laquelle ils ont été trouvés a été conservée
Première Partie. — CATALAN-FRANÇAIS
âbflixonera, airelle-myrtille. — rahim de pastor, naviu.
abedoll. — Voir bès.
abelles, ophrys, — mosques d'ase.
abricoter. — voir albercoquer.
abriulls (et abrulls), tribule, herse. — candells, rodets, caxals de
vella, punxa-claus.
acader. — voir aladern.
acebre (et cever), aloès.
aCS. — voir auru.
admis, bugrane. — gahons.
adzari (et axari), aristoloche. — llengua rodona, herba de la goda,
herba de les gotes.
— 25 —
adzaroller (et azaroler), azeroîier. — oronia, pomer de sant Joan.
adzavara. — voir etzevara.
agau. — voir etzevara.
agon, chicorée. — xicoya, xicoyra.
agram, chtendenl. — gram.
agram de porc, potenlille. — cinc en rama.
agrason, groseiller. — groseller, ribes, ribér.
agrella, oseille (rumex).
agreta, peUle oseille.
agrit'oli. — voir grevol.
agrimonia, aigremoine. — cerverola, herba de sant Guillem.
agulles. — Voir gerani.
agulles de pastor, scandix, peigne de Vénus. — pinta.
aladern, nerprun alalerne. — lladern, acader, grana d'Avinyo,
trauca-perols, ivreta.
albargO, alberge. pavie. — pavia.
albena, troène. — olivella, alsena, troana.
alber, peuplier blanc. — arbre blanc, poil blanc.
albergina, aubergine. — asberginia.
albercoquer (et abercoquer), abricotier. — abricoter.
alcansa, vipérine. — Uengua de llebra.
alcarxofa. — voir carxofa.
aldisia, Jonc. — jonc.
aldissa. — voir bruc.
alep, arnica. — arnica, herba de l'espant, alop.
alfabr-îga (et aufabrega), basilic. — aufadia, enfalga.
allais (et aufals), luzerne. — auzerda, melgô, rasclet.
alfé, trèfle incarnat. — ferratge, fé, fenc.
alga, algue.
algarrofer, caroubier. — garrofer.
alicacabi, coqueret. — bufeta de cà.
ail, ail.
ail bort, ail sauvage. — ayassa.
ail de COlobra, muscari. — barralets, calabruxes, viola de pastor.
aliène, alUaite.
almegô, méUlot. — herba de les abelles, corona de rey.
aloc, gattilier, petit poivre. — herba de les xinxes, barde.
alop. — voir alep.
alzena. — voir albena.
altimira, armoise. — artemega, altamisa, donzell fais, herba de
les menstrues.
aizina (et auzina), chêne vert, yeuse. — aulet.
alzina SUrera, chêne liège. — surer, surô, siure.
alzineta, germandrée petit chêne. — herba de sant Domenec,
herba daufinera, camadrea, camedri.
anietUer, amandier. — atmeller.
amorera, mûrier. — morera.
angeletS (et anjalits), — voir caps blaus.
angclica. — voir coscoll.
anyolS, conopode.
apaga=llUfîlS, salsifis des prés. — barballa, cuxa-barba, barba de
cabra.
apegalÔS, gaillet grateron, caille lait. — sannua longa, gafetets.
api (et apit , céleri.
apit bort, céleri sauvage. — caxals, crexens bort, caxals de borro.
apit de Cavall, maceron. — cuguJ.
aranyes, nigelle.
aranyoner, prunelier. — ars nègre, escanya-gats.
araques, fraisier. — maduixera, fraga.
arbOSSer, arbousier, bousserole. — llipoter, boixerola, boixar,
faringoles, barruixes, moixes.
arbre argentat, chalef. — arbre del paradis.
» blanc, peuplier blanc. — alber, poil blanc.
» nègre, aulne. — vern.
» del paradis, chalef. — arbre argentat.
» de tinta, phytolaque. — rahims de borro.
. » sant, mélie azédarach.
» de vida, jujubier. — ginjoier.
arengades, rumex violon.
argelac (et argelaga), ajonc épineux. — gatosa, argentina.
argentî, ciste. — stepa, estepa, moixera, bordiol.
argentina. — voir argelac.
arinjol. — voir sarsa-parella.
aristol. — voir romaguera.
aritja (et aritjol). — voir sarsa-parella.
arn, paliure. — espinavis.
- 27 —
arnica, arnica. — alep, alop, herba de l'espant.
aromer, cassis odoranl. — carambuc.
arsa. — voir romaguera.
ars blanc, aubépine. — cirerer de la Mare de Deu, cirerer de
pastor.
ars nègre. — voir aranyoner.
artemega. — voir altimira.
arvelles, vesce. — vessa.
aSC'dlIadeS, globulaire. — fuxarda, fusellades, regollada.
ascalonia. — voir escalunya.
aspereta (et aspreta). — voir sannua.
aspit, lavande aspic. — espigol, barballô.
astruc. — voir tindarell.
atzavara. — voir etzevara.
aufabrega (et aufadia). — voir alfabrega.
aulet. — voir alzina.
aumiSSer. — voir om, olm.
auran, noisetier. — avellaner.
auru, érable. — euro, acs, blasera, azerà.
auzerda, luzerne. — alfals, aufals, melgô, rasclet.
avellaner, noisetier. — auran.
axarî. — voir adzarj.
ayaSSa, ail sauvage. — ail bort.
aybre. — voir arbre.
aybret (et arbret), balsamine.
azaroler. — voir adzaroler.
NÉCROLOGIE
La mort vient encore de faucher dans nos rangs. Elle nous a
enlevé subitemei\t un sociétaire de la première heure, M. Ferdi-
nand Trullès, notaire à 111e. Amoureux du passé de notre petite
patrie catalane et de sa langue, il s'intéressait à tout ce qui en
rehaussait l'éclar. ]] était notamment propriétaire du vieux monas-
tère de Serrabonne. Nos condoléances à la famille.
b i^D â£> os <ni a^aS>oS <5S (^D ofioS
Lart dEn Manalt
Nou''. avons pu admirer les dernières œuvres de Célestin
Manalt parmi lesquelles les sculptures qui ont figuré au grand
salon français de Barcelone. A cette occasion nous donnons
ci-après un beau poème de notre collaborateur P. Francis dédié
au sympathique sculpteur roussillonnais :
Si '1 teu cisell habil ha fet Desesperança,
Te desesperis pas en el camî espinôs,
L'artista verdader se riu de les dolors
Perqué '1 seu idéal comporta confiança.
Com aquell pobre vell de l'esquena picgada
Tu fas per arrivar un esplendid Esforç
] suant, i patint te mires la pujada
Amb la sincera quietut de l'home fort.
Si de cops, al mirar ta pobresa i tes obres,
Troves amb amargor que ton destî es injust :
Amie, siguis valent, que no 't vingui disgust.
Pensa que 'Is grans obrers del gran Art eren pobres.
Poe a poc, despedit de totes les tristeses,
Iras com l'àliga que no para el seu vol,
1 trovaràs al cor de les teues belleses
La dolça i noble melodia del consol.
Te desanimis pas, la Gloria te somriu,
De Alors i de llorers el teu nom s'engalana ;
El goig sera mes dolç si n'es un poc tardiu
1 te bencirà la Patria Catalana.
P. Francis.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
éi^^^ (SUITE)
T^econsfrucUon des marchés
Ordonnances de \iyS relatives à ces places
Marchés secondaires : Création du marché aux laines [plassa de la llana)
du marché au pain [plassa del pa)
Ordonnance relative à la vente des pains et à la confiscation du pain
pour fraude sur le poids
la place de Vhuile [plalea olei)
1359-1403
Vers la fin du xii' siècle, les marchés étaient peu nombreux (i),
et les places du marché assez restreintes. Alphonse 11, roi d'Ara-
gon, avait pris l'engagement, le 28 novembre 1174, de ne pas
augmenter le nombre des places du marché, sauf le cas ou le
roi établirait une foire dans cette ville. « Jam amplius mansum,
neque operatorium, neque tabulam, neque bancum, neque aliquid
faciam neque facere faciam. » Cette concession fut accordée
moyennant 1000 sous de Maguelonne, payés par les personnes
qui avaient des boutiques donnant sur le dit marché, mansos et ope-
ralorios qui aperiunl hosîia sua jam in ipso mercatali, mille sol. Mal-
gur. pro acaple (2).
Un siècle plus tard environ, le 3 aoiît iiyS, le roi Jacques le
Conquérant confirmait aux habitants de Perpignan la libre et fran-
che propriété de toutes les tables du marché public ou place de
(1 ) L'acte le plus ancien dans lequel il est question « d'une table du marché
de Perpignan devant la boucherie » date du 6 des ides de mai ^\S^'. inlus
merchalale anie mazelto. (Arch. de l'hôpital de Perpignan, liasse 2.) Un acte
du 5 des cal. de mai 1124 semble indiquer déjà l'existence d'un marché
d'après la phrase : migeras olei ad mensuram Perpiniani. (Livre des Ordinacions.)
(a) Arch. comm., livre vert mineur, AA. 1, f* 19. i Reproduit par Alart :
Privitèget et titres.)
— 3o —
Perpignan, qui leur avaient été concédées par le roi Alphonse ;
exception était faite pour les tables installées depuis quarante ans,
sur 'esquelles le roi se réservait les censives accoutumées (i).
Ces ordonnances et règlements de police locale relatifs à ces
marchés étaient dans les attributions des administrateurs locaux
qui ne pouvaient d'ailleurs les prendre sans l'approbation du bailli.
Un des premiers règlements, établi avec le conseil et volonté
des prohomens, approuvé « comme coutumes à observer en tout
temps », concerne la vente ou la revente du gibier et autres comes-
tibles sur les marchés qui existaient à cette époque.
Cette ordonnance du 8 des ides de décembre ^^y5 (2), établie
par le bailli, défend à tout individu de vendre ou de revendre
perdtus ni anels ni folges ni todos ni saxels ni alira volaferia, ni conils
ni lebres ni salveines ni ous ni formages ni nots ni avelanes ni altres
causes, sous peine d'une amende de deux sous.
Déjà, à la fin du xiv' siècle, on songeait à refaire et à recons-
truire les différents marchés: en effet, le 2 juillet j 38o, un man-
dement de Pierre IV, roi d'Aragon, ordonnait au procureur royal
de réparer les maisons, étaux et tables du marché, appartenant
au Domaine, et sur lesquels était constituée une rente de 200 livres
au capital de 5ooo florins. Cette rente avait été créée au profit
du monastère Sainte-Claire, par la reine Sanche, et ne se touchait
plus, « propter dirutionem hospiciorum que occasione menium
jpsius ville diruta fuerunt (3) ».
Parmi les places ou marchés moins importants, il convient
de signaler les laules concernant la vente de la laine, celle de
l'huile et le marché au pain. Ces trois plates étaient distinctes.
C'est à la plac ^"'^ Saint-Jacques que Jacques le Conqué-
rant avait doniié l'autorisation de tenir chaque lundi le Marché
aux laines de Perpignan ; mais un mandement de Pierre IV, roi
d'Aragon, du 21 janvier i359, prescrivait, nonobstant cette
autorisation, de tenir ce marché à l'avenir sur la place dite dels
Clergues (4) qui, jusqu'à la fin du xvm' siècle, s'appela Plassa de la
(1 ) Arch. comm., livre vert mineur, f° 25.
(2) Ibidem. Ordinacions, reg. 1", P" 13-14.
(3) Arch. comm., livre des provisions, AA. 6, P 102 v°.
(4) Arch. comm., AA. i, P 228. Aujourd'hui place Gambetta, ancienne
place d'Armes,
— 3) -
"Llana. C'est à cette époque que la taxe des laines et des denrées
vendues au marché de Perpignan avait été fixée par les JHoslas-
safs, de l'agrément du gouverneur et des Consuls (i). Le peseur
de la laine était rétribué (2).
Le 22 décembre i4o3, le roi Martin autorisait l'établissement
à Perpignan d'une place destinée à servir au marché de l'huile,
« qui quidem locus platea olei amodo nuncupetur », pour remé-
dier à l'état de choses actuel et centraliser la vente de cette
denrée : « ob quod venditores olei gradiuntur hinc inde per vil-
lam, vagando per vicos et compita (3) ».
Mais plus tard, le débit de cette marchandise eut lieu dans
des boutiques spéciales appartenant à la Ville même et dont la
"Ville percevait les revenus. En effet, le 21 janvier i583, Pierre
Rossell, mercader, vendait à la Ville de Perpignan une boutique
sise place deh Azens, confrontant la rue qui mène de la dite rue
à celle qui reliait la place de las Cebes à la maison del pes de ta
farina, afin d'y établir la botiga del oli (4). Quant à la plassa
del Pa, « elle occupait une partie de l'emplacement où s'éleva le
Palais de la Deputacio, connu aujourd'hui sous le nom d'« Ancien
Palais de Justice», en face du monastère de l'Eu/a (5) ». Elle
était contiguë au Macell Major et à la Pexoneria.
Avec tous ces marchés qui concernaient la vente de la laine, de
l'huile, du pain, la surveillance des consuls s'imposait essentiel-
lement sur toutes ces matières : tous ces objets nécessaires à la
vie et aux besoins de l'habitant avaient donné lieu à une infinité
d'ordonnances, fondées sur les prévisions les plus sages, et qui,
malgré leur ancienneté, dans la crise que nous traversons, pour-
(i ) Arch. comm., A A. 5, f' 2o5. — Le 3 1 mars 1455, par lettres patentes,
Alphonse V interdisait, sous peine de ao sous d'amende, de tuer pour la
boucherie les moutons de moins de 2 ans et les brebis de moins de 7 ans,
en vue de favoriser la production des laines, principale ressource du Roussillon
et de la Cerdagne, a qui noscuniur pre céleris noslrorum regnorum et terrarum
in pannis et artibus prevalere ». (Ibidem, AA. 4, f° 424 v°.)
(2) « Lo qui te la balansa del pes de la lana, de vuyt lliures. » i 3 juin 1498.
(AA. 4, f523.)
(3) Archives comm., AA. 3, f" 33 1 v°.
(4) Arch. comm., AA. 6, f' 519.
(5) P. Vidal, Perpignan, 1898, chap. vu, paragr. 12.
- 32 —
raient encore servir de modèle pour une répartition équitable
dans "notre cité.
Pour ne mentionner, au milieu de ces règlements pleins de
prévoyance et sagement étudiés, que la question si délicate et
primordiale du pain, il était ordonné que le préposé du consulat
serait chargé de peser le pain mis en vente dans toutes les bou-
langeries : celui qui aurait été fabriqué et livré au-dessous du
poids était saisi et envoyé aux hospices (i).
Le prix auquel le pain devait être vendu était calculé sur le
prix des grains et le poids de la farine : il était fixé par un tarif
qui était le résultat de beaucoup d'observations et d'expériences.
Ce tableau du poids que doivent avoir les pains avant et après
la cuisson est du xin' siècle {i).
« Cant Costa vin sols l'eymina, deu pesar la dinerada de lapasta
fi xui) onces ; quant sera cuyt, deu pesar xxxvim onces.
0 Item, cant val x sols deu pesar la pasta xxxini onces ; e cant
« es cuyt xxxi" onsa e un diners pesans.
Item... Le tableau indique le poids du pain proportionnelle-
ment au prix de la farine depuis vni sols l'eymina, jusqu'à « xxx sols,
fl deu pesar la pasta xj onces et m diners pesans, pan cuyt x onces
« menys in diners pesans.
a Totes aquestes onces sobredites son enteses de pés de march
« de Montpestller, e tôt pés que hom dat aja de qualque for,
« vayla l'aymina de forment ; si baxaxa de sis diners l'aymina,
« no 'n deu hom moure ni crexer ni mudar lo pés, si donques no
« baxava o pujava de xu diners. Empero, si pujava l'aymina de
« vj diners o de vni, deu hom mermar lo pes aitant de for de
« xii diners. Encara mes, si 1' pan no era cuyt que 1' deu hom
« assagar ab un fil de camge passât per mig lo pan ; e si s' ten
« la moleda del pan al fil, que s' jutge per cruu. »
Ainsi, les boulangers étaient tenus de peser la pâte et ensuite
le pain au sortir du four ; et le poids que devait avoir le pain
cru ou le pain cuit était le sujet d'une ordonnance très sévère.
(i) Arch. comm., livre vert majeur, f° 91.
(2) Mémorial sia del asordonament del pes del pa de Perpenya quant deu
pesar la dinerada del pa en pasta, ni cant es, eut. (Arch. comm., livre vert
mineur, AA. 3, tome 1", f" 85-86.)
— 33 —
Le pain de ménage était soumis à un régime particulier. C'était,
en général, les fermiers des fours qui le faisaient vendre sur les
Marchés ou dans les lieux désignés. Ils étaient soumis à la véri-
fication et à un tarif.
En 1348, Pierre IV, roi d'Aragon, avait fait paraître une
ordonnance concernant les pains confisqués par les mostaçafs pour
fraude sur le poids ou la qualité, et leur distribution par les con-
suls de Perpignan.
« Que 'Is consols distribuexen lo pa que 'Is mostaçaffs han livat,
cant contrast no y ha. »
« Nos Petrus, Dei gratia rex Aragonum, Valencie, Majorica-
rum, Sardinie et Corsice, Comesque Barchinone, Rossilionis et
Ceritanie, attendentes quod licet nos pridem fidelibus, etc. (1) ».
On constatera avec quelle prévoyance des dispositions régle-
mentaires avaient été prises au xiv' siècle pour la surveillance de
tous les marchés et iaules, dans l'intérêt même de la cité.
En effet, les ordonnances et règlements de police locale étaient
dans les attributions des administrateurs locaux qui ne pouvaient
les prendre sans l'approbation du bailli, « avec le conseil et volonté
des probomens de la ville ». Ce sont de véritables articles de cou-
tumes.
Un règlement de \ijS (2) avait pour but la nomination men-
suelle de conimissaires pour surveiller la cuisson du pain dans les
fours du Temple et tenir la main à ce que les fourniers ne per-
çussent rien au-delà de la coutume de Perpignan. Ces tarifs avaient
été réglés récemment par un compromis entre la Ville et les tem-
pliers, et c'est ce règlement qui, à cette époque, formait évidem-
ment en cette matière « consuetudinem Perpiniani ».
Une note (document du xni" siècle) (3), au sujet du partage de
pains saisis au préjudice des boulangers qui fraudaient (qui prop-
(i) Arch. comm., livre vert mineur, AA. 3, tome 1", P 2o5. Voir ce
document à l'appendice.
[1] « Es aquesta la ordinacio del forn de) pa, en quai manera deuen coyre
los pas, e CH quai manera deuen usar dels forns. » (Arch. comm., Ordma-
cions, registre i", f° i . Reproduit par Alart : Privilèges et titres, p. 340. \
Ci) Arch. comm., livre vert mineur, AA. 3, tome 1", f" 86 v". (Reproduit
à l'appendice.)
-u-
ter fraudem extorquentur a pistricibus seu flaqueriis et forneriis),
dit que les pains étaient confisqués entre les consuls, le greffier
du consulat et les missalges ou huissiers du consulat.
Le 29 novembre i3o8, un mandehient de Jacques 1", roi de
Majorque, au baile de Perpignan (et daté de Collioure), détermi-
nait l'emploi des pains pour fraude aux boulangers de la ville :
ces pains, par ordre des consuls, devaient être distribués aux
pauvres de la ville (1).
Par lettres patentes du 6 décembre ]347, le roi d'Aragon,
Pierre IV, autorisait les consuls à élire un peseur de pain et un
mostaçaf (2).
Les dits mostaçafs élus par les consuls étaient chargés de con-
trôler le poids du pain (3), de prévenir toute fraude (4), et de
faire appliquer strictement le règlement (5).
Ordonnance relative aux Taules T^eyals
1 I juillet 1439
Le roi avait aussi ses laules (6) particulières sur les différents
marchés de Perpignan, sous les porches de la Merceria, à la Place
Major,- à la Plaça T>Jûva, à celle du Pont d'En Bastit et à la Plaza
d'En Pauques.
A la suite de l'accaparement sans précédent, par les clavaire^
de la ville, de tous les fruirs et autres denrées déposés dans ce^
différents marchés, il fut ordonné que tous les clavaires auront à
restituer, immédiatement (7), sous peine d'une amende de 25 livres
^1) Volumus pauperibus erogari. (Ibidem, f" 70.) (Reproduit à l'appendice.)
I 2 ) \Quod consules possint eîigere ponderaforem partis et mostaçajfum.]
(3) ...lit justo pondère panes vendanlur. (Arch. comm., livre vert mineur,
tome 1".)
(4^ ...Omni fraude remola... (Ibidem.)
(5) ..."El faciant inviolahiliter observari... (Ibidem.) (Document in extenso
à l'appendice.)
( 6 ) Omnes frucfas que erant in tabulis regiis dicte ville tam subtus porticos
Mercerie quam in plalea majori et in platea nova dicte ville, quam aliis tabulis
regiis... (Arch. des Pyr.-Or., B. 254, registre vu de la Procuracio Real,
f" 5 I . ! Le texte catalan qui suit l'exposé décrit tous les marchés qui étaient
tenus pour le Roi.
(7) Incontinenti restituant dictas fruclas. (Jbidem.)
— 35 —
barcelonaises, toutes les marchandises que les dits clavaires'
s'étaient indûment appropriées, denrées qui étaient assujetties aux
droits de directe Seignei rie, et sur lesquelles le roi ou le Pro-
cureur Royal percevait un cens. En cas de contestation, si les
dits clavaires pouvaient alléguer des motifs plausibles pour s'op-
poser à la restitution de ces denrées, ceux-ci devraient se pré-
senter devant le Procureur Royal et le Juge du Patrimoine Royal
pour s'expliquer nettement.
Le document ajoute que, le même jour, après avoir eu con-
naissance de cet avis, les clavaires Bernard André et Pierre Fabre,
bourgeois, déclarèrent qu'ils venaient de restituer toutes les den-
rées qui avaient été soustraites au préjudice du Roi (i).
Voici le document :
Die lune xi' julia predicli.
...Mandantes diclum preceptum per Bartholomeum Periz, porta-
rium regium, nolifficaii diclis clavariis in scriplis sub hac jorma (2) :
« Per manament del molt honorable mossen Bernât Albert,
cavalier, Procurador Reyal en los Comtats de Rosselio e de Cer-
danya, e del honorable micer Ffrancesch Giginta, doctor en
leys, jutge del Patrimoni Real en los dits Comtats, nianats als
honrats En Bernât Andreu e Père Fabre, burgeses, clavaris de
la vila de Perpenya, que encontinent, sots pena de vint sinch
lliures barceloneses al fisch del senyor Rey applicadores, hagen à
restituir e tornar o fer restituir e tornar totes fruytes e altres
coses que hagen levades o fêtes levar de les taules reyals o que
s' tenen per lo senyor Rey, tant dejus los portxes de la Mer-
ceria quant de les Places Major e Plaça Nova e del Pont d'En
Bastit e Plaza d'En Pauques ; les quais taules se tenen en dreta
scnyoria per lo dit Senyor Rey, e per aquelles e per la facultat
que han los possehidors d'aquelles que hi puxen vendre caula-
ceria e fruytes o pa o merceries, paguen certs censés al dit senyor
(i) En i35o, la police des marchés était faite par des agents ou mostassafs,
auxquels le Roi accordait le droit de taxer les denrées et de toucher à leur
profit la moitié des amendes, attendu que, « vendencium in villa jam dicta
carnes et pisces malitia, nedum habilatores non... possinl ad presens sic bonos
pisces et carnes comedere. » 24 mai i35o. (Arch. comm., AA. 1, f" 142.)
(2) L'exposé en latin est reproduit à l'appendice.
— 36 —
Rey o al dit son Procurador Reyal ; e per aqueixs sguards son
patrimonials e de for e jurisdiccio del dit Senyor Rey o de son
dit Procurador Real e jutge del Patrimoni Real, e no de altres
officiais, ne altres officiais s'en deuen ne poden entrametrc en
alguna manera ; e que de les dites taules o alguna d'aquelles d'aci
avant no s'entremeten, ne perturben los venedors en les dites
taules en alguna manera, sots la dita pena. En\pero, si algunes
rahons justes haurân los dits clavaris per que no degen restituhir
les dites fruytes e altres coses, que les vinguen allegar davant
los dits honorables Procurador Reyal e jutge del Patrimoni Real,
hora de vespres del présent die, ab cominacio que en altra manera
sera procehit en fer la exequcio contra los dits clavaris e cascun
d'ells e lurs bens per la dita pena e en altra manera, justicia
migensant. »
Dicta die, prenominatus Periz, porterius regius, yens, et post-
modum ipsa eadem die rediens, retulit se predictum preceptum
fecisse, intimasse et in scriptis notifficasse dictis Bernardo Andrée
et Petro Fabri, burgensibus, clavariis anno presenti hujusmodi
ville, uni postalium in eorum domibus personaliter adjunctis, qui,
respondentes, dixerunt, quod jam restituerant omnes fructas et
alias res que (sic) susceperant, prout idem virgarius relationem
fecit mihi Raymundo Doria, notario et scribe officii dicte Procu-
rationis Régie (i).
Si les rois avaient leurs taules particulières, les ecclésiastiques
avaient eu également leur marché particulier. Un arrêt du Conseil
d'Etat ordonnait, le 26 juillet 1671, aux chanoines de la Real {2),
qui avaient établi une boucherie particulière, ainsi qu'aux autres
communautés ecclésiastiques, de se fournir à la boucherie de
Saint-Jean, dite de la Canorgue, et astreignait tous les autres
habitants à s'approvisionner aux fermiers de la boucherie de la
ville « qui sont le principal de la dite ville (3) ».
Vingt-deux ans plus tard, l'intendant promulguait une ordon-
( 1 ) Arch. des Pyr.-Or., B. î54, registre vu de la Procuracio Real, f ° 5 1 .
(a) Des arrêts du Conseil d'Etat maintenaient la fermeture de la boucherie
établie à Perpignan par le chapitre de la Real. (Arch. comm., livre vert
mineur, AA. 1, P 385.)
(3) Arch. comm., AA. 17 (liasse), livre des provisions.
- 37 -^
nance, pour faire exécuter l'arrêt ci-dessus et remédier à l'abus
commis par les personnes qui, ayant chez elles un fils, un parent
ou un prêtre étranger à la maison, même un simple tonsuré com-
mençant à apprendre le latin, prétendaient acheter leur viande à
la boucherie ecclésiastique (i).
Le 17 octobre 1696, un arrêt du Conseil souverain sans préju-
ger de la défense faite aux particuliers d'acheter à la boucherie
de la Canorgue, donnait mainlevée d'une saisie faite à cette occa-
sion au préjudice de Sébastien Gazanyola, clerc tonsuré (2).
Plus tard des arrêts du Conseil d'Etat, du 28 mars 1733,
réglaient les franchises dont jouissait le clergé de Perpignan, pour
les droits d'octroi sur la viande de boucherie, les cochons, la
farine, le vin, le poisson et les menues denrées ; ils fixaient la
compétence et la nomination des « juges ou commissaires des fran-
chises, dont deux seront ecclésiastiques et deux laïques », en s'ap-
puyant sur les ordonnances, arrêts et transactions antérieures, et
sur « ce qu'on trouve dans les archives : la forme dont on distri-
buait aux ecclésiastiques les marques ou plombs sur lesquels la
viande leur était fournie aux boucheries de la ville avant que
celle des prestres, appelée de la CanOPgue fust établie » (3).
Onze ans plus tard, un arrêt du Conseil d'Etat, du 29 décem-
bre 1744, fixait le rabais que les débitants de la boucherie à la
Canorgue pourront faire sur la viande par rapport aux prix des
autres boucheries (4).
Au commencement du xvin' siècle, les anciens marchés exis-
taient encore ; de nouveaux avaient été créés. L'Intendant de
Roussillon, le 6 juin 1724, avait promulgué une ordonnance
rêglantla vente du gibier, de la volaille, du poisson et autres pro-
visions de bouche. « Le gibier de toute espèce... sera porté à la
Barre (5), et attaché aux crochets d'icelle... ; la volaille et autres
provisions de bouche seront également portées en droiture au lieu
ordinaire et accoutumé devant le Poids du Roi (6) ; le poisson
(i) 9 octobre 1693. 1 Arch. comm., AA. 7, liasse.)
(2) 17 octobre 1696. (Arch. comm., AA. 7.^
(3) Arch. comm., livre vert mineur, A A. i, P' 437 à 452.
(4) Ibidem, f" 48 i .
(5) C'est l'ancienne Gallinaria, où avait lieu le marche quotidien.
(6) Déjà au commencement du xiv' siècle, le i q novembre i322, un man-
— 38 —
frais sera aussy porté en droiture à la place de la Poissonnerie...
Les cabaretiers, hôtes, rôtisseurs, aubergistes et autres gens qui
aprètent à manger, ne pourront acheter... qu aux lieux cy-dessus
marqués (i). »
On constatera combien l'autorité consulaire a été étendue, depuis
le xm" siècle jusqu'à nos jours, dans l'intérêt de la ville : en par-
courant ces documents, on peut aisément en déduire que les magis-
trats consulaires, nos ancêtres, pénétrés de la noble tâche qu'ils
avaient à remplir, plaçaient le bien public au-dessus de toutes les
considérations particulières ; protecteurs de tous les intérêts et
défenseurs de tous les droits, ils s'efforçaient de procurer en toute
chose la sûreté et l'avantage de tout le peuple. Les subsistances de
première nécessité occupèrent essentiellement la surveillance des
consuls : les ordonnances de police que nous venons de citer,
relatives à la surveillance des pains, des fours, de la vente du
pain et autres denrées sur les marchés désignés, démontrent que
jamais chef de maison n'entra dans plus de détails, ne montra
plus de sollicitude pour la bonne administration de son ménage
et le bien-être de sa famille, que la magistrature consulaire ne con-
sacra de dispositions réglementaires à cette matière si importante
et primordiale de l'alimentation, suivant les principes de l'équité
et les règles de la justice. Tous ces règlements prouvent combien
tout ce qui était utile à la chose publique était pour nos ancêtres
un objet de précaution et de sollicitude. On peut, dans notre
commune, constater les mêmes attentions dans la crise pénible
que nous traversons.
Nous avons pu suivre, dans ces documents authentiques, la
transformation des rues et des principaux marchés de Perpignan,
depuis le xn' jusqu'au xviif siècle.
Après avoir transcrit les modifications successives de ces places,
nous allons parcourir, au xviu' siècle, les mêmes rues qu'une saine
et sage administration s'efforçait de redresser et d'assainir métho-
diquement.
< A suivre) Henry Aragon.
dément de Sanche, roi de Majorque, avait été publié au sujet de la création
du teneur du livre du poids du roi à Perpignan. Sous Ferdinand 11 (i" juin
1498), « lo qui te lo libre del pes del Rey (était payé) setze lliures. (Arch.
comm., livre vert mineur, AA. 3, f° i j 1.)
(i) Arch. comm., AA. 7, livre de provisions, f' 553.
MONOLOGUES ROUSSILLONNAIS
Gatimells
f
Le plus grand bien qu'on puisse dire d'un livre, c'est que tou-
tes ses parties se tiennent; on ne saurait mieux le recommander
qu'en affirmant qu'il est intéressant. Ce qui n'est pas agréable à
lire n'est pas de la littérature. Je connais des enfants de huit ans
qui trouvent fort amène la lecture de « l'Iliade », dont les vers
se font pourtant insupportables à un poète de mes amis, âgé de
plus de 40 ans.
Gatimells, la deuxième partie des Monolegs rossellonesos de
Charles Grando, peut être classé à juste titre parmi les ouvrages
de la première catégorie. Dans la composition de ces contes, l'art
est tellement spontané qu'on le dirait absent ou presque. 11 char-
me surtout le lecteur par sa sobriété. L'orientation humoristique,
ébauchée dans "Fariboles, dont nous avons donné ici même un
compte-rendu (1), s'accentue dans Gatimells de la meilleure façon
du monde, et ne tombe pas, même un instant, dans la farce gros-
sière. Cela est à retenir, si l'on songe que l'auteur traite des sujets
populaires, sinon populaciers. Pas de bas réalisme. Pas de vulgaires
calembours.
Grando nous présente de- véritables tableaux de mœurs en em-
ployant, sans discontinuer, la note comique. Ce que je trouve de
plus original dans son art littéraire, c'est précisément que cette
note comique tend à rendre la note typique tout ensemble de la
ville et des habitants. Grando ajoute presque toujours un grain
de philosophie légère, qui a un fond remarquable d'humanité,
mais, bien entendu, sans monter aux hauteurs ni descendre aux
profondeurs de la vie de l'homme ; au reste, l'auteur n en a
cure, et je l'en loue. Lorsque ses personnages devisent entre eux
dans des dialogues où l'animation ne l'empiète pas sur la vérité, ils
n'emploient pas toujours, j'en conviens, des phrases d'une extrême
pureté grammaticale, ni des mots polis par les règles de quelque
( I ) 7{evue Catalane, 1Q17, page 55.
— 40 —
académie. Cela, d'ailleurs, doit être permis au genre littéraire
purement dialectal que Grande nous offre dans ses Monolegs. Ne
l'a-t-il pas fait délibérément?
Grando tire toujours des anecdotes locales le plus grand profit
comme le plus grand effet ; en quoi il est artiste. Il bâtit des
contes en prose et des fables en vers avec beaucoup d'esprit.
Mais il excelle surtout dans le choix des détails les plus frap-
pants, les plus caractéristiques. Son art descriptif parvient là à de
belles et justes synthèses. Chez Grando, décrire n'est pas détruire,
mais créer de la vie ou la recréer. En quatre touches, très sobres,
très vraies, il façonne un type ; en quelques lignes il nous donne
une scène, nous trace l'aspect d'une rue, nous montre le coin
d'un paysage. Cette sobri-tté ajoute au relief des tableaux. L'En-
vejada, "Enrahonameni et Les figues seques le prouvent à l'envi ;
ce sont là d'admirables morceaux de littérature roussillonnaise.
Le vers plaît par son naturel, la prose par sa grâce vivante.
J. Perez-Jorba.
Paris, le 3 février 1918.
DEL PRIMER RAIG
Oue vingui la pau
A Cartes Grando.
Que vingui la pau, sus les nostres planes
Y suis nostrês monts la fé tornarà.
Encar ballaran joves catalanes,
Y joyoses festes encar se veurà.
Que vingui la pau y dins nostres pobles,
Dins nostres vilataes v en la ciutat
Ja reneixiran les joyes mes nobles,
L'alegria, el riure y la caritat.
Que vingui la pau y tots, sus les tombes,
Irem a pregar per los pobres morts,
Irem los portar, hont queyen les bombes,
Dévot homenatge — corones y Alors.
Caries Bauby.
LITTÉRATURE ROUSSILLONNAISE
Le bon poète de J^oses y "Xiprers, Joseph-Sebastià Pons, de la
Société d'Etudes Catalanes, va faire paraître ses nouveaux poèmes ;
cette nouvelle va combler de joie les admirateurs du maître rous-
sillonnais.
Joseph Pons allait publier cet ouvrage lorsque arriva la guerre ;
prisonnier depuis aoijt ï9J4, il n'avait pu jusqu'ici reprendre ses
travaux littéraires ; en attendant de revoir son Roussillon aimé, il
veut bien aujourd'hui lui donner toutes ses pensées et nous
adresser, comme un souvenir, d'au-delà des frontières, ses hymnes
à la terre natale, où palpite l'àme de la race et tout le génie
qu'elle incarne. Nous reparlerons de ce livre.
Notre excellent collaborateur, vVl. Henry Aragon, vient de
publier un magnifique ouvrage d'érudition sur la Colonie antique de
J^uscino ; nous donnerons, dans notre numéro de mars, une analyse
de cette œuvre que M. Héron de Villefosse, de l'Institut, a
honorée d'une brillante préface.
Caries de la Real.
PAGES CHOISIES
Les neus que ' s |onen
Les neus de la muntanya
es miren trist al pla,
que aval), avall la terra
comença a verdejar.
Y totes encongint-se
davant del sol creixent,
« S'acaba nostra vida,
s'acaba », es va dient.
Y ses primeres llàgrimes
ja es tornen regalims,
y amb remoreig dolcissim
van devallant dels cims.
« Plorem, que als ametllers
l'oreig, passant-hi, canta
l'absolta de les neus
damunt de ks flors blanques. »
Y diu l'oreig : « Obriu-vos
les roses dels vergers,
fent chor a mes absoltes,
brandant corn encensers. »
Ja es gronxa la palmera,
vora del mar triomfant :
totes les neus son foses,
y el mar les va aplegant.
Y ja els hi diu : « Dormiu-vos,
que jo vos bressaré,
y amb miisica d'onades
cançons vos cantaré. »
Mes les neus tenen anima
que sobre el mar s'estan,
y son brumeres blanques
les neus que van somiant.
Angel GuiMERA,
Une basilique latine du V siècle
L'atrium el l'église d'Arles-sur-Tech
V. La croix du tympan
Si nous levons les yeux au-dessus du linteau, nous
remarquerons dans le tympan une superbe croix grecque
de marbre blanc, dont le centre est occupé par un beau
Christ bénissant, et les quatre branches par les symboles
des quatre évangélistes, ailés et nimbés. Cette magnifique
sculpture n'a qu'un défaut, c'est d'être placée trop haut
pour attirer l'attention. C'est néanmoins un des plus pré
cieux monuments qui nous restent de l'art byzantin, et il
est à regretter qu'on le laisse ainsi exposé aux morsures
des vents de mer, qui finiraient à la longue par en altérer
le caractère. Quoi qu'il en soit, il est impossible qu'un
archéologue digne de ce nom puisse établir un rapport
entre ce marbre et, par exemple, le portail d'Espira-de-
l'Agly. Si cette sculpture datait de la restauration de l'an
j 157, l'église d'Espira ayant été consacrée quelques années
auparavant, en ii3i, on devrait constater une certaine
parenté entre les deux monuments. 11 n'en est rien. Le
portail d'Espira représente la magnifique floraison de cet
art charmant du xu" siècle, qui mariait la naïveté du moyen
âge avec la noblesse de l'art antique ; mais le tympan
d'Arles, c'est l'art antique lui-même, décadent, il est vrai ;
c'est l'art des monuments de Ravenne (1). 11 faut donc,
pour cette sculpture, écarter résolument la date de j 1 57.
(1) 11 est souvent difficile de se rendre compte sur place des similitudes
ou des différences qui existent entre des monuments séparés par de grandes
distances, mais la photographie aide souvent la mémoire. On peut se rendre
compte de la différence des sculptures qui nous occupent, en examinant la
— 4> —
Quant à croire que notre monument ait pu être travaillé
en 1046, on n'a qu'à jeter les yeux sur les photographies
du linteau de Saint-Génis. déjà nommé, pour se rendre
compte que le singe qui, assis sur une escarpolette, a la
prétention de représenter le Christ sur ce monument, est
certainement une imitation du Christ d'Arles, mais une
imitation qui suit de fort loin le modèle.
11 serajt puéril de songer au temps de Charlemagne, date
de la fondation du monastère, quand on sait que pour
donner une sépulture convenable au grand empereur, ainsi
qu'à son fils Louis-le-Débonnaire, on fut obligé de faire
venir deux sarcophages historiés d'Arles-de-Provence. L'art
carolingien n'a rien à voir ici ; nous sommes en présence
d'une production de l'école de Byzance.
Nous ne nous arrêterons pas à l'examen détaillé de la
façade, qui a sans doute été remaniée à diverses époques ( i )
et nous entrerons dans l'église.
VI. La net centrale
L'abbatiale d'Arles a la forme d'une basilique à trois nefs
d'inégale largeur, séparées par des piliers quadrangulaires.
La nef médiane, sur laquelle se reporte tout l'intérêt, est
planche de la page i3o du Congrès archéologique 1906, où, par une singu-
lière bonne fortune, les deux monuments se trouvent réunis.
(i) Toutefois une petite fenêtre grillée, placée au-dessus de la croix du
tympan, me paraît remonter également au v' siècle.
(2) Ce fait s'est produit un peu partout. 11 y a quelques années, pénétrant
dans l'église désaffectée de Castelmaure en Corbière qui, extérieurement, a
tout à fait l'aspect d'une église préromane, je ne fus pas médiocrement sur-
pris de voir qu'elle était voûtée en berceau brisé ; mais j'eus bien vite la
raison de cette anomalie. A une époque non déterminée, vraisemblablement
au XI' siècle, on appliqua des pilastres sur les murs latéraux, on jeta des arcs
sur ces pilastres et un berceau brisé sur les arcs. Il en a été de même à
Arles ; mais la chose était moins apparente à cause de la division en trois
nefs. S'il n'y eût eu qu'une nef, avec deux murs latéraux remplaçant les
piliers, le fait aurait été patent pour tout le monde.
— AA —
aujourd'hui voûtée en berceau brisé ; mais, au premier
aspect, le grand archéologue de Caumont avait pressenti
que l'édifice n'avait pas été construit pour être couvert
d'une calotte de pierre et que l'épaisseur des piliers avait
été doublée pour leur faire porter des arcs longitudinaux,
qui, à leur tour, supportaient la voûte (2). Cette apprécia-
tion, qui émanait d'un véritable archéologue, ne fut pas du
goût de tout le monde, notamment de M. Brutails, qui la
combattit vigoureusement en appelant à son aide toutes
sortes d'à priori. Un examen sérieux des piliers a, d'une
façon éclatante, mis en évidence ce que de Caumont avait
seul entrevu et la critique s'est trouvée désarmée.
Pourquoi Caumont, qui avait pressenti que la nef était
primitivement couverte d'une toiture lambrissée, n'a-t-il pas
poussé plus loin ses investigations ? C'est sans doute en
vertu de cette tendance, qu'ont les médiévistes, à croire
qu'il n'existe plus rien des édifices religieux antérieurs au
bas moyen-âge. Cette tendance leur prépare bien des
mécomptes. Si Caumont avait étudié les basiliques de la
Rome païenne et les basiliques chrétiennes bâties sur le
même modèle ou parfois empruntées aux premières, il aurait
sans doute complètement résolu le problème. Nous allons
poursuivre cette étude sans lui.
(Jl suivre) F. -P. Thiers.
LIVRES ^ REVUES
Voilà ma Reine
La spirituelle et gaie revue locale, de nos collaborateurs P. Francis et
Jean Balle, a atteint Sa représentations. C'est un magnifique succès que
nous sommes heureux de souligner.
Contes choisis (Ch. Bauby)
De belles pages, de charmantes aquarelles et un progrès bien marqué sur
les premiers essais de l'auteur. Nos vives félicitations.
Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
UNILL
J^xx^el CSI^UIIVIERÀ
*
12 Année N' 137 15 Mars 1918
<Qr>«t :Sr»st i^>i ^fT>i c^'>^ <Si'>i i^i'>vt 5*>>t cgj-^^i. <^>i c^'^i «^-s i <^^
Lu Manuscrits non inserci
ne sont pas rendus.
Lti Articles parus aans ja Revue
n'engagent que leurs auteurs.
REVUE
CATALANE
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. -- Cotisation : 10 fr. par an.
A Jojfre immor(al
Un vent de gloria en ton ce! passa
y un sô) nove)] jà t'ij'lumina,
ma dolsa Pàtria,
y aqueixa gloria d'ales blaves,
que '1 sô) d'immortalitat daura,
te Vé d'EN JOFFRE.
Sublim, la tramontana canta,
alsant un èco en cada roca,
l'heroe nostre,
y, nat en la plana, aqueix himne
puja excels vers les neus eternes,
etern com elles.
Y el mar immens, en alabansa,
domptant el trôntoll de les ones,
broda en l'arena
puntes d'escuma nacarina,
y un tità, besant nostra terra,
saluda l'altre.
Caries Grando.
Mars 1918.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
^Mè^^i^ (SUITE)
babol, coquelicot. — rosella, roella.
bacaiia, laurier. — Dorer.
badells. — voir conDlets.
badiella. — voir vidiella.
bajoca, haricol. — monjeta, fasol.
baladre, hellébore, vérâlre blanc. — ballestera, cebadilla, herba
vomitoria (et aussi baladré, laurier rose).
balaC (et balatg, et balec), cytise, genêt velu. — ginestella.
balca, masseite, iypha. — boga, bova.
balladora, brize. — bellugadissa.
ballarida, lenticule, lentille d'eau. — llentia d'aygua.
ballestera. — voir baladre.
banya de cabra, trigomlle. — trigonella.
barba de cabra (et barballa). — voir apaga-ilums.
barballô, lavande aspic. — espigo), aspit.
bardana, bardane. — llepassa, lleparassa, Dépassera, repalassa,
gafets.
barde. — voir aioc.
bargallÔ (et margallÔ), palmier nain. — fasser.
barralets, muscari. — aD de colobra, calabruxa, viola de pastor.
barrella, soude. — sosa, espinadeDa.
barret de Capellà, ombilic. — oreDa de monjo.
barruixa. — voir arbosser.
becayumba, sorte de véronique.
bec de griia. — Voir gerani.
bedoll (et abedoll), bouleau. — bes.
belladona, atrope-belladone.
bellugadissa. — voir balladora.
benc, mâche. — dojceta.
berberis, épine-vinette. — coralets.
berset, berse. — pampes, panaces, canô.
bes, bouleau. — bedoll, abedoll.
.t4
- 47 -^
bet, sapin. — abet, pibet.
bitXO, poivron. — pebrot, pebrina.
blads. — voir blasera.
blasera, érable. — acs, auru, euro, blada, azerà, acer.
biat, blé, froment.
blat d'India, maïs. — blat de moro, mill gruà.
blat nègre, sarrazin. — fajol.
blauet, bleuet.
bleda, bette, blette, poirée.
bleda=rave, betterave. — remolatxa.
blenera=candelera, molène, bouillon blanc. — juvenal.
blet, arroche.
boga (et bova), masselle, typha. — balca.
boix (et buix), buis.
boix=grèvol. — voir grèvol.
boix de la Mare de Deu. — voir boixerica.
boix maSCle. — voir gaizeran.
boixac. — voir garronada.
boixerica, rhododendron. — Pentecostera, talabard, naret, muixc-
reta, salaverda, boix de la Mare de Deu, gavet.
boixerola (et boixar). — voir arbosser.
bolet, champignon.
bolitg, anihémide. — bolit, bulitg.
bolseta de pastqr. — voir traspic.
bona=ventura, orpin. — crespinell, herba de la cremadura.
bordiol, ciste. — voir argenti.
borrayna, bourrache. — borratxa.
botja, aurone, abrotane. — broida.
botja de Sant Joan, santoUne. — herba cuquera, espernallac,
guarda-roba.
botô daurat. — voir francessilla.
bova. — voir boga.
brassera. — voir floravia.
bresquilla, pêche brugnon.
brionya, bryone. — carbassina.
broida. — voir botja.
broquil (et brocoli), sorte de chou.
brossa (et bruga), bruyère callune.
- 4» -
brUC, bruyère. - bruguera. sepell, xiprdl, aldissa, -eritja, erica.
brUSCa. — voir galzeran.
bruyol, iris, glaieul. — lliri blau, canissos.
bufanaga, carolte. — pastanaga, safanoria.
bufeta de Cà, coquerel. — alicacabi.
bUglOSa, buglosse. — llengua de bou.
buiX. — voir boix.
buiXOl, anémone des bois, hépaihique. - ranuncle blanca, herba del
r (^ suivîé)
fetge. ^ '
L'home enemic de la naluralesa
EL YEIST
En terra o mar no 'm dan repos la nit ni '1 die.
De pol a pol, Jueu d'universal rebuig,
si bé no havent a cap desgraciat fet enuig,
recorro els espais freds, sens bruixola ni guia.
Esmaperdut, desmemoriat, haig de fugir.
L'home, esclau vil mai adomdat, es el qui 'm veda
la cèlica amplitut. Mercès a-n-ell, no- 'm queda
ni un cantonet per m'hi podè a Heure esbargir.
No s6c busca-raons ; emprô si de les bromes
me 'n baixo a follejar pel plà, ja 's clama : « No !
Acî mana i ordena amb son bram el canô. »
Doncs celém l'escarment per serres, valls i comes.
Ai 1 Igual dessosséc pateixo frec al cel.
^ Massa estreta pel braç de l'hom sera la terra,
ja que "1 mont no '1 detura i que al tronar de guerra
fan tornavèu les solituts de roca i gel... ?
Adeu, canyers del marge î Enaigat de canturia,
no manxaré mai pu dins les orgues del bosc.
Per sempre s'ha callat l'aura a entrada de fosc.
L'huracà sol impera, amb son regany i furia.
— 49 ^
Hont sou, mos breçoleigs del mig-di'e ensopit,
quan pessigoDejava al rierô, o la ploma
clenxava al moixonet, o, eixalebrat, la broma
urpia, fent-li a pelleringues el vestit?...
Volunterôs, soviny prenîa-m rampellada ;
bufava, esperverat, pel pati exit, tornant
pel teulat, sacutint fulla i fruita, trônant
per dins la xemenella i alçant-hi ramballada.
[ Sort si en el mar no esquia un que altre disbarat î,
Tôt eren jocs. Calmât prest, vingui sus la riba
junglà amb l'arena, pel dall d'herba fer la briva,
ara udolant, ara rient, ara parât.
Finits els jocs. Al firmament, d'horror domini,
la turbonada fera ha ofegat al bon vent.
Un terratrèmol, fins als estels removent,
tira tôt daltabaix, en ràbia d'extermini.
Ser gobernat no vull. Marrecono ; m'arrimo
amb l'home primitiu. Alla, sens llei ni fre
trescant dintre la selva verge, cobraré
l'airosa llibertat, lo fantasiar que estimo.
EL J\UBOL
Busca, ai ! germa major, l'airosa llibertat !
Si te 'n vas, trist de mi ! si te 'n vas, sol me deixes.
Les pênes que passém jo i tu, son les mateixes ;
victima dels enginys de l'home, 't faig costat.
Si, si ! Els records ! De quan, rendit de côrre '1 terme,
pels fueteigs del llamp en rufaca desfet,
reviscolava el poil, l'agram i l'esparcet,
umplint lambega o rossolant per la costa erma !
— « Baixa i baixa ! deia l'home
« en aclinada oraciô, —
« Ves rajant, benedicciô
« de la bondadosa broma !
— 5o —
« Quan cantes a bell canyô,
« pluja fresca i alegroia,
« n'es la vida brava noia,
« i bon pare es el Senyô. »
Al clarejar, amb fatlera
me mirava al camp. Quin goig
fer marrades, fê '1 cap-boig,
pel cel blaviç bâtent l'era !
Mon pitral al sol novell
esbatenava, espandia ;
d'or en madeixa 'm vestia,
i 'm torrava el ros cabell...
Mes ara, escalivat pels grunys que d'abaix munten,
i embafat d'agrès fums, com tu, perdut el nord,
crro. i Ai de mi, si passo amunt del camp de mort
ont, per occir, Orgull e Invidia les mans junten !
j Pel ruixat bell treball quan, en trinxera o clôt,
enfangaça al soldat, o al moribund amara
qui, desdeixat de tots, gira al cel sord la cara...
o quan rebot su'l poble estes en trist pilot !...
{^ suivre) Pau Berga.
La 1000' de Terra baixa
Al Teatre Comic ven de celebrar-se une vetllada d'honor, amb
motiu de la milena representaciô del sublim drama del gran mes-
tre Guimerà.
Donem amb el présent numéro, un dels darrers retrats de l'in-
signe dramaturg, gloria de les Lletres Catalanes.
Una plaça sera colocada en el teatre hont constarà tôt l'agra-
himcnt que sent l'art Català envers el talentuôs interpret de Terra
Baixa, l'actor Enric Borras. Riols.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
6^^^^* (SUITE)
m. Les rues Je Perpignan à la fin du xvm" siècle : l' embellissement et l'aligne-
ment des rues.
Antérieurement a l'ordonnance de i338, à l'origine même, les
rues étaient la propriété par indivis du seigneur foncier et des
propriétaires des terrains sur lesquels elles avaient été établies.
Pour les créer ou pour les supprimer, il fallait donc l'accord du
seigneur et des propriétaires. Les conditions dans lesquelles ces
rues étaient tracées et entretenues, les avancées de toutes sortes
qui existaient, telles que portes, enseignes, auvents, volets ouvrant
en dehors étaient réglées par les consuls, de concert avec les cla-
vaires ; toutefois ceux-ci, suivant un mandement de Jean I", roi
d'Aragon, du 19 septembre 1 388 (1), étaient obligés de se sou-
mettre aux modifications que les consuls pouvaient apporter à leurs
décisions. En somme, les clavaires avaient la haute main sur la
police de la ville, et principalement sur l'entretien des rues :
leurs sentences devaient être fidèlement exécutées : « en totes e
qualsevol coses tocants la poUicie e bellesa de la vila, axi com es
en carrers, places, edificis, envans, laules, banques, banchs, portes,
ponts, etc. (2) ».
Déjà, un siècle auparavant, un mandement de Pierre IV, roi
d'Aragon, du 20 octobre i358, avait prescrit au gouverneur de
Roussillon et de Cerdagne, Guillaume de Belleria, de faire exé-
h) Arch. comm., AA. i, f" i5i.
(2) Lettres patentes d'Alphonse V, en forme de capitulation, concernant
la juridiction des clavaires, qui était souvent usurpée par le Procureur royal.
(Ibidem, 7 mai 1448, AA. 3, P 492.) Plus tard, lempereur Charles-Quint,
par lettres patentes données en forme de capitulation aux Corts de Barce-
lone ( 2 1 novembre i5i9) confirmait les privilèges des clayaires en matière
de police des marchés, violés par le Procureur royal au sujet d'une jardi-
nière arrêtée pour avoir exposé ses marchandises à l'endroit indiqué par les
clavaires. (Arch. comm., AA., 4f° 5o3).
EL.
— 52 —
cuter, sans appel ni recours, les sentences des clavaires, attendu
que, grâce à leurs décisions, les rues étaient mieux entretenues,
s'embellissaient et se transformaient au point de vue pratique et
utile (i).
Ainsi la juridiction absolue des clavaires s'exerçait non seule-
ment sur le pavage et le nettoyage des rues, mais encore sur les
porches, étalages, auvents (envans) et autres avancées des mai-
sons, même sur celles qui sont tenues du roi « directo seu alodiali
jure... vel ad emphiteosim (2). » Ils étaient également chargés de
la surveillance des conduites d'eau, des égouts, des bornes-
fontaines des carrefours, etc.
A cette époque (3), la circulation des véhicules était assez diffi-
cile ; sur l'ordre du roi Pierre IV, les clavaires eurent le pouvoir de
désigner les rues où la circulation des voitures serait tolérée (4).
La transformation des rues de la cité perpignanaise avait tou-
jours été le souci constant et la grande préoccupation de toutes
les municipalités. Le lo mars 1676, le Roi XIV félicita les con-
suls de Perpignan d'avoir chargé l'intendant du Roussillon, Camus
de Beaulieu, de faire un règlement de police concernant la pro-
preté des rues et l'entretien des édifices.
C'est ainsi que vers la fin du xvn' siècle les rues se transformèrent
peu à peu, grâce à la sage et prévoyante administration du corps
municipal. Un arrêt du Conseil d'Etat, du i3 janvier 1776, venait
de casser et annuler un arrêt du Conseil souverain du Roussillon
qui était favorable à la cause des consuls de Perpignan. Les
magistrats consulaires avaient demandé à la Cour provinciale
(1) Archives comm., AA. 1, f° 143 : «■ J^ie publiée seu carrerie dicte ville
teneanlur melius, pulchrius et utilius condirecte. »
(2) Arch. comm., AA. 1, f" i5i. 3o septembre 1387.
(3) Ibidem, AA. 1, f° 149 v°. 3 août i366. « Quadrigarum magni ponderis
vehiculorum et currorum que a paucis citra temporibus ducuntur... per eandem
villam. »
(4) Ibidem, AA. 10. Le 8 janvier 1370, les consuls de Perpignan faisaient
publier des criées concernant le passage des voitures dans les rues spéciale-
ment désignées à cet effet : « ...que non v alge aigu qui gaus menar ni fer
menar carreta o carretes carregades ni buydes... per la vila de Perpinya ni
dins la vila, anant de les plasses qui son devant los portais e als portais on
no hâ plassa pus avant de x canes de Montpeler, sots pena de xx sous per
çascuna vegada. (Archives des Pyr.-Or., B. 217, P 39.)
— 53 —
l'autorisation de faire un règlement « pour procurer à la ville de
Perpignan la propreté, la décoration et la commodité des rues ».
Les desiderata des consuls portaient sur les points suivants :
r Les rues principales devront avoir trois toises de largeur, au
moins, et les autres deux toises, dimensions que les propriétaires,
en rebâtissant, seront obligés d'observer ; 2° dans les rues qui auront
les dimensions prescrites, les boute-roues qui se trouvent dans ces
rues seront au fur et à mesure enlevés aux frais des propriétaires ;
3 défense de bâtir aucun auvent ou amba (evans), et de faire
aucun ouvrage extérieur à ceux qui existent ; 4' enfin, transfor-
mation des portes-cochéres et volets des fenêtres des rez-de-
chaussée se développant en dehors, par des dispositions qui feront
disparaître cette gène à la circulation. Une pénalité frappait, cha-
que contravention.
Déjà, en 1749 (le 3 janvier et le 3o juin), des ordonnances des
consuls de Perpignan avaient paru, relatives à l'embellissement
de la ville et notamment au rétablissement des pavés des rues,
prescrit par les ordonnances du 7 août 1722, 3i janvier 1728 et
1" mars 1731, qui ne furent jamais observées, soit par la mau-
vaise volonté des propriétaires taxés, soit par la difficulté de
trouver de bons paveurs.
On peut aisément constater que, vers le milieu du xviii' siè-
cle, les intendants du Roussillon transformèrent et assainirent
énergiquement la ville. En effet, le 3o juin 1749 (j), une ordon-
nance des consuls de Perpignan était rendue au sujet de la pro-
preté des rues et des précautions à prendre pour empêcher qu'il
n arrivât aucun fâcheux accident, pendant la réparation des égouts
et autres souterrains. Cette ordonnance, qui vise les précédents
règlements « tombés sous le mépris ou l'oubli publics », interdisait
l'élevage de toute espèce d'animaux de basse-cour dans l'intérieur
de la ville ou, tout au moins, leur circulation dans les rues et
carrefours, le lavage du linge et de la vaisselle de cuisine près
des fontaines de la ville ou hors des portes de l'enceinte ; obli-
geait les propriétaires qui font réparer leurs maisons de placer
des barres à l'extérieur pour avertir les passants ; défendait de
déposer des pierres sur la voie publique et de les y laisser ; pres-
[\) Arch. comm., livre des provisions, AA. 10, registre.
IL
- 54 -
crivait de mettre des lanternes près des trous faits dans le sol et
des amas de matériaux ; et défendait d'abandonner sur la rue des
voitures, pressoirs, tonneaux et marcs de vendanges.
Un an plus tard environ, le 4 avril ijSo, une ordonnance des
consuls était rendue au sujet du pavage des rues qui n'avait pas
été refait depuis 1690. Les consuls qui, à leur entrée en charge,
ont (( tout d'abord remarqué la saleté des rues et le niauvais estât
de leurs pavés », ont fait renouveler les criées sur le balayage, et
les font exécuter par les clavaires, aidés de clavaires surnumé-
raires. Le pavage sera fait aux frais des propriétaires ayant front
sur rue, à proportion de la surface qu'ils occupent (1). L'entre-
prise du pavage fut confiée aux nommés Pierre Combis père et
fils, de Lasbordes (Languedoc), à raison de 3o sous la toise car-
rée et de 20 sous dans le cas où les propriétaires fourniront les
cailloux, le sable et les manœuvres (2). Mais il s'agissait non seu-
lement d'embellir les rues, il importait surtout de leur donner
de l'air, en un mot de les élargir.
Pour infirmer l'arrêt du Conseil Souverain, du 23 janvier 1776,
le Conseil d'Etat expose qu'aucune loi ne détermine la largeur à
imposer aux propriétaires, et ne permet de sacrifier à l'intérêt
général le préjudice que causeraient à des particuliers des réduc-
tions de surface qui, maintes fois, équivalent à la partie qui reste ;
qu'en l'espèce, il conviendrait de faire adopter un plan d'aligne-
ment général de la ville et de déterminer une échelle d'indemni-
tés équitables supportées par la communauté. Quant aux ferme-
tures défectueuses, le Conseil d'Etat trouve que cet état de
choses « est établi par des titres légitimes, tels que des inféoda-
tions de la Chambre du Domaine, au nom du Roi, à qui appar-
tiennent les rues ; il a été payé pour cela des droits d'entrée
au Domaine, et il se perçoit à son profit des censives annuelles ».
Le Conseil d'Etat fit la critique de l'arrêt du Conseil Souve-
rain qui confond la juridiction des consuls, exercée par leurs
clavaires, et celle de la Chambre du Domaine. Après avoir cassé
et annulé l'arrêt, le Conseil d'Etat statuait qu'il soit « incessam-
ment fait et dressé par l'ingénieur en chef de la place un plan
(2) Ibidem, A A. 7, f" 80.
^3) Ibidem, AA. jo, registre, livre des provisions.
— 55 —
figuratif des dites rues, et un projet d'alignement dicelles, les-
quelles seront arrêtées dans une assemblée générale au Conseil de
la dite ville, dans laquelle il sera en même temps délibéré sur les
indemnités que pourroient prétendre, tant les propriétaires des
maisons qui perdront leurs fonds pour le redressement des rues,
que les seigneurs fonciers à cause de leurs Directes (j) ».
Le 27 avril, parut l'ordonnance des Consuls de Perpignan ser-
vant de règlement pour les auvents et l'alignement des rues de la
ville : elle visait la longue série des titres royaux, ordinations,
privilèges, qui partent de 1347 et vont à 1770, et décidait la
confection du plan dont il vient d'être question. Les Consuls tra-
çaient sommairement les bases du travail de l'ingénieur. Les por-
ches, auvents, piliers sont successivement énumérés. Les rues de
la Barre [GalUnaria), des Marchands, de la Fusterie, la place
Laborie, les ponts sur les rues, les étaux [laulas caulasseras et
peixoneras) servant à l'étalage des jardinages et poissons, tout ce
qui est un obstacle à la circulation est l'objet d'une discussion
pour décider si l'on doit les démolir, les défendre ou les
tolérer (2).
Quand on compare l'état actuel de nos rues aux carrerons des
xiv' et xv' siècles, on peut être fier du résultat obtenu par les
sages décisions des différentes municipalités qui se sont succédé
depuis plus de cinq siècles. « 11 est difficile, écrivait Desplanque
en 1893, de se faire une idée de la saleté qui paraît avoir existé
a Perpignan. Le fumier s'entassait devant les portes ; les porcs
et les poules vaguaient librement par les rues ; les ruisseaux qui
traversaient plusieurs quartiers à ciel ouvert, charriaient des im-
mondices de toutes sortes « lejuras, brossas, embuderadas, sco-
billes, choes d'ayll y de sabes » ; on y lavait le linge ; on allait
même jusqu'à faire des malpropretés dans les fontaines et il fallut
nommer un officier spécial, chargé de maintenir un peu d'ordre
dans la voirie ».
Ces règlements en vigueur furent nécessaires ; ils aboutirent à
(1 ) Arch. comm., A A. 10, registre.
(î) 27 avril 1776. Ibidem, AA. 10. L'embellissement des rues concernait
les principales rues et les marchés dont nous avons suivi la transformation
au début de cette étude.
(3) Ibidem. 11 septembre ^ "]"]"]•
— 56 —
la transformation successive et radicale de la vieille ville « aux
ruelles étroites, empuanties ».
Ainsi, peu à peu, Perpignan se transformait, s'élargissait, avait
l'aspect d'une grande ville : certains auvents disparaissaient ; on
sait, en effet, que les porches ou auvents (i) avaient été construits
par pure tolérance sur la voie publique, et, du reste, sous certai-
nes conditions. Mais pour élargir la ville, il fallait avoir les droits
que la Ville n'avait point. Avant les lois actuelles sur la Constitu-
tion des Communes, la voie publique n'était pas, à Perpignan,
une propriété communale ; la ville possédait sur les rues et places
un droit de police absolu, mais elle n'était pas propriétaire de
ces voies. Le premier plan d'alignement {2), qui fut établi en
J775, ne portait que sur un nombre restreint de rues et places.
Le 11 septembre 1777, un arrêt du Conseil d'Etat nommait le
sieur Duclos architecte de la ville de Perpignan : celui-ci confec-
tionna le plan qui devait transformer définitivement la cité per-
pignanaise. Le deuxième plan fut dressé en 1840.
Si la rue des Marchands et la rue de la Barre ont conservé
leurs auvents, à l'encontre de tant de rues qui ont vu disparaître
les leurs, ce sont néanmoins ces deux rues principales qui inaugu-
rèrent les premières devantures en bois avec volets se développant
et se repliant à l'intérieur. Par contre, elles conservèrent long-
temps le vieux type de la boutique à ouverture béante (3) ;
vers 1826, la transformation des devantures avait modernisé l'as-
pect des boutiques qui devinrent des magasins. L'évacuation des
jardiniers^ fît donner à la place de la Gallinaria le nom nouveau de
la rue des Marchands, qu'elle a, malgré le changement des noms
de toutes les rues, heureusement conservé encore.
( 1 ) Une ordonnance de Ferdinand le Catholique, du 1 6 juillet i 5 i o inter-
disait de réparer les avancées des étages en surplomb 1 envansj des maisons
de Perpignan. (Arch. comm., AA. 4.)
(a) 11 est impossible de trouver, dans les pièces antérieures au premier
plan d'alignement, la délimitation des propriétés privées et celle du domaine
public de la commune. D'autre part, les règlements de police sur la dimen-
sion des avancées des maisons et la dimension des piliers ne peuvent être
regardés comme créant des droits à la Ville contre les propriétaires.
(3) On peut voir encore, dans la rue actuelk; Emile-Zola (ancienne rue
Saint-Sauveur), près de la petite place du Poids de l'huile, une devanture à
ouverture béante. C'est une ancienne boutique, aujourd'hui fermée.
- 57 -
Plus récemment encore, Perpignan, tout en perdant son pur
cachet d'originalité que lui donnaient ses beaux et solides rem-
parts des xiT et xiii* siècles, flanqués de meurtrières ou d'archières
et complètement restaurés par Vauban, mais toutefois dégagé de
cette vaste enceinte qui la resserrait et l'étreignait péniblement,
prenait l'aspect des grandes cités: une nouvelle ville (i), toute
coquette et pimpante, surgissait au milieu de ces vieilles murail-
les, de ces larges fortifications désuètes et déclassées, que les nou-
veaux procédés de guerre rendaient inutiles, et qui étaient métho-
diquement remplacées par des forts modernes capables d'une
protection efficace en cas d'invasion.
IV. Le Théâtre de la Loge de mer ou l'ancienne Salle du Consulat de mer.
En 1752, la salle du rez-de-chaussée de la « Loge de Mer » {1)
avait été convertie en théâtre. Par l'étrange caprice d'un homme,
sous les ordres d'un Souverain, pour distraire et égayer son
entourage, le Comte de Mailly transformait en théâtre la belle
et vaste salle du Consulat de Mer.
On abattit à cette époque un beau plancher et la chapelle dont
le retable (retaule) était formé par le tableau de la Trinité (peint
en J489), qui se trouve aujourd'hui dans l'église Saint-Jacques, à
la chapelle de la Sanch vella, où on le porta en \y52. La démo-
lition de cette splendide pièce fut consentie par les Consuls de
la ville et les Conseillers du Consulat, d'accord avec le Comte
de Mailly (3) ; dans les premiers jours de 1752, et moyennant la
(1) On pourra consulter avec intérêt l'intéressant ouvrage de M. Pierre
Vidal, au sujet de la ville nouvelle : Perpignan. 1898, chap. xxi : Perpignan
à la fin du xix' siècle. — Cf. également l'étude très documentée de Ph. Tor
rcillles : L'alignement des rues de Perpignan au xviii' siècle. ('Revue d'archéo-
logie (J^uscino). n° 2, juin 191 i.)
(2) Au rez-de chaussée était la Bourse (aujourd'hui Café de France) ; à
l'étage unique était le tribunal de mer (salle Arago actuelle). Le commerce
roussillonnais se faisait principalement par mer. Le Consolai Je mar avait été
crée en 1387. (Voir plus loin, à l'appendice, Le Consulat de merci la charte
créant ce consulat.)
(3) Ces travaux commencèrent « a la fi del any de 1751 ». La Loge de
mer avait été bâtie sous le roi Martin. Cette Loge de mer et le Palais de la
— 58 —
somme de 16000 francs les démolisseurs commençaient leur œu-
vre : l'intérieur de la Loge de Mer fut tellement défiguré qu'au
dire de Joan Candi, docteur en théologie, on ne pouvait plus se
faire une idée de ce qu'était auparavant cette splendide salle
« que no se pot figurar com era antes ».
Grâce aux éphémérides, en catalan, que Jean Candi, alors curé
de Saint-Jacques, avait eu la bonne inspiration de dresser et de
glisser dans le registre (ou minute (i) des actes de baptême, ma-
riage et sépulture), nous pourrons suivre la transformation de ce
bel édifice, de cette salle mes lustrosa, qui est aujourd'hui un des
plus riches joyaux de la ville de Perpignan, admiré du monde
entier.
Voici la note qui relate cet événement si important.
« Es per memoria, com en lo présent any de ijSS, se fabrica
y erigi la sala de las comedias de la manera seguent. Lo senyor
compte de Mally, governador de la provincia, tienent gênerai de
las armas de nostre monarcha Lluis XV, per donar divertiment a
la noblesa, als officiais, a tota la vila y tota la provincia, volgué
establir una sala fixa y perpétue per las comedias, volent qu'hi
haguès continuament comedians fixos. Perço demana als Consols
de la dita vila y los del Consolât de mar, la sala del Consolât
de mar (2).
Députation sont tous les deux remarquables par les détails de la construction
et de la décoration. A ce sujet, cf. P. Vidal, "Perpignan, 1898.
(1) On sait qu'antérieurement à la Révolution et à partir de 1684 seule-
ment, les registres qu'on appelle aujourd'hui registres d'état civil étaient
rigoureusement tenus en double par les curés. Le registre-minute était gardé
à la sacristie, le registre-grosse était versé au bailliage. En 1791, les minutes
furent apportées aux mairies et les grosses au greffe du tribunal de première
instance de l'arrondissement. (Ces registres m'ont été très utiles pour mon
étude sur l'église de Castel Roussillon : actes de l'église des xvii' et xviii* siè-
cles.) (Extrait des registres paroissiaux. Arch. comm., pp. 93-io5.)
(2) En appendice j'ai transcrit, dans cette étude, les lettres patentes de
Sanche. roi de Majorque, autorisant les consuls à acheter une boutique et
plusieurs étaux sur la place deh richs homens, « in platea procerum », pour y
construire la Maison consulaire, « affranquimentum operatorii d'En Ganter,
m quo est facta Logia Perpiniani. » (Palma, 5 mai i3i5. Arch. comm., livre
vert mineur, AA. 3, f" 100 v°.) — « La salle consulaire, située au rez-de-
chaussée, écrit M. Vidal, n'offre plus l'aspect qu'elle présentait à l'épocjue
- 59 -
Esta sala venia a peu pla casi del carrer que es entre dita sala
y lo Pes-del-Rey (i). S hi entrava per una gran porta de barras
de ferro ben treballat, molt alta y mol ampla ; a la esquerra hi
habia una finestra ab una gran retxa de ferro (2) ben treballat.
Del rostat de LIotja, hi habia altre porta mes petita tambe ab
barras de ferro, axibe ben treballadas ; dos gran finestrals que se
tancaban ab finestras de fusta. En dita sala, se tenian las assam-
bladas de las opposicions (3), de las cadiras (4) de theologia, lleys,
medicina y philosophia. En dita sala, se passajaban al LIotja en
temps plujôs. de neu o de vents humids o molt frets. Al fonds
de dita sala, hi havia una petita capella (5), dividada de la sala
per un balustre de fusta; per conséquent tota la sala podia fornirse
de gent per ohir missa, lo retaula era de guix gravât sobre la
de nos libertés communales, mais le plafond a été conservé : c'est un beau
travail du xv' siècle. 11 est à compartiments profonds, exécutés de main de
maître, d'après un plan qui dénote un goût exquis chez le fuster qui en fut
chargé. Au fond de la salle s'élevait un dais, sous lequel siégeaient les consuls
de la ville ; sous ce même dais s'asseyaient les rois d'Aragon lorsqu'ils
venaient visiter l'Hôtel-de-Ville. (P. Vidal, Perpignan. 1898, chap. xiv,
par. 3.) — 11 est certain que les architectes et sculpteurs qui ont construit
ce beau monument étaient « des artistes dun grand talent, qui avaient plei-
nement conscience d'un art parfait ».
(1 j C'était la maison Charrasse, rue Saint-Jean, où est actuellement installé
le magasin Dewachter (angle de la rue Saint-Jean).
(a) Une grille.
(3) Examens pour l'Université.
(4) Chaires de théologie, etc.
(5) La chapelle ou église (sub invocatione Crucis et Immaculate "Virginis
Marie, noviter in domo Consulatus construcla ' Arch. comm., AA. 6, f' 504)
avait été construite dans la salie Saint-Jean ; elle fut consacrée en 1606, le
29 décembre, par l'évéque d'Elne, Onuphre Réart, sous l'invocation de
saint Jean et de la Sainte Vierge. Le rétable et l'autel furent construits en
1606. Le 3 août 161 3, le nonce du pape déclarait que la prohibition de
célébrer des messes dans les oratoires privés ne s'étendait pas à la chapelle
de l'Hôtel-de-Ville ; cette exception en faveur de la chapelle du Consulat
fut accordée par Antoine Cajetan, nonce d'Espagne, le 3 août 1616. — Un
document du 18 juin 1606, relatif à cette chapelle, relate le privilège dit de
la Visita, accordé sous forme de capitation par Philippe II, roi d'Espagne,
à la ville de Perpignan, concernant la publication, à son de trompe, du
résultat de la Yisita sur la place de la LIotja et dans la chapelle nouvellement
construite « al costat de la sala gran del Consulat de mar ». (^Arch. comm.,
AA. j, f 35 I et 362.)
— 6o —
fusta ab la figura de la santissima Trinitat y altres figuras. Lo tôt
ben dorât, molt antic, lo quai es vuy en la iglesia de Sant-Jaume,
en la capella de la Sanch vella. Tots los dias s'hi deya o cele-
braba missa, la quai ohian quant volian los senyors consols de la
Casa de la vila ; la quai celebraba un Religiôs del convent de
N'" S'- de la Mercé, ab salari que rebia de la Casa de la vila.
Lo sostre capital de dita sala era digne de ser vist, puix era tôt
treballat a la mosaica, casi tôt dorât y lo demès pintat. Los capi-
tells dels cayrats, que eran com vigas eran tots de pedra picada,
cada hu ab figura de diferents animais, o de homens, o de angels.
Los arcs que portaban dits monalls (j) tots de pedre picada y
rreballada a la mosaica. Tota eixa constructié de dit sostre a la
antigalla (2), donaba a que occupar lo esperit de los curiosos qui
lo contemplaban. Sobre dit sostre s'hi representaban las comedias
dels comediants, passatgers y bagabuns (3), no obstant lo mal
propre estât en que se trobaba (4).
En effecte, lo dit senyor compte de Mally a la fi del any de
ij5i, convingué ab los S" Consols de la vila y los S" Consols
del Consolât de mar (5), que la dita sala l'hi foncb concedida ab
los pactes entre ells fets. Als primers del any iy52 se donâ ma a
la obra, la entrepresa pujant a 16.000 franchs y las despullas. Tôt
incontinent feu dimolir lo dit sostre y capella y se treballâ fins a
(i ) Ce sont les poutrelles artistement sculptées.
(2) A l'antique.
(3) Comédiens ambulants, c'est-à-dire de passage.
(4) 11 est bon de rappeler que la Loge de mer avait été bâtie sur l'empla-
cement d'anciens ouvroirs qui furent achetés par les consuls : un document
précise le fait : « domum et domos que sint ad scrvitium dictorum consu-
lum... » (Je le reproduis à l'appendice.) En somme, la Loge de mer primi-
tive, d'après un tableau de 1489, ne consistait que dans une partie du monu-
ment qui présente, sur la façade de la Loge actuelle, les deux arcades
voisines de l'angle. Les deux autres fenêtres, et toute la partie du monu-
ment qui en dépend, furent ajoutées sous Charles-Quint, en 1540: une
inscription catalane, que reproduit M. Pierre Vidal (Perpignan, 1908,
p. 287) relate le fait.
(5) Le Consulat de mer de Perpignan avait été créé le 1 5 décembre i 388,
sous Jean 1", roi d'Aragon, qui lui avait conféré les mêmes droits et attri-
butions que celui de Barcelone : les membres ainsi que l'assesseur et le juge
des appellations devaient être nommés chaque année, la veille de saint Jean,
par les consuls de Perpignan. (Arch. comm., AA. 1, P 280.)
— 6. —
Santa Creu de maig per formar dita sala de spectacle, la quai
sala ha tant desfigurat la dita sala de Consolât de mar que no se
pot figurar com era antes ; mes se pot dir que moltas personas que
han vist salas de comedias, de spectacles o opéras en Fransa y en
Italia, no han vist sala mes iustrosa, mes curiosa que la que si es
treballada en esta vila ; de mes grans, ne habian vistas y ab mu-
sica mes abundada ; mes non pas de major lustre. Tôt incontinent
se feu un avansament del costat del Pes-del-Rey (i) per servir de
aposento (2) aïs comedians lo die dels ensaitgs y de functio, a
la porta del quai hi ha sentinella nit y die y la obertura o pri-
mer die de las représentations se feu lo primer maig lySa, que
es lo corrent any ahont ha assistir gran concurs de poble de tôt
estament (3) majorment tant com dit S' Compte de Mally es estât
dins la vila y provincia. Moltas personas de différents estats se
son abonats per facilitar a tenir actors continuos y bons, major-
ment tots los officiais dé la guarniciô, per ordre de dit senyor
compte de Mally. 7fa est.
Le gouvf^rneur Comte de Mailly (4), séduit par la beauté de ce
magnifique palais, venait de transformer en théâtre cet hôtel prin-
cier. On peut se demander, avec juste raison, s'il n'existait pas déjà
une salle de spectacle. « 11 semble bien cependant que dés le xvi' siè-
cle, Perpignan possédait déjà une salle de spectacles ; elle était
située dans la rue de !'« Ancienne Comédie », qui débouche dans
celle de la Main-de-fer. Cette maison était connue jusque dans
ces derniers temps, sous le nom de Casa de las Comedias (5) d.
La place de la Loge, l'ancienne Place des Riches Hommes
(plassa dels T^ichs Tiomens), avait porté le nom de « Place du Théà-
(1) Un mandement de Sanche, roi de Majorque, concernait la création
du teneur du livre du poids du roi ( i3 nov. i32 2). De là le nom attribue à
la rue.
(2 ) C'était le foyer de la comédie.
( 3 ) De tout rang.
(4* Un arrêt du Conseil d'Etat, du 17 février ijS'i, approuvait la cession
faite en faveur de la Ville par M. de Mailly, commandant de la province,
de 5oo livres que la province lui pavait pour son droit de saccades, attendu
les réparations faites à l'hôtel du commandant et à l'établissement de la salle
de spectacle. ( Arch. comm., AA. 8, P 2i3.
(5i P. Vidal, "Perpignan, 1898, ch. xjv, par. 3.
~ 6^ -
tre ». C'était, dit M. Vidal, un théâtre en plein air où « nos aïeux
représentaient les Mystères, ces longs drames religieux du moyen
âge ». En effet, le lo mai 1469, Laurent Galderich, dit Raffard,
pareur, vendit à François Alphonse, mercadier, une maison sise à
la paroisse Saint-Jean « devant le théâtre » (ante Theatrum) et
confrontant d'un côté, avec la maison d'Augustin d'Agosti, mer-
cadier et par devant avec le dit Théâtre ou Place des Riches
Hommes (1).
La salle de spectacles municipale vécut 63 ans, d'une vie mou-
vementée, avec pas mal de « relâches » sur l'affiche ; quelquefois
il y eut des suspensions pendant une campagne entière. Dans ce
dernier cas, la salle était louée pour des bals au prix moyen de
25o francs l'an, avec réserves pour les représentations fortuites
des troupes de passage, les « comedians vagabuns (2) ».
Le dernier directeur, malgré tous ses efforts ne put terminer
la campagne qu il avait entreprise en montant trois opéras (3). Le
26 janvier j8i5, il liquidait la situation en passant à la municipa-
lité pour 600 francs d'accessoires : ceux-ci furent cédés à la
Société du théâtre, qui s'ouvrit l'année suivante.
L'ancienne salle de spectacle (4) fut affermée à la Ville ; on en
fit un bureau ; plus tard elle servit de remise aux Messageries.
Ceci est confirmé par Jaubert-Campagne (5) qui se plaignait
(i) Et ante cum dicto théâtre sive Platea Divitum hominum Perpiniani.
(Manuel de Pierre Vilarnau, années 1469-70.) (Note de M. P. Vidal,
op. cit., p. 292.J
(2) Parmi les pièces qui furent jouées figurent : la Belle Arsène ; lu Femme
vengée : les Savoyards ; la Forêt de Sicile ; les Sabotiers ; la Piété filiale ;
l Auberge pleine ; la Veuve de Malabar ; les Deux Avares ; Zémire et Azor ;
Lodoyska ; Don Quichotte ; l'Amant statue ; le Secret ; Guillaume Tell (comédie) ;
Paul et T'irginie (id.); T^oméo et Juliette (id.); le Barbier de Séville (id.); etc.
(D'après une note de Jean Guibeaud.)
(3) Cétait un nommé Singier qui donna : la Tlùte enchantée, de Mozart;
ta Vestale, de Spontini ; le Siège de Corinthe, de Méhul.
(4) Les merveilles du plafond de cette salle, les mosaïques dont parle
J. Candi paraissent une imitation ou reproduction du plafond de la salle
actuelle des mariages. Ces merveilles sont masquées par un faux plafond
placé au-dessous à la distance de 94 centimètres. La Ville accéda, non sans
regret, à l'exigence du fermier qui trouvait trop élevé le plafond d'une
pièce recevant une nouvelle affectation.
(5) Jaubert-Campagne, avocat, Essai sur les anciennes institutions munici"
pales de Perpignan, par. iv, i833.
— 63 —
amèrement, en i833, de la décevante transformation de l'ancien
prétoire si renommé de ha Loge. « Le local existe encore aujour-
d'hui, tel qui) fut. écrivait l'éminent avocat, mais il n'existe d'au-
tre trace de son antique destination qr'ane girouette en fer et en
forme de galéasse de cette époque, qui, du haut de la Maison de
Ville, semble protester contre la nouvelle destination qu'il a reçue.
En voyant notre antique Loge de commerce servir de remise aux
diligences, on croit voir un vieux serviteur qu'une patrie
oublieuse de ses anciens services, laisse s'éteindre dans la misère
et dans l'oubli ».
Puis ce fut le café de la Loge , et aujourd'hui le café de
France (i) qui existe encore. Ce bel immeuble, dont un rideau
de fer masque la gracieuse façade, ce pur joyau d'architecture
hispano-mauresque, orné de trèfles, d'ogives et de balustres
découpés à jour, est d'un précieux revenu pour la ville qui n'a
jamais pu, malgré les efforts si louables du regretté D' Donnezan,
rendre au bel édifice de la capitale du Roussillon, sa première
parure si gracieuse, toute d'originalité byzantine.
(A suivre) Henry Aragon.
( 1 ) Cet immeuble a successivement rapporté 2125 fr. par an jusqu'en j 852 ;
7025 fr. en 1868; 1 1 .400 fr. en 1891 et 14.200 fr. depuis 1894. Aujour-
d'hui, la Ville perçoit un revenu de i 0.000 francs.
Sympathies catalanes
Nous avons reçu une magnifique carte-souvenir de la messe
offerte par les Dames Catalanes du PaJrtnalge de Guerra de Bar-
celone aux Ames des Volontaires Catalans et des soldats des
nations alliées tombés au Champ d'honneur.
Cette messe fut dite par M. l'abbé Etienne Caseponce, mem-
bre de la Société d'Etudes Catalanes, le 14 février dernier.
Une soirée en l'honneur de Volontaires Catalans luttant sur
notre front fut célébrée le ] mars au "Foyer français, avec le con-
cours des maîtres Guimerà, Mestres et Iglesias. A ce sujet,
M. Apeles Mestres nous écrit :
« M'han demanat que hi prengui part, llegint algunes "Flors de
Sang, a lo quai he accedit molt gustés. Jà veu que 's fa tôt lo
que 's pot perla causa. »
Ces paroles de l'illustre poète nous vont droit au cœur. Ce
sont là vraiment de sincères amis. Français ne l'oublions pas.
Caries de la Real.
La Colonie antique de Ruscino
La presse locale et régionale a salué chaleureusement l'appari-
tion du livre de notre excellent collaborateur M. Henry Aragon :
La Colonie Mnlique de T^uscino. Le public roussiilonnais, celui qui
pense, et que le bouleversement général n'a pas pris tout entier,
a commenté flatteusement cette brillante manifestation de la pen-
sée française, ce nouveau monument de l'Histoire de notre petite
patrie.
11 nous sera quelque peu malaisé, après tout le bien qui a été
dit du livre de M. Aragon, de trouver des termes assez forts
pour traduire l'impression que sa lecture a laissé dans notre esprit
de fervents catalanisants.
Castel-Rossellô a toujours eu pour les perpignanais un attrait
particulier ; abstraction faite des historiens locaux et des ardents
poètes qui ont immortalisé la vieille tour moyenâgeuse, le vul-
gaire a professé pour cet amas de ruines qui s'élève encore impo-
sant devant la bande bleue de notre Méditerranée, une vénération
non dissimulée.
Mais ces ruines, depuis quelques années, se sont animées ; en
1909, des fouilles furent entreprises. «M. Thiers les poursuivit
pendant cinq années avec la passion et l'ardeur qu'il apportait à
ses entreprises ».
La guerre survint, avec elle fut interrompue la grande œuvre
de résurrection de Ruscino ; la mort de M. Thiers semblait
devoir mettre fin au merveilleux travail d'exhumation de tant de
richesses archéologiques.
Mais de même que, dans la course au flambeau, l'éphèbe saisit
la torche des mains débiles du vieillard qui succombe, M. Ara-
gon a vaillamment poursuivi la tâche de son Maître vénéré.
Et nous avons vu merveilleusement surgir des oeuvres maîtres-
ses : Le Bilan des fouilles de J^uscino, Les Vestiges de T^uscino, Cas-
tell-T^ossellô au Moyen Age, etc.. et enfin La Colonie Antique de
J{uscino.
— 65 —
Nous n'avons pas la prétention de disséquer le dernier né du
châtelain de Castel-Roussillon ; il nous faudrait pour cela sortir
du cadre restreint de notre petite T^evue Catalane; qu'il nous soit
simplement permis de citer une appréciation qui fait, à notre avis,
autorité : celle de M. A. Héron de Villefosse, membre de l'Ins-
titut. « La cause de Ruscino n'était pas abandonnée. Avec une
activité qui surprend et qui étonne, vous en êtes devenu l'avocat
et vous l'avez vigoureusement défendue.
« Vous avez repris les commentaires lumineux dans le but
d'écrire l'histoire de la colonie romaine et d'en exposer l'admi-
nistration. Actif ouvrier de la résurrection de Ruscino, vous avez
la satisfaction et l'honneur d'en être le premier historien. »
Ainsi, par delà les fantaisies populaires, M. Henry Aragon a
courageusement abordé l'Histoire, la grande Histoire, celle qui
exige qu'on l'écrive avec son âme, celle qui vous change en béné-
dictin poussiéreux, celle qui vous prend toutes vos facultés, toute
votre vie, celle qui vous ordonne impérieusement d'ouvrir les
flancs de la terre pour y découvrir, un à un, les trésors des âges
défunts. Et de cette terre bouleversée, qui est la nôtre, la Jfiare-
Terra, monte un parfum très doux, indéfinissable, qui nous prend
le cœur ; c'est ce parfum que nous avons respiré en tournant les
feuilles de La Colonie Antique.
P. Francjs.
Les morts
Deux figures de la renaissance provençale et catalane viennent
de disparaître :
Charles Roux, l'un des continuateurs les plus enthousiastes de
l'Œuvre Mistralienne et J. Pons y Massaveu, auteur de diverses
oeuvres fort appréciées pour leur couleur locale.
OEL PRIMER RAIG:
Salut al Rossello
^ ma germana Teresa.
Salut, terra catalana,
Hont mos avis han lluytat...
De Sant-Joan a Montferrat,
Recort de guerra llunyana
Tan que viuré 't guardaré...
Dins mon cor plassa sagrada.
Fins la mort no olvidaré
Riu, y camp, y casa honrada.
Rossello, Vallespir o Cerdanya...
Païs del sol y del fruyt endaurat,
Cantaré ta vall y ta montanya,
Tos miquelets del temps passât,
Y quan los anys blanquiran lo meu cap,
Lo meu desitg, terra agrahi'da...
Sera dormir 6 morir Deu ho sab
Dins ton se, mare benehîda,
Albert Janicot.
Une basilique latine du V siècle
L'atrium el l'église d'Arles-sur-Tecb
VIL L*abside et les absidioles
Dans le mur de fond de la nef s'ouvre une abside semi-
circulaire, voûtée en quart de sphère, absolument pareille
aux absides des basiliques païennes. Elle est flanquée de
deux absidioles correspondant aux bas-côtés ; mais, chose
- 67 -
étrange, ces absidioles sont fermées par des murs plats et
peuvent être considérées comme des annexes et non comme
des parties intégrantes de l'église. On remarquera, en outre,
que l'abside se ferme à 9"'5o au-dessus du pavé, alors que
la voûte de la nef atteint une hauteur de 17 mètres, ce qui
constitue une anomalie qu'on ne rencontre nulle autre part,
et qu'aucune raison d'ordre liturgique ne saurait expli-
quer (1). Nous allons avoir la raison de ces diverses ano-
malies.
Parlant des basiliques civiles de la Rome païenne, Cor-
royer s'exprime ainsi :
« C'est dans l'hémicycle ou abside qu'étaient placés le
« siège du juge — Irihuna — et ceux de ses assesseurs. A
« droite et à gauche, s'élevaient souvent des absides secon-
« daires, ou de petites salles destinées à contenir les archi-
« ves ou divers services accessoires (2). »
Nous voyons donc pourquoi les absidioles d'Arles ont
été fermées par des murs plats. Aucune préoccupation
d'ordre liturgique ne pourrait expliquer ce dispositif; les
absidioles sont donc antiques.
Passant aux basiliques chrétiennes, Corroyer ajoute :
« L'autel était placé entre l'hémicycle ou abside ménagée
« dans le mur du fond et l'arc triomphal s'ouvrant dans la
« nef (3) ».
Cela nous explique pourquoi l'abside d'Arles a, selon
M. Brutails, une profondeur plus grande que son rayon.
11 est vrai qu'on peut croire aussi que ce léger allongement
est dû à l'existence d'un escalier de cinq marches aujour-
d'hui supprimé. 1 1 en était ainsi à l'église de Baqouza (Syrie),
(1) On trouve bien quelquefois un oculus percé entre la voûte de l'abside
et celle de la nef, quand elles ont une hauteur différente. Cela peut s'expli-
quer de bien des façons, mais une différence de hauteur de ^"$0 est inexpli-
cable.
(2) Loc. cit., p. 24.
(3) Loc. cii., p. 46.
— 68 —
sensiblement contemporaine de l'église d'Arles et offrant
avec cette dernière de multiples analogies.
Plus loin, le savant architecte ajoute: « L'abside primi-
« tive n'avait pas d'autre jour que celui qu'elle recevait de
c( la nef ou du transept. Transformée en martynum. elle fut
« non seulement percée de fenêtres, mais encore, selon
« certains auteurs, elles auraient été entièrement ajourées,
« etc. (i). »
L'abside d'Arles n'est pas entièrement ajourée ; majs elle
était primitivement éclairée par trois fenêtres, dont deux
ont été murées, lors des divers remaniements qu'a subis ,
l'édifice. Je ne comprends pas pourquoi, si l'abside eût été
érigée pendant le bas moyen-âge, on eût ouvert des fenê-
tres, qui ne devaient pas servir. D'autre part, dans toutes
les 'tours semi-circulaires, que l'on voit encore dans les ^^
forteresses du v^ siècle (2), on retrouve les trois fenêtres, |
quelquefois sur deux étages superposés.
(A suivre) F-P- T'"'^'^^"
(1 ) Loc. cif.. p. 49- . . , -
(2) Notamment a Narbonne. Dans léglise de Baqouza, dont , ai parle
tout à l'heure, l'abside est également percée de trois fenêtres.
Trois gerbes (poèmes de p. Gasc)
Si Gasc nous charme par sa poésie, dont Iharmonie et la couleur laissent
une impression de grâce sereine, nous admirons bien plus en lui toute la
finesse de sa psychologie et ce lyrisme reposant qui caractérise son art.
Toute l'œuvre de Gasc respire une profonde sentimentalité et. qu il chante
le Roussillon, ses impressions du front, ses émois ou ses espoirs, 1 auteur se
révèle toujours analyste profond et sincère. C'est un peintre exquis des
demi-teintes doublé d'un idéaliste, et ses tons en grisaille, ses gammes flot-
tant dans le rêve enveloppent sa pensée de je ne sais quel vague endianteur
qui sied à ravir aux choses de l'âme.
Revues Françaises-Catalanes
Nous saluons avec joie la publication de deux nouvelles revues françaises-
catalanes. Messidor et Plançons. dirigées par de fidèles amis de notre Patrie.
Nous retrouvons parmi les collaborateurs plusieurs de nos amis, entr autres
MM. A. Maseras et Perez-Jorba. ^
U Gérant, COMET. - Imprimerie CtaUne, COMET, rue de h Po5te, Perpignan
12- Année. N' 138 15 Avril 1918
Les Manuscrits non insères ^^ ^F^^V W 4 V^
ne sont pas rendu». M^to M'* ^W m. J Ml.^
CATALANE
Lrs Articles parus aans ia Revue
n'engagent que leurs auteurs.
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an.
L*aucell
Una gabia jo tenfa
pintadeta de vermeil ;
dintre la gavia un aucell
refilava nit i dia.
A les dues, a la una,
als matins, a les vesprades,
i vàlga 'm Deu, quines cantades,
ara al sol, ara a la lluna !
La ma d'una dona obrî
la gabia quan jo no hi era,
i l'aucell per l'ample esfera
tôt d'un vol me va fugî.
Anys han passât, i un riu d'or
aquell goig no 'm tornaria :
j l'aucell era l'alegrîa ;
i la gabia era el meu cor !
]oan ToMAS i Salvany.
Une basilique latine du V siècle
L'atrium et l'église d'Arles-sur-Tecîï
VIII. Le chevet
Si je ne me trompe, le mot chevet désigne la face convexe
de l'abside. N'ayant aucune notion sur ce chevet, j'en
emprunterai la description à M. Brutails, déjà nommé :
a A l'abbatiale d'Arles, pilastres et corbeaux sont concur-
« remment employés à porter l'arcature ». Il s'agit évidem-
ment de ces arcatures dites lombardes, dont j'ai sous les
yeux un exemple à Castel-Roussillon, cité aussi par cet
auteur. En général, on fait remonter l'âge de ces arcatures
au XJ' siècle ; je n'y contredis point. Mais, si les Lombards
sont les inventeurs de ce genre de décoration, il est bon de
ne pas oublier qu'ils ont pénétré dans l'exarchat de Ravenne
en 58o, c'est à dire bien avant le xi* siècle. Mais sont-ils
bien les importateurs de ce genre de construction ? Incon- i
testablement non ; pas plus que les Wisigoths, ils n'ont
rien innové en matière d'architecture (i). Ces arcatures I
dites lombardes existaient sans aucun doute à Ravenne
avant leur arrivée et il est permis de croire que celles que
l'on voit au chevet d'Arles sont contemporaines de l'église,
bien qu'elles aient pu provenir de certains remaniements
de date bien postérieure. Du reste, M. Brutails n'est pas
éloigné de partager cette opinion, car il dit ailleurs : « L'em-
« ploi très fréquent des arcatures dites lombardes et des
« dents-de-scie est également remarquable : cette ornemen-
« tation, dont l'origine paraît être une combinaison cons-
« tructivc adoptée pour les monuments latins de Ravenne,
(i) Vivant dans des chariots, les Barbares n'avaient pas d'architecture.
■J
— 7' —
« eut, en Roussillon, non moins de succès que dans les
« bassins du Rhône et du Rhin (i) ».
Dans un excellent travail publié récemment (2), un archéo-
logue espagnol, M. Puig y Cadafalch, signale des bandes
lombardes sur le tombeau de l'impératrice Placidie — érigé
à Ravenne en 449 — et dans nombre d'églises ravennates
des V* et vj' siècles. Je pourrais citer, à mon tour, la bande
des petites arcatures, que l'on voit sur un linteau de mar-
bre blanc conservé au musée de Perpignan, et qui, à mon
avis, ne descend pas plus bas que le milieu du jv* siècle (3).
Dans un travail récent, je me suis bien gardé de prononcer
le mot lombardes. Malgré toutes les réserves que j'aurais pu
faire, nombre de gens n'auraient pas manqué de m'attribuer
un parfait anachronisme.
IX. Les toitures
Ainsi que l'avait deviné Caumont, la grande nef était cou-
verte d'une toiture lambrissée. Cette toiture était placée
assez haut pour motiver l'existence d'un clair-étage percé
de fenêtres sur les faces latérales. La longue fenêtre aujour-
d'hui amortie en arc brisé, qui occupe le mur du fond (4),
au-dessus de l'arc triomphal, existait-elle au v^ siècle ?
Assurément non sous sa forme actuelle. Peut-être n'y avait-
il sur ce point aucune ouverture ; un médaillon aurait pu,
selon un usage assez répandu, occuper le centre de ce
(1) Bulletin archéologique, 1893, p. 403.
(2) Congrès archéologique (1906), pp. 684-703.
(3^ Ce linteau chrétien, dont le plafond est sculpté à la façon des soffites
des architraves païennes, est appelé à devenir célèbre, quand il sera connu
du monde savant, autrement que par de vagues descriptions. Je ne crois pas
qu'il existe d'autres monuments chrétiens de ce genre, du moins en France.
(Ce linteau est .actuellement dans la salle du Musée archéologique.)
(4) C'est ici le cas de parler de l'épaisseur des murs qui, selon M. Brutails,
serait de i'"2o. Or, 4 pieds romains valent exactement i"i86. Il est visible
que l'architecte a pris pour modèle une mesure romaine.
— 72 —
grand mur, pour en atténuer la nudité. Quant aux fenêtres
latérales, elles existent encore ; mais, pour ne pas les mas-
quer par la carapace de la voûte, on a percé dans celle-ci
des oculus au droit des baies antiques, de sorte que la nef
est assez mal éclairée. C'est une conséquence des modifica-
tions opérées, soit au xi'^ siècle, soit au siècle suivant, et
non une conception due, selon M. Brutails, à des influen-
ces provençales. On ne pouvait faire autrement, à moins de
laisser la grande nef dans l'obscurité. L'art provençal n'a
rien à voir dans tout ceci ; la nécessité a tout commandé.
Au sujet des bas-côtés, on me permettra de garder une
prudente réserve. Assurément ils étaient couverts d'une toi-
ture en appentis, avec charpente apparente. 11 se peut aussi
que les pannes des toitures aient été directement suppor-
tées par des arcs transversaux jetés sur les bas-côtés au droit
des piliers. Quelques vagues indications échappées aux pré-
cédents explorateurs me porteraient à le croire. C'est une
question à examiner de près.
X. Conclusion
D'ailleurs, je dois dire que je n'ai pas la prétention
d'écrire ici une monographie de l'église. Je l'écrirai peut-
être un jour, si des circonstances favorables viennent nous
permettre de scruter les mystères que l'édifice recèle encore.
je me contente d'appeler l'attention des archéologues sur un
monument mal connu, qui est peut-être le seul de son
espèce existant en France et qui, à ce titre, a droit à toute
notre sollicitude. Souhaitons que la main des modernes res-
taurateurs lui soit légère, qu'avant toute imprudence ils
scrutent les détails de sa construction et ne dénaturent pas
par ignorance ce que tant de siècles ont conservé.
11 me reste, en terminant, à formuler un vœu. Je crois
qu'il serait urgent de descendre la magnifique croix du
tympan, que les pluies tombées pendant quinze siècles envi-
_ 73 -
ron ont quelque peu dégradée. Déjà certain détail, qui m'a
servi à déterminer son âge (i), est devenu très fruste. On
pourrait la déposer dans le cloître gothique, mais il est évi-
dent qu'elle n'y serait pas à sa place. Le mieux serait, à
mon avis, de l'incruster, sous un auvent, dans le mur de
l'atrium, au-dessus du sarcophage antique.
F. -P. Thiers.
(i ^ A ma connaissance, les Christs de tympan des xi* et xiT siècles, tels que
ceux de Saint-Génis des Fontaines, de Saint-Jean-le-Vieux de Perpignan,
de Saint-Trophime d'Arles-sur-Rhône, de la cathédrale de Moissac, et
autres, ont tous la main gauche sur le livre des Evangiles, posé debout sur
le genou. Je dis le livre. Sur notre croix on ne voit pas de livre ; néanmoins
la main gauche posée sur le genou tient les Evangiles roulés en « volumen ».
Ce détail dénonce les premiers siècles du christianisme ; à l'époque romane,
il n'aurait pas été compris de la masse des fidèles ; les ymagier's le modi-
fièrent sciemment.
Ma llengua
Jo se una llengua clara, limpida y fresca
com aygua brollant d'una font cristaMina,
que quan ressona a mes aurelles
dona vida nova a mon anima ;
es la que mos pares parlaven,
vaig mamar-la amb la llet materna
y ara es com un reliquiari
que 'm parla de ma jovenesa,
que 'm parla de la meua rassa,
que 'm parla de la pàtria amada,
de la pàtria rossellonesa
tant catalana !
— 74 —
Jo se una llengua digna, nobla y sagrada,
qu'han parlada els reys y qu'han escrita cJs sants,
qu'en tôt l'univers s'entenîa,
que sempre qu'apar en l'historia
de gloria hi es auriolada ;
Roma va tenir per padrina
y per padrî lo rey En Jaunie
y les llatines, ses cosines,
la mes bella la proclamaren ;
la mes bella, ma llengua aymada,
o ma llengua rossellonesa
tant catalana ! '
Jo se una llengua dolsa, expressiva y forta,
al cop ruda y suau com la mare-terra,
que 'm deixa, quan me ven als llàbis,
un perfum de flors bosquetanes
qu'han servat l'aspror de la serra
y ne distilen a pleret,
— mentres esfulli llur florida —
l'essencia divinial
que beu mon anima embadalida.
O parla d'or, llengua estimada,
o ma llengua rossellonesa,
tant catalana !
Caries Grandô.
Mort de Verdaguer Callis
L'écrivain catalan Narcîs Verdaguer Callis vient de mourir à Barcelone,
à l'âge de 5 5 ans.
11 avait entrepris dans ces derniers temps la traduction en vers catalans de
la§« Divine Comédie » du Dante, traduction qu'il laisse presque achevée.
/ft rrt cA "^ rTi fn rn rn rn rn ^^ rn cDcA ffi £a. '^ ^^ i^ <^ f^n <^ r^ rn rn r^ i*^ <*n An iNS f<n nn (Mt nn frt I7n rfi fin An iTn ri^ fn rn fn A^ Aft
^
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
é^^^^s» (SUITE)
V. Criées concernant les mœurs populaires au xv' siècle {y mai 14î5).
Criées faites à Perpignan, par Bernard Cruells, crieur public,
cum lubis et labaîs, par ordre de Tregura, lieutenant de Ramon
de Perellos, Gouverneur des Comtés de RoussilJon et de Cerda-
gne, à la requête des Consuls (i) de Perpignan, Jean Fabre, Jean
Borro, bourgeois, Jean Tallant et P. Cressels, sur les jeux de
hasard, les jurennents, les blasphèmes, sur les hommes mariés,
clercs ou religieux, qui entretiennent une esclave « per usar ab ella
carnalment », sur les femmes libres et les maisons clandestines,
les trafiquants honteux de femmes, « alcavots » (2), intermédiaires
galants, sur les usuriers, le port d'armes et les guerres privées (3).
Ce court document du commencement du xv' siècle est un véri-
table tableau des lois, coutumes et moeurs de cette époque. On
verra avec quelle sévérité excessive étaient punis les blasphèmes,
les jurements (si communs, hélas ! de nos jours), puisqu'ils entraî-
naient parfois la peine de mort : Qui dira paraules nephandissimes. ..
encorrega pena de mort.
Les règlements (4) de police vis à vis des femmes de vie irré-
(1 ) Une note rectificative en marge du manuscrit indique que ces criées
furent faites à ia requête « des consuls jordi Blancha, François Fabre et
Jean Montoliu ».
(2) Cf. le recueil dit J{igaudine qui, dans sa a Recollecta de tcts los pvivi-
legis e ordinacions de la fidelissima vila de Perpenya », fait l'analyse des
actes concernant les « concobines, alcavots e bagasses e dones desonestes e
hostalers del partit». (Arch. comm., AA., 8, P 63). Arcabot, synonyme
de rufian : « la persona que contracta o encubrex als que tenen tractes lascius
6 illicits o 'is admet en sa casa — seductor de ia juventut m. (Labernia, i 840).
(3) Ces règlements comprennent a3 articles. M. P. Vidal en a publié
5 ou 3 (passim) dans Perpignan, 1898, pages 225-228.
(4) Les professions étaient assujetties à des règlements corporatifs, parmi
esquels l'obligation de s'astreindre au cantonnement.
- 76 -
gulière, des courtisanes, des esclaves (i) étaient également très
sévères, et les amendes infligées en cas de délit étaient fort éle-
vées. Les amendes encourues pour les blasphèmes variaient suivant
la nature des jurements : ceux qui les proféraient étaient con-
damnés, suivant la nature de la parole outrageante, soit à la
peine de mort, soit au supplice infamant de parcourir toute la
ville avec un crampon rivé à la langue, soJt à une amende variant
entre cinq sous et cinquante sous. Ce dernier châtiment était
également réservé aux hommes vils, entremetteurs, proxénètes,
qui enfreignaient les lois concernant les femmes prostituées,
dont le parage était fixé entre les portes d'Eine et de Bages.
Ces criées sont aussi relatives à l'interdiction absolue, pour les
hommes d'une certaine condition, d'entretenir une esclave, d'avoir
une maison de jeu (tajfureria) dans n'importe quel local « en casa,
verger ne en altre loch, secretament o publica (2) » sous peine
de 5o livres pour chaque délit constaté (3).
Déjà, en 1399, une ordonnance du roi Alartin, relative à ces-
établissements de jeu, avait été publiée le 14 novembre, par
(1) Grâce à l'esclavage qui existait en Roussillon pour les païens et les
sarrazins, cette exploitation fut scandaleuse. (A ce sujet, cf. Brutails,
"L'esclavage en T(oussillon.) — « Sous les rois de Majorque, on vendait les
esclaves aux enchères devant la table d'un marchand sous les porxes de la
GalUnaria, ou sur la place des richs homens». (P. Vidal, "Perpignan, 1898,
chap. VII, paragr. i5.)
(2) Encore même élision, quand il y a deux adverbes : pour publicament.
(3) Une ordonnance de 1430 interdisait toute espèce de jeux entre juifs
et chrétiens : « que no y aja negun jueu... que gos jugar ni ell per altre ab
negun crestia en nagun joch de dans ni de naips... acceptât en les festes e
dejunis dels juheus. » (Archives des Pyr.-Or., B. 254, f° 149.) J'explique
plus loin ce qu'étaient ces différents jeux que divers arrêts avaient interdits
formellement pendant plusieurs siècles. Le jeu était un cas d'infamie profes-
sionnelle. « Le fait de tenir une maison de jeux réunissait tous les caractères
d'une profession semi-criminelle. Sans punir le jeu comme un crime, on
voulut le faire disparaître par de fortes pénalités statutaires. » Légalement,
il fut interdit pour la première fois en i 279 ; aux Corts de Barcelone en
1283 : à cette époque, le joueur devint infâme de fait. En 1400, l'existence
des maisons de jeu était supprimée. En 1413, les Corts condamnaient défi-
nitivement tous les établissement de jeu et le jeu en lui-même. A cette épo-
que, les produits de la location des jeux se partageaient entre le collecteur
et le Procureur royal, sur le pied de l'égalité. (Arch. des Pyr.-Or., B. 177.)
— 77 —
Bernard de Vilacorba, lieutenant du vice-gouverneur Raymond
de Ça Garriga : elle défendait de tolérer toute espèce de « lajfu-
reria, dim casa o fora de casa, en orts, ni en allres lochs », pour
faire cesser les scandales causés dans ces maisons de jeu, « per
descarrech de nostra consciencia e per ccssar molts inconvénients,
dans, scandols e hereticals renegaments e blasfemacions que 's
cometen en les taffureries per los jugants en aquelles (i ) ». Plus
tard, en i5i9, le 21 novembre, l'empereur Charles-Quint inter-
disait les jeux de balle et de quilles qui avaient été autorisés
moyennant une redevance destinée à la réparation de la prison
de Perpignan et au salaire du bourreau : Cette tolérance, dit le
document, ferait renaître les laffureries exploitées par des gens
sans aveu « per esser frontera, molts gascons y ladres y altres
homens de mala vida se nodreixen en dits jochs ». L'autorisation
de ces jeux amènerait « bien des blasphèmes envers Dieu, sa glo-
rieuse mère et les Saints », blasphèmes qui sont la cause pour la
ville de toute espèce de punitions célestes, « guerras, mortalitats
y peslilencias (2) ».
Un autre article concerne l'amende de 25 livres applicable aux
usuriers pour chaque contrat usuraire, et de cent sous pour les
courtiers chargés de cette opération, qui servaient d'intermédiai-
res entre les emprunteurs et les dits usuriers (3).
Prohibition du port d'armes, nuit et jour, sous peine de confis-
cation de ces armes ; en cas de querelle à main armée {4), autorisa-
tion du port de la cuirasse, de la cotte de maille, etc., le jour
seulement.
Emprisonnement pour provocations (5), menaces, trêves, guer-
res privées : amende encourue, 2 5 livres.
(1) Arch. comm., AA. 6, livre des provisions, f' 238.
(î) Ibidem, AA. 4, P 563. Cf. étude d'E. Desplanque, Les infâmes dans
l ancien droit roussillonnais, i8£)3, chap. m.
(3) Un an auparavant, des lettres d'Alphonse V et de Marie, sa femme,
déclaraient que le crime d'usure doit être poursuivi par la juridiction ordi-
naire des accusés et non par des juges ambulatoires. 29 décembre 1424.
(Arch. comm., AA. 6, f" 289.) Nous verrons plus loin que tous ces métiers
de souteneurs, de joueurs et d'usuriers étaient notés d'infamie.
(4) En catalan, bandositat.
(5) Le texte porte desaffiamenis : en effet, à cette époque, pour les luttes»
les combats, les véritables guerres, une réglementation avait été imposée ;
-78 -
Toutes ces amendes diversement rétribuées servaient à alimen-
ter la Caisse du Trésor de la cour du bayle, dont les clefs étaient
confiées au Procureur royal, au bayle et aux consuls de la ville.
Voici le document in extenso, dont je commente les principaux
passages.
Perpignan, 7 mai 1425.
[Prohibicio (1) del jurar de Deu, de tenir amiges, de jogar e
tenir taflFureria (2), de anar armât, e de altres vicis détestables
derogants à la honor de Deu omnipotent e à la cosa publica e à
la salut de les animes e dels cosses dels christiansj.
Ara hojats que notiffica lo honorable mossen Gispert de Tre-
gura, cavalier, lochtinent del molt noble mossen Ramon de Perel-
los, cavalier, Governador dels Comtats de Rossello e de Cerda-
nya que ell, à gran instancia e requesta dels honorables* en Johan
Fabre, Johan Borro, burgeses, Johan Tallant e P. Crexells, con-
sols de la vila de Perpenya, ha fêtes les ordinacions seguents ;
En nom de nostre Senyor Deus Jhesu Christ e de la gloriosa
les hostilités devaient être précédées d'un défi. Cf. Brutails, Etude sur la
condition des populations rurales du T{oussillon au moyen âge, chap. xvii, p. 284,
note 2 : Corts de Catalogne, 1291 : Algun cavalier... no pusca fer mal a
aigu sens acuydament.
(1) En pratique, l'interdiction absolue s'est toujours transformée en un
autre système : celui de la tolérance arbitraire.
(a) Cf. même registre, f°' 71 et seq., collation de l'office de receveur des
bans ou render, et amendes, imposées sur tous ceux qui, dans la ville de Per-
pignan, jouent au jeu de gresha seu quodcumque ludum aliud tatxillorum seu
alias, en faveur de Martin de Riu, de Perpignan, ancien sous-bayle de
Perpignan (22 mai 1422). Le collecteur était en relations avec les teneurs
des jeux et avec le Procureur royal. La tafureria lui appartenait avec son
mobilier. Son rôle consistait à la louer le plus cher possible aux tafurers,
à faire rentrer le produit de ces locations, à le verser à la caisse du Procu-
reur royal. (Voir E. Desplanque, Les infâmes... chap. m, paragr. 27). Le jeu
de talxillus désigné plus haut était une variété de jeu de dés : Lo dau que
succeex a la maraquinqua. Celui-ci était un jeu d'osselets : joch en ques tira
lo osset de genoll del moltô en (aet ?), fins que qui dira dret en terra y
segons de quina part eau, pert o guanya. (Dict. d'Antonius Nebrissensis,
i585.) (Notre jeu actuel de pile ou face.j
♦ (En marge dans le registre.) En lo comensament, en tal signe * son
mudades les paraules seguents : En Jordi Blancha, Ffrancès Fabre e Johan
^ontoliu, consols de la vila de Perpenya, fa publicar les ordinacions seguents :
- 79 —
verges madona Santa Maria, mare sua, nos, Gispert de Tregura,
cavalier, lochtinent de) moir noble mossen Ramon de Perellos,
cavalier e Governador dels Comtats de Rossello e de Cerdanya,
considérants que à tots homens qui dreturerament saben e es mani-
fest neguna cosa no esser pus benaventurada als homens sino que ab
nostre Senyor Deus ben visquen e de aquell troben placcacio, car
la sua misericordia, la quai, diu lo Ecclesiastich, es segons la
magnitut de la sua potencia, no perdicio mas conversio e salut
vol e los delinquents qui s' corregexen pren.
A requesta dels honorables consols de la insigna vila de Per-
penya, zelans la honor de nostre Senyor Deus e la félicitât de la
dita vila e de la cosa publica de aquella, e per squivar vicis e
pecats, entervenint nostre assessor, veguer de Rossello e de Val-
lespir, batle de la vila de Perpenya, e altres officiais reyais,
ordonam les ordinacions seguents, les quais invioladament e per-
petualment volem esser observades.
E primerament, corn per dret divinal e posiîiu tôt joch de
daus(i), axi corn inseptiu de molts crims e peccats e de concupis-
cencia, la quai es rahiu e nodriment, segons doctrina de! Apos-
tol, de tôt mais, sia prohibit e vedat, per ço ordonam que aigu,
de qualsevol ley, stament o condicio sia, no gos tenir taffureria (i)
en casa, verger ne en altre loch, secretament o publica, sots pena
de sinquanta lliures per quascuna vegada, ultra la pena en la Cons-
titucio constituida, ço es tenir taulers, mètre daus, lum, livar tau-
latge als jugants (3) ni res demanar per strena à aquells qui
jugarân.
( I ) La même interdiction existait déjà en i 335 : il était interdit aux clercs,
sous peine d'excommunication, de jouer aux dés : Cavealur expresse quàd
cîerici luJentes ad taxillos vel scoijuitos sint ipso facto excommunicati. (Marcx
Hispanicx, appendix ; ConsHfutiones synodales die mensis aprilis anno Domini
Mcccxxxr.)
(a) Les principaux centres des taffureries se trouvaient au Portai de Bages,
au Portai del Toro et au château du Vernet, près Perpignan, où se réu-
nissaient len.ones et lusores, et qui fut démoli par ordre des Consuls en i 443.
^3) Un nouveau mandement d'Alphonse V ordonnait au gouverneur Ray-
mond Ça Garriga de supprimer les maisons de jeu de Perpignan : « Quod
nullus auderet ludere in dicta villa, suh banno sive pena decem sotidorum. » ( Arch.
comm., AA. 4, P 3o3 v". 3o octobre 1417.) — Le roi Martin confirmait
la défense faite par Pierre IV de tenir « taffureria », et frappait les contre-
— 8o —
II. — Item, que algun, de qualsevol ley o stament sia, no gos
jugar amagadament ni manifesta (i), en negun joch de daus al
Portai del Toro, à les lices del Castell (2) ne en altre qualsevol
part de la vila e termens de aquella, exceptât la Plassa del Blat,
sobre lo sol de la quai e no en altre loch los mundaris pusquen
jugar, sots pena de xx sots, à quascuna e per quascuna vegada
que sera contrefet. E si aquei que contrefarà no porà pagar la
dita pena, prenga xx assots (3).
III. — Item, que algun no gos jugar dintre caces, vergers o
altre loch clos, sots pena de xxv lliures barchiloneses divisidores
segons forma de la Constitucio fêta per lo senyor Rey En Fer-
rando, de gloriosa memoria.
venants d'une amende de 200 livres, dont le quart reviendra à Bernard
Ferrer, » qui cerlam assignationem habet super dicta Icjfureria ». (Ibidem, AA. 6,
f'ao^. j3oct. 1409.) Le même roi avait défendu (17 sept. )400j de soutenir
indirectement les maisons de jeu, en refusant de donner à ceux qui dénon-
cent les joueurs le tiers de l'amende encourue. (Ibidem, AA. 6, f" 256.)
Dix-sept ans plus tard, le roi Alphonse V ordonnait l'interdiction absolue
des jeux, que le vice-gouverneur Raymond Çagarriga tolère, « vigore qua-
rumdam coloratarum ordinationum . » (AA. 6, P" 257 et 278. 20 oct. 1417.)
(i) Pour manifestament ; nous avons déjà vu une élision semblable, année
1917, p. 157, note 5 : amagadament ni cuberta, pour cubertament.
(2) Les exercices chevaleresques, joutes et tournois étaient en grand
honneur à la cour des rois de Majorque ; ils avaient lieu dans les lices qui
s'étendaient alors sous les murs du château, au Camp del Tor. .. C'est à la
plassa de les Joutes que Vauban construisit la caserne dite « de Saint- Jacques ».
(P. Vidal, La Citadelle de Perpignan, 191 1, j" partie, paragr. 11.)
(3) On peut joindre à ces criées un article de 1435, extrait de la « crida
del bosch, devesa e altres coses tochants interès del Castell Reyal de Per-
penya », relatif à ceux qui jouent sur les « lisses » et dans les limites du'dit
château, et qui occasionnent de graves dégâts aux toits des maisons et aux
garennes du château. « Item, com per los jogants à rutila (la roulette), tau-
lelles (tric-trac, échecs), daus (dés), nayps (cartes), pedrades e altres jochs
en les lisses e limits del dit Castell, se sien seguits grans dans als taulats,
cases, pages e conilis de aquell, volent provehir à les dites coses, mana lo
dit Governador à tôt hom generalment que no y haja algun qui gos jugar à
les dites lices e limits del dit Castell à daus, taulella, billes, rulla o altre
qualsevol joch, sots pena de xxv sots à cascun e per cascuna vegada que sera
contraffet, sens tota merçe. E si aquell qui contraffarâ no porà pagar la dita
pena, prenga xx assots. » — Dans les lices du château, auprès de la porte
de Bages, il y eut des réunions de joueurs contrariées par la police, mais
persistantes et sans cesse renouvelées. (B. 254, f°' 37 et 149.)
-- 8. -
IV. — Item, que algun no gos jugar à mcsallola (i) ni à gra-
sescha de nahips (2) ni à grahescha (3) de les veylles (4) ni al
trenti ni à la arbeta, sots pena de x ss. per quascuna vegada que
lo contrari per algun sera fet, sens tota merce. Es empero entés
que sia legut jugar à nahips i diner ab altre e no pus avant, sots
la dita pena.
V. — Item, que negun no gos jugar en algun joch de taules (5)
en que vage pus avant de quatre diners lo joch, sots pena de
sinch sots per quascuna vegada.
VI. — Item, ordonam que 1' sotsbatle, capdegueyt saigs o
altres officiais no gosen penre ni exigir alguna cosa dels munda-
ris (6) qui jugarân al sol en la dita Plassa del Blat, sots pena al
(0 JHesallola, du latin mensa, ou jeu de truc (juego de trucos-lrudiculorum
ludi species ; par métonymie, la table qui servait à ce jeu : mesa de trucos-
lrudiculorum tabula ou trudicularius tudu.ij. En Père Labernia (Barcelone,
1840, tome m donne une explication très complète de ce jeu: taula que
serveix per a jugar al villar : joch que se exécute ab bolas de marfil impel-
lentlas ab un taco sobre une mesa quadrilonga, ab una barana de uns quatre
dits per tôt lo voltant, cuberta de bayeta que tè una trônera en cada un dels
quatre cantons y dos en mitg arrimats à la barana.
2 I T^aip ou nahipa, carte coloriée à jouer, synonyme de carta : charta ou
pagella picta, lusoria. Dans ce jeu, la carta blanca est « en lo joch de cartas,
la que no tè figura de sota, cabale o rey. » Le proverbe disait : cartas,
daus. dones v vi fan tornar al rich mesqui. Ce qui correspondait au vers
latin : Dedecoranl mores ludi "Bacchusque Tenusque.
(3! Peut-être le jeu de griesche de Rabela-'s, au sujet des amusements de
Gargantua.
( 41 Jeu de billes.
(5) On peut comparer VOrdinamenl de joch 1 1284) : que negun hom no
gaus jogar ni fer jogar ni reversar en negun joch de daus, exceptât joch de
taules, ni a joch de tindaureyl, ni de cabraboc... E si alcu reculira jogadors
per jogar en sa casa, pac x sol. (Ordir.acions, i. P 9 v°.) La taule, c'était le
tréteau qui servait aux jeux de dés, d'échecs, etc. ; le taulatge représentait
le bénéfice ou la part de la maison que prélevait le tafurer. Pour certains
jeux, comme le cabraboc tindaureyl, M. E. Dîsplanque dit que ce sont
plutôt « des exercices d'adresse d'une nature inconnue, mais n'ayant rien de
commun avec ce que nous appelons le jeu. » i E. Desplanque, op. cit., p. 54.)
16) C'était la classe des vagabonds, mendiants ou rôdeurs : cette tolérance
du jeu sur cette Plassa dura jusqu'en 1451 : à cette époque, il n'en est plus
question.
— 82 —
sotsbatle e capdegueyt (>) de suspensio de lur offici de xv jorns,
e als missatges de star à la cadena dos jorns.
VU. — Item, com alguns, moguts de mal crestianisme, per
stint e moviment diabolical, soviny attempten dir e jurar paraules,
blasfemies e molt nephandes e no disidores de Nostre Senyor
Deus omnipotent, car soveny aximateix molts juren (2) legament,
Jos membres de la segrada humanitat del Salvador Nostre Deus
Jhesu-Christ e de la gloriosa Verges, mara sua, dimembrant,
Deus à iracundia provocants, per que venen fams, terratremols,
pestilencies e tribulations e de animes perdicions, considerans
que contre los homens les blasfemies e offenses comeses, impu-
nides no son lixades, molt mes ^quelles qui Deus e io seu nom
blasfemen e offenen son dignes supplicis e pênes condignes sos-
tenir : per ço, volem que la Constitucio per lo molt illustre
Senyor Rey En Père, d'alta recordacio, en la cort de Montsô
fêta e celebrada, sia sb veu de crida publicada e contre totes per-
sones, de qualsevol ley, staroent o condicio sien, per nos e los
dits officiais intemeradament e sens neguna sperança de venia o
remissio exeguida, com derogar e aquella no puscha esser, sensé
offensa de la divinal magestat e perdicio de les animes de aquells
qui contre série e penssa e ténor de aquella flactar (?) (3) e com-
portar volrân, la quai constitucio es de Is ténor segueht :
« Primerameut, que tôt hom qui dira paraules nephandissimes e
no disedores de Nostre Senyor Deus omnipotent e de la Verges
Madona Santa Maria e de la sua virginitat, dels sants e santés
de Deus, si ab cert proposit les dira, encorrega pena de mort. E
si en joch, rixa o ab ira o per qualsevol altre cas haurâ dites les
dites paraules, correga la vila ab hun graffi à la lengua sens negu-
na merce.
Vlll. — Item, que tôt hom qui jurarâ per lo cap o per lo cor
de Deu o de Santa Maria, pagarà très ss. per quascuna vegada.
VUll. — Item, que tôt hom qui jurarâ per lo fetge, per lo
(i) Chef du guet municipal.
(2) Desplanque flétrit, dans une étude, certaines classes de la^ociété, et
notamment « les perdants jurant, reniant Dieu, prêts à tous les partis déses-
pérés... » (Les infjmes. 11. 25.)
(3 ) Ou flartar, ou flattar.
— 83 -
[cor| e altres membres de NosTre Senyor Deus o de madona
Santa Maria, pagarâ sinch sots per quascuna vegada.
X. — Item, que tôt hom qui jurarâ los membres de sants o
santés, pagarà per quascuna vegada i real.
XI. — Item, que tôt hom qui jurarâ renegant o despectant
Deus o santa Maria, pagarâ per quascuna vegada sinquanta sots,
sens tota merce. E si a.quell qui axi haurâ jurât no porâ pagar
la dita pena, prenga xxv assots sens tota mercé.
XII. — E car manador es en los senys e enteniments dels
homens pendre la pahor de Nostre Senyor Deus e abstenir-se de
illicits, terribles e publichs e diabolicals peccats lutxurioses deso-
nests, per los quais de la ira de Nostre Senyor Deus, segons diu
e attesta la Santa Scriptura, los justs son trobats e soveny lo just
pereix ab los impiatos, per ço ordonam que alcun, de qualsevol
ley, stament o condicio sia, no gos ni presumescha tenir concu-
bina en casa ni fora casa, ans si alcuna ne ten, haja aquella dins
très dies iexar e repellir e fora gitar, sots pena de correr la vila
sens tota merçe e ell e ella, posât que la dona fos concubina de
capella, de clergue o de religios. E de la dita pena no s' plischa
esmetre composicio alguna.
XIII. — Item, que algun hom qui hage muUer o sia en sacres
ordens o religios no gos tenir sclava en casa o fora casa per us^r
ab aquella carnalment, sots pena de perdre la dita sclava ipso fach.
E si alguna persona de les damont dites haurâ vuy sclava de que
s' piauescha carnalment, hage aquella à vendre e desixirse d'aquella
dins XV jorns, sots la dita pena.
XI 111. — Item, que alguna fembra (i ) avol de son cors e publi-
cament diffamada(2) no gos star en algun carrer on stiguen don«:s
honestes, ans hage anar star al carrer publich o en les cases qui
son prés del mur entre io portai de Bages e d'Elna (3) dins
X dies, sots pena de x lliures o de correr la vila.
(i) Un document du i3 décembre i 3o8 dit « femnes soldaderes « ( sou-
doyées l. (Ordinacions, i, f' 25.)
( 2 > L'infamie était infligée aux femmes de vie irrégulière, « mais elles
n'avaient pas à craindre de condamnations à la seule condition d'observer des
règlements spéciaux u. (Despi.anque, Les infâmes, chap. i ". parag. 6.|
(3 ) Ce fut dans ce quartier déterminé que furent cantonnées les femmes
- 84 -
XV. — Item, que tots alcavots(i) qui tenguen fembres en lo
carrer publich o altre part dins la vila, hagen à desemparar la vila
dins très dies, no constrestants qualsevol guiatges (2) fets o fahe-
dors, ios quais ab la présent revocam e havem per revocats per
ço que alcun no puixa allegar ignorancia. E que si algun alcavot
sera trobat dins la dita vila, correrâ la vila sens tota merçe.
XVI. — Item, que negun hostaler o hostalera del [partit] (3)
no gos acullir dins son hostal algun alcavot per jasir, ni per men-
jar, ni per beure, sots pena de deu lliures.
. XVI 1. — Item, com usura, per dret divinal e humanal, sia pro-
hibida, per ço ordonam que d'aqui avant alguna persona, de qual-
de moeurs irrégulières, d'après le règlement de i38o rendu par le roi lui-
même à la requête des Consuls. (AA. 1, P263.) Sous Pierre IV, cet établis-
sement était relégué près du calî, dans le quartier Saint-Jacques : « il sem-
ble, dit Desplanque, être fait à souhait, en juxtaposant l'usure et la débauche,
en mêlant les juifs « cum merelricibtis ». (Op. cit., chap. v. ) Indistinctement on
disait « hostal del partit », ou « del publich », ou « carrer de las avols dones »,
ou des « maies fembres ».
(1 ) Courtiers en galanterie, courtiers de mauvaises mœurs. Ce type d'in-
dividu appartient à la famille des truands. Alphonse V avait édicté un man-
dement, le 4 février 1433, concernant la répression par le bayle et le gou-
verneur des délits commis par les alcavots (souteneurs), que le bayle tolérait
et protégeait même en leur donnant asile dans sa maison ; le gouverneur,
sous prétexte du droit qu'avaient les Consuls de lui déférer les cas dange-
reux pour l'ordre public, attirait à lui toutes les affaires du bailliage: ordre
fut donné de faire cesser ces abus. Défense fut faite en même temps aux
officiers royaux de Perpignan de donner des sauvegardes aux alcabots,
conformément à la Constitution de Catalogne, qui commence par ces mots :
« Item, senvor, com en la dita vila apleguen molts alcabots qui son sosten-
guts per Ios officiais qui 'Is guisen. » Tout aîcabot était condamné à être fus-
tigé par la Ville et banni. (Arch. comm., livre des provisions, AA. 6.
4-7 février 1433. )
(21 Ces guiatges ou sauvegardes provenaient du droit de rémission, de
transaction en matière de crimes et délits : « le roi remettait les crimes ; ses
officiers, les délits... on accordait des guiatges à tous les délinquants, on
les recevait même comme dans un asile sous le toit des édifices publics. »
(Desplanque, "Les Infâmes,, chap. m, page 3i.)
(3 (Maisons clandestines, lieu illicite et malhonnête (in locis illicitis et mtnus
honeslis) : jusqu'à la fin de la domination espagnole, les tenanciers formèrent
une corporation régulière : alcabot, « hôtelier au partit ». (Desplanque,
op. cit., 123.)
— 85 —
sevol ley, ^tament o condicio sia, no gos fer contractes usuraris
sots pena de vint e sinch lliures per quascun contracte usurari (ij,
ultre les pênes en dret statuides.
XVI 11. — Item, corn los corraters (2) sien causa e occasio que Is
dits contractes usuraris se façen, per ço ordonam que quascun
corrater qui tais contractes usuraris farâ o concordarâ, encorrega
per quascuna vegada pena de cent sots.
XVI m. — Item, com us de armes portar per aret sia prohi-
bit e do à moits. segons que experiencia demostra que es mare e
maestra de totes coses, audacia de delinquir, ordonam que negun,
de qualsevol ley, stament o condicio sia, no gos portar armes
prohibides de nits ni de dies, sots pena de perdre les armes.
Pero si algun haurâ bando o regart, puscha portar, de dies e no
de nits, cota de maila o cuyrassa, cerveilera, punyal o dega (3)
— ab que no sia fora de mida, sots pena de perdre les armes. —
XX. — Item, com de nostre offici se pertanga tenir nostra pro-
vincia en pau e tranquiJlitat, ordonam que si aigun o alguns dona-
rân desaffiaments o menasses à alcu o alscuns o retrân trêves, que
tais donants o fahents donar tais desaffiaments, si haver se poràn,
(i j A cette époque, les usuriers étaient impitoyablement traqués. Aussi,
devant tant de rigueur, le roi Alphonse V usa-t-il à leur égard de procédés
plus humanitaires. En effet, un mandement du Roi, du 29 décembre 1424,
défendait de continuer certaines procédures irrégulières commencées contre
les usuriers du Roussillon. ( Arch. comm., AA. 4, f" 41 8. j
(2 ) Cette profession entraînait, au xv' siècle, l'infamie avec toutes ses con-
séquences : le régime de l'infamie fut formellement appliqué à l'usure^le
26 juillet I 242 ( pragmatique de Jacques ] ), et les juifs seuls, infâmes par rai-
son d'origine, conservaient le droit de la pratiquer. Ce ne fut qu'après l'ex-
pulsion des juifs du Roussillon, en i 492 , que la profession d'usurier fut inter-
dite légalement. (A ce sujet cf. Vidal, Les Juifs des comtés de T^oussillon,
p. 6 ; Desplanque, Les infâmes, page 18 . Les moeurs, puis la loi avaient
attribué aux juifs la pratique exclusive des prêts à usure.
{ 3 ) 'Vingt-cinq ans plus tard, Jean, infant d'Aragon et gouverneur général,
ordonnait, le 22 octobre 1456, de desarmer les individus faisant partie des
bandes formées à l'occasion de ces querelles privées (bandosiiats) qui, avec la
connivence des officiers royaux, parcouraient la Ville à pied ou à cheval, por-
teurs de lances et d'arbalètes, et stationnaient même sur la Loge, devant le
Consulat. (Arch. comm., AA. 6, f" 328. ) Il s'agissait d hostilités avec coups,
blessures, effusion de sang et autres excès.
— 86 —
sien meses en la preso e de aquella no isquen fins hagen renun-
ciat als desaffiaments e fêta pau e seguretat ab aquells à qui serân
donats les dites menasses o desaffiaments o trêves retudes (i). E
no res menys, aquell o aquells qui hauràn donats los dits desaffia-
ments encorrega pena de xxv lliures, en ' aquells qui ja los haurâ
donats {sic), que dins x jorns los hagen à revocar.
XXI. — Item, que en cas que aquell o aquells qui haurân
donats desaffiaments o menasses, no s' puixen haver, en la casa
d'aqueJls sia posada garnie de i missatge o de dos, segons quaii-
tat de la persona ; los quais stiguen à mecion e salari daquell ; e
si no han casa, sien citats e bandejats de la vila, si son de la vila,
e, si son de fora la vila, de la vegueria.
XXII. — Item, ordonam que algun o alguna de qualsevol ley
o stament sia, no gos sostenir ni acompanyar, ni donar conseil,
favor o ajuda à algun bandejat, sots pena de xxv lliures,' ultre la
pena de la Prachmaticha. E si algun contrefahent no porà pagar
la dita péna, penrâ xxv assots.
XXIII. — Item, ordonam que sia tenguda una caixa en lo
arxiu de la cort del batle, dins la quai sien meses los émoluments
de les dites pênes, en la quai hage très claus, de les quais lo
Procurador Reyal tinga una clau, e l'altra los consols de la dita
vila, e l'altra lo batle de la dita vila. Los quais émoluments sien
distribuits en la forma damont dita.
E de totes les pênes peccuniaries damont dites, lo senyor Rey
hage la terça part, l'altra terça part lo denunciador, e l'altra terça
part, la obra del spital de la dita vila (2).
[i) Les guerres privées, dit M. Vidal, n'étaient pas seulement dans les
mœurs, elles étaient presque une institution. (P. Vidal, Perpignan, chap. xi,
parag. 2.)
(2 ) ( En marge dans le document). Lo présent capitol, en la segona crida,
fou mudat e, en loch d'aquest mudat segons dejus en tal senyal :
E com lo lochtinent de Governador, ab assentiment dels dits honora-
bles Consols, veguer e batle e altres officiais, hage fêtes les dites ordina-
cions e proposades les dites pênes, per ço es ordonat que les dites pênes
civils sien partides en quatre parts, la primera à la Procuracio Reyal, la se-
gona al officia) ordinari qui farâ la exequcio, la terça part al denunciador,
la quarta part à la obra del Spital de la dita vila de Pcrpenya.
Die jovis VI ffebroarii, anno a nativitate Domini M" CCCC^XXVll'',
dicta preconitzatio, ut supra est correcta et esmendata, fuit publicata per
'^•■^
- 87 - .
Item, com poch approffitaria fer ordinacios si no era qui aquel-
les a deguda exequcio manâs, ordonam que lo officiai à qui s' per-
tanyerâ la exequcio de les damont dites pênes civils no les exe-
qutara, encorrega la pena de la dobia de aquelles, la quai pena
sia adquibida à la Procuracio Reyal e exequtada per lo Governa-
dor o son lochtinent.
Per que lo dit honorable lochtinent de Governador, ab veu de
la présent crida, mana les damont dites ordinacions publicar, per
tal que algun de aquelles no puixa ignorancia allegar.
Die lune vu' mensis madii, anno predicto a nativitate Domini
M'CCCC'XXV', retulit Bernardus Cruells, preco publicus Per-
piniani, se una cum sociis suis, mandato dicri honorabilis locum-
tenentis Gubernatoris publicasse ispsa eadem die per loca solita
Perpiniani publice cum tubis et tabais preconitzationem et ordi-
nationem preinsertas (i).
{A suivre) Henry Aragon.
loca solita ville Perpiniani per Bernardum Croells, preconem publicum Per-
piniani, una cum sociis et eorum tubis, more regio.
(i) Archives des Pyr.-Or., B. iSi, Registre XV de la Procuracio real,
f" 105-107.
L*home enemic de la naturalesa
.^^-jr^ SUn-E er F7A'
VAUCBLL
] jo, l'aucell petit, trobaré qui 'm retiri ?
Nûvol i vent, sou cobla d'amos de l'espai.
Mes jo, tôt niu caigut, topo no mes l'esglai
per tôt arreu ont l'ala esblesigada giri.
I Temps de ditxa, ont m'acotxava
su '1 tarongê 1
Al dolç seré
l'oreig de l'amor bleixava.
— 88 —
Ben prop i prop de l'aimîa
fent tôt just piu,
dintre del niu
en monyoc tou m'arremîa.
1, al Ilustrejar, Déu vos salve 1
Els pardalets
amb refilcts
festejàvem la jove alba.
Saltant al rec de su '1 sàlzcr,
a bell daler,
a glops, el pler
bebîem com en un càlzer...
Ha arrJbat, rùfola i freda,
la mala sort.
Pel bosc s'ha mort,
s'ha mort pel verger l'arbreda.
1, mentres l'home matxuca
en Ilot i sang I
ous, niu i branc,
e] sol decandit s'acluca.
Sens cant, el mon dins del fàstig,
mut, gelât, ert,
nut i désert,
roda ara... Viure, quin càstig I...
EL LL^MPEC
Ira de Déu ! A mi, l'home a-ne mi ha escarnit !
No vol fingir al llamp ? Uix 1 Stulticia, demencia,
urc !... Altrcs van probar alçar-me competencia,
i un tret de ma vindicta els abismà en la nit.
Ja se : arbre, ramat i pastô 'm maleeixen.
Perxô feroç no sôc. No mes, amb dits ferrenys
com iman tiro l'un vers l'altre als nûvols prenys ;
xoquen de cop al sec, i en suau plujim s'exqueixen.
- 89 -
Mes retruny el rctruc, mes venturôs el camp.
Ma clamor sonora i potent, que al totx astora,
de l'abundor es la joiosa anunciadora.
Tantost eau de! celest mannà '1 prôdic escamp,
bada el pages a sa finestra : Oi ! Que cumplerta
es sa espéra ! Oida ! Vaia ! Abeura-t, sec terroç !
No pot saber-li greu quan mon gest générés
la resclosa vessant té un poquet massa oberta.
Perqué jo faig la Vida. 1 l'home la Mort fa
amb tots sos mais invents fills de son cor de penya.
Sôc el pare que ben estima, si a cops renya ;
i 'Is afollats humans no 's cuiden que aixafâ.
Empinats rebeixins, desde allàbaix se pensen
que amb sos mil punys erguits son la Força majô-
Que poc vulgui, peces menudes iavé jo,
d'ells i 'Is enginys que ferro i fum i flama llencen.
Quedeu 's aqui, nûvol i vent, companys de l'aire !
Cantaires, no endoleu el riu, el camp i '1 bosc !
L'hom vol matar ? Doncs mori î El cel, de fred i fosc
qu'es, la calitja i llum retrobarà ans de gaire.
L^ GLEBM
Prou rebufs o tristesa ! Escolteu-me ara, a mi !
Se calmarà aviat l'home, el mal fill de la terra.
Al mes pregon de sa borratxcra de guerra,
d'un son que '1 torna jove i pur jo '1 se adormî.
Si ses bojes manyes si mullers escorxa,
ara va espletint, talla el puny als nens,
ma carn, mes entranyes i, per fer d'antorxa
per lia espellotint ; als segles vinents,
si l'herba, la soca, iglesia incendia,
esplet, fruiterâ palaci i casai,
tôt xapa, i traboca esblaimant-se el die
amb la palla el gra ; al flam colossal ;
si diu : « Ont renilla
a mon poltre de llamp,
« ja esta : mai pus grilla
« Therba sobre '1 camp. »
Si raô, pregaria,
clam, braços en creu,
sa Dei voluntaria
res ou, ni res creu ;
si al prôxim colltorce
sens perqué ni com...
l Es que impon sa Força
a tots el Sobrehom ?...
Deixém el fus côrre !
Que val tant ufà ?
Qui mira ait s'amorra.
Qui a Déu estrafà,
al girant l'aguaito :
« triomf » su '1 Haut
que canti, l'empaito,
i esta en l'ataût.
Prô per l'ignocenta
victimeta sôc
Setembre >9i7.
— 90 —
manyaga, plasenta,
i faig mans el toc-
Doncs pel fin que '1 Barbre
deixà sens puntal,
ressurgiran l'arbre,
cl conreu, l'hostal.
Vès ; passât l'estrijol
per ton fluix cervell,
brcçola, ventijol,
al niuet novell !
Just l'alosa canti
el tornat Amor,
llampec, no l'espanti
ta grossa remor !
Sols bolva de broma
suri sobre '1 Real
alla amunt, per l'home
altîvol Idéal !
Per que aqueix floc munti,
bufa, vent d'albê !...
Prompte, prompte apunti
el règne del Bé 1...
Pau Berga.
Ouelques noms de plantes 4 synonymes
Catalans-Français ç^ Français-Catalans
<Sè^^ (SUITE)
Cabells, cuscute. — pels, rebul.
Cabruna, psoralier. — herba cabrera,
CacauetS, arachides.
Cadells, caucalide.
caga=nioixa, (et carmuixa). — voir lletresa.
caga tripa (et caga trepa). — voir floravia.
I
i
— 9' —
Calabruxa, muscari. -- al] de colobra, barralets, viola de pastor.
CalamaC- — voir givertassa.
Calcida, circe. — carsus.
Camadrea. — voir aizineta.
camamilla (et camilla), camomille. — mançanilla.
« borda, matrkaire.
cama-roja (et cama=roig). — voir morella roquera.
CamOSa (et camOSina), pommier calville.
CampaneS. campanules, ancolie. — espenaller.
Campanetes, liseron. — vermellons, fanalets, enredadera, corcet-
jola, corritxola.
Candela, gouet, arum. — sarriasa, gujol, grujol.
Candelera. — voir blenera.
CandellS. — voir abriulls.
canem (et canam), chanvre.
CaniSSOS. — voir bruyol.
Cano. — voir berset.
Canya, roseau.
canya^ferla, férule.
Canyavera, roseau sauvage. — canyota, canyoca, canoca, càrritx.
Canyota (et canyoca). — voir canyavera.
Capadella, daclyle. — cucurulla.
CapboSSada. — voir centaura.
caps blancs, alysson. — herba blanca.
« blaUS. bleuets. — angelets, llums, xerompius.
« de borro. — voir timossa.
< de frare. — voir frare.
Caramuixa, chenevis.
carbassa (et carabassa), diromlle, courge.
CarbaSSÎna, bryone. — brionya.
Card (et cart), cardon. — cart coler, herba col. herba colera,
herba formatgera.
carda (et cardet), cardère.
cardet bort, gaiaciUe.
CardigaseS. — voir timossa.
Cardillo. — voir carlina.
CardÔ, chardon. — cardot, escardot, esquerdot, carxofa de borro,
cart.
— 9^ —
CHrlina. carline, chardonnelle, car Javelle. — carnunquera, garrave,
cardillo.
Carmuixa. — voir lletresa.
Carnera, sorle d'acanthe.
I
CarnOSa. hièble. — ebol, ebul. i
carnunquera. — voir carlina. i
CarraSCa. — voir garrlc. 1
Càrritx. — voir canyavera. |
CarSUS. — voir calcida.
Cart. — voir card et cardô.
« COler. — voir card.
« COrredor. — voir panicalt.
« estrellat. — voir floravia.
« de Maria, chardon blanc.
« Sant, chardon béni.
Carxofa, arlichaul. — alcarxofa.
« de borro. — voir cardô.
CaSCall, pavot. — herba dormidora.
Castanyer, châtaignier.
Castanyer bort, marronnier. — castanyer d'india.
Castanyola, souchel. — jonsa, junsa,
Caxaiagua, petite centaurée. — centaura borda, herba de santa
Margarida, pericô vermeil, fel de la terra.
caxais (et caxals de borro). — voir apit bord.
« de vella. — voir abriulls.
Ceba (et ce va), oignon.
Ceba eSCalunya, échahlte. — escalunya.
Cebadilla. — voir baladre.
Ceballot (et ceballs), poireau. — porre.
Cebeta, sdlle. — escllla, ceba marina.
cédrat. — voir punsemer.
Celiandra, coriandre.
Cendrosa, lierre. — elra, eura, edra.
centaura, centaurée. — capbossada, herba del tarau.
« borda. — voir caxaiagua.
cent caps. — voir panicalt.
Centinodi- — voir passa-cami.
cep, vigne. — parra.
- 93 -
Cerfull (et serfull), cerfeuil.
Cervesa. — voir vidaula.
Cerverola, aigremoine. — herba de sant Guillem, agrimonia.
CeteraC, sorle Je fougère.
Ceva. — voir ceba.
Cibada- — voir civada.
Cibadella. — voir paparra.
Ciboleta, ail civette, ciboule.
CidraC. — voir tarongina.
Cinc en rama. — voir agram de fjorc.
Cindria. — voir sindria.
Cirerer, cerisier, merisier.
< de la Mare de Deu, aubépine. — cirerer de pastor, ars
blanc.
Cist- — voir argent!.
CitrÔ (et citronella). — voir tarongina.
CiurÔ, pois chiche. — cigrô, sairô.
civada, avoine.
davell (et clavelliner), œillet.
CObrorabulS. — voir cogombre.
COdonyer, cognassier.
cogombre, concombre, cornichon. — cobrombuls. (Voir aussi pepino).
< boig, momordique.
COgul, maceron. — apit de cavall.
COgula (et CUguIa), folle avoine.
col, chou. — broquil.
COlM-flor, chou-fleur. — brocoli.
col de mainatge. — voir mairoig.
COlitX. — voir masteguera.
COlitXOS, silène. — patacs, esclafidors, conivelles.
COlomina. — voir fumosterra, fumaria.
COlquic (et COlxic), colchique.
COnilletS (et CUnillets), muflier. — badells, gos, gingoll.
conivelles. — voir colitxos.
COnSOlda, consoude. — llengua de vaca, herba puntera.
COntell grOC, iris. — lliri groc, ribaner.
< vermeil, glaieul des moissons. — lliri de blat.
copia, peuplier noir. — poil nègre.
— 94 —
COraletS, épine-vimUe. — berberis.
COrneller (et corner). — voir sanguinyol.
COrnicabra. — voir llentiscle.
COrretjola (et COrritXOla). — voir campanetes.
COrrioleta, mousseron.
COSCOlI, angélique. — angelica, turbit, herba dels corns.
COSCOnia (et COSCOnilIa), chicorée sauvage, picridie. — cusconia.
CreSpinell, orpin. — herba de la cremadura.
Cresta. — voir salvia.
crexenera, herle.
CrexenS (et crexem), cresson. — morritort d'aygua.
« bort, céleri sauvage. — apit bort, caxals, caxals de borro.
Croca- — voir lletresa.
cua de guiila (et cua de guineu), vuipin.
« de rata (et cua de cavall). — voir sannua.
CUCUmella, agaric.
CUCUrulla, dactyle. — capadella.
CUCUt- — voir primavera.
CUgul, CUgula. — voir cogul, cogula.
CUllereta- — voir ranuncle.
CUnilletS — voir conillets.
cusconia- — voir cosconîa.
CUXa^barba. — voir apagallums.
(/î suivre)
La légende de la Cigale
Nous recevons, de l'un de nos collaborateurs, la traduction cata-
lane d'une fable provençale rendant un éclatant hommage à la
cigale, prince des insectes chanteurs et symbole de nos félibres.
Nous insérons avec plaisir cette vigoureuse critique de la fable
de La Fontaine, propre à dissiper l'injustice qui, depuis Esope,
trouve libre cours sur le compte de la cigale, dont la vie est loin
d'être ce que l'on en a raconté. N. D. L. R.
95 -
La Cigala y la Formiga
(•)
1
Reyna Santissima, que calor fà !
Bon temps per la cigala
Que, tota csbojarrada, se regala,
D'un raig de foch. Per lo segar, bon temps.
A dintre les ones d'or, lo segayre,
Aqui plcgat, espitragat, s'escarrassa
Si no canta gayre
Canyôs en dins, la set escanya la cansô.
Temps benehit per tu. Donch, dali ! Cigaleta
Fes la brunzir la cimbaleta
Y belluga la panxeta,
Fins ne fer rompre tos mirallets.
L'home mentrestant... llensa la dalla
Que va : ran, ran, fen visos qu'enlluerna,
Sobra '1 ros espigam
Lo llàmpech del seu acer.
Plena d'aygua, per la pedra,
Démet de l'herbe xupa,
La banya, sobre l'anca penjola.
Dins la seua beyna la pedra n'es al fresch,
Semprc abeurada ; l'home n'es curt d'alè
Y reb los colps de sol
Que van fins ne fer bullir
La molla dels seus ossos.
Tu cigala, tcns una poma per la set. A dins la rusca.
Tendra y aygualida d'un branquill,
L'agulla del teu bech
Cabussa y cava un pou.
L'axarop puja arreu pel xiquet foradill,
T'aboques a la font que tan melosa raja,
Y del such-such sucrât
Tu beues lo mam dolç.
(i) La cigale ne vit que sept à huit semaines. A fin août elle est déjà
nr\orte. Elle boit la sève des arbres ; c'est sa seule nourriture et la fourmi
vient souvent la lui voler. (Notes tirées de J.-H. Fabre.^
i
_ 96 -
Perô pas sempre en pau. ay ! bè que no.
Una colla de lladragots, vehins, vehmes
O bandolers, t'han vist cavar lo pou ;
Tenen set v venen gatimoixos ;
Te prenen'una gota, no sigui per tastar.
Malfia't, Nina meua, eixos vuyda-sarros,
Humils de tôt primer, devenen atrevits
Y aviat desvegonyits.
Mandicar glopadetes,
Emprès de lo que sobra,
A mes a mes no son contents ;
Alsen lo cap y volen tôt : l'hauran.
Les urpes, com rastells, te pessigolen 1 aia,
Sus la teua esquenassa n'es un anar y venir,
T'aguanten per lo bech.
Les banyes, les urpetes ;
Tirant d'acî, d'allà. l'impaciencia te gua*iya ;
Pst, pst, d'un rajoli de pix
Esquitxes l'arreplech y deixes lo branquill.
Te 'n vas arreu-arreu, ben lluny d'aqueixa pleta,
Que t'ha robat lo pou,
Que riu, que ne te goig
Y se Uepa los morros .
Llapissosos de mel.
De tôt eix gitanàm, abeurats sens fatiga
Lo mes acerrim n'es la formiga.
Mosques, vespes, fosseros y escarbats banyuts,
EspelLifats de tota mena,
Ganduls qu'en el teu pou
Lo pet de sol hi mena,
No cap d'ells, per te fer en anar
Tenen la seu tossuderia.
Per te premer lo peu, per te fer pessigolas.
Te pessigar lo nas, sota '1 ventre te correr
Veritat es! ningu no la val.
Per pujar sobra l'ala,
La ruhina en f ad osa
Ne pren per escaleta
Una teua cameta,
Y va se passejant cap a munt, cap a baix.
,0 ■ ;., ' L'ESTEVE Fî.
(Segutra)
TTGerant. COMET. - Imprimerie Catalane, COMET. rue de la Poste. Perpignan
12 Année N 139 ,5 M.i I9I8
Les Manuscriii non inscrci
ne lont oti rcndu^.
REVUE
CATALANE
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : iO fr. par an.
L(t Articles parus aans ia Revue
n'engagent que leurs auteurs.
NO PASSARAN :
(Dessin de J. Simont)
Réponse des Volontaires Catalans au discours du député roussillonnaîs P. Ramcil
leur annonçant la nouvelle offensive
DOS SOSPIRS
Prop de la llar s'escalfaven, j Ay ! tôt baix, digue la jove,
un vespre d'hiver obscur : y la vella : ; Ay ! bon Jésus !
la vella, resa que resa, — ^ Que teniu, ara, padrina ?
la jove... mirantse el fum, — i Filla meva, que tens, tu?
Cap d'elles tornà rcsposta,
perô pensaren al punt :
— l Si ho sabieu, padrineta !
— ! Si ho sabies, joventut !
M. Costa y Llobera.
Abrégé des règles tactiques
ou FÉLIBRIGE )
« Le Félibrige est un mouvement d'idées, tendant à enrayer la
disparition et à perpétuer, au moins dans leur zone actuelle d'exis-
tence, les dialectes régionaux, menacés par une langue une, dite
nationale, officielle, et devenue telle, souvent, non en raison de
sa valeur intrinsèque, mais par suite de circonstances historiques
et de motifs d'ordre exclusivement politiques (2) ».
(j) Des esprits, mal informés, se demandent si les aspirations du Félibrige,
avec leur particularisme, ne contiennent pas un germe de division et d'affai-
blissement du groupement national. Qu'ils interrogent les faits, pour se con-
vaincre du contraire. Louis XIV dut la splendeur de son règne au provin-
cialisme que la monarchie se disposait à comprimer. L'énergie de la Révolu-
tion et du Premier Empire fut encore le produit du provincialisme jetant
l'éclat de sa dernière flamme. Du jour où Vunitarisme entre en application
systématique, on voit tous les gouvernements finir dans de malencontreuses
aventures et la France descendre dans l'échelle des puissances.
{ï) Voyez : 7{evue Catalane : Réflexions sur le Télibrige el son avenir, n' du
— 9Q —
Cette définition figure en tête d'un article, relativement ancien,
destiné à signaler, en l'espèce, la réalisation de deux phénomè-
nes élémentaires de la sociologie : i" loi de réaction des forces
naturelles, contrariées, dans leur large évolution, par l'artifice étroit
de collèges de théoriciens, faussement érigés en gouvernants ;
2* loi d'utilité, appelée à tuer les dialectes régionaux, malgré
l'éclat de leur renaissance, si ceux-ci, ne sortant pas de la pure
littérature, restent étrangers à l'étude des besoins sociaux.
11 faut rappeler aujourd'hui cette formule, devant l'indéniable
émoi des félibres de France qui se consultent sur les moyens
d'assurer la vie de leur idéal.
Tous veulent bien que les dialectes régionaux rendent des ser-
vices sociaux, mais ils se divisent sur le point de savoir sous quelle
forme leur propagande sera la plus puissante.
Leur dispute est saisissante. En effet, après avoir vigoureuse-
ment combattu l'unitarisme oppresseur du français, certains féli-
bres en arrivent à préconiser la suppression de la diversité des
idiomes, pour adopter une langue méridionale une, exclusivement
employée dans un grand quotidien méridional.
Ce procédé homœopathique de se débarrasser d'un unitarisme
par un autre, vaut la peine d'être examiné. Cette critique nous
permettra d'effectuer une mise au point, d'établir sommairement
Jcs grandes lignes d'action du félibrige français, car celui-ci ne
voit pas encore, très exactement, le champ où se trouvent ses
adversaires.
Sous l'efîet d'excitations venues de loin, apparaissent, à tout
moment, dans la littérature méridionale, des ripostes mal étudiées
contre les gens du Nord, contre la langue d'oïl, contre Paris.
Si nous voulons faire une œuvre exacte, il faut savoir que nous,
A\èridionaux, nous ne formons pas un groupe ethnique spécial (i),
que nous sommes seulement des variétés d'une race gauloise dont
les limites d établissement, scientifiquement reconnues, dépassent
j5 octobre 1912. Cette formule s'applique aux felibriges de tous pays. Ce
qui va suivre intéresse plus spécialement la France, mais sert aussi d'exem-
ple, par comparaison inévitable, aux autres nations.
{ I j Voir : J^evue Catalane : "Une Tdhîité Sociale des Dialectes régionaux
1\" des i5 avril et i5 mai 191 3, où nous avons, à dessein, exposé la thèse
ethnique appuyée sur des faits.
ÉC
1 oo
les frontières françaises. Ses familles diverses ont essaimé, par-
fois bien loin, de leur aire actuelle, si bien que, par exemple
notable, les Languedociens et les Catalans se trouvent être les
frères des peuples d'entre Seine et Rhin.
En France, la différence de races ne peut être invoquée.
Ce serait également mal discerner que d'attaquer la langue d'oïl,
si ce terme désigne, par une définition communément acceptée,
mais bien imprécise, l'ensemble des idiomes du Nord, distingués,
par la formule affirmative oïl (oui), des dialectes méridionaux, où
le même mot, au temps de Dante, se disait généralement oc. En
effet, le Septentrion français se partage en plusieurs aires, dont
deux doivent se mettre à part : la celtique avec le breton, la ger-
manique avec le flanand. Le reste est roman, mais se différencie
en normand, picard, wallon, bourguignon et aussi, notons-le bien,
en idiomes lorrains et franc-comtois d'une assonance méridionale
surprenante (i). Tous ces dialectes, appartenant, ou non, à la lan-
gue d'oïl, ont été mis en minorité, comme ceux du Midi, par
l'un d'entre eux : le français, employé dans l'ancienne province
d'Ile-de-France. A l'exception de ce dernier, les félibres ne sau-
raient donc les combattre en raison d'une commune misère.
Faudra-t-il, au moins, conserver l'anathème contre Paris? Pas le
moins du monde. Sa population ne se compose point de despotes
ou d'étrangers. C'est un milieu où fusionnent toutes les variétés
de notre race, où la province accourt, pour s'instruire auprès d'une
remarquable élite, dont a peu près tous les membres ne sont pas
des Parisiens. La grand'ville doit à des circonstances historiques
(résidence de proconsuls et d'empereurs romains au débouché du
pont jeté sur un grand fleuve, à proximité des confins dangereux
de la Germanie et de la Grande Bretagne) et à des motifs d'ordre
exclusivement politique (établissement, au v" siècle, des Francs,
dont les chefs (2) veulent hériter du prestige impérial) l'honneur
d'être devenue la capitale de tous les pays successivement agrégés
à l'Ile-de-France.
(i) A.scoli appelle ces derniers idiomes : franco-provençaux.
(2 ) Les chefs francs ont inauguré là une tactique d'impérialisme romain,
commune à la plupart des princes européens. Les peuples souffrent encore
aujourd'hui de cette manie d'imitation qui distingue si bien les singes, les
barbares et les parvenus.
— 101 —
Donc, si les gens du Nord sont nos frères, si leurs idiomes
ont subi les mêmes oppressions que les nôtres, si les pierres de
Paris n'oat pas la responsabilité de circonstances transitoires du
passe, décidons-nous. Méridionaux et féiibres, à être fins, géné-
reusement fins, pour ne point augmenter, indûment, le nombre
de nos adversaires. N'invoquons plus les lamentables aventures de
l'histoire. Sachons persuader au Septentrion que nous n'avons
jamais été ses victimes, que nous ne sommes pas ses ennemis,
mais bien plutôt ses protecteurs.
Si, d'autre part, une formule de gouvernement, d'origine étran-
gère : l'unitarisme, seule, a causé la mise en minorité des dialec-
tes, c'est contre ce seul ennemi que les coups doivent porter (i).
Voyons maintenant s'il convient, pour le combattre, de suppri-
mer la diversité des idiomes.
Celle-ci correspond à un fait de nature : la variété des filia-
tions d'une même race adaptée à la différence des climats, des
lieux, des productions, des odeurs, des horizons, des bruits, des
silences et des échos propres à chaque pays. L'individu s'harmo-
nise avec son milieu. En raison de cette harmonie, l'homme
chante d'accord avec les conditions de sa vie (2). Si une cause
artificielle intervient pour troubler l'ordre des choses, le génie,
qui n'est que nature, s'évanouit.
(1) Nous sommes pourtant obligé de signaler aux féiibres méridionaux,
qu'après l'unitarisme, il y a, dans le Midi même, un obstacle sérieux aux
progrès du fëlibrige. C'est la vanité bête d'une certaine catégorie de bour-
geois des grandes villes, pour qui le patois fait partie d'un ensemble de con-
ditions d'infériorité, dont il faut se garder, sous peine de déchéance. Molière,
dans ses voyages, a connu ces grotesques. Nous les retrouvons dans ses
coniédies.
(2j Les hordes barbares, qui se sont lentement déplacées de l'Orient vers
l'Occident — les Goths par exemple en offrent les preuves frappantes.
Leur langage se modifie avec les pérégrinations. Dans les chaudes régions
asiatiques, il est d'abord sonore et grammaticalement riche, pour s'assourdir
progressivement et perdre la variété de sa syntaxe, au fur et à mesure que
s'accentue la pénétration dans les froides steppes du Centre et du Nord de
l'Europe.
Autre exemple, plus près de nous : les essaims belges qui, au iv' siècle
avant notre ère, sont venus s'établir dans les pays méditerranéens d'entre
Rhône et Garonne (Languedociens et Catalans) n'ont point conservé un
idiome identique à ceux des populations d'entre Seine et Rhin.
^
102
On pourra bien distinguer, de ci, de là, des auteurs de talent
façonnés par les conventions sociales, mais point de ces remueurs
d'âmes, de ces esprits à seconde vue, qui savent toucher les fibres
lointaines où vibrent sourdement les mystères des atavismes endor-
mis. Si le Midi, riche par ailleurs, n'a point produit de grands
poètes français, il faut en voir la cause dans l'intervention d'une
autorité humaine imposant, par esprit de système, aux Méridio-
naux, une langue en désaccord avec les conditions naturelles de
leur poésie. Ne faudrait-il pas craindre, dès lors, une répétition
du même phénomène, si, de par la volonté artificielle de quelques
félibres bien intentionnés, on décrétait l'établissement d'un dia-
lecte méridional un ? La loi de différenciation, loi de nature et
de progrès, contrariée par l'unitarisme des hommes, pourrait bien
ne plus laisser surgir aucun grand poète de langue d'oc.
Pourtant, pourront objecter les unitaires, si certains dialectes
produisent des œuvres supérieurement belles, pourquoi négliger
une telle indication et ne pas jeter son grain dans le terrain des
chefs-d'œuvre ?
Mais alors, quel sera le directeur des nouvelles semailles ?
Mistral, Jasmin ou Goudouli ? Le Provençal, l'Aquitain, le Lan-
guedocien, à l'envi, s'apprêtent à faire valoir des chefs-d'œuvre.
Des discussions s'élèvent sur le mérite des révélations premières ou
récentes. Au milieu de la dispute, le Catalan arrive et dit : « Con-
finé dans mon petit Roussillon, je jouis de moins de suffrages au
regard de vos vastes provinces. Mais j'ai, sur vous, un formida-
ble avantage, qui me dispense de citer des chefs-d'œ;uvre. Favo-
risé par la situation de mon pays, ayant derrière moi, au-delà
d'une frontière, des frères et non des ennemis, l'unitarisme ne
me tua jamais. Je n'ai jamais eu besoin de renaissance. Ma lan-
gue vit dans sa pleine originalité ! A ce seul titre, tous les diar
lectes méridionaux devraient s'effacer devant elle ».
On voit, par ce rapide exposé, combien il serait difficile d'af-
firmer, de propos délibéré, la supériorité de certains dialectes,
quand la plupart d'entre eux offrent des preuves irréfutables de
leur génie, soit dans la composition, soit dans la résistance. Les
unifier serait tuer, presque partout, leur inspiration propre, sans
profit pour le dialecte unificateur, de plus en plus isolé en facç
dç son inoubliable ennemi ; l'unitarisme du français.
— io3 —
Tout n'est pourtant pas à rejeter dans la thèse des félibres unî-
tarisants. Si les ressources matérielles du Félibrige sont insuffi-
santes, la disparition des bulletins locaux peut être admise, pour
faire place à la publication d'un grand quotidien méridional.
Mais il s'agirait, pour ce nouvel organe, de s'incliner, sous peine
d'un désastre, devant la souveraineté des faits, d'observer leur
nature au lieu de la contrarier.
Dans quelles conditions ?
D'abord, en respectant la diversité des dialectes. Tous auraient
des colonnes respectivement réservées dont la place varierait sui-
vant l'importance des sujets traités. 11 faudrait, ensuite, sans
jamais s'agréger à un parti politique ou religieux (i), s'occuper
essentiellement de questions économiques et soutenir, avec la der-
nière énergie, tous les intérêts, dont l'homogénéité, bien déter-
minée, délimite les régions du Alidi,
Les sujets tranés ne seront pas toujours exclusivement régio-
naux ou méridionaux. Les groupements économiques, même fort
éloignés, sont parfois interdépendants, par concours ou par
opposition. Toutes les questions d'ordre national, devraient alors
comporter deux rédactions juxtaposées, l'une en langue d'oc,
l'autre en français (2).
Le Félibre marche ainsi de concert — l'union fait la force ! —
avec le Régionalisme et le Fédéralisme.
De cette coalition étroite, intelligemment menée, pourra sur-
gir, dans un avenir plus ou moins lointain, la reconnaissance, par
l'Etat, de droits par lui méconnus. Quand les groupements pro-
vinciaux se sont successivement agrégés au royaume de France,
ils n'ont jamais signé de traités les forçant à perdre leur langue
et leurs coutumes. Le jour où le français sera strictement renfer-
(i ) L'esprit de parti ou de secte fausse l'exactitude des problèmes sociaux.
{2) Si un compatriote du Nord ne peut obliger un méridional à connaître
le breton, le flamand ou le wallon, à plus forte raison, celui-ci ne peut-il
forcer l'initiation de celui-là aux multiples consonnances du provençal, du
languedocien, du catalan, du basque, du gascon, du limousin ou de l'auver-
gnat. Dans ce cas, il en sera, pour les félibres du quotidien méridional, ce qu'il
en est pour les diplomates essayant d'atténuer les mille contrariétés des ques-
tions internationales. Aucun n'use de sa langue respective, mais tous en adop-
tent une conventionnellement reconnue,
— JC4 —
mé dans son rôle officiel d'interprète national, quand les patois
ne seront plus injustement traqués, alors et seulement alors, les
dialectes pourront entrer en émulation, pour conquérir une supré-
matie assurée au plus digne, c'est-à-dire à celui dont le génial
prestige se serait le plus longtemps affirmé (i).
Edmond Lagarde,
Avocat près la Cour d'Appel de Montpellier.
(i) Au sujet de l'orthographe, trois règles peuvent être observées :
i" règle phonétique (d'après la prononciation) pour les dialectes qui n'ont
jamais été écrits. On peut l'employer aussi, pour l'initiation à la lecture des
classes populaires.
Pour les rédactions exactes, deux règles s'imposent impérieusement, à
savoir :
î' règle étymologique, c'est-à-dire appel à l'orthographe d'une langue
ascendante i par exemple le latin pour les dialectes romans).
3° règle synchronique ou consultation des langues collatérales ayant subi
une évolution semblable, sinon identique (par exemple, l'italien et l'espagnol
qui, comme les dialectes méridionaux français, ont enfermé, dans leur enve-
loppe néolatine, des mots et des formes celtiques, derniers restes d'un fond
ancestral disparu j. Il en est de même pour les emprunts faits aux langues
limitrophes (grecque, arabe, maure).
La correspondance de Frédéric Mistral
La « Presse Associée » apprend de la source la plus autorisée
que pour répondre au désir de M"' Frédéric Mistral, et selon
les dernières et formelles volontés du Maître, la correspondance
du poète ne sera pas publiée. Les fils du regretté J.-C. Roux,
MM. Charles Roux et François-Charles Roux, ont renoncé au
projet qu'avait formé leur père et donné à qui de droit les ins-
tructions nécessaires.
Cette décision, qui sera respectée de tous, honore grandement
les héritiers du grand poète de Provence.
An fri fn nri fn An An en An rn met fn An An An ^ft An rn cfi ÉÊi An nn rA An An ft*. An An An fft An An fn fn An
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
(SVITE)
VI. Ordonnances, lettres patentes du roi Martin, mandements relatifs au droit
d'être * habitant de Perpignan ». (Documents des xiv*, xv'.xvi'ct xvn" siècles.)
Perpignan avait eu, dès le xi' siècle, des lois écrites et un plus
grand nombre de lois non écrites. Les unes et les autres furent,
plus tard, consignées dans des chartes par lesquelles les rois recon-
naissaient leur existence, consacraient leurs dispositions et juraient
leur exécution.
Ces lois, connues sous le nom d'Usages, étaient les souvenirs et
les débris des lois romaines qui avaient autrefois régi les villes
municipes (i), ou l'oeuvre même des premiers habitants de la loca-
lité. Elles étaient les Conventions écrites ou non écrites, sous
l'empire desquelles, les incolae s'étaient promis de vivre entre eux,
de fonder ou de maintenir leur association. Quand la commune
se constituait, la confirmation et la rédaction de ses usages
accompagnaient son établissement. Le droit d'être régi par eux
était un des caractères distinctifs de son existence politique.
Les principaux de nos usages consacraient le droit d'être habi-
tant de la ville, et ce droit était déterminé par les juges même
de la cité, les consuls. Ce sont les conditions multiples de ce
droit (/jer habilador de Perpenya) que nous allons déterminer suivant
les différents arrêts rendus par les rois de Majorque et les rois
d'Aragon qui se sont succédé depuis Jacques i", en 1276 : Ce
titre seul donnait le droit de jouir des franchises et privilèges de
la cité (que gausescha de les francheses de la vila de Perpenya).
Ainsi les franchises, les libertés furent un dépôt sacré sur lequel
les rois et les magistrats consulaires devaient continuellement
veiller pour le remettre à leurs successeurs, et en conserver les
bienfaits aux générations futures.
(1) Voir mon étude au sujet de ces lois, "La Colonie antique de 7(uscino,
pp. 399-310. Imp. Cornet, 1918.
^ . •,■•
■■~:t
• — io6 —
Une ordonnance de Sanche, roi de Majorque, avait paru le
23 septembre i323: elle était relative à la résidence effective
nécessaire pour être réputé habitant de la ville de Perpignan, et
jouir des privilèges de la ville : elle exigeait, pour être réputé
tel, d'habiter la ville d'une façon permanente avec sa femme et
sa famille, au moins « les doez partz de l'ayn ».
Voici le document :
23 septembre i 323
[So que han à fer... que venen jurar l'estatge à Perpenya] (i).
Ayso es trelat prés d'alguna ordinacio feyta per lo molt ait
senyor Rey de Malorches sobre les questions que motes vegades
venen per los habitantz de la vila de Perpenya. E es scrita en lo
libre de les ordinacions de la thesoreria que regeyssen los discretz
En P. de Bardoyl e 'N Perpenya Pedrolo, procuradors del dit
senyor Rey, en LXXllll cartes, aysi con d'aval s'en segueys :
Dissapte, XXI 11 dies de setembre M.CCC.XXlll.
Segons que 'ns dixs lo senyor En P. de Bardoll qui hi fo pré-
sent e fe escriure aquesta ordinacio, fo ordonat per lo molt ait
senyor En Sanxo, Rey de Malorches, e per son consel, que tôt
hom qui sia vengut ho venrà habitar o estar à Perpenya dels altres
lochs de cavalers o de clergues de la terra del senyor Rey, haga
à ffer continua habitacio en la vila de Perpenya, ab sa muler e
ab sa companya, les does partz del ayn, à tôt lo meyns (2). E si
no o fasia, que no sia tengut per habitador de Perpenya ni defés
per habitant de Perpenya ni gausescha de les francheses de la
vila de Perpenya.
Empero, tôt hom de la dita condicio que tenrâ continuament
sa muler e sa companya ho la major partida de sa companya ho
de SOS enfantz (3) à Perpenya, aytal hom puscha estar hon se vula
fora de la vila de Perpenya, per laurar ho pensar sa lauraso hon
que la aga, ho per mercadegar, e per totes altres fasenes sues à
(1) La partie supérieure de la marge ayant été rognée, le haut de ce titre
est à demi coupé.
(2) Meys : menys ou meyns.
(3) On remarquera, malgré la mutation qui était devenue générale dans la
langue catalane écrite, les anciennes formes ; enfantz, discretz, habitantz, etc*
— ioy —
sa voluntat. Et aytal hom sia defés per habitador de Perpenya et
gausescha de les francheses de Perpenya, ayxi com los altres
habitadors, no contrestan la sua absencia, pusque sa muler c sos
aflFantz tenrrâ continuadament à Perpenya, aixi quant es dit.
La quai ordinacio dixs lo dit P. de Bardoyll que fo feyta lo
die e l'ayn dessus ditz, en presencia del noble En P. de Fonolet
e d'En Berenguer Maynart, e d'En Nicholau de Sent Just, c
d'En Jacme Escuder, totz concelers del dit senyor Rey, e del
dit P. de Bardoll (i).
Mais, pour empêcher toute irrégularité et éviter que l'on por-
tât atteinte au droit de cité, en admettant, comme habitant de la
ville, toute sorte d'étrangers, un mandement de Pierre IV, du
2 1 juillet 1 344 (î), porta défense au bayle de Perpignan d'ad-
mettre quiconque au nombre des habitants de cette ville, sans
l'avis formel des consuls [cum consilw consulum dicte ville qui
habenl noliliam personarum).
Plus tard, le i5 mars i368, un mandement de Pierre IV, roi
d'Aragon, enjoignait à tous ses officiers, dans les Comtés de Rous-
sillon et de Cerdagne, de respecter les privilèges des habitants
de Perpignan, qui remplissent les conditions de r sidence fixées
par les ordonnances, même si leurs femmes n'hab raient pas con-
tinuellement dans la ville: « Quod habilaloribus Pi rpiniani sufficiat
ipsos habilare in villa Perpiniani el si uxor sua possit hubitare alibi (3) ».
Mais, huit mois après, le i5 novembre i368, un mandement
du Roi venait modifier ces conditions quelque peu draconiennes :
il fixait simplement au tiers Je l'année la durée de résidence
annuelle exigée des habitants de Perpignan [quod habitatoribus
Perpiniani sufficial habitare ibi per terciam partent anni cum uxore et
fa mi lia) (4).
(1) Arch. comm. de Perpignan, livre vert mineur, AA. 3, tome 1". f'91.
(2 i Quod bajulus Perpiniani non admitat aliquos in habilatoribus ville nisi cum
eonsilio comulum. (Arch. comm., livre vert mineur, tome 1", f" 192.) Voir
document in extenso § xix, à l'appendice.
(3) Je reproduis in extenso, à l'appendice, le document en latin, * dalum
Barchinone xv' die mardi, anno a nalivitale Domini millesimo CCC'LX cclavo.
Visa 7^0. » (Appendice, § xx.)
(4) Voir appendice, § xxi ; » dalum Barchinone, quinla décima die novembris,
anno millesimo trecentesimo sexagesimo octavo. P. can... Rex Petrus. b
— jo8 —
Enfin, le roi Martin fixait d'une façon définitive et précise les
conditions nécessaires pour avoir le droit de cité. *
Par lettres patentes et mandements du 7 septembre 1397, le
roi d'Aragon confirmait le règlement fait par les consuls, relatif
au droit d'être habitant de la ville de Perpignan : obligation
d'avoir (comprar e haver-la) une maison dans la ville, le Barri ou
le Tinl ; indemnité de cent sous au profit de la construction des
fortifications, due par ceux qui, dans les trois mois, à partir de
la présente ordonnance, n'auraient point acheté ou acquis une
maison à un titre quelconque ; même indemnité de cent sous pour
ceux qui, ne possédant pas d'immeubles, voudraient habiter ail-
leurs ; en cas de location de la maison, obligation d'avoir une
entrée réservée spéciale pour les locataires, distincte de celle du
propriétaire ; obligation d'être présent avec leurs femmes « fer
foch, jaure, menjar » aux quatre grandes fêtes de l'année ; obli-
gation de se faire inscrire chaque année au Consulat.
San Feliu de Llobregat
7 septembre j 897
[Dels habitants forans, e de ço que deuen fer per raho de llur
habitacio].
Nos Martinus, Dei gratia rex Aragonum, Valencie, Majori-
charum, Sardinie et Corsice, comesque Barchinone, Rossilionis
et Ceritanie, scientes et attendentes pro parte vestri fidelium.
nuntiorum Consulum ville Perpiniani, nomine et pro parte uni-
versjtatis ipsius ville et singularium ejusdem, nobis fuisse humili-
tcr presentata quedam capitula continentie subsequentis :
« Per ço que aquells qui s' serân fets habitadors de la vila de
Perpenya sien e meresquen mills esser dits vers habitadors de la
dita vila, es concordat que hagen à fer e complir les coses davaU
scrites, e, complin aquelles, no pusquen esser inquietats per raho M
e occasio de la habitacio que s' dixes (?) no degudament per ells
fêta o fahedora en la dita vila. g
Primerament, que aquells qui d'açi avant se farân habitadors d
de la dita vila hagen e sien tenguts haver casa llur propria per
titol de directa e util o, al menys util senyoria dins la dita vila
O en lo tint o en lo barri de la dita vila aytant quant serân habi-
— 1 09 —
tadors de aquella. E si quant se faràn habitadors no havien la
dita casa que fos llur propria en la nnanera desus dita dins la
dita vila o en lo barri o tint de aquella, que hagen c sien tenguts
de comprar e haver-la o, per qualsevol just titol, adquisir e
haver e tener que sia llur propria sens alcuna dissimulacio c
fenta dins très meses del dia que s' serân fets habitadors avant
comptadors. E si dins los dits très meses no havien comprada
o per altre qualsevol just titol adquisida e hauda, que fos llur
propria en la manera desus dita, la dita casa dins la dita vila o
en lo tint o barri d'aquella, sien tenguts paguar e paguen cas-
cun d'eîls qui no haurian hauda la dita casa dins los dits très
meses, cent sous barcelonins à la obra dels murs de la dita vila,
ne d'aqui avant sien hauts ni defeses per habitadors de la dita
vila ne gausesquen dels privilegis e franqueses de aquella, pusque
dins los dits très meses no haurân hauda la dita casa per la forma
desus dita. Mes si quant se farân habitadors de la dita vila, o
après dins los dits très meses, hauràn la dita casa per via de com-
pra o per qualque altre just titol e sia llur propria dins la dita
vila o dins lo tint o barris de aquella, axi quant dessus es dit,
sien hauts e deffeses axi com vers habitadors de la dita vila e pus-
quen gausir e gausesquen dels privilegis e franqueses de aquella,
no constrastants les cases contengudes en una costuma scrita de la
dita vila, la quai comença :
« Item, nullus habetur, etc. »,
e en los altres privilegis de la vila que parlen de la habitacio
per los habitadors fahedora en aquella.
Item, si los dits habitadors, despuys que 's serân fets habita-
dors de la dita vila e haurân hauda la dita casa per la manera e
forma desus contenguda se volrân tornar al loch d'on son venguts
o en altre loch, e renunciarân quant que quant à la dita habitacio.
que ho puguen fer e sia à ells legut, paguant C. sous barcelonins à
la obra dels murs de la dita vila, als quais C sous se obliguen al
consolât ab fermança lo temps que s' fan habitadors de la dita
vila, e dels quais C. sous no s* pusquen fer deguna gracia ne
remissio en tôt o en partida.
Item, que 'Is dits habitadors. durant la dita habitacio, tota la
4ita casa o partida d'aquella que haurân obs per llur star hagen à
— no —
retenir à Ilur propri us c habitacio. Pero si era tan gran qu'en
poguessen loguar alguna partida o partides à qui s* volrrân, que u
pusquen fer, retenguda à Ilur propri hus aquella part que n' hau-
rân obs per Dur habitacio. Aixi empero que ells intrassen per
una porta e 1' llogader o logaders per altra. E si fahien le con-
trari, sien tenguts paguar à la dita obra dels murs de la dita vila
deu sous de pena tots anys que contrafaricn ; pero, comctent e
pagant una veu o moites la dita pena o no res menys sien hauts
et defescs axi corn habitadors de la dita vila e gausesquen dels
privilegis e franqueses de aquella.
Item, que aquells que ara son o per avant se farân habitadors
de la dita vila sien tenguts venir star ab llurs mullers, fer foch,
jaure e menjar en la dita vila e en la dita casa lur, cascun any,
en les quatre festes anyals, ço es en les festes de Nadal, e en les
festes de Pascha, e en les festes de Pentacosta, e en la festa de
Nostra Dona d'agost. E si fahien lo contrari, sien tenguts paguar
e paguen à la dita obra dels murs de la dita vila cascuna de les
dites festes que farân lo contrari deu sous barcelonins de pena.
E no res menys, cometent e (i) paguant la dita pena una veu o
moites o no, sien hauts e deflPeses per habitadors e gausesquen
dels privilegis e franqueses de la dita vila.
Item, que tots anys en les festes de Nadal, los dits habitadors
se hagen à presentar en la casa del consolât de la dita vila à
aquells qui serân consols de la dita vila o al scriva del dit conso-
lât qui escrischa los noms de cascun per tal que sapia si serân
venguts en la dita vila per la forma desus dita ; e que juren en
poder dels dits consols o del dit scriva si. y serân venguts les
dites altres festes anyals ab llurs mullers, e sien-ne-creseguts de
son propri jurament. O altrament, si no s'eren presentats e fets
scriure, encorreguen en la damunt dita pena de X sous, axi com
dit es pagadora. Pero, no res menys, sien hauts e defeses per
habitadors e gausesquen dels privilegis e franqueses de la dita
vila.
Item, que aquells qui vuy son habitadors de la dita vila sien
tenguts haver casa Ilur propria per la manera e forma desus dites
(.)o.
— il)
dins la dita vila o en lo tint o en lo barri de aquella de açi à hun
any primer venidor ; o altrament, si passât lo dit any no haurien
hauda la dita casa per la manera e forma desus dites, no sien
hauts ni deffescs axi com habitadors de la dita vila ni gausesquen
dels privaletgis e franqueses d'aquella. Empero, si, dins lo dit
any, abans que haguessen comprada o hauda la dita casa per la
forme desus expressada, volien renunciar à la dita habitacio e
tornar-s'en als lochs d'on son estais o en altre loch, que ho pus-
quen fer e sia à ells legut sens paguar alguna pena en que sien
obligats per raho de la desus dita habitacio. Si empero compra-
ven o havien la dita casa per la manera desus dita, sien tenguts
paguar la dita pena al consolât en la quai son obliguats quant que
s'en tornen.
E en los présents empero capitols no son compreses ni enteses
aquells qui en la dita vila, barri o tint de aquella son venguts e
stan e habiten, o estarân o habitaràn d'aci avant continuament,
com, posât que no hagen o haurân alberch o casa llur propria,
deuen csser hauts e reputats vers habitants e estadants de la dita
vila, pusque en aquella e no en altre loch fan llur continua habi-
tacio c domicili. Pero es entés que si als consols de la dita vila
qui ara son o per temps serân ab lo conseil gênerai de la dita vila
apparria quant que quant esser pus profites e pus expédient à la
dita vila e als singulars habitadors de aquella usar dels privilegis,
concessions e ordinacions que han ja del molt ait senyor Rey En
Père, pare del dit senyor rey, c de sos predecessors de gloriosa
memoria, sobre el fet dels dits habitadors e de llur habitacio, o
de alcun o aiscuns d'aquells en tôt o en partida, que ho puxen fer
totes e aytantes vegades e quant que quant als dits consols qui son
e serân e al conseil de la dita vila plaurà e sera vist fahedor ; e
puxen los dits privilegis, concessions e ordinacions lexar e à les
coses desus dites en los dits capitols contengudes tornar, e an aço
puxen variar totes e aytantes veus e quant que quant als dits con-
sols qui son e serân ab lo dit conseil gênerai de la dita vila sera
vist fahedor ».
Ad supplicationem perhumilem vestri prô parte dictorum con-
sulum et proborum hominum ville Perpiniani prefate capitula
preinserta et omnia et singula in cis contenta laudamus, aproba-
— 1)2 —
mus, ratifficamus ac nos.re confirmation^ pres.d.o toboramu,. man-
dan es per presen.em car.am nos.ram G"""""-, «°«' ■;" "
Ceritanie vicario Rossilionis et Vallispirii, ac ba.ulo v.lle Pcrp -
ni ap:efa,e, ceteris.ue universis e, singu.is officia.ibus nos.,s
nresen.ibus et fu.uris et dicorum officialium lochatenent.bus qua-
Tinus laudationem, aprobationem, ratifficationem et confirmafonem
nos.ras hujusmodi servari inviolabili.er faciant per quoscunque e,
non contraveniant nec aliquem contravenire perm.ttant abqua
ratione. In cujus rei testimonium hanc fier, et sigillo nostro pen-
dcnti iussimus comuniri.
Datum in locho Santi Felicis de Lupprichato, sept.ma d.e scp-
tembris, anno a naf.vitate Domini millésime trecentesimo nonage-
simo septimo, regnique nostri secundo. ^
Macias, vice jcanccllanusj.
Si2-(s roval)-num Martini. Dei gratia régis Aragonum, Va-
lencie, Majoncarum, Sardinie et Corsice. comitisque Barchinone,
Rossilionis et Ceritanie. ^^^ Martinus.
Testes sunt Hugo de Santa Pace, Gilabertus de Centillis. Pe-
trus de Montechateno, Guillelmus de Perapertusa, Petrus Sanctn
de Calataiubio, milites.
Sig- (s. manuel) -num mei Francisci Pellisser, predicti domini
régis scriptoris, qui. de ipsius mandato predicta scribi fec, et
clausi. Et corrigitur antea in lineis xnn» avanh xv. et xvn dtt
scriva, xxni re, xxv pare del, et xxvn per, etc. (i).
Pendant près de trois siècles et demi, le règlement du Roi
Martin resta en vigueur : cependant à la longue il y eut des abus.
Aussi un arrêt du Conseil Souverain du Roussillon. du 20 décem-
bre ,740, tendait à réprimer l'abus des citoyens qui se disaient
« habitants de Perpignan >>. sans avoir rempli les conditions néces-
saires qui font le véritable « habitant ». Cet arrêt astreignait ceux
qui voudront être réputés habitants de cette ville, à se soumettre
aux conditions et formalités prescrites par les ordinations de
(,)Arch. comm. de Perpignan, livre vert mineur, AA. 3, tome .",
f"3i5-3>6.
— .i3 —
j383, q avoir une habitation ou une résidence continuelle » pen-
dant cinq années, à partir du jour de leur réception à l'hôtel de
ville, et par la suite, a tenir maison ouverte propre ou à louage,
partie de l'année, avec sa famille, ou toutes les fêtes annuelles,
au moins » ( i )•
L'arrêt réglait à nouveau les formalités à remplir pour l'obten-
tion de cette qualité.
Le Q janvier 1747, parut une nouvelle ordonnance des Consuls
de Perpignan, se rattachant à l'exécution de cet arrêt du
20 décembre 1740 : il sera tenu, dit en substance ce règlement,
un registre pour inscrire les habitants forains à la qualité d'hom-
mes de Perpignan.
Désormais, la liberté du domicile était écrite parmi nos liber-
tés : a Tout habilanî de Perpignan peut porter sa résidence et
son domicile partout où il voudra, soit dans l'intérieur de la pro-
vince, soit au dehors, sans pouvoir en être empêché par qui que
ce soit. En gardant ses propriétés soit dans la ville, soit dans son
territoire, avec jouissance de leurs revenus, partout ou il sera...,
il aura la liberté de les vendre en tout ou en partie, en quelque
lieu qu'il se trouve (2) ».
Mais s'il pouvait quitter la ville en aliénant ses biens, ou en
percevant leurs revenus au lieu de son nouveau domicile, le code
de la cité lui en permettait !a libre disposition (3).
Ainsi, la liberté individuelle trouvait aussi ses garanties dans
notre vieux code de la cité.
(A suivre) Henry Aragon.
( 1 ) Mais le fait d'être habitant de Perpij^nan n'obligeait pas la personne à
y résider.
(al Arch. comm.. livre vert mineur, f° y, usage, f" 27.
(3) Arch. comm.. usage, 27.
Quelques noms de plantes 4 synonymes
Catalans-Fraocais ^ Français-Catalans
^jë^i^ (SUITE)
daCSa, maïs. — blat d'india, blat de moro.
dauradilla (et doradella), doradUle. — falguera de roca.
dent de IleÔ. — voir masteguera.
desferra=cavalls, hippocrépide. — herba del ferro.
deSpulla=belitreS. — voir gavarrera.
didalera, digitale.
donzell, absinthe.
donzell fais, armoise, artémise. — altimira, artemega.
doiceta, mâche. — benc.
doradella. — voir dauradilla.
ebol (et ebul), hièhle. — carnosa, saùquer.
ebuliscla, pivoine. — llamponi, llampudul, peonia, herba de
santa Rosa.
elra, lierre. — eura, edra, cendrosa.
enciam, laitue. — Iletuga.
enfalga. — voir alfabrega.
enfiter, ricin. — figuera del dimoni.
englantina. — voir jassemi.
enredadora. — voir campanetes.
erica (et eritja). — voir bruc.
esbjrzer. — voir romaguera.
escabiosa, scahieuse. — viuda, viudeta.
eSCalunya, échahtte. — ceba escalunya.
eSCanya=Cavalls. — voir espigadella.
eS':anya=velles. — voir passa-cami.
escardot, chardon. — cart, esquerdot, carxofa de borro.
eSCarola, endive, chicorée.
~ ii5 —
escayola, alpiste.
escillâ. — voir cebcta.
eSClafîdOS. — voir coljtxos.
eSCOba, genêt. — ginesta.
eSCOrSOnera, scorsonère, salsifis noir.
espanta lIOpS, baguenaudier.
eSparcet (et esparceta et esparsa), sainfoin. — trepadella, pel-
lagra, pepirigali.
eSparguils. — voir vidaula.
espàrrec, asperge.
espart, sparlier, faux ajonc.
espases. — voir bruyol.
espeltra, epeautre.
espenaller, ancoUe. — campanes.
espernallac, sanhUne. — herba cuquera, botja de sant Joan,
guarda-^oba.
espigadella, hrôme. — escanya cavalls, trauca sacs, ordi salvatge.
espi. — voir espinavessa.
espigol, lavande aspic. — aspit, barballô.
espinac, épinard.
espinacart (et espinacalt). — voir panicait.
espinavella. — voir sosa.
espinavessa (et espinavis), paliure. — arn, espi.
espuela, dauphimlU, pied d'alouette.
estelada, alchimilk. — herba botera, herba argentada.
estepa (et estrepa et Stepa), ciste. — argenti, moixera, bordiol.
estira-velles. — voir passa-cami.
estrigol, ortie. — ortiga, ortigo), xiripia.
etzevara (et etzavara), agave. — agau, pita, pitalassa.
eura. — voir elra.
euro. — voir auru.
faig, hêtre.
fajol, sarrazin. — blat nègre.
falguera, fougère.
falguera de roca. — voir dauradiila,
î
I
i
— 116
1
i
falsia (et faizia), capillaire.
fanaiets. — voir campanetes.
farigola, thym. — frigola, frigol, frigoleta, timo.
faringola. — voir arbosser.
farot. — voir tell. |
fasol, haricot. — mongeta, bajoca.
faSSer, palmier nain. — bargallo. |
fa va, fève. — favô. |
fe (et fenc)- — voir ferratge.
fel de la terra. — voir caxalagua. I
fenas, fétuque élevé.
fenoll (et fonoU), fenouil, aneth.
fenoll de bÔU. — voir givertassa.
ferratge, trèfle incarnat. — fé, fenc, alfé.
festUC. — voir llentiscle.
figue ra, figuier.
« del dimoni, ricin. — enfiter.
« de maho, figuier de barbarie. — figuera de moro, d'india.
floravia, centaurée chausse trappe, chardon étoile. — caga-tripa,
caga-trepa, sagatrepa, catt estrellat, brassera.
fonoll. — voir fenoll.
forquetes. — voir gerani.
fraga (et fraula), fraise. — maduixa, araques.
fraxina. — voir freixe.
francessilla, bouton d'or. — goig, botô daurat. (voir aussi ranuncle.)
frare, orobanche. — orobanca, margalida, cap de frare.
fregadÔ, guimauve. — malvi.
freixe, frêne. — fraxina.
frigoleta. — voir farigola.
fumaria (et fumosterra), fumeterre. — galleret, herba del colom,
coiomina.
fuscllada- — voir fuxarda.
fustet, corroyére, sumac. — roldô, redô, rcdon.
fuxarda, globulaire. — ascallades, regollada.
"^1^
La Cigah y la Fortniga
o^C^^- SUITE crFTN
U
Ara mira-t aci, veritat tenim de creure ?
De lo que conte '1 vell, y enguanyasses era
Qu'en un dia d'ivern, que la fam te prengué,
Lo front baix y d'amagat
Vas anar veure, a dins del seu graner
Lo formigar sota terra.
La ricassa pagèsa, al bo del sol secava
Per avans de baixar 1 soto
Son blat, qu'havia florit
La rosada de la nit.
Quan era llest, l'ensacava,
Llavors, tu vas venir, les llagrimes 'Is ulls
Y li digueres : « Ay que fa fret !
Lo vent geliu d'un cayre a l'altre
Aie rossega rendida de fam.
En e) teu rich amuntô
Pel meu sarrô, deixe 'm pendre una miqueta,
T'ho tornaré, segur, al bon temps del melo.
Presta-me un poch de grà. »
Pero vès, si 't creues que l'altra l'escolta
T'enganyas. D'aquets grosses sacs
Ni una mica sera teu.
« Vès-t'en mes lluny à rascar botes,
Reventa-t de fam, tu que cantes l'estiu.
Axi xarra la faula antica
Per conseil nos donar la practica
Dels ensaca-diners — sort tinguem
De nuar los cordons de la boisa.
— Mala colich rosegui lo ventre
A tots aqueixos ig-norants.
_ n8 —
Me fa venir suhera, lo fabulista
Quan ne diu que l'ivern tu vas a captar
Mosques, verms, gra ; tu no ne mcnjes may.
De blat, que ne feries ? fé de fé !
Tenes la font, que melosa n'es !
Y no demanes res may.
Te xantas bc de l'ivern !
Ta familia, a l'abrich, sota terra dormisca
1 tu dormas la son que no res reviscola,
Lo teu cadaver, de sech en sech ne eau...
... Un dia, tôt cercan-cercan
La formiga lo veu.
La teua pell seca i magre
La dolenta, tôt arreu l'esparraca.
Elle te vuyda lo pitral, a bocins te tallona
] abscondeix com carn salada
Aqueix bè de Deu escullit per l'ivern
Quan ne ven lo temps de neu.
ni
Aixi es l'historia verdadera
Ben Uuny de lo que diu la faula.
Que n'en pcnseu, iras de iras !
Tots vosaltras, amaga-pecetas,
Puny-arrapats, que teniu la panxa-plena,
Que gouverneu lo mon a colp i de dincrs ;
Aneu per tôt diguen, canalla.
Que l'artista jamay travalla
1 ten de patir, lo bon ximplot.
Aleshoras, calleu-vos. Quan de la llambrusca
La Cigala ne foradat la rusca
Tots i veniu robar son beure...
1 desprès, morte, la roseguen.
L'ESTEVE F».
La seigneurie ^ la paroisse de Serralongue
I'^ Partie — La seigneurie de Serralongue
Entre les deux rivières de Lamanera et de Serralonga s'étend
une longue arête de séparation {sierra en espagnol, serra en cata-
lan), qui donne son nom au village de Serralonga. Cette arête
commence à l'orient, en face de Puig Rodon, à la jonction des
eaux du Rianol et de Galdaras, et se termine vers le sud, à
six kilomètres du village, par des masses granitiques élevées à
1 5oo mètres au-dessus du niveau de la mer. Là sont trois pics ou
sommets distincts. Le pic le plus haut se trouve à l'extrémité
sud. Il se compose de roches granitiques mesurant i5 mètres de
largeur sur 60 mètres de longueur. Sur ce pic s'élevait l'enceinte
du château de Cabrenç.
7. — Châhau de Cabrenç (1)
La porte principale, située à la partie ouest, est d'une simpli-
cité étonnante : ni fossés, ni pont-levis, ni créneaux aux murail-
les. On avait probablement une confiance plus grande dans les
difficultés du terrain que dans les fortifications construites par la
main de l'homme. On fermait la porte en enfonçant horizontale-
nent deux barres de fer ou de bois dans la maçonnerie : les trous
sont encore visibles. Les murailles, de 1 m. 5o d'épaisseur, n'a-
vaient pas une élévation bien considérable, parce que des escarpe-
ments de 20 à 40 mètres rendaient presque impossible l'escalade
du château. Au nord s'élevait le donjon de forme rectangulaire.
Il se composait d'une salle unique en plein cintre de 8 mètres de
hauteur : sur la voûte se trouvait probablement une plate-forme.
Au milieu de l'enceinte on distingue encore les ruines d'une cha-
pelle dédiée à saint Michel. C'est une nef rectangulaire avec une
abside demi-circulaire. De loin, les ruines de cette chapelle pré-
(1) Voir RatHeau, capitaine du génie, "Bulletin de la Société Agricole,
M, 1862.
sentent la forme d'une tour : on l'aperçoit à gauche en venant
d'Arles. A l'extrémité sud de l'enceinte partaient des escaliers
qui conduisaient à une plate-forme naturelle entourée de précipi-
ces infranchissables. Tout porte à croire que le château et la
chapelle datent du ix' siècle.
Le second pic est séparé du premier par une distance de
loo mètres et par une gorge profonde. C'est une masse graniti-
que de forme conique, dont le sommet est plus bas que le précé-
dent de 20 à 1.5 mètres. Sur le point culminant du rocher se
dresse une tour centrale avec une enceinte qui se développe au
nord et qui manque à l'ouest à cause de l'escarpement du rocher.
Le mur de l'enceinte extérieure a 1 mètre d'épaisseur : il est
percé de créneaux alternativement placés à deux hauteurs diffé-
rentes. Ces créneaux sont rapprochés les uns des autres. Un
second mur existe à 12 mètres en arrière, formant une seconde
enceinte. Le point le plus élevé du rocher porte la tour qui pré-
sente à l'extérieur la forme d'un prisme octogonal très irrégulier :
au nord et à l'ouest, le rocher est remplacé par un mur de soutè-
nement à parois très inclinées. La porte de la tour regarde le
château : elle est à i m. 60 au-dessus de l'assise du rocher. Dans
la tour on aperçoit une chambre carrée de 4 m. 20 de côté,
éclairée par une fenêtre romane. On prétend que cette tour,
antérieure à 1267, servait de prison.
{^ suivre) Joseph Gibrat.
La littérature provençale et renseignement
(Editions du 'Feu, Aix-en-Provcnce)
Notre éminent confrère, M. Emile Ripert, agrégé de lettres, vient d'édi-
ter l'intéressante conférence qu'il donna le 6 mai 1917, à Avignon, sur
« La littérature provençale et l'enseignenient ». L'auteur y soutient la cause
dis langues d'oc comme moyen d'enseignement de la langue française, cause
si bien défendue en Roussillon par nos précieux collaborateurs de la pre-
mière heure, MM. Louis Pastre et Jean Amade.
Rossellonenques (par Charles Grando)
Le n" 5o de la collection d'auteurs catalans La J^ovehla JSova (Portafer-
rissa, i5, Barcelona) est consacré à un choix de nouvelles humoristiques de
notre brillant collaborateur Charles Grando, groupées sous le titre
1{pisellonenques .
L< Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
12 Année N 140 15 Juin 1918
Les Maniucriis non inscrci
ne sont DIS Tcndiu.
Les Anicles parus aans ia Revue
n'engagent que leurs auteurs.
REVUE
CATALANE
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an.
Estances a ïlnfermera
*^
Dànes de Trança.
S'endevinaven d'or sota 'Is vels del séu front
els sedosos cabells, l'esguart era pregon
y'is séus ulls els mes blaus que hi puguin havè' al mon.
Y vestîa de blanch, albissima, de llins
immaculats per totes les sales y jardins ;
si blanca de per fora, mes blanca de per dins.
Les sèves galtes eren pàlides de color,
semblava que sovint s'amaressin de plor,
d'un plor tranquil,. segur, en mig de tant dolor !
Era un somriure blanch vora '1 llit del malalt,
y alegrava de cop la pau del Hospital
ab un riure no mes com allunyant el mal.
Estava dreta, immôvil, sempre vora de) llit,
tôt vetllantli les hores tan llargues de la nit
ab un ram de violes mig obertes al pit.
El ferit la mirava ab els ulls divagants ;
— Diguèume aquelles coses, tan serenes, d'abans... —
Sobre '1 front que bullia li posava les mans.
j Les mans ! Jo les haurîa besades ab anhcl.
Jo no se que tenien aquelles mans de cel ;
tenien suavitats de flor y olor de mcl.
] 22 —
Jo haun'a volgut dur en les venes la sanch
del ferit, y vessantla del pobre côs estanch
veni' en el dur repos d'aquest Hit séu tan blanch.
Y sofrir llargament per la patria y per ella.
Y en les hores de febre sentir la maravella
d'aqueJles mans de flor damunt de ma parpella.
j Per que '1 ferit debia ser bell y alegre, abans!...
No se quin sortilegi duya en les sèves mans,
que nosaltres, qu'estavem joves y forts y sans,
ne sentiem vergonya y may hauriem dit
que no gosant mirarla als ulls de fit a fit
sentissim una enveja terrible del ferit...
j Ay, donzella sublim d'un Hospital de França !
Fores una llum pura qu'ab el temps va apagantse ;
no 't veuré mes y 'n sento una extranya recança.
Y no vaig demanarte les violes del pit, r
y no vaig dirte rès del que t'hauria dit,
del que 't diria ara, liuny de tu, en mon neguit 1
Y no vaig dirte rès del teu mirar pregon,
ni vaig besar les mans que per mi ja no son,
ni vaig tocà' ab els llavis la Creu Roja del front 1
• Ara 't veig com t'enfiles pel cel serè, damunt
del fum de les batalles, -del lamentable munt
dels morts y dels ferits, sempre molt mes amunt !
Ascendexes pel cel del amor y 'Is neguits,
serenament plegades com coloms sobre 'Is pits
les dues mans ungides ab la sanch dels ferits 1
Joseph Massô y Ventôs.
Cette poésie a obtenu la Tlor natural aux Jochs Florals de 1918.
iâ seigneurie ^ la paroisse de Serralongue
^Z^:*^ [SUITE)
A 200 mètres plus loin se trouve un monticule naturel facile-
ment abordable de tous les côtés, dominant le col Balladou. Sur
ce monticule on a construit une tour qui présente six faces irré-
gulièrement disposées. Dans l'intérieur de la tour on distingue
trois étages et au-dessus de chaque étage, une voûte ogivale : la
partie supérieure est terminée par une piate-forme. Un escalier à
marches très élevées permettait de communiquer avec tous les éta-
ges. Cette voûte appartenait sans doute au xiv' siéle, et peut être
considérée aussi comme une dépendance du château.
M. Alart a raison de dire que les fortifications de Cabrenç
constituaient un repaire féodal, capable de donner une idée de la
puissance seigneuriale. Vraiment ce château porte bien son nom:
Casiell de les cabres, château des chèvres.
On peut arriver au château par Lamanera ou par Serralonga.
En partant de Lamanera, on traverse des sentiers champêtres,
plusieurs champs bordés de genêts et de plantes sauvages. Après
une heure de marche, on arrive à une fontaine dissimulée au mi-
lieu du gazon et des arbustes. Demi-heure plus tard, à travers un
chemin rocailleux, on se trouve en face de la porte principale du
château.
En partant de Serralonga, on suit d'abord le sentier qui con-
duit au col de les Talgueres, puis, tournant brusquement à gauche,
on gagne, en montant, d'abord le mas "Balladou, ensuite le col du
même nom. Là on revient à droite, on suit un petit chemin à
peine tracé dans le rocher au milieu d'une végétation rabougrie.
Ce chemin aboutit par une pente assez raide à l'extrémité sud de
l'arête.
A quoi a-t-il pu servir, en réalité, le château de Cabrenç ? 11
serait difficile de le dire. Du haut de son donjon, le regard se
portait au loin dans toutes les directions, vers le village de Ser-
ralonga comme aussi vers le versant espagnol : le guetteur pou-
vait ainsi surveiller les passages de la montagne. En effet, le che-
— 124 —
min venant du bas ou du haut Vallespir traversait la rivière du
Tech au pont actuel de la Vierge Marie : c'était là le « GaJu
aras », le gué d'aras, mentionné en 88 1 comme limite du terri-
toire de Sainte-Cécile-de-Cos. Arrivé au « veynal » de Galdaras,
il se divisait en deux : l'un Traversait la rivière de Galdaras, ser-
pentait le quinta de droite et arrivait en Espagne en passant par a
Saint-Laurent-de-Cerdans et par Coustoujas ; l'autre se dirigeait
vers le village de Serralonga et passait à quelques mètres de
l'église paroissiale (i). Là, il se bifurquait encore: il descendait
vers le château de Serralonga, sous le village, et se rendait en
Espagne en remontant la rivière de Galdaras et en passant sous
le château de Cabrenç, ou bien il traversait la rivière de Galda-
ras sous le château de Serralonga et arrivait en Espagne eu pas-
sant par Falgons. De plus, le chemin qui conduit à Serralonga
va droit aussi à Lamanera en longeant l'eau, versant de gauche
qui domine la rivière du Rianol et aboutit en Espagne en traver-
sant le village de Lamanera ou par le Coral. Par conséquent,
outre sa position stratégique, le château de Cabrenç, était des-
tiné à surveiller ou à fermer des passages publics de montagne :
il n'était donc pas un simple repaire féodal. Les seigneurs qui
l'habitaient ont joué un rôle important dans l'histoire roussillon-
naise.
11. — l^es seigneurs de Cabrenç (2)
Jusqu'à la fin du x' siècle, les seigneurs de Cabrenç ou de Ser-
ralonga furent les lieutenants des comtes de Besalu pour l'admi-
(j) Un acte du 14 avril i 562 énumère la plupart des lieux cités. 11 s'agit
de la confirmation faite par dom François de Rocaberti à Georges Ladarse,
pages de Serralonga, d'une maison et des terres qui en dépendent. Ce
domaine confronte : d'orient, avec la jonction des eaux du Tech et de Gal-
daras, «y passa l'aygua de la farga de Galdaras y puja lot serrât amunl con-
frontant ah lo terme de Sant Llorens dels Serdans fins à una font anomenada la
font de las "Buadas » ; de midi, en partie avec les terres de la métairie del
Morer et en partie avec les terres du Graou ; d'occident, avec la <r resclausa »
de la rivière du Rianol et rivière en aval « fins al cami que passen los matxos
la ribera quan venen del Emporda à Galdaras » ; de septentrion, avec le terri-
toire de Prats « tornant lo cap de las Torchas . »
{1) Pour plus amples détails, voir Alart, J^otices historiques, etc., ii' partie,
p. )3i, etc.
I
— 125 -
nistration du Haut-Vallespir. Vers 990, cette suprématie passe
aux vicomtes de Casteilnou. Le premier représentant de la famille
qui occupe Vhonor de Cabrenç se montre en 1088 : il s'appelle
Ravmond Bracads.
Deux documents nous révèlent 1 "existence de T(aymonJ BracaJs.
Le premier remonte à l'année 1088 : c'est un serment de foi et
hommage fait à Guillaume, archidiacre d'Elne, vicomte de Cas-
teilnou, pour le château de Serralonga. Le second est du 4 des
ides d'avril iji8. Pierre, évèque d'Elne, reçoit de Bérenger,
comte de Barcelone, devenu comte de Bésalu, les revenus de
l'église de Prats-de-Mollo. On réserve toutefois les droits de
Ravmond Bracads.
T^aymond de Serralonga est peut-être le fils de Raymond Bra-
cads. En tout cas, quatre faits principaux le concernent. Le 3 des
ides d'octobre iiSj, Raymond de Serralonga assiste à la consé-
cration de l'église d'Arles. Le même seigneur est présent à l'ac-
cord survenu entre l'abbé du monastère d'Arles et Bertrand de
Buada au sujet des fiefs de Saint-Laurent-de-Cerdans et de Cous-
toujes (2 des calendes de novembre i 168). Sur le conseil et après
le consentement de Raymond de Serralonga et d'autres seigneurs,
le vicomte de Castelnou accorde à l'abbé d'Arles l'autorisation
de fortifier le village de Fourques (5 des ides de juin 1 J93). Enfin,
le nom de Raymond de Serralonga se trouve dans une charte du
roi Pierre d'Aragon portant la date des ides de janvier 1202.
Bernard-Hugues de Serralonga, fils de Raymond de Serralonga,
signe, en 1217, la constitution de paix que Nunyo-Sanche fait jurer
par tous les seigneurs des comtés de Roussillon et de Cerdagne.
Le 3 des calendes d'avril i223, Arnald de Serralonga occupe le
siège épiscopal d'Elne. 11 était l'oncle de Bernard-Hugues. Celui-
ci épouse Ermessende de Cortsavi, veuve de Raymond de Ter-
mes, seigneur du Narbonnais. Bernard-Hugues assiste à la con-
quête de Majorque tentée par Nunyo-Sanche ; il prend part à une
expédition entreprise par Raymond Trancavel, vicomte de Béziers,
dans le but de reconquérir les biens qu'il avait perdus à la suite
de la croisade contre les Albigeois. Cette expédition échoue.
Tous les révoltés sont frappés d'excommunication par l'archevê-
que de Narbonne, le \ 2 des calendes d'août 1 242. Bernard-Hugues
J26 —
de SeiTalonga est du nombre. Ce seigneur disparaît en 1254. 11
avait fréquenté longtemps la cour du roi d'Aragon.
Guillaume-Hucrues de Serralonpa est le fils aîné de Bernard-
Hugues et d'Ermessende de Cortsavi. En 1260, il accorde divers
privilèges aux habitants de Millas : son épouse Guéralda l'avait
fait participer à cette seigneurie. L'acte le plus important de
Guillaume-Hugues est le testament qu'il déposa en 1267 entre
les mains d'un notaire d'Arles, avant de traverser les mers à la
suite de saint Louis. 11 meurt pendant la croisade.
"Bernard-Jiugues, son fils, est encore bien jeune. Son oncle Ar-
nald, archidiacre d'Eîne, administre sagement tous ses biens.
Cependant, en J285, Bernard-Hugues et Arnald se déclarent
pour le roi d'Aragon contre le roi de Majorque. Les domaines
de l'archidiacre sont confisqués, et lui-même se voit exilé à Pera-
lada. Bernard-Hugues se bat contre Philippe 111, roi de France,
en faveur de Pierre d'Aragon. La fortune ne lui est pas favora-
ble. Le domaine royal s'empare de ses biens, et le roi de Major-
que porte le titre de seigneur de Cabrenç. La paix d'Argelès,
conclue en 1298, rend à tous les révoltés roussillonnais la posses-
sion de leurs châteaux et de leurs terres.
Guiîlaume-Gaîcerand, fils de Bernard-Hugues, s'empresse de
faire arborer sa bannière sur la tour du manoir de Cabrenç. En
i3o2, il est à Gérone ; il assiste à la prestation de foi et hom-
mage que l'infant Sanche de Majorque doit faire au roi d'Ara-
gon à la place de son père. Trois ans plus tard, il prête, à son
tour, foi et hommage ?u comte de Emporias pour le château de
la Clusa. L'année suivante, il remplit le même devoir pour le fief
de Rayners vis-à-vis du roi de Majorque.
"Béàlrix de Serralonga est la fille et l'héritière de Bernard-
Hugues. C'est à elle que passent tous les biens de Guillaume-
Galcerand. Donc, ce dernier n'avait pas d'enfants. Béatrix de
Serralonga porte le titre de vicomtesse de Rocaberti après son
mariage avec un membre de cette famille. En i3)3, elle prête
foi et hommage au roi de Majorque pour le château de Cabrenç.
Elle (disparaît pendant l'année iSSj. Avant sa mort, elle était
allée se fixer à Massanet.
I 27 —
En 1 344, Pierre d'Aragon, entrant en Roussillon à la tête
d'une nombreuse armée, confie le commandement de l'arriére-
garde à Guillaume-Galcei and de J^ocaberli. Celui-ci assiste à l'an-
nexion du royaume de Majorque à celui d'Aragon. Le 7 février
i3t)8, il vend à Pierre Dcmenech. de Prats-de-MclIo, le terri-
toire de Vilaroja. Après la mort de Guillaume-Galcerand de
Rocaberti, Marie d'Arborea, son épouse, s'occupe activement de
l'éducation de ses deux fils. Garau et Guillaume, et de l'adminis-
tration des domaines de son mari.
Garau 7" ne fut pas habile dans la conduite de ses affaires. En
1407, il abandonne le château de Rayners a son frère Guillaume-
Hugues. Les affaires de ce dernier étaient aussi dans un état
déplorable. Quant à Garau, il était chargé de dettes. Le roi
d'Aragon ordonne une enquête sérieuse. Finalement, « l'enipara
real » est appliqué aux châteaux de Cabrenç et de Montalba.
Garau 1" de Rocaberti mourut probablement dans les prisons de
Barcelone.
En 1445, Dalmau de T^ocaberli prend possession du château de
Cabrenç et des domaines environnants. 11 avait sans doute
racheté ces biens. 11 les perdit de nouveau à la suite de la guerre
entreprise par Louis XI dans le Roussillon. Le seigneur de
Cabrenç avait embrassé la cause du roi d'Aragon.
Garau 11 de T^ocaberli, fils de Dalmau, avait recouvré, en 1493,
les domaines qu'il possédait dans le Haut-Vallespir (1). Malheu-
reusement il ne sut pas les conserver. Ses successeurs furent éga-
lement impuissants a payer trois rentes que Joana, fille de Béa-
trix de Castro et épouse du vicomte de Canet, recevait « sur les
biens et héritages qui furent du magnifique Garau de Rocaberti et
notamment et en oarticuiier sur les lieux de Cabrenç, Palay^a et
Montalba ». Aussi, en i5i2, le vicomte de Canet se déclare-t-il"
l'unique seigneur de la baronnie de Cabrenç.
{^. suivre) Joseph Gibrat.
I n En 1493, il renouvelle le bail de la forge de GaIJaras en faveur du
génois Jean Bëlando.
HYMNE
DU COQ CHANTECLER
AU SOLEIL
Chantecler, de E. Rostand, acte i, scène ii.
Toi qui sèches les pleurs des moindres graminées.
Qui fais d'une fleur morte un vivant papillon,
Losqu'on voit, s'effeuillant comme des destinées.
Trembler au vent des Pyrénées
Les amandiers du Roussillon,
Je t'adore. Soleil ! ô toi dont la lumière,
Pour bénir chaque front et mûrir chaque miel.
Entrant dans chaque fleur et dans chaque chaumière,
Se divise et demeure entière
Ainsi que l'amour maternel !
Je te chante, et tu peux m'accepter pour ton prêtre.
Toi qui viens dans la cuve où trempe un savon bleu,
Et qui choisis souvent, quand tu vas disparaître.
L'humble vitre d'une fenêtre
Pour lancer ton dernier adieu !
Tu fais tourner les tournesols du presbytère.
Luire le frère d'or que j'ai sur le clocher,
Et quand, par les tilleuls, tu viens avec mystère.
Tu fais bouger des ronds par terre
Si beaux qu'on n'ose plus marcher !
Tu changes en émail le vernis de la cruche ;
Tu fais un étendard en séchant un torchon ;
La meule a, grâce à toi, de l'or sur sa capuche.
Et sa petite sœur la ruche
A de l'or sur son capuchon !
HIMNH
DEL GALL CANTACLAR
AL SOL
Traduit de Chaniecîer, de Rostand.
Tu que '1 plor matiner del minim gram estanques,
que treus de) pétai mort un airôs papallé,
quan, com fulls de la vida, espoisa les Hors blanques
la tramontana per les branques
de l'ametller de Rossellô,
t'adoro, Sol ! O llurri que cada dia 'ns neixes
per endolcir les mels i senyar cada front,
no oblides ni una flor, ni una barraca deixes,
i, al compartir-te, no descreixes,
d'amor matern igual la font.
O Sol, te canto, sacerdot d'un culte insigne,
tu de qui M dit brillant belluga pel doll blau
del Safreig, i al vidret de la finestra signa,
quan se vol clucar, com a digne
de son ùltim adeusiau.
Els girassols de câ '1 rector, ets tu que 'Is gires ;
voltes de raigs mon germa d'or del campanar ;
i, pels olms aquietats d'amagatons quan mires, •
palets tant fins a terra tires
que un hom no gosa caminar.
Del poal enverniçat fas ànifora esmaltina ;
bandera, d'un pellot sobre lestenedor.
Per tu '1 cîmbori del palier d'or se patina,
i la pariona barretina
de) ruse s'enfloca de fîams d'or.
— i3o —
Gloire à toi sur les prés ! Gloire à toi dans les vignes !
Sois béni parmi l'herbe et contre les portails !
Dans les yeux des lézards et sur l'aile des cygnes !
O toi qui fais les grandes lignes
Et qui fais les petits détails !
C'est toi qui, découpant la sœur jumelle et sombre
Qui se couche et s'allonge au pied de ce qui luit,
De tout ce qui nous charme as su doubler le nombre,
A chaque objet donnant une ombre
Souvent plus charmante que lui !
Je t'adore, Soleil ! Tu mets dans l'air des roses,
Des flammes dans la source, un dieu dans le buisson î
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
O soleil ! toi sans qui les choses
Ne seraient que ce qu'elles sont !
Edmond Rostand.
'^i^^JV^^f'Jéf^^yjWS^^f'J^^^^^J^^^^^J
La Versi|ication de Frédéric Mistral ' ' ^
par Emile Ripert
L'auteur de La Terre des Lauriers (Prix National de Poésie,
1912), de Mu Pays de Jojfre [\^\6), de La T^enaissance Provençale
(Prix Thiers, iC)iy), etc.. n'est pas un inconnu pour nos amis.
M. Emile Ripert, qui, d'ailleurs, est membre de la Société
d'Etudes Catalanes depuis 2 ans, assista, comme délégué du Féli-
brige, à notre concours de langue catalane de l'année dernière ;
et M. Henry Aragon en fit l'éloge dans un bel article paru dans
notre Revue (2).
L'éminent professeur, de passage à Perpignan, a bien voulu
(i) Champion, éd., Paris, et A. Dragon, Aix-en-Provence, 6 fr.
(a) Cf. 7{evue Catalane, juin- «917, p. 84.
— i3i —
Gloria a tu su 'I prat i la vinya fullosa !
Beneït siguis sus la selva, el mont canut,
l'albor del cigne i '1 joc del lluert per la llosa,
tu que fas la linya orgullosa
i també '1 détail mes menut !
Cada forma, per tu, de germana s'acobla,
que negra se li ajau aprop i la segueix.
Tôt lo que 'ns atrau l'ull o '1 cor, tôt ho vols dohie,
fent soviny mes bella i mes noble
l'ombra que l'objecte meteix.
Sol, t'adoro î El cel tornes balsàmica gerra,
el riu foc, el tronc Déu. En l'immens horizon,
com una apoteosi alces l'arbre en la serra.
Sens tu les coses de la terra
serien no mes lo que son.
Pau Berga.
nous honorer d'une visite et nous offrir son nouvel ouvrage : La
Yersificalion Je Ttédéric Mistral.
Cette magnifique étude, que tous les lettrés, tous les admira-
teurs de Mistral et tous les amateurs de langues méridionales
liront avec intérêt, est le fruit de patients travaux ; l'auteur y
analyse point par point, et avec une technique incomparable,
l'oeuvre du grand poète de Maillane et les moyens poétiques sur
lesquels son inspiration prit forme. Ce travail précieux est le
commentaire tout indiqué de cette œuvre mistralienne, phare de
la latinité française et de la doctrine régionaliste.
Ch. Grando.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
6*^^^ (SUITE)
VJl. "Les Jardiniers (prevosts, sobreposats de ta orta) de la ville de Perpignan
sous les rois d'Aragon (i 397). Leur nomination. Importance de leurs fonctions.
Les jardiniers avaient défriché, au commencement du xm' siè-
cle, une grande partie des terres situées autour de Perpignan.
Les jardins avoisinaienr les maisons ; ils étaient groupés près de
la ville ou des faubourgs [barri) dans les quartiers particulière-
ment fertiles que l'on appelait à cette époque Vhorla vella (à Mal-
loles), Vhorta nova (1) (territoire du Vernet, sur la rive gauche
de la Tet) ; on y cultivait les différents légumes, mais on semait
aussi des céréales [1).
« Les jardiniers ont été les premiers habitants de Perpignan,
ils veulent y rester les plus influents... Ils prennent une place
qui n'ira qu'en augmentant: ils deviendront les arbitres et souvent
les maîtres du marché... (3) »
A cette époque la justice était tellement onéreuse, que les
populations durent sorger à régler avec moins de frais les diffi-
cultés de ce genre (4). On peut supposer qu'elles recoururent
d'abord à des arbitres, et qu'elles finirent par constituer en une
juridiction régulière et permanente les pouvoirs exceptionnels de
(i) Alart, T^otices historic[ues : Saint-Estève del Monestir : « Le chemin
que l'on suit depuis le "Pont de la Pierre jusqu'au territoire de Saint-Estève
traverse une longue suite de jardins, formant une de ces magnifiques hortes
qui entourent de trois côtés la ville de Perpignan. Celle-ci s'appelait déjà
Vhorta nova en 1225, et s'étendait à cette époque sur tout le quartier com-
pris entre la Tet, le chemin de Salses et les territoires de Vernet et de i
Saint-Mamet. *•
(2) Quando in dicfo orto est bladum...; et quando fiunl porros vel caules, \
dominus T(ex recipit unum reckum porrorum vel caulium... (Capbreu d'Argelès,
B. 3o, f" i3j. Et de blado agrarium et mediam cossuram. (B. 3], f" 5.)
(3) P. Vidal, Perpignan, chap. v, parag. 3.
(4) Procès résultant du droit de vain^ pâture : dommages causés par les
bestiaux, etc.
— i33 —
ces arbitres : de là sortit le tribunal des sobreposats de la horta (i)
qui durèrent jusqu'à la Révolution.
Nous allons voir quelles étaient leurs fonctions. Ces prévôts
ou surveillants des jardins étaient des estimateurs ou juges de
délits ruraux (2).
Voici comment ils étaient élus et quelles furent leurs fonctions :
Les sobreposats de ta hor'ra étaient spécialement chargés du
constat et de l'appréciation des dommages [taies e dans) causés
dans les champs, aux fruits et aux récoltes, et du jugement des
délits ruraux qu'ils entraînaient.
Ils étaient nommés par les Consuls et le Conseil de la ville.
Un privilège de 1348 parle déjà de cette institution comme d'un
usage incontesté (3) et la défend contre quelques hommes riches ou
nobles qui s'étaient élevés contre elle. Ce privilège maintient ces
magistrats populaires et confirme leur juridicition.
Ils étaient élus, totalement ou partiellement par les nouveaux
Consuls et leur Conseil ; aussitôt après leur installation, ils prê-
taient serment entre les mains du bailli.
Ils avaient auprès d'eux deux huissiers, saigs, ou porteurs de
messages, nommés par le bailli sur la désignation qui lui en avait
été faite par les consuls, et dont il ne lui était pas permis de
s'écarter (4).
D'après un privilège du roi Jacques de 1292, et d'autres de
1345 et 1 385 (5), outre les dommages causés aux champs, fruits
et récoltes, ils avaient le droit de faire couper les branches (6)
qui, par cas fortuit ou prévu, tombaient sur le fonds voisin ou
sur la voie publique, après dénonciation faite au propriétaire de
l'arbre. Ils devaient surveiller les chemins ruraux, les bien entre-
tenir et maintenir leur largeur ; ils étaient autorisés à les faire
(i) Brutails, Conditions des populalions, chap. xv.
(2) AiART, Privilèges et titres, page 227 : Ils étaient élus en même temps
que les Consuls et les autres fonctionnaires communaux. Avant la fin du
xiii' siècle, les Consuls de la Roca d'Albera n'avaient guère d'autres attribu-
tions que celles de sobreposats ou juges ruraux.
(3) Arch. comm., livre vert majeur, v, 54.
(4) Ibidem, livre vert majeur, 54.
(5) Ordinacions, i" y8.
(b) Bosch, 497 ; Ordinacions, f' 4.
- .34 -
rçparer et les déblayer aux frais des propriétaires limitrophes;
ils devaient encore surveiller les plantations de sureaux, de can-
nes, d'arbres servant de clôtures ; ils connaissaient de toutes les
questions d'arrosage (i), de toutes les contestations sur le bor-
nage (2), les chemins, les sentiers, rigoles, francs-bords, fossés
d'arrosage et autres objets de même nature, « de tots altres ques-
tions e contrasts, ço es de termens, de carreres, de senders, de
marges, de agulles, de reguatius, d'aygues, etc. » ; ils connais-
saient également de toutes les questions qui dérivaient des cours
d'eau, des moulins et de leurs écluses.
Ils avaient également le droit de juger toutes les causes relati-
ves aux dommages occasionnés aux propriétés des habitants de
Perpignan dans tout le Comté de Roussilîon, et même à celles
qui sont situées dans les territoires formant seigneuries, ainsi que
les causes qui concernaient les dommages faits aux propriétés
d'étrangers à la ville par quelque habitant (3).
La procédure à suivre était des plus simples : le plaignant s'a-
dressait aux consuls, aux syndics, et, en leur absence, à deux des
principaux propriétaires du lieu sur le territoire duquel le délit
avait été commis, en dénonçant le nom de son auteur s'il était
connu. Si celui-ci ne réparait pas le dommage, la plainte était
remise aux sobreposah de la horia, qui se rendaient sur les lieux
et procédaient à son estimation. Les saigs ou porteurs de leurs
messages (4) requéraient le plaignant et le défendeur de compa-
raître devant eux. Le premier se présentait avec ses preuves ; le
second avec ses exceptions et ses moyens de défense. Après avoir
entendu les parties, ils prononçaient leur jugement. Dans les
quinze jours, appel de ce jugement pouvait être porté devant le
bailli, lorsque les condamnations excédaient vingt sols (5). Le bailli
(1 ) Ordinacions, P 6.
(2) Arch. comm., livre vert mineur, AA. 3, t. 11.
(3) Arcli. comm., livre vert mineur, f" i\i v'\ 5 février i358. Confirma-
tion par le roî de l'ancien usage autorisant les sohreposats de Perpignan ;
d'estimer, dans toute l'étendue du comté de Roussilîon. même dans les
seigneuries des barons ou de l'Eglise, les dégâts causés aux biens des
Perpignanais.
(4) L' saig suu ha que façen les dites citations o assignacions o exequcionç
per preniment de penyores.
(5) Privilèges de 1497 et i5io.
— i35 —
devait prononcer dans un délai de quinzaine. Le jugement, com-
me ceux des clavaires, ne pouvait être attaqué par défaut de for-
me : ii suffisait qu'il reconnût et consacrât la vérité du fait.
En somme, c'étaient des agriculteurs consciencieux, des jardi-
niers probes qui ne puisaient leur décision que dans leurs cons-
ciences et dans l'appréciation des faits (i).
Un des documents les plus intéressants relatifs aux fonctions
multiples attribuées aux sobreposals de la horia est daté de iSgy.
Ce règlement stipule toutes les fonctions que doivent remplir les
chefs des jardiniers, et qui sont nettement et strictement déter-
minées.
San Feliu de Llobregat
7 septembre i 397
Privilegi dels sobreposats de la orta.
Nos Martinus, Dci gratia rex Aragonum, Valencie, Majori-
charum, Sardinie et Corsice, comesque Barchinone, Rossilionis
et Ceritanie, scientes et attendentes pro parte vestri fidelium nos-
trorum consulum ville Perpiniani, nomine et pro parte universi-
tatis ipsius ville et singularium ejusdem, nobis fuisse humiliter
presentata quedam capitula continentie subsequentis :
1. — Primerament, que'ls dits sobreposats delà orta de la vila
de Perpenya à decisir e declarar les questions e contrasts de les
gents sobre taies e dans donats à les pocessions dels homens de
Perpenya e autres coses, sien 1111, axi com tro ara es acostumat :
ço es assaber aquells dos que 1' mesier dels ortolans de la dita
vila tots anys han acostumat elegir, e aquells dos de la dita vila
que 'Is consols d'aquella tots anys acostumen elegir e que elegei-
xen en la vigilia de la resta de sant Johan de juny. Pero si alcun
any o anys aparia als consols de la dita vila esser fahedor que
(1) Les sobreposats ou prévôts sont rarement nommes dans les actes parce
que les contractants leur étaient soumis de plein droit. Parfois les parties
s'entendaient pour se soustraire à cette juridiction et soumettaient à des
arbitres leurs difficultés éventuelles : c'est surtout dans ce cas que les prévôts
étaient mentionnés. (J. Brutails, Idoles sur l'économie rurale du J^oussillon,
chap. Yii.^
— i36 —
d'aquells dos aquells elegeixen ni haguès 1 dels forans habitadors
de la dita vila, que ho poguessen fer, ço es assaber que pusquen
elegir ] de la dita vila e autre dels dits forans habitadors d'aquella ;
o si 'Is aparia fahedor que abdos fosen de la dita vila, que 'Is pus-
quen elegir tots anys en la dita vigilia, axi com es acostumat ;
aço retengut e réservât que si era questio o contrast davant los
dits sobreposats de qualque cosa pertanyent à lur offici entre
dues parts, la una part era ortola de la dita vila, muUer o fill
d'ortola, e l'autra part no era ortola ans fos autre menestral o
persona de la dita vila o fora la dita vila, que en tal questio o
contrast no entre ninguen ni hagen entrevenir, sino II] dels dits
sobreposats, ço es assaber, lo I d'aquells dos dels mester dels
ortolans, e los autres dos que no serân del dit mester ; e si fahien
lo contrari que 1' juhey o declaracio lur que ells farien fos cas e
va e no hagués valor.
II, — Item, que si alcun hom de Perpenya ha terres o poces-
sions en terme de alcun castell o loch de la terr-a qui faça comun,
e en les dites terres et pocessions o fruts d'aquelles li sera dat
dampnatge o li sera fêta tala, que l'om de Perpenya sia tengut
de denunciar al balle o à 1 consol, jurât o sindich o, en absencia
lur, à dues persones del loch on la pocessio o pocessions serân
en les quais haurà prés lo dan o tala, lo damnatge que prés haurâ,
dient-los com aytal dan o tala li es stat donat en aytal pocessio
per aytal hom, e, si no sap qui li ha donat lo dit dan o tala, que
lo comun li n' sia tengut per la forma e manera que vuy es, e
que, en aquest cas, denonciu contre 1' comun, e lo dit balle o
consols, dins dos dies naturals après la denunciacio continuament
comptadors, façen stimar à qui s' volrân lo dit dan o tala, e la
dita extimacio intimen e denoncien al dit hom de Perpenya, e,
si li plau la extima, dins autres dos dies continuament seguents li
façen satisfer la extima que fêta haurân ; e si no u fan dins lo dit
temps, que 1' dit hom de Perpenya hi puixa menar los sobrepo-
sats de la orta de Perpenya e perseguir la cosa, axi com vuy se
fa. E en cars que en lo dit temps lo dit balle o consols façen
satisfer al dit hom de Perpenya, si de la extima fêta per lo dit
balle o consols o per los diputats per ells dels dits lochs lo hom
de Perpenya no era o sera content, que puixa menar los sobre-
- .3; -
posats de la orta de Perpenya, los quais, si per aventura farân
semblant extima o menor que 1' balle e consols o autres per ells
en aço diputats haurân fêta, que 1' home de Perpenya en aquest
cars sia tengut à la anada dels dits sobreposats, e en aquest cars
no y haja apejlacio ; e si per aventura los sobreposats la fahien
major que 'Is dits balle e consols o per ells diputats, que l'hom
del casteli o comun, si de comun se sia clamât, sia tengut de
pagar la anada dels dits sobreposats ; pero en aquest cars sia
legut a cascuna de les parts apellar, si 'Is sera vist fahedor, o
perseguir lur fet axi e per la forma e manera que vuy se fa ; e
aquell qui à la fin no obtindrâ, sia tengut de paguar les mes-
sions, ço es que 1 hom o comun de fora obten finalment que
la extima fêta per los homens del casteli era justa o menor d'a-
queila, que '1 hom de Perpenya pach la anada dels dits sobrepo-
sats e totes autres messions ; e si lo hom de Perpenya obten final-
ment major extima que per los homens del casteli no li era stada
fêta, que aquell de qui s' sera clamât li sia tengut de paguar totes
les messions integrament e semblant que y sia fet al hom stran-
ger, si no s" ten per content de la extima dels homens del casteli.
E aximeteix per lo contrari si alcun hom de Perpenya fa tala à
alcun stranger, ço es que no fos de la dita vila, que aquell qui
haurâ presa la dita tala o denonciu aj balle o consol, jurât, o sin-
dichs o aquell o aquells qui en aço per ell o ells serân diputats
del loch ont sera la pocessio ont la tala sera fêta, o, en absencia
lur, à dues persones del dit loch, los quais, dins lo temps desus
dit, façen lur extima e la denoncien al hom de Perpenya qui s'
dira haver fêta la tala; e si, dins lo temps desus expressat, lo dit
hom de Perpenya no haurâ satisfet à aquell qui haurâ presa la
tala, que y puixa l'ome del dit casteli menar los sobreposats de
Perpenya. Si empero en aquesta denunciacio fahedora per home
de Perpenya o autre per ell e contre l'om de Perpenya, se
seguirâ negacio de part o contradiccio per manera que s'en hagués
fer juhev, en aytal cas la cosa haja venir davant los sobreposats
de la orta de Perpenya, per ço que en negun cars o partit l'om
de Perpenya no sia tengut de fer juhey fora son ordinari direc-
tament o indirecta (i) ni en aicuna qualsevol autra manera.
f I ) Encore une élision (pour indirectament .
— i38 —
111. — Item, si alcun hom de Perpenya o autre qui no fos de
Perpenya vindrâ davant los sohrepcsats, requirint-los que vagen
extimar en alcun loch o lochs alcuna tala o dan à aquell donat,
que 'Is sobreposatz lo enterroguen si ho ha denunciat al balle o
consol, jurât o sindich o autres persones del dit loch o lochs, axi
corn desus es dit, on la pocessio o pocessions serân en que lo
maliffici sera stat fet ; e si ha servada la forma en lo segon Capi-
tol desus contenguda ; e si diu que hoc, que si es hom de Per-
penya o stranger, que sia creegut à son sagrament, e, prés aquest
sagrament per los sobreposats, que puixen anar en la manera que
poden o han acostumat segons los privilegis de la dita vila, us e
observancia d'aquells. E en cars que 'Is dits sobreposats anasen
menys de la dita interrogacio e informacio prop dita, que no
puguen forsar alcuna de les parts de paguarios la anada.
1111. — Item, que si aprop la extima fêta per los dits balle o
consols, jurats o sindichs, o autres per ells diputats à aço, se
seauia plet entre les parts e s'en fahia apellacio, que neguna de
les parts vullas l'om de Perpenya, vullas lo stranger, no puixa
allegar la extima fêta per los dits homens de castell per senten-
cia, con, axicom desus es dit, no sia dada per manera de juhey,
ans les parts hagen obtenir aytantes sentencies com haurien si la
dita extima no era fêta.
V. — Item, que tots autres contrasts e questions, ço es de ter-
mens e de carreres, de senders, de marges, de agulles, de regua-
tius, d'aygues e d'autres qualsevol, exceptât de les dites taies e
dans, se haja recors als dits sobreposats, los quais puixen aquelles
conexer, sentenciar, determenar e exequtar en la manera que
poden e han acostumat segons los privilegis de la dita vila, us e
observancies d'aquells, les coses contengudes en los desus dits
capitols no contrastants.
VI. — Item, que los dits sobreposats pusque haurân vists à
hull los lochs dels contrasts o questions en que serân requets de
anar e serân anats, vinguen fer les declaracions e determinacions
que, hoydes les rahons e drets de les parts haurân affer sobre
aquelles, e façen dins la dita vila de Perpenya en lo loch d'aquella
— 1 39 —
on han acostumat tener e fer juhey, exeptat d'aquelles que be no
s' poden declarar ni determenar sine al loch del contrast vehen à
hull.
VU. — Item, que quant los dits sobreposats trametràn lur saig
o âaigs en alcun loch fora la vila de Perpenya per citar les parts
o per citar testimonis o per fer assignacions o per fer exequcio.
per preniment de penyores o en autra manera contre aquells qui
hauràn condampnats, los dits saig o saigs los sien tenguts e
hageh primerament requérir lo balle del dit loch o son lochtinent
o r saig suu ha que façen les dites citacions o assignacions o exe-
qucions per preniment de penyores o en autre manera. E si 1' dit
balle del dit loch o son lochtinent o 1' saig d'aquell les dites cita-
cions, assignacions o exequcions fer no voira o fer à longana, en
cascun dels dits cases lo dit saig o saigs dels sobreposats, en fadi-
gua e falliment del balle del dit loch e de son lochtinent o del
seu saig, puixa fer o faça les dites assignacions, citacions e exe-
qucions e preniment de penvores, axi e per la manera que sera
manat per los dits sobreposats, e que sobre la dita fadigua, en
cars que autra prova no y hagués, sia donada fé à relacio del dit
sai£^ o saigs dels dits sobreposats.
VI II. — Item, si per aventura lo dit saig o saigs dels dits
sobreposats no trobaven al dit loch lo balle o son lochtinent o
saig d'aquell, que ho hagen intimar e requérir à la casa del dit
balle o del dit lochtinent o la muller companyes d'aqueils, affi
que hi trameten missatge e que lo façen venir, e si no venia o
venien e no complien à les dites coses que séria request, adonchs,
en fadigua e falliment lur, los dits saig o saigs dels dits sobre-
posats puixen fer, façen e complesquen les dites citacions, assi-
gnacions e exequcions e preniments de penyores, axi corn dit es.
IX. — Item, com sia per privilegi que los dits consols poden
elegir tots anys un saig de la cort del balle de la dita vila e au-
tre qualsevolrâ qui faça les citacions, exequcions c autres coses al
offici dels dits sobreposats pertanyents, e que 1' dit balle, aquell
e no autre, haja à mètre e jurar en poder seu, volem que d'aqui
avant, pusque lo saig haura jurât en poder del dit balle, no sia
— «40 —
tengut de jurar en poder de) veguer de Rossello ni de negun
autre officiai ; ni 1' dit saig sia tengut de tenir taula (j), axi com ni
los ditz sobreposatz ni I' dit saig son acostumats la dita taula
tenir.
Pero sia entés que si als consols de la dita vila qui ara son o
per temps serân, ab lo conseil gênerai de aquella, aparia quant
que quant esser pus profites e pus expédient à la dita vila e als
singulars e habitants de aquella usar dels privilegis e ordinacions
à la dita vila e universitat de aquella ja autregats e atorguats per
lo molt ait senyor rey Em Père, pare del dit senyor rey, e
per (2) SOS predecessors de gloriosa memoria o alcun o alcuns
de aquells, en e sobre e contre les dites coses en los dits capi-
tols contengudes en tôt o en partida, que els dits consols e sin-
gulars habitadors de la dita vila als dits sobreposats présents o
sdevenidors, ab lo dit conseil, sera vist fahedor e pus si Ms vol-
rân los dits privilegis e ordinacions e us d'aquells, en tôt o en
partida liscar, e les coses desus en los présents capitols conten-
gudes tornar e d'aquells usar en tôt o en partida, e en aço puguen
variar totes e aytantes veus quant que quant los dits consols ab
lo dit conseil volrân e à ells sera vist fahedor.
Ad suplicationem' perhumilem vestri pro parte dictorum consu-
lum et proborum hominum ville prefFate Perpiniani, capitula
preinserta et omnia et singula in eis contenta laudamus, aproba-
mus ac nostre confirmationis presidio roboramus, mandantes per
presentem cartam nostram Gubernatori Rossilionis et Ceritanie,
vicario Rossilionis et Vallispirii et bajulo Perpiniani ceterisque
universis et singulis officialibus nostris presentibus et futuris et
dictorum officialium locatenentibus quatinus laudationem, aproba-
tionem, ratifficationem et confirmationem nostras hujusmodi ratas
et gratas et firmas habeant, teneant et observent, tenerique et ob-
servari inviolabiliter faciant per quoscumque et non contraveniant
nec aliquem contravenire permittant aliqua ratione. In cujus rei
testimonium hanc fieri et sigillo nostro pendenti jussimus comuniri.
Datum in loco Sancti Felicis de Luprecat..., VU" die septem-
(1) En marge: lo saig ni 'Is sobreposats no son tenguts de tenir taula.
(2) De.
— 141 —
bris, anno a nativitate Domini M'.CCC .XC. VU', regnique nos-
tri secundo.
Matias vic|e cancellarius].
Sjg-(s. royal) -num Martini, Dei gratia régis Aragonum, Valen-
cie, Majoricharum, Sardinie et Corsice, comitisque Barchinone,
Rossilionis et Ceritanie. REX MARTI NUS.
Testes sunt Hugo de Sancta Pace, Q^jabertus de Senciilis,
Petrus de Montecatheno, Guiilelmus de Perapertusa, Petrus
Sanccii de Calât... (i), milites.
Sig-(s. manuel)-num mei Francisci Pelicerii, predicti domini régis
scriptoris, qui, de ipsius mandato predicta scribi feci et clausi ;
corrigitur vero in lineis ii « offici dels sobreposatz », vi' « aparia
fahedor », vin' « ter », xxn' « de », xxix « que », xxxn' « los la a
aço », xxxvju' « la dita », et xxxix' « vesen » (2).
(A suivre) Henry Aragon.
(ij Abréviation par suspension.
(2j Arch. comm., AA. 3, livre vert mineur, tome 11, f" 354 \°, 358.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
4yetS^ (SUITE)
gafetetS. — voir apegalos.
gafetS, bardane. — Ueparassa, repalassa.
gâtions, bugrane. — adruls.
galda (et gualda). gauJe, — voir gauda.
gallara. — voir galzeran.
galIeretS. — voir fumaria, fumosterra.
gallo. — voir salvia.
galzeran (et gatzeram et galzerà), fragon, peiii houx. — brusca,
boix mascle, gallarà, mata-aranyes.
gamonet, asphodèle. — porrassa, porrcca.
— 142 —
garrave. — voir carlina.
garravera. — voir gavarrera.
garrJC, chêne kermès. — garrulia, carrasca.
garrofer, caroubier. — algarrofer.
garronada, souci, — boixacs, maravelles, gojets, graugets.
garrulia (et garolla). — voir garric.
garuppa, camelée. — olivereta.
gatell. — voir tamariu.
gatosa. — voir argelac.
gatsalzer, petit saule.
gatzeraiîl. — voir gaizeran.
gauda, gaude. — herba de la gauda, galda, gualda.
gavarrera (et gavarnera, et gavarra), églantier. — garravera,
despulia-belitres, roser de marge, tapa-cul.
gavet. — voir boixerica.
gensana, gentiane, — llensa.na.
gerani, géranium. — agulles, bec de grua, forquetes, retorcits.
gersera (et gerdera), framboisier. — gers, gerd, gert, jordô,
morera de Sant-Joan. .
gespa. — agrostide.
geSSami, jasmin. - — jassemi, englantina.
ginebre, genévrier. — sabina, sivina.
ginesta, genêt. — escoba.
ginestella, genêt velu. — balec, balac.
ginestola, osyris. — retrama.
ginestrola, chanterelle.
gingoll. — voir conillets.
ginjoler, Jujubier. — arbre de vida.
giraSSOl, tournesol.
giSpet. — voir xispet.
givert, persil. — juiivert.
« bort, petite cigiie.
givertassa, cigûe. — fenoll de bôu, fenoll de gripau, tora pudent,
caiamac.
gOig. — voir francessilla.
gojets. — voir garronada.
gOS. — voir conillets.
gram, chiendent. — agram.
- 143 -
grana (et grans), garance. — roja, gransa.
« d'AvinyÔ. — voir aladern.
granadeila. — voir morella roquera.
granadura, grémil. — mill del sol.
granalluda, herniaire. — herba de la pedra, herba turca, cent
en granes.
gransa. — voir grana.
grauget. — voir garronada.
grèvol, houx. — boix grèvol, agrifoli.
grexol, lis blanc. — Iliri, lliri de Sant-Antoni.
grOSeller, groseillier. — agrason, riber, ribes.
gruà (mill). — voir blat d'india.
gUarda=roba. — voir espernallac.
guixa, gesse.
gujol, gouet, arum. — candela, sarriasa, grujol.
(/? suivre)
Fédération Régionaliste Française
Siège social provisoire: i5o, boulevard Saint-Germain, Paris
La Fédération Régionaliste Française, réunie en « journée
d'études », au Musée Social, a Paris, les 21 et 22 mai 1918, a
émis les vœux suivants :
La Fédération Régionaliste Française, sans entrer dans l'exa-
men détaillé des différents projets soumis au Parlement, demande
à celui-ci d'entreprendre, dans le délai le plus- rapproché, la dis-
cussion des projets tendant à l'organisation administrative de la
France par Régions ;
La Fédération Régionaliste Française émet le voeu que les dif-
férents Ministères, notamment ceux qui concourent le plus direc-
tement à la production économique, qui ont entrepris de réorga-
niser leurs services sur des bases régionales, concertent leurs
efforts sous la direction de Monsieur le Ministre de l'Intérieur
pour en hâter la réalisation.
ECHOS
Nos hôtes
Nous avons eu le plaisir de serrer la main au maître Déodat de
Sévérac, auteur de la musique d'Tféliogabale, du Cœur du Moulin
et de bon nombre de compositions sur des thèmes catalans, parmi
lesquelles E/ Cant del Yallespir (paroles de Jean Amade).
L'éminent compositeur, qui consacre le meilleur de son temps
aux œuvres de bienfaisance, était venu prêter son concours à la
Kermesse du i3 juin, où un grand concert était organisé en vue
d'élever un monument commémoratif aux Anciens Elèves du Col-
lège, morts pour la Patrie. Le matin, il a tenu l'orgue à la
grand'messe à la cathédrale Saint-Jean,
C'est M. Déodat de Sévérac qui eut l'idée d'introduire les ins-
truments catalans dans l'orchestration d'Tiéliogabale. L'on sait le
succès qui couronna cette hardiesse et le triomphal accueil qui
fut fait à Paris, il y a quelques années à nos jutglars cérétans.
C. G.
Nos amis de Catalo£[ne
•
Il vient de se constituer au Foyer Français de Barcelone, sous
la présidence du maître Apeles Mestres, le Comité barcelonais de
l'Œuvre des Maisons Claires. Ce Comité résume ainsi son but :
« accollir cert nombre de fills y filles pobres de soldats francesos
a fi de posar-los a labric de la miseria y dels perills immédiats
de la lluyta. »
Eglogues
Quelques amis et admirateurs du jeune et déjà illustre écri-
vain catalan Alfons Maseras ont décidé de lui offrir, en témoi-
gnage de sympathie, à l'occasion de son mariage, une édition de
luxe de ses compositions classiques inédites.
L'ouvrage intitulé "Eglogues, tiré sur papier fil, est richement
ornementé ; c'est une œuvre d'art que les bibliophiles collection-
neront avec plaisir.
Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de ia Poste, Perpignan
12 Année N- 141 15 Juilletl9I8
Les Manuscrits non mserci
ne son: oas rendu».
REVUE
Les Articles parus aans ia Revue g "^ J^ ^1^ ^V T ^^ T^l wré
n'engagent que ieurs auteurs. ^■^Ajk A A AA^A «^X^ Jm/
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an.
La gracia suprema
Arrogant, pie d'orgull, aïs Deus va presentarse
y al Pare de tots ells aixis apostrofà :
« Ey, tu ! de tôt lo mon jo vull ser senyor linich » ;
y fulgurantli ells ulls, digue Zeus : a No ho seras ! »
L'orat se redrecà, v a Paias Atenea
contemplant fit a fit, va dirli ab gravetat :
« De tots els soberans jo vull ser el mes sabi » ;
y Minerva, ab desdeny, respongué : « No ho seras ! »
Va dirigirse altiu al pare de les Muses,
y, probant d'endolcir la veu, aixis parla :
« Vull asseurem al cim del temple dels poètes » ;
V ApoMo, cellajunt, respongué : « No hi seuràs ! »
Y va encararse ab Mars, el déu de les batalles,
tôt mostrantli l'acer sospès a son costat :
a Vull se '1 terror del mon î Vull se '1 llamp de la guerra ! » ;
y Mars, brandant el cap, respongué : « No ho seras ! »
Llavores, convulsat pel despit y la rabia,
dirigintse a Plutô, murmura babejant :
n Vull ser el mes odiôs y el mes odiat dels homes I » ;
y Plutô, complacent, va respondre : « Ho seras I j>
Apeles Mestres.
r
Monscnyor Carsaladc '^
Per aquest febrer dèu haver fet dos anys d'aquells dies ines-
borrables. Les crôniques de la prempsa ressenyaren suscintament,
mes aviat ab fredor qu'ab entusiasme, els fets que varem presen-
ciar els catalans qu'ab franca hospitalitat forem rebuts peis rosel-
jonesos en dies de dol, corn per dirnos ab amor unes paraules de
fraternitat y de greu. EUs sabien qu'aqui, germans séus, havien
dit en veu alta y en moments de prova coses que negaven la seva
llatinitat. Volien unes paraules de consol dels qu'eren fidels a la
raça, dels que seguien tenint a França com a la seva mare espiri-
tual, enlluhernats encara pel far lluminos de la cultura francesa
qu'els segles havien bastU.
Han passât dos anys. ^ No convindrîa que se 'n guardés altra
memoria que la de les crôniques periodistiques que's perden ?
Els que no podrèm may oblidar aquelis dies, ^ no hauriem de fer
alguna cosa mes que destriar les emocions rebudes en moments
de meditaciô callada y assaboriries delicadament per sentir dintre
l'anima devota '1 séu gust de fortitut y de gloria en el dolor ?
Recordant aquelis dies de tantes emocions, se 'n desprèn una
figura mes alta que les altres. La volta una llum de gracia que
no podrà apagarse may. Es Monsenyor Carsalade du Pont, bisbe
de Perpinyà, tan dévot de Catalunya que ha après y parla cor-
rectament el català pirenench, que ha restaurât les ruines de l'an-
tiga abadia de Sant Marti del Canigô y que té sempre una mi-
rada d'amor per Barcelona, a la quai altes proves té donades del
séu entusiasme.
Monsenyor Carsalade té la testa inclinada y en les sèves pàii-
des faccions, hont l'anima sembla que dévora la carn axuta, porta
no se quina semblança ab aquell papa poeta que va ser Lleô XllI.
Com una état indefinida volta aquestes faccions, amoroses y pie-
nes de simpatîa pel que '1 mira, y que tenen força y vigor encara,
apagats mes aviat per la consumpcio de l'anima que no pas pels
anys. '
(i) De la revue Catalana. de Barcelone.
t
]
i
— 147 -
Al entrar a França, en la nit freda de febrer divinament
estrellada, ja sentirem com una impaciencia de poguerlo veure.
Era la primera vegada que petjavem la terra de França en els mo-
ments tràgichs de la guerra gran. Veyem ab els nostres ulls sol-
dats heroychs dels que 's batien per la causa del dret. Y endins
de la nit, d'aquella freda nit d'hivern açotada per la tramontana
pirenenca, ens esperava l'apariciô terrible y temuda del primer
mutilât. Y mes endins encara de la nit hi havien les llars en dol,
les llàgrimes amagades, les ruines encara fumejants dels temples,
els infants ignoscents ab les mans mutilades, les dônes caygudes
al fanch, la terra invadida, y tants ferits en els Hits blanchs y
pulcres, y tantes dônes maternes a cada capçal, y '1 fum, y la
desolaciô, y l'angunia, y '1 gran burgit del combat, y enllà, mes
lluny encara, sobre les aygues del mar, noyés mortes flotant ab
les dolces cabeileres vessades pels esculls. Y alli, en aquelles pri-
meres terres de França, nosaltres, els catalans, caminavem en
silenci, entre 'Is soldats, agitats per la nostra tramontana !...
Monsenyor Carsalade, l'endemà dematî, ens va rebre en el
a Saint-Sacrement » revestit per la missa. Ens abraçava a tots y
tenîa per cada amich que reconexîa una paraula de bondat tren-
cada sovint per l'emocio. Ens parlava en català ab claretat v cor-
recciô, com si li fos natural la nostra llengua.
Varem parlar poca estona. Els soldats ja feya mes d'una hora
que 'ns esperaven a la capella. Precedits pel bisbe que benehîa
als fidels ab la- ma hont refulgia l'amatista pastoral mentres ab
l'altra sostenîa '1 bàcul de pedreria, entrarem a la capella, entre
dues fileres compactes de dones. Teniem el lloch senyalat y 'ns
asseyem davant del altar. Monsenyor s'agenollava en el séu recli-
natori de seda carmesi, y resava. Estava en la mateixa actitut
qu'en la bella esculptura de Gusîau Violet, coneguda d'alguns
anys a Barcelona.
Darrera nostre no veyem mes que 'Is capots blaus dels soldats
convalescents ab les testes cenyides de venes blanques allî hont
rajà la sanch generosament oferta. El sacerdot qu'oficiava era un
soldat convalescent també. Als costats de la capella, sota 'Is altars
laterals, les dônes resaven, moites d'elles ab les cares cobertes
d'un robatge de dol que dévia amagar les sèves llàgrimes. Refu-
giades belgues cantaven al chor y ressonava per la volta '1 nom
— 148 —
sagrat de la França. Monsenyor parlava als soldats, parlava en
català als catalans qu'escoltavem ab la testa baxa, com sentint
passar un àlit.d'infinit. Monsenyor semblava transportât per sobre
la seva condiciô d'home, com si l'anima sola parlés en ell. Agi-
tava 'is braços. Y 'ns semblava que si en aquell moment, dintre l'es-
glesia tota ressonanta del nom immèns de la França, entressin els
enemichs y esfondressin les imatges y enrunessin l'altar, les parets
no haurien caygut y la volta sencera s'hauria alçat, per miracle,
mes alta, com si els braços de Monsenyor s'obrissin, s'obrissin y
plens de celestial poder poguessin contenir tota l'esglesia !...
Encara 'ns sembla vèurel a la tarda d'aquell dia, sobre l'esce-
nari del teatre. j Quina força de convicciô palpitava en les sèves
paraules, ab quina energia y ab quin dolor les deyaî « Diguèu als
amichs de Catalunya qu'heu vist un bisbe en l'escenari d'un tea-
tre. Vivim uns moments tan tràgichs, tan ûnichs en la historia,
que totes les velles disciplines cauen y s'alça una nova disciplina.
En aquests moments la mitra d'un bisbe pot ésser un casch y '1
bàcul una espasa... » La França es eterna per que té homes axi !
L'ûltima visiô de Monsenyor Carsalade en aquells dies mes-
borrables, va ésser l'endemà al mati en l'antich pensionat del
« Sacré-Cœur » transformat en hospital de la guerra gran. Era un
demati d'hivern que semblava pressentir la primavera. El sol era
tebi, el cel blau, els camps extesos ab una frisança de sembrats
indecisos que '1 vent pentinava en mil sentits diversos. Al lluny,
el Canigô 's retallava, purissim en el cel, com un joyell d'argent,
sensé un fil de boyra ni un esqueix de nûvol.
A la porta del hospital, entre 'Is metges y les dônes de la Creu
Roja, ens esperava Monsenyor. Y les sèves paraules de benvin-
guda foren per recordarnos una vella cançô de les nostres mon-
tanyes : — » Catalans, i heu vist el Canigô ? j Ah, « montanyes
régalades » ! — Els nostres llavis besaren l'anell. Varem sentir
tota la poesia, l'aspre perfum de poesia d'aquelles paraules. Y
evocarem a Monsenyor, allî, a Sant Marti ; entre 'Is boscos olo-
rosos de gersos, a la falda d'aquella montanya que va inspirât la
gran creaciô verdagueriana.
Per les sales del hospital ell ens guiava caminant davant de
tots. Vora dels Hits les infermeres ens miraven passar. Vestien el
gentil vestit bianch, la testa cenyida dins el drapatge quostenta
— 149 —
una petita creu roja sobre mateix del front. Elles feya divuyt
mesos qu'estaven alli, sensé defallir ni un moment. A cada taula
de nit hi havien algunes flors. Elles escampen per les sales la gra-
cia senzilla y franca de la feminitat.
El sol matinal alegrava les grans finestres y arribava fins a
vora 'Is Hits hont jeyen els ferits. Ens acostarem als Hits. A
aquest soldat una bala se li va endur la mandibula y no he vist
rès mes terrible qu'aquella cara sensé gayrebé forma humana. Un
altre 'ns parlava clarament : « Sôch de Boulogne y tinch la mul-
1er y Is fills en els departaments invadits. Ja fa un any que no 'n
se rès... » Una infermera pàiida 'ns contava la seva novela d'amor:
« Als quatre dies de casada '1 meu marit va sortir cap a Salônica.
Ja fa môlts dics que no se rès d'ell... » Hi havia un home que
somreya al sol que '1 besava, qu'olorava ab alegria les flors del
séu capçal : « Si vegessiu la ferida que té a la cama '1 meu ferit ! »
ens deya la seva gentil infermera. Y l'ayre sa del Canigô entrava
per les finestres obertes animant als convalescents, féntloshi clou-
re 'Is ulls com si no poguessin soportar, al sortir de la febre que
'Is consumja, aqueila Hum de primavera que 'Is invadia '1 Hit. Y
Monsenyor anava dihent, movent el cap, als ferits y a les infer-
meres : — ; Coratge, fills meus! j Coratge, filles meves ! j L'hora
vindrà de la Victoria !
Y al dir axô, ; quina fè hi havia en les seves paraules sagra-
des î ; Qui'na fè hi havia també dintre cada un de nosaltres !...
Joseph Massô y Ventôs.
Les premières bibliothécaires de Catalogne
L'on vient de créer en Catalogne d'importantes bibliothèques
dans un certain nombre de centres, et des jeunes filles ayant suivi
des cours spéciaux en ont reçu la direction.
La première nommée de ces bibliothécaires, M"" Maria Rossell,
a fait ses premières études dans notre département, à Saillagouse
et à l'Ecole Supérieure de Prades.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
xië^t^ (SUITE)
H
herba argentada, akhimille. — herba botera, estelada.
» a très claUS, lampourde.
» berbera. verveine. — verbena.
» blanca, alysson. — caps blaus.
» bona. — voir menta.
» botera. — voir herba argentada.
» cabrera, psoralier. — cabruna.
» Caminadora. — voir passa-cami.
» Cana, séneçon. — herba de les cardines.
» Carnera, acanthe. — herba de la ma de l'home.
» Caxalera (et queixalera), jusquiame. — herba de la ira,
herba de era, mata-gailines, velesa.
» cremadora, denlelaire.
col (et herba colera). — voir cart.
Cliquera. — voir esparnallac.
daufinera. — voir aizineta.
de les abelles, méUloî. — almegô, corona de rey.
» de l'ala, inule. — ull de cavall.
» del atnor, réséda. — mardujî.
del ballester. — voir ballestera.
del balsém, brunelle. — herba del trahidor.
del bri, dompte-venin. — herba del cor.
del cancer, épervière. — orella de rata.
»
»
» de les cardines, séneçon. — herba cana.
de cent nuSOS. -- voir passa-cami.
de citrô. — voir tarongina.
» del COlom. — voir fumosterra, fumaria.
» del cor, dompte-venin. — herba del bri.
» del COrC. — voir sarrons.
» delS COrnS. — voir coscoll.
— i5i —
herba del COtÔ, sinaigrelte.
» de la Cremadura, orpin. — crespinell, bona-ventura.
» de Cristall, ficoïJe glaciale.
» del eu :ut. — voir primavera.
» de renaigament, sorte de scabieuse.
B de les encantades, circée. — herba de sant Esteva.
» de Fera. — voir herba caxalera.
» de l'espant. — voir arnica.
» de la feridura, épiaire. — té bort.
» del ferro, hippocrépide. — desferra-cavalls.
» del fetge. — voir buixol.
» de la fluxiÔ, passerage.
B dels gatS, cataire, népète. — nepta.
B de la gauda, gaude. — galda, gualda.
» de la goda (et de les gOtes). — voir adzari.
» de les granyotes, renoncule flottante.
B de la ira. — voir herba caxalera.
» de Job. — voir ridorta.
» de les llagUeS- — voir ridorta.
» de les lluneteS, lunetière, alysse.
» de la ma de l'home, acanthe. — herba carnera.
» de la Mare de DeU. — voir morella roquera.
» de la melsa, scolopendre. — llengua de cervo, herba melsera.
B de les menstrues- — voir altimira.
» de les moreneS. — voir herba saloni.
» del moro, réséda raiponce.
» de Nostra^Dona. — voir morella roquera.
B de les nou camises- — voir mil fulies.
» de paret- — ^olr morella roquera.
B ■ del passarell- — voir traspic.
B del pastorell, capselle. — sarrô de pastor, sarronet.
B de la pedra. — voir granalluda.
B de la plata, lunaire. — pecetes.
» del pobre home. — voir ulmaria.
B dels poils, staphysaigre. — paparra, cibadella.
» del porc, pcrcelle.
B de primavera, pervenche. — pervinca.
» del pulmô, pulmonaire. — herba pulmonera.
— l52 —
herba de les puces, plantain puder. — seragatona, pucera.
» de la roca, lichen.
» de Salobre. — voir salicorn.
» de sant Antoni, épihbe.
» de sant Benêt, benoîte. — rèvola.
» de sant Cristofol, actée à épis.
» de sant Domenech. — voir aizineta.
» de sant Esteva, drcée. — herba de les encantades.
» de sant Guillem, aigremoine. — cerverola.
» de sant Joan. — voir trescam.
» de sant Llorens, bugle, sanicle. — sanicula.
» de sant Pau. — voir primavera.
» de sant Roc, puUcaire.
» de santa Barba, veîar.
» de santa Catarina, impéraioire.
» de santa Margarita. — voir caxalagua.
» de santa Maria. — voir tanarida.
» de santa Rosa. — voir ebutiscla.
» de les scrofules, scrofulaire. — setja.
» del tall. — voir mil fulles.
» de les talpes. — voir herba taupera.
» del tarau. — voir centaura.
» de les tores. — voir tora.
» del trahidor, brumlk. — herba del balsém.
» de la Trinitat, pensée. — pensament.
» de Ventura, méHloi bleu.
» dels verms. — voir tanarida.
» de les verrugues. — voir herba saloni.
» de les xinxes. — voir aloc
v> dormidora, pavot. — cascaii.
» flatera, ivette. — iva, mirambell.
» formatgera. — voir cart.
» lletera, laileron. — llacsô, lletissô.
» melsera. — voir herba de la melsa.
» pudenta, chénopode. — pix de cà.
pulmonera, pulmonaire. — pulmonaria.
»
» puntera, consoude. — consolda, llengua de vaca.
»
queixalera. — voir herba caxalera.
— j53 —
herba Sabonera, saponaire. — saboneta.
» Saioni. chéUdoine, ficaire. — herba de les verrugues, herba
de les morenes.
» Sana- — voir menta.
» taupera, dalura slramonium. — herba de les talpes, pudent.
» turca. — voir granalluda.
» VOmitoria. — voir baladre.
» VOrmera, clématite droite.
hiSOp, hysope. [A suivre)
SANG EN ROVELL D'OU '^
Poésies de J. Perez-Jorba
C'est un livre plein de sincérité, retraçant des scènes émou-
vantes, des scènes vécues de la grande guerre ; l'auteur y rend
un éclatant hommage à la France, sa seconde patrie, et sa lyre
vibre de tout l'enthousiasme d'un cœur nénéreux et noble.
Si l'on a critiqué parfois le genre de Perez-jorba, la ciselure
caractéristique de son vers a suscité une certaine curiosité par ses
affinités avec la jeune école des Appolinaire, Pierre-Albert
Birot, etc.
Les essais de notation linéaire audacieusement lancés par les
impressionnistes et cubistes français ont déjà pris place dans le
catalan avec J.-M. Junoy, l'homme des tendances nouvelles,
Perez-Jorba et quelques autres écrivains ; leurs effets géométri-
ques arrivent parfois à créer de puissantes et justes suggestions ;
et c'est là de l'art, quoi qu'on en dise. Le tout est de ne pas
tomber dans l'exagération.
11 convient d'ajouter, tout en l'honneur de M. Perez-Jorba,
que, même sous l'empire d'un profond et très louable sentiment
d'horreur envers les barbares modernes, qu'il flétrit comme il con-
vient, il ne s'est pas départi d'une tenue littéraire parfaite ;
et le poète ne l'a pas cédé à l'érudit, dont chaque composition
est un précieux vocabulaire. Ch. Grando.
(i) Barcelona, llibreria A. Lopez, rambla de! mig, 5 pessetes.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
4^^^^ (SUITE) ^
I
yiJJ. T^ofes relatives au lambeau du toi Sanche [ 2 i mars i 332 ) ; aux cloches et J
au clocher de Saint-Jean (1 352-1398) ; au trésor de la chapelle du château
des rois de Majorque ( t'^ÇfS) ; ei aux biens de la Communauté de Saint-Jean
de Perpignan (1710).
§ 1 . La chapelle et le tombeau du roi Sanche
(Com lo Rey deu pagar cascun any ce. lliures à la Capella de Sant-Johan ( 1 )
Palma, 2 1 mars 1 332
Par mandement de Jacques 11, du ^\ mars i332, le roi ordon-
nait, pour honorer la mémoire du roi Sanche de Majorque (2),
la construction de la chapelle et du tombeau du souverain, dans
l'église Saint-Jean de Perpignan (3), moyennant le prix de deux
cents livres de Barcelone et un versement annuel de deux cents
autres livres jusqu'à l'achèvement complet de ce monument (4).
Les dépenses relatives à l'érection de cet édifice devaient être
(i) Arch. comm. de Perpignan, livre vert mineur, AA. 3, f° 134.
(2) C'est le roi Sanche qui, en 1324, avait posé la première pierre de la
basilique actuelle.
(3) Super una capella facienda et uno tumulo in illa ecclesia Sancti Johannis
de Perpiniano...
(4) Ducentem libres barchinonensium , et ex tune alie ducentem libre barchino-
nensium quolibet anno... — 11 existe sur les deux piliers, en entrant dans
l'église par la porte latérale, deux inscriptions commémoratives en témoi-
gnage de la pose de la première et de la seconde pierre de l'église dont
voici la traduction : « Première pierre que notre très illustre seigneur don
Sanche, roi de Majorque, a posée dans les fondements de cette église, le
5 des calendes de mai, l'an du Seigneur 1324. — Seconde pierre que le
révérend Bérenger Batlle, par la grâce de Dieu évêque d'Elne, a posée
dans les fondements de cette église, le 5 des calendes de mai, l'an du Sei-
gneur i324 ». (Cf. P. Vidal, Perpignan, page 442.)
— j55 —
affectées aux revenus et bénéfices annuels royaux, et contrôlées
par les procureurs désignés des comtés de Roussillon et de Ccr-
dagne (i).
La même année, et le 21 mars, le roi Jacques 11, par mande-
ment, autorisait l'expropriation des immeubles avoisinant le cime-
tière de Saint-Jean de Perpignan, pour agrandir ce cimetière
dont une partie est occupée par la nouvelle église en construc-
tion (2) : « que los consuls poden pendre les cases qui son enlorn lo
cemenleri de Sani Johan per crexer aquell {3) ».
Ce projet d'agrandissement avait été conçu par Bernard Gil,
consul, Jean Fabre et Maillol Cadany, délégués des consuls de
la ville de Perpignan.
§ 2. Les cloches et le clocher de l'église Saint-Jean
La cloche de l'horloge
1352-1398
Ces notes historiques ont été inscrites sous forme d'éphéméri-
des dans le calendrier qui figure en tête du livre vert mineur (4) ;
elles sont relatives : 1° aux deux grandes cloches (5) et à la cou-
verture de plomb du clocher (6) de l'église Saint-Jean de Perpi-
gnan, dont les travaux furent faits le 9 novembre i352 ; 2° à la
cloche de l'horloge (7), fondue -par Jean "Verger, de Girone, le
19 septembre ]398.
(^1) Voir à l'appendice le document in extenso.
(2) l^ropier opus ecclesie nove que fil ibidem...
(3) Arch. comm., livre vert mineur, AA. 3. f i34 v". Voir a l'appendice
le document in extenso.
(4) Arch. comm., f' viiT r" et v'. (Jl s'agit, bien entendu, de Saint-Jean-
le-Vieux. )
(5) "Duo .timbata majora ecclesie sancti Johannis.
(6) Coopertam plumbi cloquerii dicte ecclesie. (Voir plus loin la note d'HENRY,
Hist. de T^oussillon.)
(7) Extilit fusum et factum simbalum horarum sive horelogie cluquerit Sancti
Johannis dicte ville.
— i56 -
De simbalis sancii Johannis, e de la cuheria deî cîuquer \
Voici les principaux faits rapportés dans ce document : (i)
Le 9 novembre i352, sous le consulat de Jean Homdedeu, |
Ermengald Martin, Jean Gilles, Jean Minyan et Pierre Vivers, j
ont été fondues les deux grandes cloches de l'église Saint-Jean |
de Perpignan. Les dits consuls, d'après le document, avaient j
auparavant, et la même année, f^iit couvrir de plomb (3) le clocher {
de l'église. !
La nouvelle grande basilique venait d'être construite (4), il y
avait à peine un quart jde siècle. Ce fut alors que, quarante-six ans
après la construction du clocher, le 19 septembre 1398, sous les
consuls Pierre Redon, Terrène Castilio, Pierre André, Nico-
las Nègre et Guilhem Tiso, on mit en place la cloche de l'hor-
loge du clocher (5) de Saint-Jean, fondue par Jean Verger (6),
de Girone. On s'aperçut, quelques jours plus tard, que la cloche
était fêlée, on ne sait comment (7) : lesdits consuls commandèrent
une cloche bien plus grande (8) qui fut fondue par le même maî-
tre fondeur, Jean Verger, le 14 juin 1399.
Rappelons, d'après la noie d'Henry (9), que le clocher, suivant
la tradition, était de la même date que l'église du vieux Saint-
(1) Reproduit à l'appendice. 1
(2) Johanne Egidia.
(3) Tecerunï (consules) eoJem anr.o cooperfam plumbi cloquerii dicie eccïesie.
(Voir appendice, § xxiii.)
(4) La nouvelle église fut érigée en 1324: les deux inscriptions commé-
iTioratives témoignent de la pose de la première et de la seconde pierre de
l'église, faite l'une par don Sanche, roi de Majorque, l'autre par l'évêque
d'Elne Bérenger d'Elne, le 5 des calendes de mai 1324: l'abside fut ter-
minée sous Louis XI ; le monument ne fut achevé qu'en iSop.
(5) Le clocher de Saint-Jean-le-Vieux, qui était en pierres, a été refait
en 1709. « Les traces de son antiquité réelle, dit M. Vidal, ont à peu près
disparu. » (Perpignan. 1898, ch. xxi, p. 5.) La cage en fer actuelle est de
1742. La toiture en charpente avait été renversée par un fort vent de tra-
montane en I 735.
(6) Per magislrum Johannem Yergerii, senyerium...
(7) Simbalum post modicos dies fuit repertum fracium nescitur quo casu.
(8) Tecerunt fieri aliud simbalum multum majus...
(9) Henry, Hist. de T(oussiUon. i" partie, note xjii.
- .57 -
Jean, et ce qui reste de la construction primitive ne dément pas
cette origine. Cette tour, fondée sur quatre gros piliers angulai-
res, était terminée par un dôme couvert en plomb (i), sur lequel
s'élevait une statue de saint Jean de dix pieds de haut. En 1709.
cette tour menaçait ruine ; on en démolit la plus grande partie
qui fut reconstruite en briques et à pans coupés, comme on la
voit aujourd'hui. La tour de l'horloge était aussi, à la même épo-
que, terminée par un dôme couvert de plomb, qui s'écroula en
1717. La reconstruction n'en commença que longtemps après. En
1737, on descendit la cloche qui date de l'an 1399 (2) et on refit
les deux murs en pierre de taille. L'élégante cage de fer qui ter-
mine la tour fut faite en 1742, et le i3 mai de l'année suivante
on y replaça la cloche.
§ 3. Inventaire du trésor de la chapelle de Martin, roi d'Jlragon
[T^endes de la capella del caslell de Perpenya)
1395
La chapelle (3) du château des rois de Majorque, toute bâtie
en pierres de taille, s'élève du milieu de la face orientale. Cette
chapelle était double, c'est-à-dire qu'il s'en trouvait une au rez-
de-chaussée, qui n'était que comme chapelle souterraine : celle qui
servait à la célébration des saints mystères était un peu au-dessus
du plan des appartements du premier étage, et on y montait par
un large perron, aboutissant à une galerie couverte s'étendant sur
toute la face intérieure du bâtiment de ce côté. L'entrée de la
chapelle intérieure est nue et sans aucune espèce d'ornements ;
celle de la chapelle supérieure était toute en marbre et déco-
rée, suivant le goût du temps, de colonnes minces et grêles dont
( 1 ) La dépense du plomb fut faite par les Consuls, avec les fonds de la
ville, aussi bien que celle des deux grandes cloches qui furent fondues le
9 novembre 1 352.
(2 ( M. Vida! (Perpignan, 1 898 I croit que ces cloches, fondues en i352,
furent livrées à la Monnaie en 1793.
(3) Henry, Hisf. du T^oussillon, i" partie, note x. Sur l'ancien château des
rois de Majorque.
— i58 —
les chapiteaux sont ornés d'animaux chimériques. Les battants
de la porte, en bois de noyer, étaient divisés en compartiments
par des listels sous lesquels étaient cachés des clous qui tendaient
une toile peinte en bleu de ciel. Cette toile avait été placée sur
ces battants, sans doute pour masquer les fentes... Des vestiges
de cette toile peinte s'y remarquent encore, près des listels.
La galerie placée à la hauteur des appartements, et par laquelle
on montait à la chapelle, établissait une communication entre les
appartements du roi, placés du côté du nord, et ceux de la reine
qui se trouvaient au côté opposé. A côté de la grande entrée, au
milieu de la face occidentale, on voit intérieurement un bel esca-
lier suspendu d'une construction remarquable.
Valence, 22 septembre 1403
Apocha fêta per lo Senyor Rey à micer P. Donat e à micer
P. Berenguer e à la universitat de Perpenya de les joyhes que 'Is
caps dels officis han rehemudes de mossen Pons de Perellos per
M.DCCCC. florins, les quais joyhes eren de la capella del senyor
Rey. (C'était la chapelle du château des rois de Majorque, aujour-
d'hui la citadelle.)
Lettres de Martin, roi d'Aragon, de Valence, de Majorque,
de Sardaigne et de Corse, comte de Barcelone, de Roussillon
et de Cerdagne, reconnaissant avoir reçu des Consuls et prohomens
de la ville de Perpignan (1) le trésor tout entier de la chapelle du
Roi (2), engagé à Pons de Perellos pour J900 florins d'or d'Ara-
gon (3), remis à Pierre Donat, licencié es droit, délégué par le
consul de la ville. Pierre Bérenger, docteur en droit et juge
du Patrimoine des comtés de Roussillon et de Cerdagne avait
fidèlement remis aux consuls ce trésor que la ville avait racheté
en reconnaissance de la concession du privilège du non regimenf {4).
( 1 ) "Fatemur habuisse et récépissé a fidelibus nosfris ccnsuUbus et probis homi-
nibus ville Perpiniani. ( Arch. comm., livre vert mineur, A A. 3, f" xvii v".)
(2) La chapelle Sainte-Croix. « Totam illam vaxillam argenti capelle nostre. »
(Arch. comm., Ibidem.)
(3) Pro mille nonagentis florenis auri de Aragonia. (Arch. comm.. Ibidem.)
(4) Prétexta privilegii novi regiminis per nos ipse universitati coticessi. (Jbid.)
Je transcris dans une autr« étucle|le règlement de cette nouvelle organisation
- ,59 -
L'acte fut rédigé à Valence, le 22 septembre ,4o3, en pré-
sence des témoins George de Caramany et Pierre de Torreil-
les, chevaliers, conseillers du Roi.
Le Roi a apposé son sceau royal : REX MARTI NVS ; et
Bérenger Sarte, secrétaire du Roi, a apposé son seing manuel.
Voici 1 inventaire des pièces du trésor (1), en argent, dont le
poids est d'environ 204 marchs et demi.
En 1 coffre jocalia infrascripta fuerunt ponderata ad marcham
ville Perpiniani :
Primerament, una creu d'argent daurada smaltada ab diverses
smalts e los quatre evangelistes en cada cap de la creu, e ha
vn canons d'argent abtes a portar la creu.
Item, una crossa d'argent daurada, smaltada de diverses smalts,
ab dues ymages d'argent.
Item, m canons d'argent daurats, smaltats de diverses smalts, abtes
à porrar la dita crossa, e al peu bays ha i boton redon d'argent.
Item, I calze d'argent daurat poch, de très pesses, ab ça patena,
e dos canalobres (2) daurats de dues pesses, e una creu pocha dau-
rada, ab son peu daurat, de dues pesses, e dos canadells (3) d'ar-
gent daurades (sic).
Item, una custodia o reliquiari de dues pesses d'argent daurat,
ab una creu poqueta d'argent daurada levadissa, en lo quai peu
ha diverses smalts, e lo cano smaltat de diverses smalts, e en lo
mig del cano ha i boto, e en lo reliquiari ha dues formes de cris-
tall, ço es en cascuna part.
Item, una caldereta (4) d'argent blancha, ab lança de part dalt
daurada, apta à portar salpassa.
municipale, novi regiminis, approuvée par Martin, roi d'Aragon. (Lettres
patentes du roi, xv" siècle.) (L'organisation municipale de Perpignan, p. 47-56.)
(1 ) Je ne transcris pas la notification de l'acte en latin : j'aborde immédia-
tement le texte catalan. Ce trésor était plus riche que celui du chapelain de
l'église de Castell Roussillon, en 1425, et du recteur de Vilarnau. Cf. mon
étude sur Castell-T^osselio au Moyen ^ge, pages 197-200, et sur Les "Librai-
ries à l'époque antique : inventaire liturgique des biens de Mossen Noguera,
recteur de Castell Roussillon, pages 54, 58 it^iS).
(2) Candélabres.
(3j Burette d'argent.
(4) Bénitier portatif.
— j6o —
Item, 1 canalobre d'argent sobredaurat, ab très smalts, e en lo
peu se tenen unes tesores poques semblant de baxador, ab cade-
neta tôt d'argent.
Item, dos canalobres d'argent sobredaurats, en que ha en cas-
cun très smalts.
Item, dos canalobres d'argent blanch poquets.
Item, una bassinera poqueta d'argent blanch, abta per offirir.
Item, una capceta d'argent à tenir hosties.
Item, 1 calze ab ça patena, daurat, apart de dins.
Item, vj bordons (i) d'argent, les quais son xii pesses, ab los caps
daurats smaltats à diverses obres, dels quais vi bordons ni ha j qui
no ha muronet petit.
Item dos canalobres d'argent ab très peus petits, cascun de
diverses smalts.
Item mes, una crossa d'argent daurada ab diverses muronets,
smaltada ab diverses smalts, e ab très canons d'argent daurats per
portât la dita crossa.
Item, un reliquiari poquet d'argent sobredaurat ab dos botons
smaltats e ab cristall de cada part ; e lo dit reliquiari no ha cap-
cel dalt.
Item, un ensenser d'argent daurat, smaltat ab diverses senyals
c ab ni cadenetes d'argent blanques.
Item, una naveta (2) d'argent daurada per tenir ensens, smaltada
de diverses smalts.
Item, 1 altre ensenser d'argent blanch, ab un cadenes.
Item, una altra naveta d'argent blanch, per tenir encens.
Item, dos bacins pochs d'argent daurats per les hores e per lo
mitg smaltat de diverses smalts.
Item, 1 pareil de bacins grans d'argent daurats de part de dins,
e son smaltats de diverses smalts.
Totes les coses de sus dites o la pus gran partida son en stug
de cuyr. Item pesa tôt l'argent desus dit poch mes o poch menys
dosents quatre marchs e mig.
Et ideo renuntiantes exceptioni dicte peccunie non numerate
et predicte vaxille non habite et non recepte et doli, facimus
(1) Bâtons de pèlerin, bourdon.
(a) La navette ou petit vase où l'on met l'encens.
— i6. —
nedum universitati jam dicte sed etiam dicto Petro Berenguerii
et vobis jam dicto Petro Donati, nuncio supradicto, de recep-
tione predicte vaxille et de solutione dictorum mille nongentorum
florenorum (j) quos nobis, prétexta predicti novi regiminis, dicta
universitas solvcre tenebatur in manu et posse secretarii nostri
inffrascripti pro dicta universitate et aliis quorum intersit légiti-
me stipulantis et recipientis, bonum et pcrpetuum finem et pac-
tum firmissimum de ulterius non petendo.
Quod fuit actum et datum in civitate Valencie, vicesima secundo
die septembris, anno a nativitate Domini millesimo quadringente-
simo tercio, regnique nostri octavo.
Sig-J-num Martini, Dei gratia régis Aragonum, Valencie, Majo-
ricarum, Sardinie et Corsice. comitisque Barchinone, Rossilionis
et Ceritanie. REX MARTINVS.
Testes sunt qui ad predicta présentes fuerunt nobilis Georgius
de Caramanv, uxerius armorum, et Petrus de Turrillis, milites,
consiliarii dicti domini régis.
Sig-J-num mei Berengorii Sarta, secretarii dicti domini régis et
auctoritate regia notarii publici per totam terram et dominationem
domini régis predicti, qui predictis interfui et hac scribi, feci,
cum litteris in raso positis in lineis un « ad nos » et xv' a grans »,
et clausi.
Ainsi la ville de Perpignan avait généreusement dégagé ces
objets précieux. « Plus tard encore, en 1471, Jacques Bosch, rec-
teur et sacristain de la chapelle, engagera, comme garantie de
dettes assez insignifiantes, un psautier garni d'argent et d'or, et
un diamant dit punie, donné par la reine Marie de France et
estimé cinquante écus. Par son testament du jo juin 1471, ce
prêtre demande que l'on vende toi farnes qu'il a dans le château,
et qu'avec son produit on fasse une armoire pour enfermer les
reliques de la chapelle (2) ».
(I I Par une interversion évidente de composition typographique, M. Vi-
dal, dans son étude sur le château des rois de Majorque, parle de neuf cent
mille florins : l'erreur est manifeste ; et il faut lire mille et neuf cent florins
d'or. (P. Vidal, La Ciladelle de Perpignan, p. 97.) (Arch. comm.. A A. 3,
livre vert mineur, f°' 339, 341 . )
(2) P. Vidal, La Citadelle de Perpignan, v' partie, 1911.
— j62 —
Voici, d'autre part, quels étaient les revenns de cette royale
chapelle : ce document indique bien l'importance des nombreux
couvents à cette époque.
Prime lo Rector, capellans e escolans de la capeîla deî castell
de Perpenya, als quais son assignades les rendes de les vu parts
del delme de Vernet, delme de la Bastida, del estany de Salses,
c d'Oppol, e, si no *ls basten, han s'o affixar ; e es aço qui 'Is es
assignat, e deuen haver cascun any — cxxxviu 11.
Item, d'altre part per j anniversari
Preveres de Sent Johan de Perpenya
Preveres de Santa Maria de la Reyal
Preveres de Sent Jacme
Preveres de Sent Matheu de Perpenya
Ffrares Preicadors de Perpenya
Sors Menors de Perpenya
Ffrares Preicadors de Puigçerda
Sors de Sancta Magdalena de Perpenya (i)
Ffrares del Carme de Perpenya
Sors del monestir de Sent Salvador
Ffrares de Sent Marti appellats de la Merce ii 11.
Ffrares Menors de Perpenya un 11. x s.
Monges del Mas de la Guarriga x s.
Ffrares Menors de Vilafranca de Confient v 11. x s.
Monges del monestir de Jau en Confient v 11. (2).
D'après ce document historique on peut se rendre compte de
l'importance des revenus annuels des domaines et droits royaux
des comtés de Roussillon et de Cerdagne à la fin du xiv' siècle,
exactement en j395. Ce mémoire, d'après l'opinion d'Alart (3),
avait été dressé et rédigé, probablement à Barcelone, au moyen
( I ) En note, d'une autre écriture : « Ja tenen renda assignada que reeben
elles matexes, per que no s'en fa enirada e exida.
(1) Archives des Pyr.-Or., B. i55, f° 59. (Perpétuais ordonats e lexats
per los Reys de Mallorques, per los quais se paguen cascun any les quanti-
tats seguents).
(3j Alart, "Documents sur la Géographie historique du T^oussiïlon, paragr. v.
v s.
X 11.
1 11. v
s.
1 11. V
s.
1 11. V
s.
XVI 11.
X
s
LVlll 11
LIX 11.
in il.
VI 11.
— i63 —
des comptes rendus en l'office du Mesire T^acional, ou Contrôleur
général de la cour, en j SqS (i), sous le règne de Jean 1" d'Ara-
gon qui mourut le 19 mai J396.
§ 3 . Propriétés possédées
par la Communauté ecclésiastique de Saint-Jean
dans l'ancienne et dans la nouvelle église
et aux environs immédiats
(Borrador per fer un liibre de bens y mais de la Comunitat de
Preberes de Sant-Joan de Perpinya...) (cahier manuscrit du
xvm' s.)
En la vila de Perpinya.
Sindicat vell.
En lo any 1710, dita Comunitat te y posseheix dins la iglesia
vella de Sant Joan (2) de dita vila l'aula dita lo Sindicat Vell (3),
scituat dins lo campanar y sobre la capella y sacristia de Nostra-
Senyora dels Correchs (4) de dita iglesia vella.
Capella de la Concepcio, sacristias de aquclla y del Santissim
Sagrament.
Item te y posseheix dita Comunitat en la Iglesia nova la
capella y sacristia de Nostra-Senyora de la Concepcio, com
també la sacristia de la capella de Sant-Miquel, vuy dita del
Santissim Sagrament.
Sindicat nou, Arxiu, Thesoreria y Celler d'oli.
Item, en la sacristia gran de dita iglesia nova vuy dita la sacris-
(i ) La date de rédaction est indiquée presque à chaque page ; d'après cer-
taines indications on peut en conclure que le document fut rédigé dans les
premiers mois de l'an 1395.
(2) Cette église fut consacrée le 16 mai \o-xS, par Bérenger, évêque
d'Elne.
(3) Au sujet de ce remarquable monument de l'architecture romane du
xi' siècle et sur l'origine de cette église, voir Albert Mayeux, Sainl-Jean-le-
Vieux. Extrait du Bulletin monumental, 1913.
(4) Desplanque, page 58.
— 164 —
tia del Pou, y antiguament lo vestuari (1), te y posseheix la dita
Comunitat las aulas del Sindicat nou, de la Thesoreria y del
Arxiu, com també la estancia y celler (2) de! oli.
Las quais cosas espectan à dita Comunitat per possessio mes
que centenaria.
Hort del Sindicat y Sacristia de la Funeraria.
Item, dita Comunitat posseheix un hort contiguo al dit Sindi-
cat, Thesoreria, Arxiu, Sécrétas y passatge de aquellas, confron-
tant ab lo carrer dit de la Duana, antiguament anomenat del
Porta) de l'Aixugador (3), ab la casa pelila, vuy pati, del Capitol
d'Elna, que fonch de perlinenlias de dit hort; ab la Capella de la
Funeraria (4) dita de Sant Joan Evangelista ; ab la sacristia de dita
Capella, la quai sacristia es de perlinentias de dit hort, que dita Comu-
nitat feu febricar à sos gasfos en lo any j685 (5) ; ab lo hort del
Palau del Bisbe ; ab lo terra-pie del Baluart de Sant Joan, y ab
la sacristia de la dita Funeraria, la quai sacristia feu dita Comu-
nitat fabricar à sos gastos dins dit hort.
Consta de la apoga del preu fet, en poder de Honorât Sunyer,
notari, als 2 juny 1 685 ; la quai apoga es al plech de dit Sunyer,
n° 2, dins lo arxiu de dita Comunitat.
Especta dit hort à la dita Comunitat per compras a fet en très
différents ocasions de partidas del dit hort. Una de las quais par-
tidas d'hort es en dreta senyoria del Convent de Sant Salvador (6) ;
(ço es aquella partida de hort que confronta ab lo correch de
Predicadors (7), dit carrer al mitg ; ab dita Capella de la Fune-
raria, y ab dit sindicat, correch de las sécrétas al mitg) ; sobre la
( 1 ) Lo qu'en algunas comunitats o cossos ecclcsiastichs se dôna à sos indi-
viduos pera vestirse. (Labernia.)
(2 ) Lat. cellarius, le cellier ; la cave.
'3) Ce portai se trouvait derrière l'église Saint-Jean : on en voit les traces
sous la nouvelle poterne de la rue Saint-Dominique, ouverte en 1896.
(4) Cette chapelle, classée comme monument historique, renferme aujour-
d'hui une partie des archives départementales.
(5) Les lignes en italique ont été barrées d'un trait.
(6) Le couvent de Saint-Sauveur est cité vers le milieu du xin' siècle.
(7) Le couvent des Jacobins ou Dominicains des Frères Prêcheurs fPrchi-
cadorsj fut fondé en 1243.
— i65 —
quai lo dit convent de Religiosas de Sant Salvador de Perpinya
reb annualment de cens senyorial 17 s. plata, v per raho de la
indemnitat, ço en lloch de foriscapi, de trenta en trenta anys,
reb sinch lliuras piata que, si se reduheix per any, vindrian ser
très sous quatre dincrs plata, Je loco foriscapii, y dits 17 s. de
cens, tôt pagador per Nadal.
Vide lo calaix A. n° 29, intitulât comptas y donacions, dins lo
Arxiu de la Comunitat.
Canorga Nova
Item te y posseheix dita Comunitat lo casai de la Canorga
Nova(i), continguo al sementiri (2) de dita iglesia nova, confron-
tant ab dit sementiri, ab ios forns de la Duana, ab la casa gran
del Capitol d'Elna, y ab la capella de Sant Clément.
Especta t la dira Comunitat per cambiéra de la Canorga vella
ab lo dit casai, fêta entre lo Illustrissim y Reverendissim S"
Bisbe d'Elna, don Joan Hervco Bazan de Flamenville, de una
part, y dita Comunitat de part altre, ab acte rebut en poder de
Honorât Sunyer y Pau Mundi, notari de Perpinya, simul stipu-
lants als, 4 de setembre 1704. Lo quai acte es al plech de Sunver
dins lo arxiu de dita Comunitat, de n' 145 (3).
(A suivre) Henry Aragon.
( I j Le monastère avait été construit sur l'emplacement occupé au xm' siè-
cle par le palais épiscopal ( palau del bisbe), dans l'endroit appelé 5 Canor-
gue ». La Canorgue était le chapitre des chanoines de Saint-Jean ; ce fut
plus tard l'évèché avec les prisons épiscopales.
(2) Le cimetière de Saint-Jean est du xv' siècle.
["i) En marge: Calaix A. n" 147. Archives des Pyr.-Or., C. 274, f" 2.
Hospitalité catalane
Un premier convoi de 5o enfants de Paris a été reçu avec
enthousiasme à Barcelone par le Comité des Maisons Claires.
M"' A. Brisson les accompagnait.
La seigneurie ^ h paroisse de Serralongue
^^2<^ {SUITE)
Pierre de Rocaberti est déjà en possession, en iSij, de la sei- î
,1
gneurie et des propriétés de Cabrenç. Il eut des difficultés avec i
le roi au sujet d'un individu de Palalda qui avait fixé sa résidence i
aux Bains d'Arles, et qui avait commis un crime dans la première j
localité. Arrêté par ordre de Pierre de Rocaberti, ce criminel j
fut réclamé par les officiers royaux, sous prétexte que le village
des Bains d'Arles était soumis à la juridiction du Roi. i
En \55y, Philippe de J^ocaberti confirme la concession faite à ]
Michel Llensa sur la métairie du Pla del Boix. 11 meurt sans j
enfants, laissant à son frère la seigneurie de Cabrenç. j
"François de T^ocaberti, en j562, confirme la vente de la métairie ;
de las Torqueras à Gabriel Pollangarda. Vingt ans après, il dépose ;
son testament à l'étude d'Alonzo, notaire de Barcelone. Fran-
çois de Rocaberti avait fixé sa résidence dans cette ville, où il .]
meurt le 3 novembre 1589. Son corps est porté à Serralonga et
enseveli dans l'église Sainte-Marie.
Le 2 5 septembre 1599, Eléonore de Peguera, veuve de Fran-
çois de Rocaberti, « désirant récompenser les services à elle ren-
dus par son frère Bernard de Peguera et voulant se consacrer au
service de Dieu, fait donation entre vifs à son frère du château
de Cabrenç avec les lieux de Cabrenç, de Palauda, Montalba et
Fontanils ». Cette donation est contestée par le Domaine ; mais
Bernard de Peguera obtient gain de cause. Peu de temps après,
les habitants de Serralonga et de Lamanera viennent lui prêter
foi et hommage.
Bernard de Peguera mort, la seigneurie de Cabrenç passe à la
famille de Sorribes par le mariage de Eulalie de Peguera avec le
donzell Philippe de Sorribes.
François de Ros (1), épouse Josèphe de Sorribes et d'OrtaflPa.
(i ) François de Ros était fils d'un autre François de Ros en faveur duquel
le roi Louis XJV érigea en comté les terres de Saint-Féliu d'Aval! et
d'Amont (avril 1680).
M
— 167 —
Celle-ci, après ia mort de son mari, accorde, en 1698, l'autori-
sation de construire le moulin de la Pomarèda. Les documents qui
vont suivre montrent clairement combien, à cette époque, les sei-
gneurs s'entouraient de précautions pour ne pas porter atteinte
aux droits anciens de leurs vassaux, autant que la prudence
humaine le permettait :
< Licencia y permicio concedida à Joseph Poch, alias Poma-
rèda, pages del lloch de Serrallonga per Madama la comtessa
dona Josepha Ros y de Sorribes affique puga construir y edifficar
un moli fariner en los termens de dit lloch de Serrallonga sota la
farga de dita Dama, dita farga de Galdaras(i).
« Le 23 août 1698, à Perpignan, sous le règne du très invinci-
ble et très glorieux prince Louis XIV, par la grâce de Dieu roi
très chrétien de France et de Navarre, je Madame Josèphe Ros
et de Sorribes, veuve de remarquable et très noble seigneur don
François Ros et Ros défunt, comte de Saint-Feliu, domicilié à
Perpignan, seigneur du lieu et termes de Serralongue et de la
baronnie de Cabrens, diocèse d'Elne, sachant que vous Joseph
Poch, autrefois Pomarède, habitant de Serralongue, vous possé-
dez une métairie avec ses terres au territoire de Serralongue et
au voisinage de Galdaras, appelée lo mas Pomarèda, placée sous
mon direct domaine à raison de ma baronnie de Cabrens, et que
vous désirez construire un moulin à farine dans les terres de dite
métairie sous la forge de Galdaras, et vous me priez de daigner
vous autoriser à le construire et à recevoir l'eau sous ma forge
afin que le dit moulin puisse moudre, considérant que je ne puis
vous refuser mon consentement vu le bien fondé de votre
demande, eu égard surtout aux publications faites sur la place
publique de Serralongue au sujet de votre supplique et qui m'ont
été expédiées le 17 octobre 1699 par la cour du batlle de Serra-
longue en la forme suivante :
« Publications :
« Honorable batlle, vu la requête de Joseph Poch, autrefois
Pomarèda, pages du lieu de Serralongue, nous vous ordonnons,
aussitôt que vous aurez reçu les présentes, de faire dans les lieux
(i) Francisco Diego, not., als 28 agost 1698.
— i68 —
accoutumés les publications dont la teneur suit. Vous attesterez
sur le dos que la publication a été faite, afin qu'on sache qu'elle
a été faite, à l'avenir. — Donné à Perpignan, le 17 octobre 1692.
Collarès pour l'honorable François Diego, notaire greffier de dite
cour. Ignace Boxader, scriba.
« Vous entendez tous maintenant de la part de remarquable et
très noble seigneur don François Ros y Ros, comte de Saint-
Féliu, domicilié à Perpignan, usufruitier des biens dotaux de
j'illustre et très noble dame Josèphe Ros et de Sorribes, sa fem-
me, en dit nom seigneur du lieu et territoire de Serralongue,
diocèse d'Elne, que Joseph Poch ayant prié le dit seigneur de
lui permettre de construire un moulin à farine ou à drap dans ses
terres sous la forge de Galdaras, cette publication est faite pour
ce fait à la connaissance de toutes personnes, quels que soient
leur état et leur condition, qui ont ou présument avoir quelque
droit ou intérêt sur ce moulin à construire, et elles sont priées,
dans l'espace de trente jours, à compter du jour de la présente
publication, de se présenter devant le dit juge avec leurs actes et
leurs titres. Autrement il sera procédé à la concession. Affin que
nul ne puisse arguer d'ignorance, le dit seigneur ordonne de faire
la dite publication dans les lieux accoutumés. — Donné à Perpi-
gnan le 17 octobre 1692, Collarès.
(■^ suivre) Joseph Gibrat.
Catalana (Mallorca, 287, Barcelona)
Depuis le 1" avril paraît hebdomadairement sous ce titre, éditée par les
soins de YJlustraciô Catalana, une nouvelle revue littéraire, à laquelle colla-
borent les meilleurs écrivains catalans, et dont la parfaite tenue est au-dessus
de tout éloge.
Poésies ^ Chansons Catalanes (par A. Janicot)
Ces premiers essais d Albert Janicot dénotent la meilleure bonne volonté.
Nous sommes persuadés qu'avec un peu de travail et de sérieuses études il
arrivera aisément à se montrer digne de la jeune école roussillonnaise de
laquelle il s'est inspiré.
La Renaissance Catalane
Un nouveau journal catalan-français, La J^enaissance Catalane, vient de
paraître. Nous lui souhaitons très cordialement la bienvenue.
Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
12' Année- N' 142 15 A«ûU9l8
^Qst c§'>i (S'^^t cgt^^si c^Qvi cSK^i (ÇTsi «^^i «^OsS. :9f'>vi *^
Les Manuscrits non insérés
ne sont oas rendue
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CATALANE
Les Articles parus aans ia Revue
n'engagent que ieurs auteurs.
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an.
Ouan lornarà al Païs
LA TTiAMOJ^TAJNA
Tant aviat, acabada la carrera,
o gran Triumfador, de nom etern,
vinguis a retirar-te al soi matern,
als Estanys te rebré, io, la primera.
Mes que '1 cami de ferro iré rabent.
Ma veu de tro, bé se 'n farà de blana,
per bufar-te, amb els perfums de ia Plana,
un pomet de records del teu jovent !
EL CAMJGO
« Ja arriba ailî ! » salten les Encantades.
Jo llavors, regrillat pel teu retorn,
tôt sapât, tôt canut « Bon jorn ! Bon jorn ! »
amb el cap te faré très barretades.
Vina a Vernet, cridaré, o bon romeu,
a descansà en ma falda els membres lassos î
Avi vell, vetllaré tos darrers passos
2 tos sômits quïets com el front meu.
LAGLT
Tôt just trontoUi el pont a ta vinguda,
de cap a cap cor-batrà el Riberal.
' Pel canyer, pedreguer, tuire i sorral
bellugarà mon aiga escorreguda.
— 1 70 —
Ja, ja cl botaç rodola pel Hit sec.
Que alegreta seré quan, xafarderes,
batador repicant, les bugaderes
diran : « Qu'es guapo I Hé, Bepa ?» — « Ja te crée ! » 1
LM TETiT^A DE 7{0SSELL0
Per tu l'aie mes pur de les garrigues 1
Per tu '1 mont régalât ! Per tu l'espill ,
de la font clara ! Ho veus, Fill, el meu Fill,
com tôt aci te vol, corn els-hi trigues 1
1, ûltim de tôt, els abraços manyacs
de ta Terra. Es sempre, ella, la mateixa.
Trista que sigui quan l'infant là deixa,
si torna veli, bé li 'n fa d'afalacs !
Per tu, mes que per cap, treuré mes joies.
Veuras quins camps, quines vinyes, quins horts !
Els Catalans veuras, que drets i forts I
1, tan com mai, les nines bonicoies !
El temps s'ha endut cofa i mocadô en creu.
Mes els ulls son iguals ; tret que sévères
s'han fet totes les cares rialleres:
la Mort, ai ! se n'ha entrât per tôt arreu !...
Tu vas véncer la Mort. Perxô t'estimen
els teus germans de llet. Veuras, veuras
com aixequen la veu, el cap, el braç
quan parlen del llur JofiFre, i com s'animen !
La llar pairal fa côs i cor tots nous.
Deixant alla neguits i 'Is pesats fatos
del Passât, siguis, Fill, com Cincinnatus
llaurant, fins a sol post, amb el pareil de bous î
Pau Berga.
HanoT, 10 de maig 1917-
Au pays de J offre
par Emile Riperi
(•)
_-*-»
Notre excellent collaborateur vient de faire paraître à Paris
cette belle relation dont nous avions entretenu nos lecteurs en
1916 et dont nous avions donné également quelques extraits.
En en recommandant la lecture, non seulement à tous les com-
patriotes du grand Maréchal, mais à tous les Français, nous nous
faisons un plaisir de publier ici la magnifique introduction de
l'auteur :
Ces pages, que je rassemble aujourd'hai, si elles devaient être une évoca-
tion complète de la Catalogne française, je sens avec humilité à quel point
elles seraient insuffisantes.
De ce beau pays vermeil, où l'Espagne et la France mélangent leurs cou-
leurs et leurs races, ce sont ici quelques tableaux seulement, quelques ima-
ges, diverses comme la vie elle-même, recueillies çà et là au cours d un séjour
trop rapide, et c'est aussi bien un chant de reconnaissance à la louange du
sol et du ciel lumineux, qui ont formé le grand esprit lucide, auquel la bar-
barie allemande a heurté sur la Marne sa formidable machine de guerre.
Oui. désormais quel que soit l'intérêt et la grandeur des souvenirs qui s'élè-
vent encore de tous côtés, dès qu'on parcourt ce sol marqué par tant de peu-
ples, une image cependant domine, impérieuse, toutes les autres, auréolée déjà
d'une légende, c'est celle du calme vainqueur, auquel l'Académie Française
vient de rendre un juste hommage, puisque, en sauvant l'indépendance de la
France, il en a sauvé également la langue et par conséquent toute la littéra-
ture qui va s'épanouir demain.
C'est à lui que j'aurais voulu dédier ces pages, mais je crains que leur fan-
taisie poétique ne fasse parfois froncer des sourcils austères sur ces yeux qui
ont vu la ruée du monstre et qui, pour le contenir, en ont mesuré l'élan,
sur ces yeux pensifs qui ont vu aussi, en parcourant les champs de bataille,
à quel prix s'achète, hélas ! la plus noble et la plus juste des victoires.
Alors, pour que ces pages arrivent tout de même à leur véritable adresse,
je prendrai le plus charmant des intermédiaires, et c'est vous que j'évoque-
rai, filles du Roussillon, dont les bonnets de tulle blanc emprisonnent dans
leur fin réseau des cheveux sombres comme un velours d'Espagne ou roux
comme vos champs de vignes à i automne, vous, dont les groupes balancés
vont et viennent le soir sous les grands platanes, en chantant quelque vieille
(1) Ed. Bossard, Paris, 1918, 3 fr.
— 172 —
chanson catalane, vous qui roulez dans votre voix musicale la fraîcheur mur-
murante des eaux des Pyrénées, vous qui, rieuses et sérieuses, unissez sur
vos figures mates aux yeux étincelants toute la clarté de votre ciel à l'austère
souci des labeurs de la terre, — et c'est à vous que je les dédie, ces humbles
pages, écrites par ce passant inconnu qui vous admirait et qui vous aimait
sans vous le dire, c'est à vous que je les dédie, en songeant qu'une de vos
pareilles, aux champs de Rivesaltes, fut la mère jadis du petit Joffre.
Emile Ripert.
La seigneurie ^ h paroisse de Serralongue
••X-^:*^' {SUITE)
o»i
« Rapport,
«Aujourd'hui, le 28 octobre 1692, au lieu de Serralongue,
Pierre Jacques Teularia, sergent de Saint-Laurent-de-Cerdans,
habitant au lieu de Custoja à la rue del serrât de l'aire, je relate
que j'ai fait les publications susdites en la place de Serralongue à
instance de Joseph Poch aiias Pomarèda, en présence des témoins
soussignés : Raphaël Moli pages et Joseph Galibern sabaler, tous
de Serralongue ; et moi Gabriel Poch, prêtre, je prends la dite
relation comme écrivain de dite cour.
« Et parce qu'il est constaté par les dites publications et rela-
tion que le délai fixé par elles est plus que passé et que personne
ne s'est présenté avec leurs actes et leurs titres soit à mon mari,
soit au juge de la dite cour à l'eflFet d'empêcher le dit établisse-
ment, je vous permets, à vous Joseph Poch, de construire dans
les terres de votre métairie un moulin à farine sous ma forge de
Galdaras, aux conditions suivantes : Outre le cens que je reçois
sur la métairie, vous êtes tenu de me donner et à mes succes-
seurs, à perpétuité, chaque année, deux poules bonnes et
grasses ».
11 existe un autre document émané de la noble Dame de Ros,
qui montre avec quelle circonspection les seigneurs agissaient à
l'égard des peuples soumis à leur juridiction. Il est écrit en cata-
lan et porte la date du 2 juin 1698 :
« Honorable balle de provisio nostra instant y requirint la
_ ,73 -
egregia S" Dona Joscpha Ros y de Sorribes, viuda relicta del
egregi S' Don Francisco Ros v Ros compte de Sant-Faliu,
S" de] iioch de Serrallonga v de Cabrenvs, encontinent les
présents vistes y de nostre oart rebudas publicareu eo publicar
fareu per los ilochs acostumats de aqueix lloch de Serrallonga
la crida y preenitiatio devail scrita, de la publicatio de laquai
nos certificareu al dors de les présentes affique en es devenidor
aparega :
« Ara oyau tothom généralement queus notifican y fan saber
de part del magnifich Joseph Seiva y Rey, doctor en quiscun dret
y burgès honrat y matriculat de la présent vila de Perpinya,
jutge ordinari de la Cort del batlle del Iioch de Serrallonga y de
Cabrenys, per provisio verbal per ell fêta instant y requirint la
egregia S" Dona josepha Ros y de Sorribes, viuda relicta de]
egregi S' Don Francisco Ros y Ros, compte de Sant-Faliu,
senvora de dit Iioch de Serrallongua — que ninguna persona de
qualsevoi estât, grau o conditio que sia no gose ni presumesca
traurer ni permetrer quès traga ningun gêner de fusta tant obrada
com sens obrar dçl dit lloch y termens de Serrallonga y terme
de Falgons, ni etiam carbo sens pagar primer à la dita S" lo dret
acostumat, ço es : los habitants de dit lloch mitg real plata y los
estrancrers un real, sots la pena de deu lliures moneda de Per-
penya de plata y altres penas à dita S" vistas aplicadoras à dispo-
sitio de dita egregia S'\
« Item axibe que ninguna persona tant dels habitants com dels
forasters de dit lloch de Serrallonga puga fer delmar lo delme de
la S'* de dit lloch per ninguna altre persona sino per lo delmer o
arrendador de dita egregia S" comptessa çots la mateixa pena
aplicadora com ait esta dit.
« Item axibe que ninguna persona de dit lloch y termens de
Serrallonga y Falgons gose ni presumesca traurer la llenya de dits
termens que primer no sia delmada per dits delmers o arrenda-
dors sots la mateixa pena aplicadora com ait esta dit.
« Item axibe que tots los proprietaris tant de dit lloch y ter-
mens de Serrallonga com de Falgons agen y degan tenir condrets
los camins de llurs terras y proprietats affique lo bestiar carregat
puga passar librament çots la mateixa pena de deu lliures de dita
moneda aplicadora per dita egregia S" com ait esta dit.
— '74 —
K Item y finalment que qualsevol persona que voldra tenir bes-
tiar forester, tant gros com menut, en dit terme de Serrallonga y
Faloons sera obligada dins très dies de nuntiar lo dit bestiar al
batlle o consols de dit lloch y al arrendador de dita egregia S'%
affi de tenirne notitia per y cobrar lo dret se deu pagar, com es
un real v mitg plata per cent de bestiar menut y altre real y mitg
de deu en deu de bestiar bobiner que se acostuma à pagar à la
obra de la iglesia de dit lloch, ultra lo delme, çots la mateixa
pena de deu lliures plata per quiscun y quiscuna vegada sera tro-
bat fer lo contrari aplicadora com ait esta dit ».
Le fils de François de Ros et de josèphe de Ros de Sorribes,
appelé Jean de 7{os, épouse Marie de Margarit. 11 meurt en 1719.
Le comte Jean-Baptiste de 7{os, fils et successeur de Jean de
Ros, unit ses destinées à celles de Marie de Banyuls.
Mbdoji-Sennen de 7{os, second fils du comte Jean-Baptiste, part
pour l'exil (1792) avec son épouse Henriette.
JJJ. — Le château de Serralongue
Ce château, il faut le voir dans les ruines qui existent sur la
rive gauche du ruisseau de Galdaras, sous le village de Serralongue.
J'ai visité ces ruines, et j'ai constaté l'existence de murs très
anciens. Dès lors, ce château peut bien remonter au xiv' siècle.
La terrasse, construite en briques rouges, qui regarde l'ancien
château de Cabrenç, est plus récente et a été ajoutée à la pre-
mière bâtisse. Du côté du midi, la distance qui existait entre le
sol et les fenêtres était assez élevée pour offrir une garantie con-
tre toute attaque. Sur les autres points, on remarque une vaste
cour et des plates-formes dont les murs extérieurs ont pu être
démolis : les fondements apparaissent encore. Dans ces divers
ouvrages, il est facile de reconnaître les restes d'une enceinte
fortifiée. 11 y a encore l'emplacement d'une tour qui défendait
l'entrée de ce manoir et l'emplacement de la chapelle. Un fer
est encore fixé à l'angle d'un mur ou se trouve la terrasse : c'est
le carcan, paraît-il. Ainsi, le criminel arrivait par un corridor
qui a l'air d'un souterrain. Parvenu sur le bord, un bandeau sur
- ,75-
]es yeux, on lui passait la corde autour du cou ; il faisait un pas
en avant et demeurait suspendu dans le vide, au-dessus d'un
gouffre qui existe encore, à la vue des spectateurs assemblés sur
le terrain d'en face servant de glacis.
Le château de Serralongue est clairement mentionné dans un
inventaire des biens de Joseph de Sorribes, commencé à Perpi-
gnan le 20 décembre 1672 et continué à Serralongue le 23 jan-
vier ibjS. On y trouve, dit Alart (1 ), parmi les biens immeubles:
lo cas tell lloch y terme de Serrallonga de Cabretiys ab iota la jitris-
.lictio civil y criminal y pertinencias de aquell. Certainement il s'agit
ici de l'ancien château de Cabrenç ; mais ce manoir n'était pas
habité depuis longtemps. L'inventaire du mobilier se rapporte
uniquement au château construit sous le village de Serralongue :
item lo caslell de ta baronia de Cabrenys y casa de aquell situai en lo
terme de Serrallonga, ab son quinla y demes terras à dit castell conti-
nuas, pou de glas, etc., dins laquai casa sa ka trobat, etc. L'inven-
taire décrit le mobilier des diverses pièces de la dita casa, parmi
. esquelles figurent la cuyna, la sala, cambres et terrades, lo pastador,
la stable, lo celler et la capella dans laquelle se trouve un quadro
del crucifixi ab sas gradas, una figura de JNostra Senyora de pedra
marbra ab son fill al bras, ab coronetas de plaia cada una de ditas
figuras, sis quadros, etc., Enfin, on trouve dans une pièce uns ceps
per tenir los presoners...
(^ suivre) Joseph Gibrat.
1 I Alart, T^otices historiques, etc., 11* série, pp. 200, 201.
Ay! vina rossinyol
Nit de guarda, fusiJl al peu. Del dimoni seu fills ! Callcu,
Per ait s'aixeca Niçaga lletja !
La grossa v esoantosa veu Y uue també s'acabi arreu
D'una cabeca. La guerra iretja.
Dins de i'ombraun aitrecrits'ou, Fes-nos ohir, bon rossiiiyoi,
Qu'esquinxa l'ayre : Ta refilada,
Lo crit, de bestia que fa pou, De !a pau, amb ton flaviol,
Del xot guiscayre. Canta l'albada.
[Tochs de guarra) Horace Chauvet.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
«^^^^ (SUITE)
IDC. "Le régime du vin en J^oussiîton du xm' au xv' siècle. Ordonn/xnces et "Lettres
patentes des rois d'Aragon et de Majorque ( i 2 53- 1 405 j.
§ 1 . Le vin en T^oussillon
Le Roussillon a toujours été le pays de la vigne, et, si les tex-
tes anciens (]) ne nous ont laissé que de rares documents pouvant
intéresser à ce sujet le pays, on peut affirmer néanmoins que par
la constitution de son sol et principalement par la bienfaisante
température de son climat tempéré, le Roussillon a toujours été
un pays essentiellement viticole.
Les chartes du moyen âge l'attestent hautement : les premiers
documents qui mentionnent la vigne dans le pays datent du
i5 avril loo] (a) et du 8 février 1006, au sujet de la donation
d'une vigne à Mailloles, confrontrant de quatre côtés des
vignes (3). La côte roussillonnaise, si pittoresque, de Banyuls,
occupée jadis par de vastes massifs forestiers, avait été transfor-
mée par la culture de la vigne qui a fini par envahir tous ces
parages. Le 8 des ides de décembre iSjy, Bernard de Rebeda,
donzelj, partant pour des contrées lointaines, nomme un procu-
reur chargé de vendre « tout le vin qu'il possédait à Banyuls et
dans son territoire ».
Les vignobles étaient nombreux dans le pays. Un fait singulier,
mais qui a été déjà constaté ailleurs, c'est que la vigne était cul-
tivée au moyen âge dans certaines contrées où elle a disparu. « La
f 1) Voir mon étude, La Vigne dans {'Jlntiquité. Edit. Privât, 1916.
(2) Vente d'une vigne sise à Mailloles ; les confronts sont : d'un côté, le
cimetière, des autres limites, des vignes. (B. 3.J
\}) Ibidem, B. 4.
— '77 —
viticulture est abandonnée en Cerdagne, et l'opinion commune
est que le raisin n'y parviendrait pas à maturité (>)».
En 1273 et en i3o3, les documents relatent des concessions
de wanses {1) cerdans pour lesquels le preneur payait une rede-
vance en vin : « les tenanciers, dit le texte, devaient deux setiers
de vin (3) ». A cette époque les emblavures occupaient une partie
des territoires complantés aujourd'hui en vignes (4) ; il y avait des
communes où l'on ne récoltait point de blé : en revanche, à Col-
lioure, le Capbreu de mars i •293 ne signale presque exclusivement
que des vignes : ce cas s'explique aisément par le mouvement
commercial de cette ville. En effet, ailleurs, la difficulté des com-
munications, les douanes intérieures entravaient singulièrement la
culture intensive des terrains.
Du xiv' au xv' siècle, beaucoup de terrains furent défrichés ; on
abattit les forêts réservées aux chasses royales (devesa real), et l'on
planta la vigne dans les terrains arides. Aux environs de Perpi-
gnan, les jardiniers devenaient vignerons : le 5 mars i'iS-j, André
de Fenouillet, vicomte de Canet, vendait à Pierre Vila, physic,
ou médecin de Perpignan, un certain nombre de tenures sises au
terroir de Caste! Roussillon, et sur lesquelles le dit Pierre Vila
(ou ses prédécesseurs) percevait déjà l'usufruit des redevances (5).
Presque toutes ces parcelles, d'après un acte vidimé, représentent
des vignobles ; de plus, en parcourant le Capbreu, on constatera
que la majeure partie de ces terrains était cultivée en vigne : il y
avait 43 parcelles en vigne, 8 en champ, 6 en bois ou forêt, 5 en
friche (rupta). La grande culture de la vigne se dessinait : le siècle
suivant voyait s'entr'ouvrir une ère encore plus prospère pour le
vignoble roussillonnais.
(1 I J. Brutails, Elude sur la condition des popuLilions rurales en J^oussillon,
chap. 1 : la Culiure. — Il n'existe plus que quelques treilles à Saillagouse,
la Tour de Carol, qui produisent un vin très léger.
(21 Le manse {mansala, mansada] représentait l'ensemble dune exploita-
tion rurale.
(3) « Duas sesteras vini ».
(41 Argelès, Millas, Saint-Laurent-de-la-Salanque. Tautavel. etc.
(5 ) Voir mon étude récente : La Seigneurie de Casiel T{oussillon, Vidimus
1364, Capbreu 1359: Senyorias venudas per lo vescompte de Canet las
quais son a Castell Rossello. Edit. Privât, Toulouse, 191 7.
A la fin du xiv' siècle, les rares documents nous disent que la
vigne avait pris un nouvei essor. Le donzell Bernard de Cor-
biach, dernier rejeton d'une des plus anciennes familles nobiliai-
res du Confient, léguait à son épouse dona Johanna, dans son tes-
tament du 4 février 1376, quatre saumafas (charges) de vin pur el
sencer, et à sa servante quatre saumafas de vin miger.
Vers le milieu du xv' siècle, la vigne avait dû atteindre un
développement fort important. J'ai signalé, dans une autre étude
qui concerne Castell Rossello (j), les nombreux terrains plantés
en vigne à cette époque : dans l'unique portion de terre groupée
autour du hameau de Castel Roussillon, et qui était sous la directe
du seigneur du château, le chevalier Guillaume de Perapertusa
ou d'Ortaffa, il y avait une superficie de 23o hectares environ,
qui, presque tous, étaient complantés en vignes (2).
A cette époque, d'après les actes que j'ai transcrits, on peut
affirmer que les coteaux (3) seuls étaient plantés, suivant l'adage
du poète latin. On ne relève, en effet, dans le texte que les mots
désignant des terrains arides ; grava, de arenali, coîiu, coma, al pug,
cûsles, etc. ; les bonnes terres étaient cultivées en jardins : la
salanca ; orla : on commençait à cette époque à défricher sérieu-
sement les terres incultes, aujourd'hui si fertiles, les anciennes
forêts, memora cirogriUorum (4), aujourd'hui nos luxuriantes Saian-
ques.
On avait donc planté les collines ou les terres arides à l'exclu-
sion des terres fertiles destinées au blé, aux diverses céréales.
Plus tard, au xvni" siècle, on donna trop d'extension aux vigno-
bles au détriment des emblavures. « Sous l'empire de ces idées,
dit M. Brutails (5), le roi défendit, le i5 juin jy3i, de planter
de nouvelles vignes et de cultiver celles qui étaient abandonnées
(i) Capbreu de Castell Rossello, 1453. Castell J{osseUo au Moyen Age,
introduction, page xi. Edit. Privât 1916.
(2) J'ai transcrit d'après le Capbreu et suivant les actes de 1451-1456,
i3j reconnaissances faites par les divers tenanciers, presque toutes concer-
nant des terres en vignes.
^3) Viti/amat colles.
(4) Voir mon étude Les moulins de Castell J^ossello. appendice, page 180.
(5) J. Brutails, Ilotes sur l'économie rurale du J{ousstllon, 1889, chap. 11 :
Extraits des fonds de l'Intendance du Roussillon. (Arch. départ. C. 1072. )
depuis deux ans, sauf permission royale qui devait être précédée
d'une enquère et d'un rapport constatant que ie terrain était par-
ticulièrement favorable à ce genre de cultures... » En décembre
lyS], l'intendant proposait d'appliquer sévèrement les règlements
en ce qui concernait les fonds fertiles, et d'encourager ia culture
des vignes dans les terres d'ailleurs improductives... L'intendant
sacrifiait les vignobles établis dans les terroirs gras et humides...
Les vins que donnaient ces terrains étaient épais, faibles et se
conservaient mal (i). L'intendant avait prescrit, en ijSS, d'arra-
cher les vignes plantées sans son autorisation ; en ijSj, on détrui-
sit les vignes rétablies iJlicitement dans de bonnes terres.
A cette époque, l'élévation des droits d'exportation arrêta long-
temps l'essor de la viticulture roussillonnaise.
Mais libérée des entraves qui la resserraient, la vigne a con-
quis les plus beaux territoires ; elle couvre aujourd'hui de sa luxu-
riante frondaison la plus grande partie du Roussillon : on peut
dire que notre département, après ceux de l'Hérault, de l'Aude
et du Gard, est un des plus riches et des plus oroductifs de la
France entière.
Nous allons voir, dans des pièces authentiques, que le vin était
déjà, au xiu' siècle, l'objet des règlements les plus équitables, de
la part de l'administration consulaire En nous reportant à quel-
ques siècles en arrière, nous constaterons avec quelle prévoyance
les consuls avaient envisagé les difficultés qui pouvaient survenir,
pour ie commerce, à la suite de la pénurie ou d'une trop grande
récolte de vin en Roussillon.
5 2. Ordonnances ef Lettres patentes
de Jacques J^, roi de Majorque, er de Pierre IV, roi d'Jlragon
Commençons par Collioure, renommé par ses trois ports (port
d'amont, d'avali et Port-Vendres) et par les qualités supérieures
de son cru.
Le roi d'Aragon se trouvant à Perpignan le ignovembre \iSZ,
« accordait aux habitants de Collioure un privilège, souvent
Arch, départ., C. 1072.
— i8o —
renouvelé en faveur de diverses villes, et qui, d'après les idées
économiques alors admises partout, devait favoriser la production
locale en forçant la consommation des produits sur place et en
interdisant rigoureusement l'importation des produits étran-
gers (i))). 11 était interdit d'apporter à Collioure, par terre ou
par mer, aucun vin étranger récolté ou fabriqué au dehors ; de
le vendre ou de le garder, à moins qu'il n'ait été vendangé par
un propriétaire de Collioure, en dehors de son territoire (2).
11 était même défendu à tout marin de Collioure ou même à
tout étranger qui aurait voulu charger du vin étranger sur son
navire, d'en faire le chargement dans un des ports (lo port ho
ports) de cette ville ni sur aucun lieu de son territoire.
Les habitants de Collioure lésés demandèrent l'abrogation de
cet édit.
Les Corts Catalanes ne s'occupaient pas seulement des intérêts
du roi, de l'Eglise et des barons; les villes royales y présentaient
aussi leurs ariefs, et la ville de Collioure fit redresser aux Corts
de Lérida le malencontreux privilège qu'elle avait sollicité et
obtenu en i253. Quatre ans plus tard, tout en maintenant la
défense de vendre du vin étranger dans la ville de Collioure, le
roi (3) permettait aux habitants de charger du vin dans" ses ports
pour l'exporter en quelque part que ce fût, comme aussi d'y
apporter du vin étranger, mais seulement pour leur propre con-
sommation « atorgam... que puschats franchament portar e fer
portar vin a Cochliure de totes altres parts e lochs, a us solament
vostre e de vostre companya, axi empero que '1 vin aqui en
neguna manera no sia venut... (4) »
Quelques années plus tard, dans l'intérêt du commerce et de
(1 ) Ai.ART, Privilèges et titres, p. 206 : Aquest es lo priviletge de la fran-
quesa del vi atorgada, de no entrar vin a Cochliure (traduction catalane faite
en i36o).
(2) Que alcuna persona estranya no puscha en Cochliure aportar mètre
ne descarreguar per mar o per terra vin estrany... ( Arch. Com. de Col-
lioure. Cart. Cat., P 2.)
(3) Ordonnance du roi Jacques d'Aragon ( iiSy, nones de mai) daté de
Lerida. (Traduction catalane de i36oi.
(4) La traduction catalane de ce texte a été reproduite par Alart : Privi-
lèges et coutumes. (Extrait des Arch. çomm. de Collioure.)
— i8i -
la commune, ces règlements étaient modifies. En 1299, Jacques 1",
roi de Majorque, sur les instances des consuls et prud hommes
de la ville de Perpignan, interdisait, par lettres patentes, à tout
étranaer d'introduire, oar terre ou car mer, du vin sur le terri-
toire du Roussillon, du Vallespir et du Confient, et de vendre
également dans la ville de Perpignan et aux environs, dans un
rayon limité par le Vernet, les villas de Malloles, de Bajoles, et
la maison du Temple du mas de la Garrigue, du vin qui n'aurait
pas été fabriqué dans la dite ville ; cependant il tolérait ia vente
des raisins et de la vendange provenant des places fortes, villages
et autres localités du Roussillon et du Vallespir (i).
Mais ce régime avait été jugé trop sévère : aussi, un siècle plus
tard environ, Pierre IV, roi d'Aragon, par lettres patentes (2), modi-
fiait le régime de l'importation des vins étrangers en Roussillon.
Le j" octobre iBjS, Bérenger de Cabestany, licencié ès-lois,
délégué par les consuls et les prud'hommes de la ville de Perpi-
gnan, déclarait que la pénurie de raisins, et, par suite, du vin,
causait un grand préjudice aux habitants de Perpignan ; il recon-
naissait que, dans l'occurence, il était nécessaire de modifier l'an-
cien privilège de 1299 : Quod viniim quod milatur extmnetim in ier-
ris Upssilionis, Vallespirii el Confluenlis ac in villa Perpiniani solvan-
tur X soliJi pro qualibel saumaia.
En effet, une nouvelle ordonnance autorisait tout étranger à
importer en Roussillon du vin, à la condition de payer, pour
l'introduction de ce vin, un droit de dix sous par charge (sauma-
ra) ; de plus, il était permis, pendant les mois d'octobre et de
novembre, a tout individu, d'expédier en toute franchise, et sans
payer un droit quelconque, dès l'année même, du vin nouveau ou
du moûr ; on pouvait également apporter dans ia ville les raisins
et la vendange : ia moitié de cet impôt serait perçu par le Trésor
et l'autre moitié par la commune (3) de Perpignan.
I 1) Perpignan, 17 novembre 129g. Arch. comm. de Perpignan. AA. 5,
livre vert mineur, f' Scf. Lettres patentes de Jacques I" (appendice, ^ xxn,
'par. I ).
( 2 ) Ibidem, P 253 v°, 254. Lettres patentes de Pierre IV, roi d'Aragon. Je
reproduis à l'appendice le document en latin, in extenso xxn. par. 2 ).
(3) Je dis commune (le texte porte universitas ) ; la charte de fondation de
la commune date de i 197.
— j82 —
A cet effet, le 26 juillet 1374 (1), le roi Pierre IV nommait
des gardes chargés, sur l'avis des consuls et des prohomens, d'exi-
ger et de percevoir des droits et, au besoin, de poursuivre les
délinquants : Los consols poden elegir e mètre gardes per gardar
la pena et dret de) privilegi de la inhibitio del vi.
Un mois plus tard, le 22 août 1374, le roi, par lettres paten-
tes (2), et sur la demande des prohomens et des consuls, donnait
le pouvoir à ceux-ci de suspendre, faire cesser et lever le privi-
lège, d'imposer à nouveau le vin, faire les publications toutes
les fois qu'ils le jugeront utile, nécessaire et opportun et d'au-
toriser dans les mêmes conditions l'introduction du vin étranger
quelle qu'en soit la provenance, ainsi que la vente dans la ville
même.
Le 0 septembre i 387 (3), le roi Jean 1" confirmait le privilège
concernant l'importation du vin, de la vendange ou du moût, et
accordait aux consuls et aux prohomens le pouvoir d'empêcher,
même pour les deux mois d'octobre et de novembre, toute im-
portation de vin étranger, de vin nouveau ou moût et de vin
vieux, s'il n'avait pas été récolté dans les terres du Roussillon.
Les consuls avaient également le pouvoir de lever et de suspen-
dre ces arrêts, ou de les mettre en vigueur suivant les circons-
tances : en somme, ils pouvaient empêcher ou autoriser l'introduc-
tion du vin dans le pays.
Le 2 avril 1405, le roi Martin maintenait en vigueur les lettres
patentes de Pierre IV, qui autorisaient les consuls de Perpignan
à lever ou appliquer, selon les circonstances, les droits de l'en-
(1 I Lettres patentes de Pierre IV, concernant la nomination des gardes
charges de pet cevoir les droits exigés sur les vins importés en Roussillon.
Voir appendice, xxri, par. 3.
(2) Lettres patentes de Pierre IV, roi d'Aragon, concernant le pouvoir
des consuls de Perpignan de modifier le régime de l'importation des vins.
[Quod Ccnsuks ville Perpiniani possint tosciens quosciens eis videbitur pri-
vilegium inhibitionis vini suspendere, cessare et totaliter levare, ac iterum
Ipsum de novo imponere et publicare.J Barcelone, 22 août 1374. (Arch.
comm. de Perpignan, AA. 3, livre vert mineur, f° 256.) Reproduit à l'appen-
dice, § xxii, parag. 4.
(3) Lettres patentes de Jean 1", roi d'Aragon, concernant l'entrée du vin
et de la vendange à Perpignan, 9 septembre i3Sy. [Privilegi de la inhibicio
del most o vi novelL] fJbiciem, f' 3oo v".j Voir appendice, § xxii, parag. 5.
— i83 —
trce des vins à Perpignan : en cas d'inobservation de ces regie-
menrs, amende de deux mille florins d'or.
Ces lettres sont datées de Barcelone (i) et confirment le dit
privilège relatif aux droits sur les vins : « Confirmacio del privi-
legi del vi que Is honrats consols e 1' conseil de, la vila de Per-
pcnya o la major part daquells pusquen fer metrc vi dins la dita
vila ab aquella intrada que 'Is parrâ ».
On peut constater, par ces documents, que le régime du vin en
Roussillon avait été de tout temps, et principalement au xiv' siè-
cle, l'objet des règlements les plus sévères et les plus motivés.
Un orivilège de i3ii faisait aux consuls une loi de réviser cha-
que année les ordonnances (2), de réformer celles qui étaient
défectueuses et inutiles et de les remplacer par des règlements
plus sensés et appropriés aux circonstances.
De même que les consuls avaient le droit de prohiber la sortie
des grains et des farines de la ville de Perpignan, tant que la
consommation de plusieurs mois n'était pas assurée (3), de même
ces documents nous ont appris que les mêmes consuls pouvaient
s'opposer à ce que le gouverneur autorisât l'exportation du vin
hors du comté de Roussillon dans les temps de pénurie (4), ou
défendît l'importation dans le cas contraire.
Disons, en passant, que les débits de vins, la police des caba-
rets (5) qui sont aujourd'hui l'objet d'une surveillance rigoureuse,
avaient déjd donné lieu, à cette époque, à une infinité d'ordon-
nances fondées sur de sages prévisions.
Ainsi l'intérêt de la cité, comme celui de la propriété, avait créé
des règlements dont plusieurs siècles attestent l'ancienneté et
( i) Datum Barchinone, 2 avril 1405. Arch. corn, de Perpignan. AA. 3.
livre vert mineur, f" 328-3:9. Reproduit à l'appendice. Voir § xxii, par. fa.
(2 I Une ordonnance consulaire proclamait que les règlements faits par les
hommes des difFérentes corporations ne seraient exécutoires qu'avec le con-
sentement des consuls.
(3) Arch. comm., livre vert majeur, f" 2i5.
(4) Ces ordonnances avaient été édictées pour le transport du poisson hors
des comtés du Roussillon. (Livre vert majeur, 225.) Conf. ordonnances
relatives au Marché de la poissonnerie, pages i3, 27, 3i-35.
( 5 I Livre vert majeur, 1 3 1 .
— 184 —
que son utilité a conservés dans ses principes jusqu'aux derniers
temps où ont été édictées les différentes lois actuelles concernant
la circulation, la vente et la consommation du vin, lois souvent
passionnément discutées, prorogées ou modifiées suivant les événe-
ments et les circonstances qui les entourent.
(A suivre) Henry Aragon.
L'abella d'or
f
L'abella brunz, que '1 Maig desclou les roses
y torna '1 temps de fullejar Virgili ;
un gran amor encen totes les coses,
hi hà en cada sér la forsa d'un idili.
L'abella té fet un desitx de flayre,
desitx d'adoraciô, desitx de vida,
per x6 vaga pels camps tan rondinayre
fins que troba '1 repos d'una florida.
Que després quan el fret truqui a la porta,
oh 1 quin esglay ! l'abella caurà morta
dexantnos un trésor de cera y mel.
La mel tota perfums per l'estimada :
la cera no ! té un avre de sagrada :
que 's fongui espurnejant cami del cel !
joan-Maria Guasch,
Mestre en Gay Saber.
'\'W^
Quelques noms de piaules ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
^e^Si?-- (SUITE)
iva, ivefte. — mirambell, herba flatera.
ivreta. — voir aladern.
jaSSenii, jasmin. — gessami, Hassemi, englantina.
» de borro. — voir vidiella.
jonc, jonc. — aldisia.
jonsa (et junsa), souchet. — castanyola.
jOnCOSa, aphyllante.
jordô, framboise. — gers, mora de sant Johan.
julivert, persil. — givert.
juli, ivraie. — margall, zizania.
jUSbarba. — voir bruc
jUVCnal, bouillon blanc, moléne. — blenera-candelera, candelera.
L
lilà, nias.
llaCSÔ (et lieCSÔ). — voir Uetissô.
» d'ase. — voir masteguera.
lladern. — voir aladern.
lladoner, micocoulier.
llampadona. — voir llentiscle.
llamponi (et llampudul). — voir ebutiscla.
Uengua de bou, buglosse. — buglosa. — (et aussi patience.)
» de Cà, cynoglosse.
)■> de Cervo, scolopendre. — herba melsera, herba de la melsa.
» de llebra, vipérine. — alcansa.
» de vaca, consoude. — consolda, herba puntera.
» rodona- — voir adzari.
ilentia, lentille. — nantilla.
— i86 —
Hentiscle (et Uentrisca), knlisque, téréhinlhe. — mata, mata de
cabrit, festuc, cornicabra, Uampadona. (Voir aussi Ditja.)
llensana, gentiane. — gensana.
lleparassa (et llepassa, UepaSSera), bardane. — repalassa, gafets.
lleSSami. — voir jassemi.
lietisSÔ (et lletsô), laiteron. — llacsé, llecsô, herba lletera, lleterola.
lletresa (et lletatresa), euphorbe. — caga-moixa, caVmuixa, croca,
mal d'ulls, tarrec.
UetUga, laitue. — enciam.
Ili, lin.
IIiga=bOSC. — voir mareselva.
Ilimoner, citronnier.
IlipOter. — voir arbosser.
lliri blanc (et llir), Us- — lliri de sant Antoni, grexo).
» blau, iris. — bruyol.
» de blat, glaïeul des moissons. — conte) 1 vermeil.
» groc, iris faux acore. — ribaner, contell grec.
» morat (et lliri de boSC), Us martagon. — marcoris, marcolic.
llistô, brachypode.
Uitja, genêt-leniisque.
Ilorer, laurier.
)) bort, laurier-lin, viorne. — marfu'll.
» real, laurier cerise. — ilaurer-cirerer.
» rOSa, laurier-rose. — baladre.
llovins, lupin. — llubins, llohissos, lluhissos, tramussos.
llufa, lycoperdon. — pet de Hop.
lluhisSOS (et llohissos). — voir llovins.
llums. — voir caps blaus.
Uupol (et lupol). — voir vidaula. {^ suivre)
'^J^ ^^^,?r'4in. ^<r:^4êin =»>rSr7V«« '^rjr'étn. '=^J?*éèn '^^is^éên. '=^rSr'étn
ECHOS
Association Régionaliste du Languedoc Méditerranéen
Les nécessités de l'organisation régionale, reconnues presque
officiellement aujourd'hui, ont amené la création dans notre con-
- .8; -
trée de l'Association Régionale du Languedoc Méditerranéen,
englobant dans son action les départements du Gard, de l'Hérault,
de l'Aude, des Pyrénées-Orientales, de la Lozère et de i'Avevron.
Notre ex-secrétaire général et précieux collaborateur de tous
les instants, M. Jean Amade et nos confrères Carcassonne de
la Société d'Etudes Catalanes, et Mengel ont été nommés mem-
bres du Conseil d'administration provisoire, pour le Roussillon.
Une visite à la maison du Maréchal Jofre
Une délégation de hautes personnalités Sud-Américaines est
venue visiter, il y a quelques jours, la maison natale de notre illus-
tre compatriote. Elle s'est ensuite rendue à Vernet-les-Bains où
une imposante manifestation artistique était organisée avec le con-
cours de nos meilleurs artistes roussillonnais, les sœurs Comès,
MM. Charpentier, D. de Sévérac, etc.
Un lunch a été offert a nos hôtes estimés, à l'abbaye de Saint-
Martin du Canigou, par Mgr de Carsalade du Pont, évèque de
Perpignan.
La T^evue Catalane était représentée par P. Francis qui a lu un
poème de bienvenue.
Une distinction méritée
Le Gouvernement vient de décerner à M. l'abbé Caseponce,
de la Société d'Etudes Catalanes, notre collaborateur de la pre-
mière heure, la médaille de la Reconnaissance Nationale pour sa
propagande en faveur de la France et la brillante part qu'il prit
à l'organisation de la manifestation francophile des intellectuels
Catalans, les i 3 et 14 février 1916, à Perpignan.
la Renaissance Catalane ^ le Régionalisme
Nous devons louer sans réserve notre jeune confrère La "Renais-
sance Catalane, que dirige l'ami Albert Janicot, pour sa belle cam-
pagne régionaliste, à laquelle nous nous associons de tout cœur.
L'idée régionaliste à laquelle nous avons toujours été fidèles
est plus que jamais à l'ordre du jour et la T{evue Catalane ne man-
quera pas de s'intéresser à toutes les initiatives qui voudront par-
ticiper à cette œuvre de rénovation patriotique.
— i88 —
Notable invent d'un català : La cinta fonogràfica
El distingit redactor de! diari £/ "Pla de Bages, de Manresa, ha
inventât un medi de suplir els discos fonogràfichs amb cintes de
gran flexibilitat y de llargaria indefinida, de tal manera que se
podrà reproduit tota una ôpera, tota una conferencia per llargues
que siguîn.
Si l'invent es verdaderament pratich, com s'ha de creure,
donarà un impuis sens igual a la ciencia de reproducciô dels sons,
y als estudis fonètichs.
LIVRES ^ REVUES
L'Instant (12, rue Boucicaut, Paris)
Cette intrépide revue franco-catalane, au programme nettement
francophile, obtient le plus grand succès dans les milieux littérai-
res où elle représente la nouvelle école artistique catalafte.
Son directeur, M. Perez-Jorba, a su grouper un noyau de col-
laborateurs qui donnent à son organe un cachet nouveau siècle,
plein d'originalité.
Sommaire du n° 1 : Un grand artiste catalan : J.-M. Sert, par Litus.
— Photographie, par G. Apollinaire. — - Descente, P. Reverdy. — La
Mortalia, J. Capdevila Rovira. — Elegia de Guerra, M. Giral d'Arquer.
— Passeig, R. Tobella. — Les figues seques, Caries Grando. — Horizon,
Philippe Souppault. — Avant le jour, G. Gabory. — Expositions. — Les
Livres, J. Perez-Jorba. — Revues et Journaux.
Messidor
Le n° 10 de l'intéressante revue « Messidor » contient le sommaire suivant :
Las razones de la guerra, per Paul M. TurulJ. — « Thee Free Religious
Movement », per Walter Walsh. — The Making of the future ^Lz Cons-
trucciô de l'avenir j, per Patrick Geddes. — Respostes a l'enquesta de « Mes-
sidor » : del Sr Frédéric Rahola, senador ; d'En Salvador Albert, diputat a
Corts per La Bisbal ; de M. Paul Otlet, Secrétaire général de l'Union des
associations internationales de Bruxelles, publiciste célèbre, apôtre de J'in-
ternationalisme, i de M. Joseph Rivière, directeur de « Soi-Même » de Paris.
— La Obra Cervantina y Barcelona, per Baldomero Villegas. — Teixeira
de Pascoaes, per T. — Vers el Teatre Futurista, per Onofre Parés. —
Poesia catalana nunista, i Poemas de la Guerra, de J. Perez-Jorba. — Poe-
sia Armenia, per Hrand Nazariantz. — Cronica international. — Crônica
régional. — Bibliografia.
Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, ru« de )a Poste, Perpignan
i
12- Année. N' 143 15 Septembre 1918
Les Manuscrits non insérés
ne son; pas rendue.
REVUE
Les Articles oarus aans ia Revus M^ ^k ^^^ J^ T J^ f^| ^^
n'engagent que leurs auteurs. ^o^A Wk Jl A WkMt^A AÂ^Ai^
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an
PASTORAL
A l'hora dcl sol Cara y pit aval)
quan brunzen les mosques, la suhor li brolla,
quan los cigalots li sagnen els peus
la bosquina axordcn, punxats de gatoses.
y al cor del ubach Ab els ulls mig cluchs
les cabres reposen, guayta a la rodona,
badalla '1 pastor burineja un cant
a l'ombra d'un roure. sens obrir la boca.
Y '1 soi fa son curs
tôt filant les hores,
y '1 pastor s'adorm
sens pena ni joya
sens may sospitar
que '1 mon dongui voltes
y que, mentrestant,
l'envegin tants homes,
tants homes môlt richs,
môlt sàbis, môlt nobles !
Apeles Mestres-
(i) Del nou llibre Tardantes, lluslraciô Caiaîana, 1918.
La seigneurie ^ h paroisse de Serralongue
'^r^^Xî {SUITE)
Le château de Serralongue était distinct du château de Cabrenç.
Divers documents le prouvent.
Dans la liste des personnes qui se confessèrent et commu-
nièrent en 1 597 figure la S" Dona Leonor de Rocaberti de
Peguera. Le 22 mai 1608, l'illustrissima S'' Dona Eularia de
Peguera est marraine d'une fille de Jean Llensa. Où habitaient
ces nobles dames ? Evidemment elles ne résidaient pas au vieux
château de Cabrenç, mais dans le château de Serralongue.
En 1601, on dressa une liste des maisons qui composaient la
commune de Serralongrue et de Lamanère dans la baronnie de
Cabrenç. Elle comprenait 94 maisons ()) au nombre desquelles le
château de Serralongue est désigné en ces termes : « los qu'eslan
al caslell ».
( I j 1 , La Pomareda ; 2, Audet Sêpena ; 3, Joan de al Subida ab la farga ;
4, la Borbôa ; 5, Clemês Laborboa ; 6, Francès ; y, Jaumet ; 8, joan la
Suissa ; 9," Bartès ; 10, los Francinats ; 1 i, Labartia ; 12, Rafel ; i3, Ber-
nât ; 14, lo Magria ; i5, Audet Bernât ; 16, Domège de! grau ; 17, Jaume
Cavali ; 18, Joan Cercles; 19, Bernât Destrompas; 20, Joan Laporta ; 21,
Jordi Basso ; 22, la Pellissona ; 23, lo Morer ; 24, Pera Bo ; 25, Pierros
la filia ; 26, Ramonet ; 27, Joan del Vert; 28, Peroy Sêpena; 29, Joan
Boseta ; 3o, Joan Ramo ; 3 1 , /ox qu'eslan aï castell ; 32, Amadeu y son esta-
dant ; 33, Baptiste ; 34, lo Branxat ; 35, Roquisern ; 36, Minorra ; 37,10s
Cortals ; 38, Cantallops ; 39, Fornells ; 40, Faix; 41, Jaume Fort; 42,
Thomas ; 43, Joanot Garriga ; 44, Lo Joan ; 45, lo majorai ; 46, Gabriel
Faix ; 47, Joanot Faix ; 48, Toni Corriu ; 49, Joan Torrent ; 5o, Lo Ruf-
fat ; 5i, la Banega ; 52, Joanot Glusa ; 53, Jaume Galibern ; 54, la Vegera ;
55, Joan Gara ; 56, lo Colomer ; 57, Joan Besagria ; 58, los Texidors ; 59,
Arnau Front ; 60, joan Antoni ; 61, Entorex ; 62, mestra Pera Gâr ; 63,
en Viia ; 64, Peyo ; 65, Marty ; 66, Uget ; 67, Joan Petit; 68, Marc, ;
69, lo Senador ; 70, la llobera, 7 1 , la pobilla ; 72, monrenal ; 73, Magda-
lena Masardo ; 74, jaoumet Llensa ; 75, Jaume Masardo ; 76, Bernât
Colomé ; 77, Ambrosi ; 78, Joan de Lobet ; 79, Arnau Llobera ; 80, Jau-
-, me Llobera ; 8j, Guillamo ; 82, lo màs de la Serra ; 83, cap de Cabana ;
84, al Pux ; 85, al Colomé; 86, las Furcas ; 87, lo pla del Bux ; 88, casa
^ de vila ; 89, Galderic Sola ; 90, cal Roig ; 91, la verduce ; 92, lo mosoUer ;
**' 93, la Gascoà ; 94, Miquel Bo. — En comptant cinq personnes par maison,
on arrive, pour Serralongue et Lamanère, à un total de 470 habitants.
— J91 —
La pièce suivante est plus explicite : « Yui ah 7 de janer 1640,
jo Trancesch Llavor, capella del casiell de Serrallonga, confés aver
rebut de vos Gabriel Poch 4 sous, losijuals feu per una pessa de lerra
possehiu sobra la-farga de Gaîdaras ».
Voici un document où la distinction entre le château de
Cabrenç et le château de Serralongue est clairement affirmée :
« Le 17 du mois d'août, au château de Serralongue, diocèse
d'Elne... Le noble Don François Ros et de Ros, domicilié à
Perpignan, usufruitier des biens dotaux de la noble Dame dona
Josèphe Ros et de Sorribes, son épouse, et, comme tel, seigneur
et baron de Cabrefiys dont le présent comté de Roussillon et, en
ce nom, seigneur du château du lieu et terme de Serralonga dio-
cèse d'Elne... »
(-^ suivre) Joseph Gibrat.
Les deux Marnes
Sous ce titre, la revue he Feu ,] , consacre un très beau numéro
aux deux grands maréchaux de France, fils illustres du Midi, au
Maréchal J offre et au Maréchal Foch.
Après un magnifique poème de Charles Maurras, on y remar-
que une intéressante page de notre brillant collaborateur, Emile
Ripert, évoquant une belle strophe du poète Francis, un poème
de grande allure, bien martelé, d'un rythme puissant (2), dédié
au Maréchal JofiFre, du poète roussillonnais Charles Grando,
Secrétaire Général de la Société d'Etudes Catalanes, et un
émouvant poème en l'honneur du Maréchal Foch, de la poétesse
pyrénéenne Philadeiphe de Gerde, que d'admirables œuvres ont
rendue justement célèbre. Il était logique que JofiFre le catalan
fut célébré en langue catalane et Foch, du pays de Bigorre, en
parler bigourdan.
Nous donnons ci-après, avec la traduction française en regard,
les deux derniers poèmes qui ne manqueront pas d'intéresser
vivement nos lecteurs et tous les amateurs de littérature méri-
dionale :
(1) En vente à la librairie Cornet, rue de la Poste.
[2] Bon cop de falç, extrait du Clam T{oig, imp. Catalane, J. Cornet,
édit., Perpignan.
ial
Al Mariscal Jo|]re
]
Quina polsaguera
Munta dels camins !
l Qu'es l'hora de batre ?
El blat ja rosseja, mes es pas a l'era.
j Serien los nûvols anunciant la sega,
La sega y la brega,
La sega y la mort ?
Alerta, fadrins !
Es la sega roja y se caldrà batre.
Alerta, fadrins !
Son los Sarrahins !
Bon cop de falç !
Dalleu, dalleii fort,
Mana el Comte Jofre,
Jofre lo Pilôs
Y no feu ni un, ni dos,
Segadôs,
Enllestiu-v6s !
Bon cop de falç !
Dalleu ferm y a cops iguals
Fins tant que no'n resti pus !
l Coneixiu bé Catalunya,
Gent que n voleu malparlà ?
Fou l'un dels seus fiUs qu'un jorn vos salvà
D'eterna vergonya.
Fou un Català !
)]
Quina fumatera
Munta dels camins !
l Que 's fan fochs alegres ?
Els fochs porten joya me' hem passât Sant Père.
l Serien leg fiâmes anunciant la sega,
La sega y la brega,
La sega y la mort ?
Alerta, fadrins !
Es vostre torn, ara, de dalla 'Is blats nègres !
Alerta, fadrins !
Son los assessins !
Bon cop de falç !
Dalleu, dalleu fort,
Mana Nostre joffre,
Pelut gloriôs.
M
I
l
i
- .93 -
Au Maréchal J offre
1
Quelle traînée de poussière
S'élève des chemins î
L'heure du battage est-elle venue ?
Le blé se dore déjà mais il n'est pas a l'aire.
Seraient-ce les nuages annonçant la moisson,
La moisson et la lutte,
La moisson de mort 1
Aux armes, jeunes gens !
Voici la moisson rouge et il faudra se battre,
Aux armes, jeunes gens !
Ce sont les Sarrasins !
Bonne faucillée !
Fauchez, fauchez dur.
Commande !e Comte Jofre,
Jofre le Poilu,
Et n'hésitez pas,
Moissonneurs,
Hâtez-vous !
Bonne faucillée !
Fauchez ferme et uniformément
Jusqu'à ce que rien ne reste !
Connaissez-vous bien la Catalogne,
Médisants ?
Ce fut l'un de ses enfants qui vous sauva un jour
D'une honte éternelle,
Ce fut un Catalan !
Il
Quelle traînée de fumée
S'élève des chemins î
Fait-on ies feux de joie ?
Les feux portentl'allégressemaisla Saint-Pierre est passée.
Seraient-ce les flammes annonçant la moisson,
La moisson et la lutte,
La moisson de mort ?
Aux armes, jeunes gens !
C'est votre tour, maintenant, de faucher les blés noirs.
■ Aux armes, jeunes gens !
Ce sont les assassins !
Bonne faucillée I
Fauchez, fauchez dur.
Commande notre Joffre,
Poilu glorieux.
— 194 —
Y no feu ni un, ni dos,
Segadôs
Enllestiu-v6s !
Bon cop de falç,
Dalleu ferm y a cops iguals,
Fins tant que no 'n resti pus !
l Coneixiu bé Catalunya,
Gent que 'n voleu malparlâ ?
Fou l'un dels seus fills qu'ahir vos salvà
D'eterna vergonya,
Fou un Català !
Caries Grandô.
At Manescau Foch
Aqueste cop qu'ei ra bictôrio !
Salut, o blancos Piréneus !
È tu, n\oureto de ras néus,
Bigorro ! à tu, salut e glôrio !
Que sien era Pats e na Luts
Eds adroumits de dabat terro
Que ra Batalho s'a bouluts...
E maladits sien eds gouluts
Que hén escloie aquesto guerro !
Mes. ouelh per ouelh, hèrro per herro !
Que Diu preste aido at Bigourda
Qui seno ed orde aciu dehoro !
Despuch que souno ra Biahoro,
Beiat coumo ra Raço da :
Pas u replec e pas u nàni !
Adiu « Nach Paris » e a Hoch 1 Hoch ! »
E bibo ra bielho Aquitàni !
Pusque Foch ed gran Capitàni
Ei de Bigorro ! — u beroi loc,
Ed n\es bèt ded empèri d'Oc !
Benedicious à qui coumando !
Anem, Gascous ! ed crid qui eau:-
Glôrio e salut at Manescau
Qui pousso r'armado alemando
Per delà ra Marno, à delant !...
« Houi 1 Houi ! se dits... Houi, biste, biste ! »
E Rosali que-s bouto en blanc...
E-d troupèt lèu, en gourriulant,
S'en tourno, espabentat e triste !
Grand Manescau, que Diu b'assistc !
Filadelfo de Yerdo
— 195 —
Et n'hésitez pas,
Moissonneurs,
Hâtez-vous !
Bonne faucillëe !
Fauchez ferme et uniformément
Jusqu'à ce que rien ne reste !
Connaissez-vous bien la Catalogne,
Médisants ?
Ce fut l'un de ses enfants qui hier vous sauva
D'une honte éternelle,
Ce fut un Catalan !
Au Maréchal Foch
Cette fois-ci, c'est la victoire ! — Salut, ô blanches Pyrénées! — Et toi,
la brune enfant des neiges, — Bigorre ! à toi salut et gloire ! — Qu'ils aient
la Paix et la lumière — ceux que la Bataille a couchés sur le champ... —
Et maudits soient les cupides — qui déchaînèrent cette guerre !
Mais, œil pour œil et dent pour dent !
Que Dieu prête aide au Bigourdan — qui, là-bas, dicte la manœuvre ! —
Depuis qu'il mène le branle, — voyez comme la Race donne ! — Pas un
repli, pas un échec! — Adieu a Nach Paris » et « Hoch ! Hoch ! » — Et
vive la vieille Aquitaine ! — Puisque Foch le grand Capitaine — est de
Bigorre ! un beau pays,
Le plus beau de l'empire d'Oc !
Bénédiction au Chef des chefs ! — Allons, Gascons [ le cri qu'il faut : —
Gloire et salut au Maréchal — qui poursuit l'armée allemande — par delà
la Marne, au galop!... — « Fuis, fuis, dit-il... fuis, vite, vite! » — Et
Rosalie se met en blanc... — Et l'horrible troupeau, hurlant, — s'enfuit
morne et désemparé !
Grand Maréchal, que Dieu vous assiste !
Philadelphe de Gerde.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
4**^^is* (SUITE)
%, Droit de rèvc et de haut passage. Ordonnances relatives à ta franchise
des marchandises importées à Perpignan ou exportées du T^oussillon ( i " juillet
1284).
Ces documents sont relatifs aux différents droits de rêva ou im-
pôts perçus sur les marchandises, à la franchise de certains objets
exportés du royaume et à la défense faite par le Roi d'exporter
certaines marchandises hors des Etats d'Aragon (1). Bien que le
premier document ait été déjà publié (2) dans une étude devenue
aujourd'hui fort rare, je le trancris à nouveau, en donnnant des
notes explicatives sur les principaux produits soumis au droit de
rêva. De plus, ce document est fort intéressant pour la linguisti-
que : on remarquera les terminaisons en atz, itz, otz (3), termi-
naison qui a presque disparu à partir du xiu' siècle.
En substance, toute marchandise payait un droit fixé par une
ordonnance. De plus, tout objet déposé dans l'hôtel [en hostal),
même s'il n'était pas vendu, était assujetti à un droit de rêva tou-
tefois moins élevé (deu pagar miga rêva). L'hôte (hosle), ou pro-
priétaire de la boutique où étaient déposés les ballots, devait
héberger, nourrir le commerçant et l'aider à vendre tous ces
objets (l'hoste deu donar lit e foc e lum e salsa a 1 menjar).
(i) Je transcris plus loin des documents du 12 août 1378 et du 7 jan-
vier 1408, relatifs à ces droits.
(2) Alart, Tarif du droit de rêva : "Documents sur la langue catalane.
(3) Dès la fin du xui' siècle, la mutation était devenu? générale dans la
langue catalane, comme dans la langue écrite ; mais celle-ci conserva encore
des traces des anciennes formes, atz, otz, itz, au lieu de au, jeu, iu.
Voici les mots que l'on rencontre dans ce document, avec ces formes par-
ticulières : notz, totz, adobatz, scodatz, tapitz, cendatz, reforsatz, camelotz,
aquetz, vernigatz, bortz, listatz, etc.
Dans l'ordonnance du roi Sanche, du 23 septembre 1 323, on retrouve les
terminaisons en atz, etz, enfantz, discretz, etc.
.■ 1
— 197 —
Ce document est fort intéressant pour faire apprécier l'activité
et l'importance du commerce de la place de Perpignan, au xm' siè-
cle, malgré l'insécurité des routes pour les personnes, malgré
d les barrières, les bureaux de perceptions de droits infinis {les
volos) qui se dressaient de toutes parts pour rançonner les mar-
chandises qui allaient au marché ou qui en venaient (i) ».
Ce qui peut nous intéresser particulièrement à Perpignan, c'est
la prospérité, à cette époque, du commerce des draps, dont la
renommée s'étendait chaque jour. Les droits de rêva nous rensei-
gnent fort utilement à ce sujet.
D'après certains documents, les Perpignanais commençaient
leurs premiers essais de draperie : il existait des ouvroirs impor-
tants (2). Le nom de Perpignan, par ces produits dont la marque
« Perpenya » était exigée sur tous les draps, était répandu, dit
M. Vidal, « jusqu'en Italie et aux Echelles du Levant. Les com-
tes avaient favorisé ce développement en dispensant de la dîme
les plantes tinctoriales, safran, pastel, etc., que l'on cultiva un
peu plus tard, jusque sous les murailles de la ville (3) ». Les rela-
tions commerciales étaient étendues dans toute l'Afrique du Nord :
après d'heureux traités et d'habiles conventions, les navires por-
tèrent « les produits de l'industrie roussiîlonnaise à Byzance, Jaffa,
Beyrouth, Alep, Damas, d'où les caravanes d'Asie les font péné-
f trcr jusqu'au centre de l'ancien monde. Le Sultan de Babylone
les accueille en Egypte. Les bazars d'Orient sont pleins d'étoffes
fabriquées ou « parées » à Perpignan (4).
Les nombreuses manufactures de drap qui existaient à Perpi-
gnan au xn' siècle disparurent peu à peu à la suite des guerres
incessantes qui désolèrent le pays. En i33i, le nombre de ces
manufactures avait tellement diminué que les tisseurs de drap
fixés au Puis sollicitèrent des consuls l'autorisation de s'établir
dans la ville : Le bon métier de fabricants de draps étant très dimi-
nué, disent-ils dans leur requête au roi, si les ateliers étaient
(1) Pierre Vidal, Perpignan, 1898, p. j5.
{2) Operaioria draperia, livre vert mineur, f° 184 v". On fabriquait égale-
ment au xiii' siècle des gants en peau de chevreau : c'est dans la ru; de la
ganleria que l'on fabriquait ces produits de l'industrie locale.
^3) P. 'Vidal, op. cil., v, p. 2.
(4j P. Vidal, op. cit., vu, p. 7.
— 198 —
transportés au centre de la ville, cette industrie pourrait reprendre
un nouveau degré d'activité. « L'avis, dit Henry (1), ne fut pas
favorable au déplacement. »
Perpignan, aux xiu" et xiv' siècles, fabriquait des draps, non seu-
lement pour suffire à ses besoins, mais encore pour les exporter :
de plus ils étaient soumis à une préparation particulière par les
parayres ou apprêteurs de drap, qui préparaient même les draps
venus de l'étranger. Ce commerce avait été l'objet de plusieurs
ordonnances de la part des consuls.
Non seulement les consuls, pour le bon renom des produits per-
pignanais, avaient imposé des statuts concernant chaque corpora-
tion, mais ils avaient réglementé leurs associations et étendu leur
contrôle sur la qualité des objets fabriqués : tous les draps rece-
vaient la marque de fabrique qui était imprimée sur la pièce elle-
même : Perpinya.
Cette industrie prospéra en Roussillon, jusqu'au milieu du
xvin' siècle (2). A cette époque, le roi, à la requête des consuls et
des habitants de Perpignan, les avait autorisés à établir dans la
ville « une foire franche (3) de tous droits de leude, péage et autres
droits locaux : cette foire avait été établie pour la vente et le
commerce des draperies et autres étoffes fabriquées dans les
manufactures de la province de Roussillon ».
Le tarif du droit de rêva ou de courtage de j 284 nous fournit
quelques lumières sur le trafic des matières premières concernant
cette industrie, et sur le mérite respectif des draps étrangers.
Tarif du droit de rêva, établi à Perpignan par Jacques 1", roi
de Majorque, et payable sur les marchandises vendues ou ache-
tées aux « hôtes » ou propriétaires des maisons ou boutiques, où
elles sont remisées.
I" juillet 1284
En nom de Deu, coneguda causa sia à totz que 1' senyor En
Jacme, per la gracia de Deu Rey de Malorcha a aordonat e
(1) Henry, "Hist. de f^oussillon, livre m, chap. i.
(2) 11 est regrettable de constater que cette industrie a complètement dis-
paru du Roussillon.
(3) Le ao mars 1759, institution de la foire franche. (Cf. Vidal, op. cit.,
ck. XIX, p. 4.)
— 199 —
establit en la vila de Perpenya que d'acsi enant totz temps sia
donada reva(i) en la dita vila. En axi co (2) dejos se contendrâ.
E que cascun mercader e autre hom de tôt so que comprarâ ni
vendra, que pac la dita rêva à son hoste (3).
Feyt fo aiso le primer dia de juliol, en l'ayn que hom com-
tava M.CC.LXXXIUI.
Pessa de drap de Txalon (4). ini diners.
Pessa de drap de Ras (5). 1111 diners.
Drap de Paris e de Sent Danis. nii diners.
Biffes (6) e pers (7) de Pruis (8). ini diners.
Drap de Cambray (9) e de Doay (10). jin diners.
Drap de Gan (j 1).
Drap d'ipre, de color.
Drap de Sant Tomer.
Blanc de sort () 2). vnii diners.
Blanc de li camusha(i3). ini diners.
( I ) Rêva : <r Vectigaî, quod pro mercibus ex regionibus exleris allatis pendi-
iur : Vulgo. Oroit dc rèvc et de haut passage. » (Du Cange, Glossarium.)
(2) Sic.
(3 ) Hoste : « Hostalarius. Qui mercatoribus extraneis domos vel apolhecat
local. » — « Hosttlagium, Prctium seu salarium. quod exsolvunt mercalores
extranei pro locario domorum. seu apothecarum, in quibus reponunf merces suas
vendendas et distrahendas in nundinis publtcis. » (Du Cange, Glossarium.)
(4) Exalon, Xalons, Eyxalon, Xalo : Chàlons.
(5) Roax ( I 295 ) : Arras.
\6t « Bi/fa, Panni species, noslris etiam Bife et Bi/fc. » (Du Cange, Gloss.,
qui cite entre autres exemples 0 Les biffes royes de Prouvins, xii den, w)
(7) « Persus, Color, ad caeiuleum, vel ad floris persicae mali colorem acce-
dens, Gallis Pers, Italis Perso.. Inlerdum et pro panno hujusce coloris accipitur.
Slatuta pro villa de Commercy. Mss. p. 18 : Ceux dudit mestier qui feront
Pers, brunettes, verdz et manbres marchands soient urdiz en xvi filz, qui
soient à trois piedz sur le moins », etc.
(8) Prois, Pruis, Prouins, Prohis (1284-1307;: Provins.
(9) Cambraix.
(lO; Douay, Doaix, Doay.
(11) Gant : Gand.
(12) Le drap blanc de sort désigne une qualité de drap non décati. Cf.
Alart, Documents sur la langue catalane, p. 78.
(i3j Camuça ; castillan, gamuza > chamois.
— 200 —
Pressée vermeyl.
Escarlata.
Estamfort (i) "^^ grana. xii diners.
Tôt drap d'Anglaterra, ab que no sia tint en grana(2). vi diners.
Cubertes d'ipre, doas per i drap. vi diners.
Vayr d'ipre. un diners.
Raiet (3) de Pruix. ini diners.
Drap de Bruydes (4). iiii diners.
Drap d'Albenton (5). nn diners.
Breument tôt drap qui s' vena de c sol en sus paga. un diners.
Valenxinas. m diners.
Drap d'Uy(6). 111 diners.
Drap de Bel-Vays (7). m diners.
Drap Lombardesh. m diners.
Blanch de Narbona. m mesales.
Drap de Montoliu. 11 diners.
Drap d'Avinyo (8). m n\esales.
Barracan (9) de Loers (10). j diner.
Drap de frares menors (11)' ^ss c canes. v) diners.
Drap de prehicadors (12), les lx canes. vi diners.
Drap gros de Banyoles (1 3), la pessa. i diner.
(i) Laine fine. Du Cange : stamfortis ; Labernja : estam, fil fet de la flor
de la llana ; cast., estambre, du latin stamen.
(2 ) Grana : cochenille ; panyo vermeil (!' color ab que 's tenyex dit panyo.)
(3) Finette. Raiet, rayeta ; castillan, bayeta ; molleton de laine ou coton
à envers pelucheux ; panyo de varis colors, tela de llana.
(4) Brugia, Brugues : Bruges.
(5) Albento.
(6) Doyn (iî5o) : Huy-sur-Meuse.
(y) Beauvais.
(8) De Vinyo ( 1 295) : Avignon.
(9) Barragàn, tente de toile imperméable : tela de pel de cabra, a la que
no atravessa la pluja ; ou variétés de drap de laine : espècie de roba de llana
(Labernia). Mot dérivé de l'Arabe, barrac-àn.
(10) Loes, Luers, Lers, Lleres (1 250-1494) ; Louviers.
(i 1) Dont le couvent, dit de Saint François ou des Frères Mineurs, fut
construit vers l'an 1 2 i i .
(12) Dont le couvent (Jacobins ou Dominicains) fut bâti en 1243.
(i3j Banyoles (Catalogne).
— 201 —
Feutre d'ipre.
Item, tôt mercader paga à son hoste rêva dreta per
rao de peliceria : tôt primerament curam de
conils, io centcnar vestit.
Item, lo c. de les lebres, vestit.
Item, lo c. dels esquirols (2), vestit.
Item, lo c. d'anyines (3), vestit atressi.
Item, lo c. dels aortons (4). vestit.
Item, lo c. dels cabritz, vestit.
E tôt asso es tota amor feyta.
Item, tota peliceria qui s' vena à dotzena, so es
assaber de salvazina (5), axi con son janetes, fahi-
nes (6), volps, gatz, martrins (7), rebelines (8),
putoys, ermenis, ventresques de luries, e tota altra
salvaina, levât luries, paga la dotzena.
Item, luria crusha (9).
Item, luria adobada(io).
Item, cobertor de salvazina.
Item, cobertor de lops.
Item, pelots (11) d'anyels. *
Item, tôt autre pelot de salvazina.
Item, pena de conils.
l'mesalafi^
11 diners.
Il diiiers.
Il diners.
Il diners.
Il diners.
Il diners.
111 mesales.
r mesala.
I diner.
1111 diners.
II diners.
I diner.
II diners.
Il diners.
fi) Ou mealla, ou mesayla : « Moncda antiga de Castella que valia una
malla ». Medala, maille.
(2 I Ecureuil.
(3) Peaux d'agneaux avec la laine : la llana del anyeli (afiino) ; au pluriel :
tota mescla de llana (Labernia).
(4) Du Cange : AVOTRONl. peau d'agneau mort-ne. Voir mon étude.
Les Librairies à l'époque antique, chap. m : d'après Hérodote, on employait, au
iv' siècle, le parchemin d'agneau mort-né, ou parchemin « vierge ». Franc.,
avorton ; lat., ab-ortus. Animal venu avant terme.
(5) Toute espèce de bêtes sauvages.
(6) Faons et famille des cervidés.
(7) Martre, marta, mostela roja.
(8) Cast., cebcllina ; marta de Siberia ; martre zibeline.
(9) Loutre, peau naturelle, non préparée,
(jo) Peau de loutre mégissée.
( I 1 ) Vestit talar de pell ; vêtement traînant ; robe Ilarga fins als talons.
— Î02 —
Item, garnatxa(i) de conils. i dincr.
Item, garnatxa d'anyels. i diner.
Item, vayrs (2) adobatz o cruus, lo miler. m ss. e un diners.
o lo centenar. ini diners.
Item, pena vayra (3). vi diners.
Item, pena de testes de vayrs. 111 diners.
Item, capits (4) (?^ de testes de vayrs, la dotzena. m diners.
Item capits de vairs entirs, la dotzena. iiii diners.
Item, pena d'esquirols. ii diners.
Item, teles del garp (5), e vintenes, e canaba5(6), e
totes autres teles, tro à xiiii sol. la corda, pagen
de rêva dreta, la corda. j diner.
E ha la corda vi canes de Monpestler.
Item, totes autres teles o de Campanya o d'Ala-
mayna o d'autra terra, sal de teles de Remps (7),
qui valen de xnu sol ensus, la corda. u diners.
Item, teles de Rems, per libre de diner. 1 diner.
Item, tota tela pinta (8), la pessa. i diner.
Item, tôt fustani (9), la pessa entira. i" mesala.
( I ) Fourrure servant à faire )a toge ; gramalla ; vêtement dont se ser-
vaient les consuls. Voir mon étude : "L'organisaiion municipale de "Perpignan,
page 27 : « gramasiam cum pellibus... » Vestidura llarga fins als peus, a
manera de cota.
(2)Vair: fourrure blanche et légèrement nuancée de jaunâtre ; variété
d'écureuil commun, dit petit-gris. Dans le blason, la forme consistait en
points blancs et bleus alternés (hermine et vair).
(3) L'étoffe veloutée fabriquée avec la peau de l'écureuil.
(4) Mot douteux. Alart traduit capros et ajoute qu'on pourrait lire capzoi.
La version que je donne paraît plus rationnelle : capits. (Voir Du Cange,
v" Capitium.) Probablement fourrure composée uniquement de têtes d'écu-
reuils.
(5j D'après Alart ("El garb, le couchant), faudrait-il lire: les toiles de
l'ouest de la France.
(6) Borras (canabas) : tela que 's fa de la estopa del canem (toile de chanvre).
(7) Remps (1284) : Reims.
(8) Ou bien tinta.
( ç)) Etoffe pelucheuse dont la chaîne est de fil et la trame en coton ; franc.,
futaine, drap pour doublure ; drap de coto que s'usa pera forros (Laberncaj.
— 2o3
Item, ia post de cendatz (j) reforsatz o plans. vi diners.
Item, porpra d'Alest (2) o de Monpestler. 11 diners.
Item, tôt drap ab aur de Venecia o de Lucha (3). vi diners.
Item, bagadels d'Outramar. i diner.
Item, boquerans (4) d'Outramar. 1 diner.
Item, camelotz 5) d'Outramar. 111 diners.
Item, draps bortz d'Alexandria. 1 diner.
Item, samitz totz vermeyls o ab aur. un diners.
Item, canon d'aur filât e d'argent filât. 1 mesayla.
Item, caxa d'or de Lucha filât e d'argent de Lucha
filât. . Mil diners.
Item, argent pel e or peil (6), la dotzena. 1 mesalf.
Item, pessa d'estamenya. 1 diner.
Item, flassades (7), cascuna. 1' mesaia.
Item, cambra de tapitz (8 . v) diners.
Item, astores blanches crimes de Valencia e de
Murcia. 1' mesaia.
Item, caxa de paper en que ha xvi raymes. vni diners.
Item, Xalons listatz (9) d'estam ni de colors. non rem.
Item, cordoan(io) blanc, la dotzena. 111 mesales.
Item, cordoan vermevl. 11 diners.
(\ ) Cast., cendal ; étoffe de soie ou de lin (tela de seda 6 de fil molt prima
y transparent).
( 2 j Aletz ( I 295) : Alais.
(3) Lucques.
(4) Toile forte gommée ; c«st., bucaràn ; franc., bougran.
(5) Etoffe fabriquée dans le Levant, qui fut primitivement de poil de cha-
meau, puis de poil de chèvre, enfin de laine et sans grande valeur ; origine
du mot, câmello ; bas latin, camelotum (chameau) : de là le mot camelote ou
marchandise inférieure.
(6j Fourrure à reflets d'argent et d'or.
(y) Cast., frazada ; couverture de ht ; texit de llana 6 coto pera abrigall
de llit.
(8j Drap de tapisserie (ab que s'adornan las parets).
(9) A rayures ; cast., listado.
(10) Cordoba : pell de cabra 6 del boch adobada ; peau mégissée : vient
de la ville de Cordoba, où l'on faisait principalement ce genre de travail ;
cordobân vermeyl (maroquin).
204 — '
Item, bosanas (i) vermeylas.
Item, partxes vermeyls.
Item, moutos adobatz (2).
Item, scodatz.
Item, cordoa de Bugia (3).
Item, curs de bous e de vaques, à rêva dreta.
•1 diner.
I diner.
1 diner.
I diner.
1 diner.
I mesala, lo cur.
1 mesala, lo cur.
vm diners.
m mesaies.
'xn diners.
1 diner.
Item, curs de cers e de cavals e de rocis e de muls
e d'azes e d'autres besties grosses.
Item, totes boquines (4), lo c.
Item, motonines pelozes (5), lo dotzena.
Item, marc d'or qui se pesa. /
Item, marc d'argent qui se pesa.
Item, tôt cambi fondedor, qui sia de ley de casern
aval. i' mesala, lo march
Item, tôt cambi qui sia de mes de casern. i'' mesala, lo march
Item, nuyla moneda d'or ne d'argent ne de metayl
qui s' cambi e à nombre no paga rêva.
Item, d'avers de pes que se venen à carga de
m quintaia. vi diners.
Item, pebre dona de rêva dreta. vi diners.
Item, gingibre (6) gros o menut. vi diners.
Item, ensens (7). vi diners.
Item, cera. vi dinars.
Item, tôt coton. vi diners.
Item, tôt sucre. vi diners.
Breument, totz avers de levant qui s' venen à carga
de m quintals, pagen. vi diners.
1 1 ) Bosanes (cast. , badanas), peau de fnouton tannée : basane. Henry, dans
une quittance relative aux draps et soieries dressées par le bailli de Perpi-
gnan, parle de bourracans à î s. 6 d. l'empan et des basanes à 3 s. 4 d. la
livre. (Hisl. du J{oussiUon.) Alart transcrit dubitativement branas et propose,
sans la commenter, la lecture bosanes, que l'on peut adopter avec certitude.
(2) Cuir de mouton corroyé.
(3) Bogia (jspS) : Bougie.
(4) Pell de boch.
(5) Moutons avec leurs toisons.
(6) Cat., gingebre ; lat., zingiber ; grec, t,L'j'/ièzpY, (gingembre).
(7) Encens; cast., incienso.
— 2o5
Item, indi (i) se ven à quintal e paga. m diners.
Item, canela se ven à quintal e paga. iii diners.
Item, argent viu. m diners.
Item, vermelo. ni diners.
Item, mastec (2). m diners.
Breument (3), totz avers qui à quintal se venen qui
vayla lo quintal de c sol amont pagen aitant.
Item, coyre lo quintal, de rêva dreta. 11 diners.
Item, estayn, à rêva dreta. 11 diners.
Item, tôt metayl. 11 diners.
Item, ferre. 1 diner.
Item, plom. \' mesala.
Item, fil de xarsia (4), lo quintal. 1 diner.
Item, caynbe (5) de Borguyna cruu e batut. i diner.
Item, tota exartsia obrada de canem. i diner.
Item, tota stopa {6). 1 diner.
Item, tota borra (7). 1 diner.
Item, sporta de figues. i diner.
Item, atzebibs (8), lo quintal. 1 diner.
Item, sporta de figes de Malorcha. i" mesala.
Item, alum de bolcan, lo quintal; 1 diner.
Item, pel de boc, lo quintal. 1 diner.
Item, rauza de vexells (9), lo quintal. 1 diner.
Item, verdet, lo quintal. 11 diners.
Item, mel, lo quintal. i diner.
Item, pega''iOi lo quintal. 11 diners.
Item, sporta, de pega. n diners.
(1) Bleu de l'Inde (indigo): pasta y planta de que 's fa 'I color blau ;
cast., anil, du lalin indus.
(2) Goma 6 rehina que destila la mata (arbuste) ; cast., almaciga.
(3) En somme, en résume.
(4) Fil pour filets de pèche ; cast., exarcia ; los arreus de pescar.
(5) Chanvre; castillan, cafiamo.
(6) Etoupe ; cast., estopa.
(7) Bourre : pel de cabra pera umplir pilotas, coxins.
(8) Peut-être figues de Barbarie.
(9) Tartre de tonneaux, comportes.
(10) Poix; cast., pez.
2o6
Item, fustet(i), lo quintal, i diner.
Item, erba cuquera (2), lo quintal. i diner.
Item, flor de fromatje, la carga. vi diners.
Item, lana de boudrons, lo quintal. ^ ni meales.
Item, bacons, lo quintal. m mesales.
Item, sagins (3), lo quintal. ni mesalles.
Item, seu (4), lo quintal. m mesalles.
Item, formatées, lo quintal. ni mesalles.
Item, sosha (5), lo quintal. 111 mesalle.s.
Item, alcofol (6), lo quintal. 111 mesalles.
Item, tôt peix salat e arènes, levât tonina, dona de
rêva. D
Item, jarra de tonina (8).
Item, oli, lo sester.
Item, cipies (9) seques, lo c.
Item, mantega o bori, lo quintal.
Item, ris e amenlés, la carga. (10)
Item, sac d'avelanes (i 1).
Item, notz (12) la eymina.
Item, amenles ab close, la eymina.
ej sou, r pugesa (7).
111 diners.
II diners.
I diner.
III meales.
1111 diners.
II diners.
II diners.
11 diners.
(i) Ou sumac de Hongrie, sumac des corroyeurs : s'usa pera adobar las
pells, pera assahonar las pells, pera tenyir de nègre (Labernia) ; français,
fustet, employé dans la teinture des laines, et en Turquie et dans le Tyrol,
pour tanner les cuirs fins qui doivent être teints en jaune ou en rouge. (Cf.
DE Lacviyieh, T^evue Catalane, n" 139: corroyère, sumac.)
(2) Plante à cailler ; cast., cueja-leche. (Cf. de Lacvivier, J^evue Catalane,
1918, n° 1 37 : herba cuquera, santoline (botja de sant Joan).
(3) Saindoux.
(4) Suif; cast., sebo.
(5) Soude, sosa.
(6) Cast., alcohol.
(7) Moneda francesa de môlt poch valor ; pujes, pujesa[da] : La cantitat
d'alguna cosa que valia un pujes. (Labernia.)
(8) Conserves de thon.
(9) Seiche; cast., jibia.
(10) Amandes; cast., almendra.
(11) Noisettes ; cast., avellana.
(12) Noix; cast., nuez.
— ioy —
De totz avers leugers, semblants de valor à aquestz
de sus, dona hom de rêva. m mealles del quintal.
Item, tota rauba qui s' tenga vénal en hostal, e
r mercader de qui es la s'en vol portar senes
venda, so es que no la vuyla vendre aqui, deu
pagar miga reva(r;.
Item, tôt troçel o tota carga de quai que aver se
sia, dona de pasatge (2). vi diners.
Item, tota carga de merceria o d'autres menude-
ries (3) qui s' desfassa en ostal. xii diners.
Item, totz avers sotils (4) d'especiayria qui se venen
à liura sutil, pagen per iiura. De diners, i' mesala.
E es-hi entés safrâ e azur e totz autres avers sutils
qui se venen à liura sutil.
Item, tota céda crusa e tinta, la liura. 1 diner.
Item, tôt filadis (5) cruu e tint, la liura. i" meala.
Item, grana. xii diners, la carga de m quintals.
Item, comi (6).e anis. un diners la carga de m quintals.
Item, tots alums, levât de bolcan. m diners, la carga.
Item, tôt cadars de céda (7). vm diners, la carga.
Item, sarrai e sarraina (8). xn diners.
Item, simi (9) o bogia (10) o maymon (1 1), cascun vi diners.
Item, tôt blat e tôt legum paga u eymines per centenar.
(i) Tout négociant qui aura déposé de la marchandise et la remportera
pour la vendre ailleurs, paiera la moitié du droit de rêve.
(2) Droit de passage ; cat., pasaje : dret que 's paga per passar per algun
paratge.
(3) Objets de moindre valeur (de poch apreci y estimacio : menudencia).
(4) Marchandises délicates, fines, du latin subtilis.
(5) Cast., filadin : tela de seda com trama de hilo ; seda del capoll foradat
(Laberniai ; déchets de soie grège.
(6 Cumi, cumino ; lat., cuminum : fleur aromatique ; variété d'anis. bou-
cage ; vulgo, boucqucline ; herba de fullas molt menudas ab molts ramets de
flor petitas, parda, aromatica, acre, médicinal y bona pera salsas (Labernia).
(7) Soie grossière ; cast., cadarzo ; seda grossa y basta ; bourres de soie.
(8) Cast., sarria ; filets de jonc, cabas, bât en sparterie.
(9) Singe.
(10) Bogia : guenon ; cast., mona.
hi) Chien; cast., pachôn, braque.
— 2o8 —
E l'hoste deu li aver botiga.
Item, meyns de botiga. i' eymina per centenar.
Item, auruga(i) e mostasia (2), per aquest for metex.
Item, tôt caval qui vayla l libres o pus, paga 11 sol e vi diners.
Jtem tota autra bestia cavalina o mular qui sia de preu de l libres
avay], paga xn diners.
Item, azen o sauma(3). ii diners.
Bous ni porcs ni moutons ni bocs. non re.
Item, escudeles (4) e anaps e vernigatz (5) e tay-
ladors (6) e morters (7) e pièces (8) de totes aques-
tes causes dona hom de cascuna saumada. i pareyl.
Item, de brocs o canades (9), de cascuna saumada. 1 o una.
Item, de culers d'oies a menar{io), de la saumada. n culers.
Item., de culeres de boca(ii), de cascuna saumada. 11 diners.
Item, de gaudalls ho conces (12) (?) de fust, de la
saumada. i gaudal.
Item, lo quintal de pedaces de que hom fa paper(i3). 1" pugesa.
Totes serpeleres grosses e cordes grosses d'avers de pés, axi
(1) Cast., oruga, roquette. Labernia : salsa de ruca, mesclada ab sucre,
mel, vinagre y pa torrat ; lat., eruca.
(2) Moutarde ; cast., mostaza.
(3) Bêtes de somme; d'où saumaia, charge, évaluation de poids; cat.,
somera.
(4) Ecuelle ; cast., escudilla " lat., scutella.
(5^ Pièce de vaisselle comme l'écuelle ; significa un vas 6 una escudella ;
anaps de bruch. i Alart. Documents sur la langue cafalane.)
(6) Tallant ; hachoir ; tallador : tros de fusta ab que 's talla 6 trinxa la
carn ; cast., tajador.
(7) Instrument rodô, de pedre... pera picarhi s«l (Labernia).
(8) Vas fondo, de pedra concava y fonda (id). I
(cf) Vaso pera mezclar agua com vino.
(^o) Sans doute, a menjar. Huile comestible pour la cuisine.
(il) Alart transcrit : de boix.
(12) Godalls (dalla, faulx). Côces, conces. Alart traduit conques. Il faut
lire conces ; cast., cuenca ; vas gran de metall 6 fusta : il est question ici d'un
récipient de bois (de fust).
(i3) Phrase citée par P. Vidal au sujet des industries diverses dans Perpi-
gnan, p. 171 : trossos|de vestit o roba dolente; cast., pedazo ; morceaux,
chiffons.
209 —
co[nn] son d'espart e de palma e de datilers()) ho son les espor-
tes del pebre e autres serpelercs grosses d'avers de pës e caxes
de sucre e botes de sucre e cofins (2) de verges, totes deuen esser
del hoste, part la rêva. Mes no neguna serpelera ni sac de li ni
de canem ni de lana ni cabas (3) doble de T[er|ragona. E
l'hoste deu donar al mercader de qui aura rêva dreta lit e foc e
lum e salsa a i menjar, pebre, gingibre, safrâ, ails e cebes etvina-
gre, e deu-li ajudar à vendre e à comprar ses mercaderies.
E tôt mercader, estant ab son hoste, qui fassa mercat o venda
de SOS avers, ans que l'aver sia vengut en l'ostal son hoste a gasa-
nyada la rêva, de quai que part hom la roba venga.
E tôt senyor de nau qui nauley la sua nau estant e tornant ab
son hoste, deu donar de rêva à son hoste, si tant es empero que
la nau sia naulejada per passatje de senyor de terra, de tôt lo
nolit{4), 1 diner per liura. E tota nau o leyn (5) o barca o autre
vaixel qui s'vena en poder del hoste, so es que 1' patro o 1' vene-
dor sia albergat (6) ab son hoste, paga à son hoste per aquela
venda i diner per liura. E totz avers que barata (7) hom l'un ab
l'autre, no deu penre l'oste mes de la una causa de quai se vuyla,
si doncs no y ha tomes, de xx sol. ho d'aqui amont.
Anno Domini millesimo
ce LXXX- quarto. (8)
(A suivrej Henry Aragon.
( 1 ) Cables et cordages fabriques avec les feuilles ou fibres de plantes jon-
ciformes et les feuilles du dattier et du palmier. Vulgô, alfa ; lat., spartum.
(2j Cofi, corbeille ; covenet despart pera posar pansas, figas (Labernia) ;
panier d'emballage en jonc tressé ou en sparterie ; latin, cophinus.
(3) Panier fait de sparterie ; cofa de llata de palma despart ; cast., capazo.
(4) Du latin naulum : droit de transport ou de parcours ; preu que 's paga
pel transport 6 tragi y arrendament de la nau ; cast., flete ou fret. On dit
aujourd'hui noliser un bateau (fréter), ou prendre à louage, ou nolissement.
[5) Ou leny ; latin, lignum ; « embarcaciô de gran port, sensé rems, y
propia pera viatges llarchs » (Labernia).
[6) D'où le nom d'albcrch ; cast., albergue.
(7J Echanger ; grec, -py-rut.
(8) Arch. communales de Perpignan, AA. 3, Livre vert mineur, tome 1",
f" 82 V, 85.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
<^^i^ (SUITE)
M
madrona. — voir salvia.
maduixa, fraise. — fraga, fraula, araques.
magraner. — voir manglaner.
mai=morrà, joubarbe.
majorana, marjolaine. — moraduix, marduix.
malcoratge (et melcoratge). — voir morterol.
mal d'uUs. — voir lletresa.
malrubi (et malroig, marreUS), marrube. — col de maynatge,
mata-porcs.
malva, mauve.
nialva=rosa, rose trémière, alcée.
malvi, guimauve. — fregadô.
mançanilla, camomille. — camamilla.
maneula, cynoglosse. — llengua de cà.
manglaner (et mangraner, magraner), grenadier.
maravelleS. — voir garronada.
marcoris (et marCOlic). — voir lliri morat.
marduix (et moraduix). — voir majorana.
marduji, réséda. — herba del amor, herba del moro.
mareselva (et selva mare), chèvre- feuille. — lliga-bosc, xucla-
me), potes i manetes.
marfull, laurier lin. — llorer bort.
margalida. — voir frare.
margall, ivraie. — jull, zizania.
margailô. — voir bargaliô.
margarida, margarideta, margaridoya, marguerite, i pâquereiie.
Maria=Lluisa, verveine odorante.
marieta, larmes de Job.
marigola, morille. — murgula.
marreUS. — voir malrubi.
2 I 1
marxivols, hellébore f-élide. — roser de Nadal, peu de llop.
mastegUCra (et mastec), pissenhl. — pixa-llit. llacso d'ase, dent
de lleô, colitx.
mata (et mata de cabrit). — voir lientiscle.
matafaluga, anis.
mata=anyels, renoncule flammelte.
» aranyes. — voir galzeran.
» galiines. — voir herba caxalera,
» UopS. — voir tora.
» poils. — voir tindarell.
» porcs. — voir mairubi.
» velles. — voir sarsa parella.
matifoc. plan ta go.
meca de pioc, saUcaiie.
melgÔ (et melga, meuca). — voir auzerda.
melilot. — voir trevoi.
melo, melon.
menta, menthe. — mentorala, rementola, rementerola, herba bona,
herba sana.
mentastra (et mentrasta), menthe sauvage. — menta borda,
menta de borro.
mentorala. — voir menta.
mil fulles, achHlée. — herba del tail, herba de les nou camises.
mill, petit millet.
» del sol, grémil. — granadura.
» gruà. — voir blat d'India.
mirambell, ivette. — iva, herba flatera.
moixa (et muixa). — voir arbosser.
moixera (et muixera). — voir estepa.
mongeta, haricot. — fasol, bajoca.
mora, mûre. — voir morera.
» d'arsa, mûre de haies. — voir romaguera.
» de Sant Joan, sorte de framboise.
moraduix (et marduix). — voir majorana.
morellu de marge, morelle douce amère. — solana.
« roquera, pariétaire. — herba de paret. herba de la Mare
de Deu, herba de Nostra-Dona, granadeila, cama-roja,
cama-roig.
21 2
morelIÔ, mouron, spergule. — picapoll, pic de gallîna.
morera (et amorera), mûrier.
« Salvatge. — voir romaguera.
morritort (et murritort), cresson alénois, Jiasiiort.
morterol (et murtarol), mercuriale. — malcoratge, tarra, vina-me-
querrer.
mosques d'ase, ophrys. — abelles.
mostassa (et tnostarda, mostaga), moutarde.
muixera (et moixera). — voir estepa.
muixereta. — voir boixerica.
mùrgula, morille. — marigola, rabassola.
murritort. — voir morritort.
murtarol. — voir mortaro).
murtra, myrte. (M suivre)
Manifestation artistique de Charité
Sous le patronage de notre confrère La J(enaissance Catalane,
un grand concert de bienfaisance réunissait le 25 août, à Elrie,
une pléiade d'artistes et poètes, pour la plupart roussillonnais.
]] y avait là : M""' Mathilde Comès, de l'Opéra, et Hourlier-
Comès, de l'Opéra-Comique ; le Maître Déodat de Sévérac,
MM. Charpentier, i" violon de l'Opéra, le ténor Espéry, Char-
les Grando, de la 7{evue Catalane, Robert Subiros et Albert
Janicot, de la T^enaissance, Uzé, un virtuose du piano. Si cette
fête fut une vraie manifestation d'art, la charité y trouva la plus
belle part et nous nous, en réjouissons.
Arxiu d'Ethnogra/îa y de Folk-lorc (Barcelona, Facultat de Llettresj.
L'annuaire de 1916-17 réunit en un beau volume d'inappréciables docu-
ments folkloriques et une série de questionnaires sur les moeurs, coutumes
et caractéristiques de la région catalane du plus haut intérêt.
Nous ne saurions trop louer à ce sujet, avec le Docteur F. Carreras y
Artau, directeur-fondateur de cette organisation, son bras droit, notre ami
et collaborateur J. Batista y Roca, jeune érudit du plus grand avenir, dont
la compétence en la matière s'impose de plus en plus.
La Renaissance provençale (1800-1860), par Emile Ripert.
L'abondance des matières nous oblige à reporter à notre prochain numéro
une analyse de ce magnifique ouvrage.
* Le Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
12' Année- N* 144 15 Octobre 1918
Les Manuscrits non insères ^w^ ^^^^V ^^ M ^»^
ne sont pas rendu». w^ m^ ^kf I I W^
L»s Articles parus aans ia Revue ^^» t^ ^1^ 7^ T JV 1^1 1^
n'engagent que leurs auteurs. ^b^A^^ Jl AJ^JL^A IkA^I JL^
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr. par an
Academia y Felibri^e rossellonenchs
El nostre estimât confrare Le Coq Catalan proposa ia creaciô
d'una Academia rossellonesa, composta amb els éléments literaris,
artistichs y cientifichs de la nostra terra.
L'idea es de primera y nos en alegrem ; mes amb coses aixîs
hi cal anar tocats y posats ; donchs, jà direm la nostra mes enllà,
quan s'hagin iniciades algunes conferencies prèvies que nos sem-
blen del tôt necessaries.
En lo que pertoca a la creaciô distincta d'un Felibrige rossello-
nès, segôns ne parla la jova y m.ereixedora T^enaissance Catalane,
SI que hi posarem vot tôt arreu, puix la Societat d'Estudis Cata-
lans jà fou instituîda pass^n de deu anys, amb aqueix sentit de
desenrotllament felibrench.
Mes, fins avuv, mentres representava la nostra Societat una
mena d'Academia de la Lleiigua Catalana y feya a Rossellô la
mellor feyna regionalista, jà es altament reconegut de tothom, no
assolia com molts ho haguessen desitjat, tota l'expansio felibrenca
que somniarem y que es fa de niés en mes necessaria cada dia.
Resultava aixô, no d'un esforç insuficient dels qui la guiaven, mes
de la seva constituciô formai, del seu caràcter de Societat y no
mes.
Y aixis es qu'ara per ara estudiem un projecte, tal com ho diu
el director de la Renaissance Catalane, a qui ne varem fer avinent,
per a l'instauraciô proxima d'un verdader Felibrige rossellonès,
amb l'ajuda y l'uniô de tots els conreuhadors de la ilengua
materna, y prescindint de tôt lligam amb qualsevol societat lite-
raria, cientifica 6 artistica actual. No mes podri'a esser afillat,
boy servant son independencia, amb la Academia rossellonesa
que 's va constituint. Y va sensé dir que en ayta! Felibrige, amb
respecte a la noble cause que iria perseguint, se fondrien totes
les ires y aborriments locais passats, que s'aplegarien sota la
seva bandera sagrada, en orguens comuns, les varies revistes 6
diaris de llengua catalana publicats a Rossellô.
Nosaltres desitjem fer, dins aqueixa via, la del dret camî y de
la llum santa, a la claror del sol irradiant de la tradiciô, un pas
major, hasta tinguessim de modificar nostres fonaments de cap a
pzus.
Jà ne tornarem a parlar en descapdellant el projecte, quan con-
sultades les personalitats volgudes, aixîs com les-hi convidem en
seguida, ne vegem possible la realisaciô.
Antes de tôt preguem tots els escriptors rossellonesos de llen-
gua catalana, que formin part 6 no de nostra Societat, de nos fer
coneixer llur judici sobre aqueix assumpte. Els hi agrahirem molt.
La 7{evue Catalane.
La seigneurie ^ la paroisse de Serrahngue
^-^^Z^ [SUITE)
11 existe des quittances aussi affirmatives et aussi importantes
que les pièces qui précèdent : « /o baix firmat iinch rebul de T^ose
Poch de la Pomarèda 8 rais y 8 diners y très galUnas, y son per los
censos fa à la Baronia de Cabrenys caiguls lo JSadal passai, y per ser
lo ver, lin fas la présent rebuda. Al Castell de Serrallonga ; als
^6 mars f]52. — Joan Vilanova y Delaris arrendador ».
Le même fermier des revenus du comte de Ros rédige un reçu
à peu près semblable fait le 6 juin 1 762 « al castell de Serrallonga ».
La conclusion qui se dégage de tous ces documents est la sui-
vante : seul le château de Serralongue était debout, tandis que le
château de Cabrenç n'existait que de nom, étant abandonné et
en ruines depuis de longues années.
b
— î)5 —
11' Partie — La paroisse de Serralonguc
La paroisse Sainte-Marie de Serraionguc remonte assez haut
dans l'histoire. Elle est mentionnée en 988 (Marca, n" 1 38 et
Baluze, Capiiular. t. 11, p. j5o). Dans une charte du comte de
Barcelone du 1(1 des calendes de mai 1141, il est dit que le ter-
ritoire de Sainte-Céciie de Mollo. situé sur le revers sud des
Pyrénées, confronte, a l'est, avec le territoire du château de
Cabrenç : in casirum quod vocaiur Cabrens (Marca, n' 399). Ce
qui prouve, dit Alart, que, dès cette époque, le territoire de
Lamanère était une dépendance de la baronnie de Cabrenç, car
le territoire de Mollo ne confronte oaâ avec le territoire de la
commune actuelle de Serralonoue, mais seulement avec celui de
Lamanère. Le territoire de Serralonoue et celui de Lamanère
ont été compris dans la même paroisse, celle de Sainte-Marie du
lieu de Serralongue, et n'ont formé qu'une seule communauté
jusqu'à la Révolution (1 ).
J. — L'église de Serralongue
L'église qui domine le village de Serralongue, dit Alart, est
entièrement construite en pierres de taille et aussi solidement
bâtie que le château de Cabrenç. 11 n'y a aucun détail d'ornemen-
tation à la porte d'entrée et à la fenêtre du chevet, et rien ne
peut faire démentir la date de l'an 1019 que l'on attribue a sa
consécration (2). Il est certain qu'aucune de ses pierres n'a bouge
depuis l'époque où elles furent posées, et cette forte construction
pourrait suffire, en cas de danger, pour abriter et défendre la
majeure partie de la population. •
La porte d'entrée est assez remarquable par ses pentures et
( I ) Le curé de Serralongue exerçait sa juridiction sur 1 église de Lama-
nère : il était curé de ce territoire en 1722 : AU 29 avril vj^i, en la capella
de Sanl Salvador de la manera, parrochia de Serrallonga, se ha célébrât matri-
moni segcns lo rilo, en presenlia del propi curai baix firmal. — Blazi Hortet,
curât.
(î) L'église de Serralongue aurait été consacrée en 1019. par Béren-
ger 111, évêque d'Eine.
2 J 6
par son verrou sur lequel une inscription ou signature d'artiste est
gravée au burin :
f Bernardus \ TABer \ VEUM \ ME \ VEUT f (j)
La lettre V du mot velim est fort douteuse, mais, par ses
signes paléographiques, l'inscription peut remonter au xn' siècle
et semble confirmer le sentiment de M. de Bonnefoy.
a) Le chœur
Il n'est pas aussi ancien qu'on pourrait ie croire. 11 ne date
que de la fin du xvi' siècle ou du commencement du xvn'. En
effet, dans une visite apostolique faite le 8 février 1618, Pierre
Pussach, prêtre, docteur en théologie, recommande d'achever la
construction du chœur : Item manam à Anloni Besayria que dins dos
mesos aja de acabar de fer h cor, conforme son pare esiava obligai y
pagat ».
b) Chapelle du T^osaire
Elle existait déjà à l'époque ou Pierre Pussach vint à Serra-
longue en qualité de visiteur. Seulement, l'ayant trouvée proba-
blement trop étroite et mesquine, il ordonna de l'agrandir et d'y
faire d'autres réparations : a Manam à Joan Llensa dels masots y à
Père 0ms, pabordes de la Confraria del J^pser, axamplan lo allar del
T^oser y que fassan una Hcaine de fusta y respallar lo grau que y es
de pedra y fer una image de un palm pera las processions del primer
diumenge ».
c) Chapelle de Sainl Marsal
En 1618, cette chapelle était en mauvais état, puisque, le
10 mars de cette année, le visiteur Llatzer Larbat, chanoine de
l'église collégiale de Notre-Dame de la Real, à Perpignan,
défend au curé ou au vicaire d'y dire la messe : <i Se ordena y
mana al reclor 0 vicari, à pena de excommunicatio, no diga missa en
la capella de Sant Marsal que no siçf reparada ».
{H suivre) Joseph Gibrat.
(1) Au célèbre sanctuaire de JV.-D. de J\uria il existe une grille en fer
battu qui sépare le sanctuaire de la nef. Cette grille, qui remonte au xvn' siè-
cle, porte l'inscription suivante : Pau Planes, farrer à Serralhnga. me fècit.
Le verrou qui ferme cette grille est la reproduction exacte de celui qui fer-
me la porte de l'église de Serralongue et qui a pu servir de modèle à Pau
Planes.
ï
ï
Canco de soldat
Quant alta 't tinch per fè 'i xerrich,
oh ! ma botella catalana,
llavors me cantes cant bonich
que parla de l'or de ma plana.
Amb l'estret fil del teu galet
es un bell somni que s'escampa :
el botero del carrer quiet,
les cabres pujant a la rampa ;
es la galana que somriu
sota l'ombrivola figuera,
emparant el festeig corn niu ;
dins l'altre niu que n'es l'Albera ;
tota ma terra es dins l'arqueig
que 's blinga de tu 'n els meus llàvis ;
vives cançons del bon tresteig
escorres, amb cobles dels avis.
Que porti 'n la seua, el Teuto,
dolent tres-sis que l'embriaga,
amb flor de vi del Rossellô,
V bons recorts la meua m paga.
Sanch dels pujols y '1 riberal,
que tôt el blau del cel exaltes,
dônain la forsa y l'idéal
que 't ven del soi de Rivesaltes.
Quant alta 't tinch per fê '1 xerrich,
Oh ! ma botella catalana.
me cantes un cant heroïch
que n'es remor de tramontana.
Fr. Salvat.
Sul front de Xampanya, 1915.
ift jft rtn en ûa en ea CD DQ ûi. CQjCSLjuOi ca .CQl Qa -oCl COlCQ Ca-CA jCP Ca Ca CujCuL Ca, wi Ca .v^ /r^ .tfOuCuL gg. .fflt ■OT. ifA kA l^ <rO\ /T^ irnl flnt cft ia£a.
300 3S OtS 'JQD XC OCjp 30D OQD AS âX XO ûroOQ^
La Renaissance Provençale (1800-1860)
(-)
par Emile Ripert
^^
L'Académie d'Aix a couronné cet ouvrage ; cette seule distinc-
tion classe déjà et l'auteur et le livre ; aussi, éviterons-nous tout
préambule , sur les mérites de l'un et de l'autre. L'auteur est d'ail-
leurs avantageusement connu. Quant à l'ouvrage, en voici l'analyse
succincte pour ceux oui n'ont pas eu, comme nous, le bonheur
de le parcourir et de l'admirer.
Trois grandes époques ou plutôt trois mouvements bien mar-
qués précèdent et préparent la renaissance provençale.
1° Le mouvement savant, antérieur au xix' siècle, marqué par les
efforts des auteurs italiens, français et surtout provençaux appor-
tés dans les recherches sur la langue d'Oc et sur sa littérature. A
noter dans cette époque l'influence de l'abbé Miilot, de Béran-
ger, Papon, d'Achard, et dans les premières années du xix' siè-
cle, où le mouvement se précise, les travaux de Guinguené, Sis-
mondi, Rochegude et surtout l'influence de Raynouard qui amène
presque à elle seule, en France, le réveil des études romanes.
L'auteur consacre plusieurs chapitres à l'influence des histo-
riens Augustin Thierrv, Michelet, Guizot, aux vulgarisateurs et
amis des patois Mary-Lafon, Nodier, Millin, Mérimée, Xavier
Marmier, aux provençalisants Méry, Taillandier, Honnorat, dont
le dictionnaire marque déjà un progrès ;
2° Le mouvemenî ouvrier avec les protecteurs delà poésie popu-
laire Lamennais, Béranger, George Sand, L^amartine et les poètes-
ouvriers Reboul, Poncv, Pélabon, Astouin, Maillet, Reine Garde ;
3' Le mouvemeni dialectal ou traditionaliste où se note l'initiative
des poètes populaires des bords du Rhône : Bellot, Chailan,
Bénédit, Victor Gelu et de plusieurs autres, ainsi que les essais
des poètes du Var et régions contiguës de la Provence.
L'exDosé de ces mouvements établi, l'auteur en réunit les
divers fils en une trame solide et, avec un esprit méthodique de
(i) Editeurs: Champion, Paris, et Dragon, Aix-en-Provence, i5 fr.
— 219 —
premier ordre, pose les premières fondations de la renaissance
provençale en trois chapitres merveilleusement charpentés :
i" Deux exemples: Brizeux en Bretagne, Jasmin en Gascogne;
2' Deux initiateurs : Crousillat et Roumaniile ;
3' Les manifestations collectives et les premières publications.
Et alors naît de ces initiatives et surtout de celle de Rouma-
niile, en qui nous devons saluer le vrai précurseur, cette école
d'Avignon, la création du Félibrige et de VMrmana Prouvençau,
et leur apogée, avec la révélation de Mistral, le triomphe de
Mireille, la publication du Trésor du Télibrige, l'impulsion irrésis-
tible désormais donnée aux lettres provençales par le maître de
Maillane, déjà en pleine gloire, l'apôtre Roumaniile, et les pre-
miers disciples : Anselme Mathieu, Tavan, Aubanel, Paul Giera,
Adolphe Dumas, suivis, plus tard, de tant d'autres.
M. Emile Ripert arrête là son étude ; mais il nous laisse l'es-
poir de voir paraître ultérieurement l'histoire de la littérature
provençale de i86o à nos jours. Déjà nous en a-t-il donné les
prémices avec son admirable travail sur la versification de Frédé-
ric Mistral ()).
Ce serait l'heureux complément des annales d'un passé gran-
diose, digne et clair épisode du grand problème ethnique qui se
pose aujourd'hui aux yeux de l'humanité, après tant de chimères
et de rêves anéantis : l'harmonie des nationalités et le fécond
réveil régional. Charles Grando.
( I ) Cf. J^evue Catalane, i 5 juin 1918, p. i 3o.
Quelques noms de plantes 4 synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
<e|^ (SWTE)
N
nantilla, lentille. — llentia.
nap, navel.
» bort. — voir repunxô.
k
— 2:^0 —
naret. — voir boixerica.
nart, nard.
naviu. — voir abaixonera.
nepta, népète, cataire. — - herba dels gats.
nespler (et nesprer), néflier.
niella, nielle.
noguer, noyer. — pacana.
nyàmara, (et nyama), topinambour.
Oliu (et olivera), olivier.
Olivarda, aunée.
Olivella, troène. — albena, alsena, troana.
Olivereta, camélée. — garuppa.
Ollastre (et ullastre), olivier sauvage.
om, olm, olmissa, olmisser, aumisser, ormeau, orme.
Ordi, orge.
» Salvatge. — voir espigadella.
Orella de monja, ombilic. — barret de capellà.
» de rat. épervière. — herba del cancer.
Orenga, origan.
Oriol, oronge.
Orobanca. — voir frare.
oronia. — voir adzaroller.
Ortiga (et ortigol), ortie. — estrigoi, xiripia.
pacana, sorte de noyer.
paciencia, patience, rumex. — panatiella.
pallîier, palmera, palmier dattier.
pampes, ombelUfères, berse, boucage.
pàmula (et pdlmula) paumelle.
panaces (et panac, panec), berse panacée. — bercet.
panadella. — voir paciencia.
paniça (et paniçold). — setaire, panis.
panicalt (et penical), panicaut, chardon roulant. — espinacart,
cart corredor, cent caps.
27 I —
pantinella. — voir pimpindla.
paparola. — voir rosella.
paparra, sfjphysaigre. — herba dels poils, cibadella.
parra, treille.
paSSa=Cami, renouée. — herba caminadora, herba caminairt:,
herba de cent nusos, trava-cavalls, estira-velles, escanya-veiies,
presseguera.
paSSionera, passiflore. — flor de ia Passiô.
pastanaga, carotfe. — bufanaga, safanoria.
> Salvatge, panais.
pastell, pastel, vouèJe.
pata. — voir pota.
pataCS. — voir ^olitxos.
patana, pomme de terre. — trumfa.
pavia, pêche. — albargo.
pebre d'aygua, persicaire. — sanguinari.
pebrina (et pebrot), poivron. — bitxo.
peceteS, lunaire. — herba de la plata.
pedrassa, vesse. — vessa, arvelles.
pels. — voir cabells.
pelitre, pyrêthre.
pellagra. — voir esparcer.
pelosella, pHoselle.
penical. — voir panicalt.
pensament, pensée. -- herba de la Trinitat.
pentecosta, orchis.
penteCOStera. — voir boixerica.
p£Onia. — voir ebutiscla.
pcpino, cornichon.
pepirigall. — voir esparcet.
peralloner. — voir sanguinyol.
perer, poirier.
pericô groc. — voir trescam.
» vermeil. — voir caxalagua.
perpetuina, immortelle. — sempre viva.
pervinca, pervenche. — herba de primavera.
peSOl (et peso), pois. — tirabec.
pet de llop, lycoperdon. — llufa.
222
peu de Cavall, tussilage. — peu de mula.
» de llop. — voir marxivols.
pi (et pinatell), pin.
pibet, sapin. — bet, abet.
picapoU (et pic de gallina). — voir morello.
picaranyeS. — voir galzeran.
pimpinella, pinpremlle. — pantinella.
pingcll. — voir trescam.
pinta, scandix peigne de Yénus. — agulles de pastor.
piragues. — voir vidauia.
pjta (et pitalassa). — voir etzevara.
pixa=llit. — voir masteguera.
pix de Cà, chénopode. — herba pudenta.
plantage, plantain.
pO]iol, pouliot. — puliot, purriol.
poil (et pollanc, pollancre), peuplier. — x6p.
» blanc, peuplier blanc. — alber, arbre blanc.
poma d'ainor, tomate. — tomata.
pOnier, pommier. — (voir aussi camosina.)
» d'Adam. — voir punsemer.
» de Sant Joan, alisier. — selvier de muntanya, subrà.
ponsemer. — voir punsemer.
porre (et porro), poireau. — ceballot.
porraSSa (et porranissa), asphodèle. — porreca, gamonet.
porreca. — voir porrassa.
pota de Cavall. — voir peu de cavall.
potes de gallina. — voir sarreig.
potes i maneteS- — voir mareselva.
preSSegUer, pêcher. — (voir aussi pavia.)
preSSegUera. — voir passa-cami.
primavera (et primula), primevère. — cucut, herba del cucut,
herba de sant Pau.
pruner (et prunera), prunier.
pUCera. — voir seragatona.
pudent, datura stramoniuw. — herba de les talpes, herba taupera.
puliot (et purriol). — voir poliol.
punsemer (et poncemer, cédratier. — cédrat, pomer d'Adam.
pUnxa<ClauS. — voir abriuls. f/? suivre)
Davant de la mar
La mar té un eternal encantament,
la mar té un eternal extremiment,
i es venturosa i es malestruga.
La mar té un eternal encantament
i canta i riu i es plany i juga.
Exteneu les vêles amples
en l'amplaria de la mar.
Doneu al cant de les ones
la dolçor del vostre cant,
j mentre el coratge us dugui,
llenceu-vos sempre à la mar.
Mentre la ventura us dugui,
no heu de tèmer ni plorar.
La ventura es vostra amiga,
perque es la amiga del mar.
Exteneu les vêles amples
i obriu les boques al cant,
que us el rediran les ones
com tornaveus de la mar,
tant si el dicta l'esperança
com si amb llàgrimes es plany.
La mar es vostra germana,
vosahres els seus germans;
La ventura us hi acompanyà,
en la amplaria de la mar.
La mar té un eternal encantament,
la mar té un eternal extremiment,
i es venturosa i es malestruga.
La mar té un eternal encantament,
i canta i riu i es plany i juga.
(El poème dels Camins.J Alfons Maseras.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
4*^^^ (SUITE)
XI. Transit des marchandises ( i3yS-ij^ïy). Ordonnances relatives à t'exporia-
tion des marchandises et au droit de transit, impôt sur les importations ( 1 408 ).
Permis de franchise concernant les draps. Interdiction d'exporter des chevaux
('425).
Comme suite au droit de rêve, il est intéressant de voir quels
sont les règlements concernant l'importation et la franchise des
marchandises provenant du Roussillon.
Ordonnance relative à la franchise des marchandises exportées
du royaume, à l'exception des bilîo e clova dont le trafic est
expressément interdit par mandement du roi.
Ce droit d'importation et d'exportation concernait la poix, le
suif, le bois, le fil, le fer, les armes, les chevaux d'armes.: toute
infraction à ce règlement sera puni d'une amende de c sols.
I 2 août 1 378
Lo Governador
Als honrats tots e sengles officiais dins nostra Governacio cons-
tituits, e à gardes de passes e de coses vedades o à lurs lochs
tenens, als quais les presens pervendrân, salut e prosperitat. Con
nos axi con président hajam jurât de tenir e servar les constitu-
ions e siam tenguts de ensercar e mantenir lo proffit e utilitat
de la cosa publica de nostra Governacio, en nostra plen conseyl
appellat e ausit plenerament i'onrat En Berenguer de Maguerola,
procurador reval en los comptats de Rossello e de Cerdanya e
maestra de ports en los dits Comta[t]s, e son lochtinent, hajam,
à instancia dels honrats consols de la vila de Perpenya, p'er be e
utilitat de la cosa publica d'aquesta terra, una veu e dues per jus-
ticia déclarât e ordonat que totes universes e sengles coses e mer-
cadaries, quais que sien, pugen esser treytes de la dita terra
franchament e quicia, sens licencia e albara del dit maestre de
— 225 —
ports, no contrestant quai que s' vuyla inhibicions ne uses, excep-
tât les coses que son prohibides per constitucio, e exceptât
billo(i) e clova que son prohibides per exprès manament e ordi-
nacio del senyor Rey. Per so, ios requeridors requerim e als
altres dehim e expressament manam que, observant les dites nos-
tres declaracio e ordinacio, lexets passar e exir de la dita terra,
es asseber del comtat de Rossello, per terra o per mar, totes uni-
verses e sengles coses e mercaderies, quai que s' vulla sien, sens
licencia e albara del maestre de ports, exceptats pega, çeu (2),
alquitra (3), fusra, cambe, fil, exarcia, fferra, armes e cavaljs o
rocins d'armar, les quais coses son vedades per exprès manament
e ordinacio del dit senyor Rey ; e en asso, sots pena de c. sol.
per cascuna vegada, no fassats deguna contradiccio ne embarch,
d'altrement la dita pena se exeguiria, e tôt dan e descrich que
per culpa vostra s'en seguissen, se imputarien de e sobre vos-
tres bens, e nos contra vos provehiriem de remeys covinents.
Volents e ordina[n]ts que de les dites coses prohibides vos sia
donat translat, per so que si de les altres qui no son prohibides
eren tretes de la dita terra, no poguessets allegar que les
ignorats.
Dat. a Perpenya, z XI 1 dies del mes d'agost del ayn de la nati-
vitat de Nostre Senyor Mil CCCLXXVlll.
Vid. P. Comitis. (4)
Deux permis de franchise accordés par le lieutenant de Procu-
reur Royal pour des draps « cadisses » blancs et de coulf.ur,
expédiés par Jacques Figuères, Jacques Serrât et Jacques Vives,
marchands et tisserands de Perpignan, sur « la galère des Flçrcn-
tins », commandée par Pero Sent-Pini, avec détail des pièces,
marques et numéros de chaque ballot, et le nom des consigna-
taires, Johan Jorda et Guillelm Vidal, à Pise.
Perpignan, 5 avril 1427
(1) Monnaie de billon ; cast., vellôn.
(2) Seu ; suif, graisse ; cast., sebo ; lat., sébum.
,3| Composition de 0 pega, seu, grassa, résina y oli. Cast., alqujtran. de
l'arabe al-quitràn : goudron.
(4) Archives communales de Perpignan, AA. 3. livre vert mineur, t. 1".
f 267 v'.
&-.
226
[Draps carregats en la galera dels Florentins.]
En P[ere] Roure, etc. \ : lochtinent del molt honorable mos-
sen Bernart Albert, cavalier, Procurador Reyal en los comtats
de Rossello et de CerdanyaJ (i). Als honrats tots universes e sen-
gles officiais axi reyals com no reyals o à lurs lochtinents e à
totes altres persones axi patrons de naus, de galères, com cossa-
ris (2) de mar, de qualsevol nacio sien, als quais les présents per-
vendrân e les coses dejus scrites en qualsevol manera se pertan-
guen, salut e honor. Certificam vos ab les présents que lo hono-
rable en Ffrancesch Fabre, mercader de la vila de Perpenya, ha
carregat e tramet ab la galera dels Florentins, la quai patroneja
Pero Sentpini, florenti, trenta draps cadisses, ço es xx blanchs e
X acolorats, tots senyats de sa mercha, lo quai es de la présent (3)
forma.
Per que, de part del senyor Rey e per auctoritat dels officis
dels quais usam, à instancia è requesta del dit honorable En
Ffrancesch Fabre, los requeridors de vosaltres requerim e als
altres dehim e manam expressément e de certa sciencia que en
los dits draps ni en algun d'aquells no fassats ni permetats fer
als^un embargament com sia à nos cert e notori los dits draps
esser del dit honorable En Ffrancesch Fabre, com ha aquells haja
carregats ab la dita galera de volcntat e consentiment nostre.
Dada en Perpenya, à V d'abri! del any de la nativitat de
Nostre Senyor MCCCCXXVI 1 .
DE SERINYANO, judex.
En Père Roure, etc. En Ramon de Serinya, etc. [doctor en
décrets, jutge del Patrimoni Reyal en los dits comtats] (4), als hon-
rats tots universes, etc., salut e honor. Certifficam vos ab les pré-
sent? que los honrats en Jacme Figueres, mercader, Jacme Serrât
e jacme Vives, tixedors, tots de la vila de Perpenya, han carre-
( 1 ) Formule empruntée à. un document antérieur du même registre. P 1 1 9.
(2) Embarcacio armada en cos ; lat., cursus (embarch).
(3) Le document reproduit le dessin de la marque du ballot (une croix
en partie hors d'un triangle».
(4) Emprunté au même document, ci-dessus cité.*
i
227
gats e trameten ab la galera dels Florentins, la quai patroneja
Pero Sentpini, florenti : ço es Jo dit Jacme Figueres deu draps
cadisses (i) blanchs, enbaiats en dos baies n" 4 n° 5, consignais en
Pisa a 'N Johan Jorda senyades d'aquest senyal ; e lo dit Jacme
Sarrat xi draps cadisses blanchs, enbaiats en dos baies senyades
d'aquest (2) senyal, consignais a 'N Guillelm Vidal, en Pisa ; e lo
dit Jacme Vives, xj draps e mig cadisses blanchs, enbaiats en dos
baies n' 2, n' 3, senyades d'aquests senyals (3), consignades en
Pisa al dit Guillelm Vidal.
Per que, de part del senyor Rey, etc. (fiât ut supra prope).
En testimoni de les coses damunt dites, vos fem la présent cer-
tifficacio, sageliada ab lo sageil menor del offici de la Procuracio
Reyal dels dits comtats.
Dada (ut supra). (4)
Provision du roi Alphonse d'Aragon, renouvelant la défense
de laisser exporter des chevaux, sous peine de cinq mille florins
d'or d'Aragon, et recommandant à tous les officiers royaux de
redoubler de vigilance à cet effet, en raison.de « los affers que
.tenim entre mans. » En cas d'infraction à cette ordonnance, saisie
et confiscation des chevaux au profit de la Cour.
Saragosse, 22 mai 1425
[Provisio fêta per io senyor Rey sobre la prohibicio per lo dit
senyor fêta de no traure cavalls de sos règnes e terrasj. (5)
N'Alfonso, per la gracia de Deu rey d'Arago, de Sicilia, de
Valencia, de Mallorques, de Cerdenya e de Corcega, comte de
Barchilona, duch dé Athènes e de Nopatria, e encara comte de
(i)Cadissos, cadins : drap groller de liana ; cast., tosch, mal fet (drap
grossier).
(2) Marque du ballot : étoile hors d'un triangle.
(3) Marque du ballot : croix au centre d'un triangle ; croix intérieure et
extérieure au triangle.
(4j Archives des Pyr.-Or., B. 232, Registre XV de la- Procuracio real,
f° '29 v\ /II?
[5) On remarquera les vieilles formes catalanes jiu futui4 en ets : atroba- f f ^
rets, confisquets, executets, donarets, haurets.
— 128 —
Rossello et de Cerdanya. Als nobles amats e feels consellers nos-
tres los Governadors de Cathalunya e dels comdats de Rossello
e de Cerdanya, Batlle gênerai e Procurador Reyal dels dits prin-
cipats e comdats, e no res menys à veguers, bâties e à tots altres
quais se vol officiais nostres e als lochtinents de aquells, als quais
les présents pervendrân e serân presentades, salut e dileccio.
Entés havem novellamcnt que alguns serien entrats dins lo
principat de Cathalunya per comprar cavalls e traure aquells fora
nostres règnes e terres. E jatsia(ij tota treta de cavalls en tots
temps sia prohibida, à major cautela (2) empero e per que en lo
présent temps, per los affers que tenim entre mans, la dita treta
es molt mes evitadora, vos ne volem avisar ; les quais coses, com
sien à nos desplasents, e no havents ab pasciencia la sola attemp-
tacio d'aquelles, à vosaltres e à cascun de vos manam expressa-
ment e de certa sciencia, sots incorriment de nostra ira e indigna-
cio e pena de cinch milia florins d'or d'Arago à nostres coffreus
applicadors de cascun contrafahent, e encara sots altra major pena
à nostre arbitre reservada, que de continent façats servar la ini-
bicio de treta generalment de cavalls fora nostres règnes e terres.
E si cars era que aigu o alguns, de qualsevol stat o condicio sien,
attemptaven fer aquella, cascu de vosaltres en vostra jurisdiccio,'
tota hora e quant ho atrobarets, procehiscats à occupacio e de
fet prengats los dits cavalls e aquells confisquets à nostra cort ; e
no res menys executets en aquells les pênes que per aquesta raho
haurân encorregudes, sens comport aigu, tota excepcio de perso-
nes postposada ; denunciants-vos que si, per comport, compla-
cencia o contemplacio de aigu o alguns, vosaltres o aigu de vos
sabiem o sentiem negligens, différents o ab comport aigu, o sobre
aço donavets alguna prerogativa e favor, nos. procehiriem, contra
lo contrafahent de vosaltres o attemptant algunes coses, à execu-
cio de les dites pênes agrament e rigorosa ; en altra manera, vos
dariem à conexer lo deservey que haurets comés, en manera que
à vosaltres séria pena e altres eximpli. Dada en Ceragoça, sots
nostre segell secret à XXI 1 de maig, en l'any de la Nativitat de
Nostre Senyor Mil CCCC.XXV. (3)
REX ALFONSUS.
(i ) Malgré.
(2) Précaution.
(i) Arch. des Pyr.-Or., B. 232, Registre XV de la Procuracio real, f" 1 09.
229 —
Ordonnance du roi Alphonse d'Aragon, portant défense aux
Allemands, Savoisiens et autres sujets de l'Empereur d'Allema-
gne et du duc de Savoie, d'exporter (carregar o nevegar) les
marchandises hors des Etats d'Aragon, autrement que par des
navires appartenant à ses sujets, à moins que ceux-ci ne s'y refu-
sent ; et imposition de 4 deniers pour livres sur toutes leurs im-
portations. Pour que ces étrangers ne soient pas molestés par
suite de procès et différends en raison de ce droit et de sa levée,
le roi commet pour juge de ces procès, et aussi comme consul et
protecteur des dits étrangers, frère Garcia de Torras, comman-
deur de Castellot.
Le document spécifie, pour éviter toute contestation en cas de
paiement pour les marchandises exportées, que le royaume d'Ara-
gon comprend l'Aragon tout entier avec le comté de Ribagorça ;
dans le royaume de Valence est compris tout le territoire qui
aboutit à Oriola inclus ; le royaume de Mallorque comprend les
iles de Majorque, de Minorque et d'iviça ; la ville de Sardaignc
représente tout le royaume de Sardaigne ; et la principauté de
la Catalogne comprend la Catalogne entière et les comtés de
Roussiilon et de Cerdagne.
Tortosa, 7 janvier 1408
[Per los Alamanys, Savoyenchs e altres destrictuais del senyor Rey .]
Nos N' Alfonso, per la gracia de Deu, rey d'Arago, de Sici-
iia, de Vaiencia, de Mallorques, de Sardenya e de Corcega,
comte de Barchilona, duch de Athenas e de Nopatria, e encara
comte de Rossello e de Cerdanya.
Considérants esser digna e justa cosa e à tota bona equitat
concordant, que, ax) com los Alamanys e Savoyhenchs e altres
districtuals del Emperador d'Alamanya e del duch de Savoyha stan,
negociegen, contracten e mercadegen en e dins nostres régnas e
terras sots nostre proteccio e guiatge(i) e de molts altres preroga-
tivas e favors, segons se conte devall, privilegiats, fahents grans
goanys (2) e multiplicants lurs esmerçes e havers grantment en
aquells, axi nos e la cosa publica dels dits nostres règnes e terres
(1) Guia ; sauvegarde ; lat., via.
(2 ) Guany ; gain.
— 23o —
reporten de ells e de lur stada, axi com fem dels Ytalians e altres
mercaders négociants dins nostre senyoria, dagut fruyt e utilitat.
Per ço provehim, statuim e ordonam que algun dels Alamanys,
Savoyhenchs e altres dessus dits no puxa ne gos carregar o neve-
gar algunes robes o mercaderies del règne, terras e principal
damant dits en alguna fusta o navili, sino ab fusta o navili de
sotsmesos (i) nostres, per trametre en alguna partida o partides,
axi dins com de fora nostra senyoria. Empero es entés al cars
que los dits nostres sotsmesos volguessen levar les dites robas o
mercaderias o pendre aytals partits ; e si cars era que los dits
nostres sotsmesos no volguessen aquelles levar, o pendre aytal
partit, en aquell cars puxen trametre e navegar aquellas ab altres
navilis o fustes de altres qualsevol personas. E si per ventura no
s' podien avenir sobre o per raho del nolit o nolits, si donchs ja
no son tatxats, hajan e puxen aquells nolits tatxar los consols de
la mar (2) de aquella ciutat o vila hon se farân los dits nolits e s'
carregarân les mercaderies damunt dites.
Item, que si aigu o alguns, axi nostres sotsmesos.com altres
qualsevol negoriarân o respondrân per los dits Alamanys,
Savoyhenchs o altres dessus nomenats, hagen à tenir e servar, en
e per tôt ço que per ells farân, totes les coses contengudes e posa-
des en io sobredit capitol, en e per la forma e manera que y son
strets o tenguts los Alamanys e altres dessus dits. E que en los
espatxaments (3) fahedors de las dites robes e mercaderies dins
la senyoria nostra, axi com es paga del General e altres drets,
hagen à dir e denunciar ab veritat, sots pena de cors e de haver,
com les dites robes e mercaderias son de tal o tais persones de
la dita nascio d'Alamanys, Savoyhenchs e altres ja dits, e com ell
e ells per aquells spatxen les robes e mercaderies damunt dites.
Item, que tota mercaderia que per los dessus dits o algun de
ells, de qualsevol terra stranya o fora nostres règnes e terras e à
nos no sobjectas, sera mesa en nostres régnas e terras, sien
pagats per entrada de la valor de la dita mercaderia quatre diners
per cascuna Iliura de diners, la quai valor e extimacio sia presa
(1) Sotmès, somès ; sujet ; lat., subjcctus.
(2) Le Consulat de mer fonctionnait à Perpignan depuis i388. Cf. p. 55,
note 5 : Le théâtre de la "Loge de mer.
(3; Despaig (despedirj ; expéditions : lat., dis-pacta«f. >_^ ^j
il ^ '
— 23. —
segons en semblants cas se acosruma en lo General de Cathalunya
pendre.
Item, per tota mercaderia, bens c robes dels dessus dits Ala-
manys, Savoyenchs e altres ja dits, que cxirân per mercadejar en
altres parts fora aquells, si 1' vol sien robes o mercaderies que
sien stades portades d'altre part stranya on sia ja stat pagat dret
de entrada segons lo précèdent capitol, o sia comprada o hauda
dins los dits nostres règnes e terras, sien pagats per exida e treta
iiii diners per cascuna lliura de dîners de la valor de tais bens,
mercaderia e robes. Exceptât empero que per vitualles (i) ne
encara per vestidures, armes, vaxella, cavaicadures, sclaus o altres
coses que sien per à Ilur propri servir e us, no paguen alguna cosa,
ans ne sien franchs, segons se use en lo General de Cathalunya.
Item, per robes o mercaderies per los dessus dits Alamanys,
Savoyhenchs e altres ja dits, dins algun nostre régna o principat
comprades e en aquells mateix venudes o en altra manera con-
tractades, no sia pagat lo dit dret, ans puxen los dessus dits
comprar, vendre o en altra manera contractar, sens frau e dimi-
nucio del dit dret de quatre diners, franchs d'aquell en cascun
dels dits régnas o principat, à Ilur volentat.
Empero, si tais robes o mercaderias comprades o haudes per
los damunt dits en aigu dels dits régnas o principat, eren per ells
portades o trastegades (2) del régna o principat on les haurien
comprades o haudes en altre régna o principat de la dila nostra
senvoria, sien pagats per tal portament. trestejament (3^ o exida
de un règne en altre quatre diners per cascuna lliura de diners
per valor de las mercaderias o robas ; déclarants empero que, pus
una vegada hajan pagat lo dret dessus dit de exida per tresteja-
ment o exida de un régna o principat en altre, puxen les dites
robas o mercaderias esser portades, tretes o trestejades, vanudes
o contractades en qualsevol altre régna o principat nostre o fora
nostra senyoria franchament e franques del dit dret, axi que no
sien tengudes ne los dessus dits per ells tengudes (4) al dit dret
(1 ) Vivres ; cat., vitual^a. -^
^2-3) Trtsteig (trajet, transport) a le sens, ici, d'objet importé dans le
royaume.
(4) Sic. Sans doute pour : per elles tenguts.
232
de entrada ho exida, si donchs no s' tornaven en aquell mateix
dit régna o principat d'on ja serien tretes. E per tolre tôt dupte
en la paga per la exida de un régna en altre o principat de la
dita senyoria nostra, se déclare en lo règne d'Arago esser entés
tôt Arago e lo comtat de Ribagorça, e en lo règne de Valencia
esser entesa e compresa tota la partida de Xaxona enllà tro per
tôt lo terme d'Oriola inclusivament, e en lo règne de Mallorques,
esser entesas e compresas les isllas de Mallorques, Manorcha c
Yviça e altres à aquellas adjacents, e en lo régna de Sardenya —
quant es als présents capitols — esser entesa la illa de Sardenya
tant solament, e en lo principat de Cathalunya esser entesa tota
Cathalunya e los comtats de Rossello e de Serdanya : axi que,
per portar o trastejar les robes o mercaderias dels Alamanys,
Savovhenchs o altres damunt dits, de Mallorques en Manorcha o
Eviça vel e|nj contra, no sia pagat dret aigu de entrada o exida.
Item, per tolre tota incertitud, nos ordonarem als dessus dits
en la collecta o exaccio del dit dret cert coîlector o collectors o
reebedors en cascun nostre régna o principat e en los lochs
opportuns à colleccio d'aquells, qui exigesquen, cullen e rebcn lo
dit dret, sens tota molestia e vaxacio.
Item, per tal que en les questions e débats, si alguns se
seguexen per raho del dit dret als dessus dits, e que en la col-
lecta o exaccio del dit dret no sien los dessus nomenats vexats
ne trets à diverses jutges e juys, ordonami, elegim e provehim en
jutge e determenador de les dites questions e débats e encara en
lur consol e protector lo relegios e amat conseller nostre, ffrare
Garcia de Torras, doctor en leys, comanador (i) de Castellot, e à
ços subdelegats en los règnes d'Arago, de Valencia, de Mallor-
ques e illas à aquells adjacents, e de Sardanya, e principat de
Cathalunya e comtats de Rossello e de Sardanya, ab dret e'pre-
rogativas, jurisdiccio e salaris pertanyents, acostumats e deguts. E
ponesquen axi mateix los fraudants lo dit dret o fahents o come-
tents engan o salvateria (2) en aquell, en poder del quai frare Garcia
e de sos sotzdelegats, cascu en son loch c administracio, hajen
los dessus dits Alamanvs, Savovhenchs e altres dessus dits, por-
[i) Comendador (cast.).
(2) Salvetat.
— -.33 —
tants o fahents portar o d'aquells traure lurs mercaderias o robes,
sots virTut de sagrament per ells prestador en poder dels prop
dits officiais, dir e manifestar vertederament totes e sengles robes
e mercaderias deis Alamanys, Savoyhenchs e altres dessus dits o
de qualsevol altres per qui farân o respondràn que porten o fan
portar tota vegada que requests ne sien.
E per tolre tota altercacio, provehim e declaram que robes
algunes o mercaderias qui vinguen de altres régnas e terras stra-
nyes, e vagen o sien portades fora los règnes e terras de la dita
nostra senyoria, encara que passen per los. dits nostres régnas e
terras, no paguen lo dit dret, sino en aquells cases e segons per
semblants robas o mercaderias de passatge se acostuma de pagar
en lo dret del General de Cathalunya en lo présent temps.
Encara ordonam e provehim, per obviar à tota frau o salvate-
ria, les quais les persones de be no cometrian per lur innada vir-
tut e prudencia, e les maies persones se retrahen solament per
pahor de pena, que cascu dels dessus dits, fahent o cometent frau
o salvateria en los dits drets, ço es celant o amegant, no dihent
o diminuint o no manifestant les coses o mercaderias, segons es
dit, o no pagant io dit dret en ços cassos, fahent mètre ses robes
o mercaderias en nom d'altri qui no sia dels Alamanys,
Savovhenchs e altres ja dits tenguts à pagar lo dit dret, o en
altra manera, sia encorregut e caygut en tais o semblants penas
com al présent cars encorre lo fahent o cometent semblants salva-
terias o fraus en io dret del gênerai de Cathalunya, aplicadores
à nostres coffres.
E nos, considérants que multiplicant-se los dessus dits Ala-
manys, Savoyhenchs e altres dessus nomenats en nostres règnes e
terras, se multiplicarân les mercaderias e bens comuns de la cosa
publica dels dits règnes e terras : per ço volents donar manera
que pus facilment los dessus dits vinguen fer les dites mercade-
rias en los dits nostres régnas e terras, prometem en nostra bona
fe reyal e juram als sanvs quatre envangelis que tots e sengles
Alamanys e altres damunî dits qui ja son o d'aqui avant vendrân
en los dits régnas e terras ptr nègociar o mercadejar, e à lurs
procuradors. factors e ber.s' ator ^^arem e de présent atorgam sem-
blants guiatges que havem atorgats als Ytalians négociants o mer-
cadejants .en los dits nostres règnes e terras e pagants lo dit dret ;
c prometem c juram del tôt servar aquells. E los clits guiatges
atorgarem à temps de sinch anys, e que d'aqui avant duren à nos-
tre beneplacit, e en après per sis mesos per lur scombre e espat-
xament, segons que es contengut en los dits guiatges dels dits
Ytalians largament.
Per que manam, com pus expressament e streta podem, al
Governador nostre General, e encara, sots pena de sinch milia
flor. d'or, à sos portants-veus en los régnas, principat, ysllas e
comtats dessus dits, vaguers e balles axi gênerais com lochals, e à
tots e sengles altres officiais o sotsmesos nostres, en qualsevol
manera sien apparellats, e als lochtinents dels dits officiais e à tots
e sengles altres officiais e persones dessus contengudes, axi pré-
sents com esdevenidors, quellas coses damunt expressades e à cas-
cuna d'aquellas, les quais nos, en nostre bona fe reyal, tenir e
servar prometem e encara juram als sants quatre evangelis, segons
dessus es contengut, tenguen fermament segons lur continencia e
observen e contra no hi fassen o vinguen per qualsevol manera ;
toUents-lurs ab la présent tota auctoritat, jurisdiccio, poder de fer
lo contrari, e déclarants allô que séria contra fet esser va, cas,
nulla e de tota efficacia e valor freturant.
En testimoni de la quai cosa manam la présent esser fêta e ab
nostre sagell pendent sagellada.
Dada en Tortosa, à set dias de janer del any de la nativitat de
Nostre Senyor M.CCCC. vuit, e del nostre régna quint.
REX ALFONSUS.
Predictum translatum fuit veraciter cum ejus carta original!
comprobatum per me Petrum de Busquetis, auctoritate regia
notarium publicum per totam terram et dominationem illustrissimi
domini Aragonum régis. Ideo ego notarius predictus, de premis-
sis fidem faciendo, hic manu propria me subscribo.
De qua quidem littera et ejus capitulis fuit facta in villa Perpi-
niani per locha assueta preconitzatio hujusmodi seriey :
Ara hojats que us notiffica lo molt honorable mossen Dalmau
de Darnius, cavalier, loctinent del molt noble mossen Ramon de
Perellos, cavalier, Governador dels comtats de Rossello e de Cer-
danya, à tôt hom generalment de qualsevol condicio e stament
sia, los capitols que lo molt ait senyor Rey ha fets sobre lo dret
— 235 -
d'aquells quatre diners per iliura barchilonesa qu'el dit senyor ha
imposât de nou e ordinat esser levât e cullit de sobre les robes,
mercaderies e bens que 'Is districtuals del molt excellent princep
Emperador d'Alamanya, Rey dels Romans, e del illustre Duch
de Savoya. metrân e posaràn dins los règnes e senyoria del dit
senyor Rey, e trauràn de aquells. La ténor dels quais capitols se
segueix per la manera seguent :
« Nos N' Alfonso, per la gracia de Deu, etc. » — Inseratur
jam est supra.
Per que lo dit honorable loctinent de Governador, request tant
per lo honorable Procurador Reyal dels comtats damunt dits com
per Alffonso Suaris, procurador del honrat en Raphaël Ferrer,
mercader de la ciutat de Barchilona, gênerai reeb|ed|or, cullidor
e levador del dit dret, per lo senyor Rey députât, ab veu de la
présent crida notiffica à tôt hom generalment los capitols damunt
dits, per tal que algun ignorancia no puga allegar.
Die martis duodecima decembris, anno a nativitate Domini
millésime quadringentesimo vicesimo quarto, Bernardus Cruells et
Johannes Bosom retulerunt se fecisse et publicasse predictas pre-
conitzationes.
(A suivre) Henry Aragon.
(i) Archives des Pyr.-Or., B. 232, Registre XV de la Procuracio real,
f" 92-95.
L'A VIO
Espantall apocalîptic
damunt del cel un cavall de ferre cavalca,
els minyons apunten l'aviô vola que vola
com si volguessin fer blanc en la lluna que brilla
i no l'erren com mai erren l'infanteria enemiga ;
l'aviô eau,
eau, eau...
s'en puja la cridôria fins al cel
l'aviô semble un astre que s'ha desprès del cel
tôt estrellat.
[Sang en rovell d'où. F Tugmcnt) ]■ Perez-Jorba.
NÉCROLOGIE
De tristes nouvelles nous arrivent de Barcelone. Notre brillant collabo-
rateur et ami Joseph Aladern (Cosme Vidal) est mort des suites de la grippe.
Aladern occupait une place d'honneur dans la littérature catalane. ]1 est
l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages en poésie et en prose, d'études philo-
logiques et notamment d'un dictionnaire catalan d'une valeur incontestable.
11 remportait encore tout dernièrement le prix de prose au concours Clavc.
Aladern était un ami de la France où réside une partie de sa famille ; il
venait parfois passer quelques jours à Perpignan, chez son fils Pompeu. 11
sera vivement regretté dans les milieux littéraires et francophiles et surtout
de nous qu'il avait souvent guidé de ses conseils.
L'on nous annonce également la rhort de M. Josep Moratô y Grau,
rédacteur en chef de la Veu de Calalunya et auteur très apprécié. M. Moratô
y Grau était un bon catalan et un fervent francophile, il avait assisté à la
grande manifestation des intellectuels catalans qui eut lieu dans notre ville,
en février 1916.
Nous avons le regret d'apprendre encore la mort de M"' Teresa Mase-
ras, musicienne de talent, sœur de l'illustre écrivain barcelonais Alfons
Maseras, que la Société d'Etudes Catalanes à l'honneur de compter parmi
ses membres.
Nous adressons à ces trois familles nos bien vives condoléances.
Llibres y espectacles
Entre els llibres publicats aquests darrers dies recordarem : l'aplech de
narracions d'un pur classicisme Contes a l'aizar y l'acurada ediciô d'Eghgues
y del Poema dels Camins del nostre bon amich y collaborador N' Alfons
Maseras ; el primer volum de VAnalecta JHontserratina, magnifie volum de"
400 pagines amb gravats y fototipies ; la versiô catalana de Coriola, de
Shakespeare, empresa per M. Morera y Galicia.
Montmartre, l'obra sentimental de Frondié, que tan èxit obtinguéà Paris,
alguns anys enrerra, ha sigut traduhida al eatalà per l'escriptor Vilaregut y
recull alhora grans aplaudiments a Barcelona hont es magnificament inter-
pretada per la companyia dramàtica d'En Jaume Borràs.
Gran triomf ha assolit també la comedia d'En Pous y Pages: 1{ey y
Senyor, estrenada fa pochs dies.
La T(enaissance Catalane, nada d'ahir, assoleix jà un grau d'expansiô que
nos ompla de goig. Endevant les atxes, jovenets rossellonesos, aymadors de
la llengua payral y de la mare-terra, regionalistes de soca y d'arrel ! Ara es
hora de despertar el poble y de li cantar l'albada de la seva resurrecciô.
Sonem, soiiem matines als campanars de casa. C.G.
L« Gérant, COMET. — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
I
12- Année. N' 145 15 Novembre 1918
Les Manuscnis non insères ^^^ ^^^^V V^ tf ^^^
ne son: pas rendu». J^T W^ ^^/ I I W^
Ln Articles parus aans la Revue ^^^ ^^ ^1^ J^ ■ 1^ H^l I4
rt'enç>agen; que leurs auteurs. ^b^AjL Jl ^^WkJL^^^Wk A^9 A«#
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : iO fr. par an
Resurreccio '
Su '1 dol de les tiranies
eau un darrer toch de morts.
Adeu passades félonies,
adeu los vells dies,
la llibertat santa que fa 'Is homes forts
su 'Is volcans d'ahir obra noves vîes.
Y sona que sona, amb veu sobirana,
dels grans ideals l'excelsa campana,
pels monts y la plana,
esgranant son anima, enfilall sonor,
en tritlleigs joyosos, en drinchs argentins,
y 'J ruixim metàlich de les alegrîes
espolsa mes fines ses cristalleries
dins el magne hossanna dels nous dematins.
Solemnial batallada
les campanes han tocada
per tota la creaciô ;
vetacî l'hora esperada,
la gran Pasqua es arribada,
la Pasqua sagrada
de resurrecciô.
(i) Extrait du Clam T{oig.
— 238 —
La cendra dels despotismes
vcn d'omplir los vcUs abismcs :
arbitrari y csclavitut.
Ja les Ilibertats screnes,
al poble tornant les rennes,
rompen ses cadenes
de llur puny forçut.
Dels ôrdjts d'un nou Tibère,
una patrja s'allibera,
el slovach, plantant sa creu,
per damunt del trono en ruina
munta l'escala divina
que s'alça hialina
de l'home vers Deu.
De la nissaga mes barbre
va se descossolant l'arbre
sota els vents d'evoluciô ;
altre setial tremola,
y cada hora que s'envola
toca per tu sola,
Civilisaciô î
Resurrecciô sus la terra,
la guerra matant la guerra,
lo tira alcohol proscrit,
les nacions mestresses d'elles,
per la dôna lleys novelles,
al rusch les abelles
y un fare a la nit !
— 23q —
Rcsurrccciô de rota anima !
De quina aurora purissima
s'acJarirà l'infinit.
animes, quan mes unides,
germanes de blanch vestides,
passareu enlleugerides
per l'univers benehit !
Ja, en los marges de la ruta,
de cada soca rebrota
lo brancam escabotat,
y la fulla que punteja
sent, en son lob que verdeja,
l'esperança creixe
amb son colorât.
Aixî, en l'humana nalura,
la ma invisible qu'atura
la germinaciô del Mal,
del mateix camp de la vida
arrenca l'herba marcida
y a la virtut espellida
dona florida eternal.
Su '1 dol de les tiranfes
eau un darrer toch de morts.
Adcu passades félonies,
adeu los vells dies,
la llibertat santa que fa 'Is homes forts
su 'Is volcans d'ahir obra noves vi'es.
— 24° —
Y sona que sona, amb veu sobjrana,
dels grans ideals l'cxcelsa campana,
pels monts y la plana,
csgranant son anima, enfilall sonor,
en tritjlejgs joyosos, en drinchs argentins,
y ') ruixîm metàlich de les alegrîes
espolsa mes fines ses cristalleries
dins el magne hossanna dels nous dematins.
Caries Grandô.
La Renaissance Catalane
à recelé de Mistral
f
Les hostilités présentes ont bouleversé, depuis quatre ans, le
monde des affaires, des lettres et des arts. Si nos vaillants poilus
ont fait de la belle œuvre sur nos champs de bataille, les artisans
de la plume n'ont pas cependant chômé au sein de leurs labora-
toires intellectuels. Pour enflammer les courages des héros du
front et des populations de l'arrière, des voix éloquentes se sont
fait entendre. L'une de ces voix, charmeuse et engageante, est
venue, par la capitale, de la docte cité montpelliéraine, pour en
évoquer une autre, également sympathique et autorisée, la faire
surgir d'entre les morts de la guerre et lui redonner cette puis-
sance d'airain claironnant qui avait éveillé autrefois, en nos pays
latins, de Marseille à Barcelone, cette belle Renaissance provenço-
catalane dont nous recueillons aujourd'hui les fruits suaves.
Qui donc, en effet, n'a lu le Mistral de José Vincent ? Edité
en pleine guerre, chez Gabriel Beauchesne, à Paris (i), — déjà à
la troisième édition, — ce magistral ouvrage n'a d'autre ambition
que de nous faire connaître les principaux traits de l'illustre Père
•
fi) En vente chez Brun frères, libraires, Perpignan.
— 24' —
du Félibrige : Frédéric Mistral. Encore que « un certain public
l'admire de confiance, parce que quelques félibres et tout l'excel-
lent pays d'aJessias, avec raison enthousiasmés, ont organisé
autour de ce grand nom un magnifique et généreux tumulte, on
pense que quelques critiques réputés, et de sûre compétence,
d'ailleurs, ont affirmé que Mistral était très authentiquement
l'Homère des temps nouveaux », on peut dire que « le commun
des lecteurs de France le connaît peu... 11 existe encore beau-
coup trop de gens qui n'ont pas lu Calendal, J^erta, et Le J^hone...
Et c'est à peu près un scandale. Qui connaît bien, — je dis bien
— ces deux merveilleux monuments du lyrisme français qu'on
appelle les Tles d Or et les OlivaJes ? Qui a lu la J^eine Jeanne ?
Telles sont les raisons, entre bien d'autres, qui ont déterminé
le très compétent écrivain et critique littéraire, M. José Vincent,
— un méridional, très fervent professionnel du Félibrige et de
nos langues d'oc, le très distixigué conférencier des grandes aca-
démies parisiennes — à nous faire partager son enthousiasme
pour les oeuvres de Mistral. Il nous déclare que la lecture en est
« bien plus passionnante que la dernière comédie ou le dernier
roman bien parisien ». Le texte provençal ne doit être à per-
sonne une raison de ne pas l'aborder carrément. Une traduction
française, et celle-ci est « magnifique », suffit aux timides, aux
hésitants. « Avec un oeu d'entraînement et de ferveur, on arrive
vite à lire assez couramment la version provençale. Dans ce cas,
le plaisir est triplé... On est toujours largement payé de sa
peine... La poésie de Mistral est magnifique, mais avenante, et
tout de suite délicieuse. Avec elle, jamais nulle déconvenue à
essuver. Tout le monde doit s'v plaire. »
Pour nous, catalans du Roussillon, il me paraît qu'il y a d'au-
tant plus de facilité à lire, dans leur texte original, les oeuvres de
Mistral, que notre langue maternelle, à peu de chose près, se
retrouve elle-même, en s'y mirant, dans celle de Mireille. L'une
et l'autre, étant issues de la même mère latine, me font l'effet de
deux sœurs un peu lointaines qui se comprennent vite à distance,
à mi-parole, à mi-pensée.
Mistral ne s'est-il pas, en définitive, inspiré de nos grands ancê-
tres, grecs et latins? Mireille est une épopée nationale qui ressus-
cita la grande poésie des anciens âges. Le lyrisme de ses Iles
— 24^ —
d'Or nous rappelle celui de Pindare et des Psaumes, avec les mê-
mes pensées géniales. S'il chante d'une voix tantôt gémissante,
tantôt bienheureuse, la mort, la nature, la patrie, la tradition, le
terroir, l'amour et la Foi, c'est en reprenant la vieille lyre des
aèdes comme celle de nos antiques troubadours catalans, ou la
harpe encore plus ancienne du prophète. En définitive, les enthou-
siasmes de Mistral ont restitué son âme à un pays. 11 faut donc
que toute la France, et plus particulièrement tout le Midi, toute
la Catalogne, fassent écho à la grande voix mistralienne.
« En sauvant une langue — a dit Charles Maurras — le poète
a sauvé une race. » A ce titre, nous devons encore le mieux aimer.
Et ses armes, pour sauver son pays et le noire de la déchéance ?
« Sa poésie, tout uniment. Sa poésie et son étonnant Trésor du
Télibrige, en tête duquel il a écrit ceci, que nous ne devrions
jamais assez méditer, nous surtout Catalans :
...O peuple du Midi, écoute ma harangue :
Si tu veux reconquérir l'empire de ta langue,
Pour t'équiper à neuf puise dans ce trésor.
[M suivre) Jean Sarrète.
Y En Jolfrc ?
Les Cambres venen d'honrar els noms de Foch y de Clemen-
ceau com a mereixedors d'un gran homenatge nacional. Y
En Joffre ? Que no tenen memoria," els diputats ? O es que *1 sol
de la seva gloria els hauria encegats? Sigui com sigui, hi hagué, en
1914, un General que salvà el mon de les urpes germaniques ;
sensé el triomf de la Marna, que ell entaulà tant bellament, era
vençuda la França, y les demès nacions no tenien temps per orga-
nisar resistencia.
Y ni l'admirable Clemenceau, ni l'ilustre Foch, poch que
haguessen tant sols eixit de l'ou.
O bé aqueix geni es digne dels mes grans honors, o bé la Vic-
toria del Marne es una faula. Y com no n'es cap de faula, aqueixa
esplendida batalla, hont lo corb germànic va rebre un cop mortal,
- 243 -
En Joffre no 's pot descartar y, que ho volguin 6 no volguin, es
la primera A/\arna un dels factors d'aqueixa trilogia de la gran
Victoria : « ] offre — Clemenceau — Toch ».
Si les Cambres no aconsegueixen afegir el nom de JofFre als
dos altres, la França l'hi afegirà ; a la capital jà es cosa fêta, y
numeroses seràn les ciutats que seguiràn l'exemple de Paris.
Nosaltres protestem en nom de tôt Rossellô, y demanem repa-
raciô d'aqueix descuyt vergonyos.
ha T^evue Catalane.
Une heureuse pensée d*Apeles Meslres
Au lendemain de la Victoire, nous recevions de Barcelone la
lettre suivante de l'illustre auteur de Tlors de sang et d'^lila :
Amich Grande,
Una forta abraçada y una entusiasta felicitaciô per la Victoria tan gloriosa
per la França com humiliant per la Alemanya.
En fi ; no han passât !
Adjunta va aquesta estrofa de la Marsellesa adaptada a les circumstancies,
y que m sembla que s'imposava.
Tôt vostre de cor. Apeles Mestres.
Barcelona, i 9 novembre 191 8.
Uoe strophe finale à la Marseillaise
Allons, enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé ;
A nos pieds, de la Tyrannie,
L'étendard sariglant est tombé.
Entendez-vous dans nos campagnes
Les cris joyeux de nos soldats ?
Ils viennent, fîers de leur combats.
Embrasser leurs fîls, leurs compagnes.
Plus d'armes, citoyens !
Assez de bataillons !
Marchons î Marchons !
^ La liberté
Fleurit sur nos sillons !
I 1 novembre 1918.
Apeles Mestres.
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
É^^^i» (SUITE)
XJJ. Pragmatiques sanctions du roi Alphonse d'Aragon relatives aux montures
des gens de la maison du roi et de ses vassaux (Septembre-Novembre 1427).
Pragmatique sanction du roi Alphonse d'Aragon, portant défense
aux gens de la maison du Roi et à leurs serviteurs, ecclésiastiques
ou autres, à l'exception des dames et demoiselles, d'avbir pour
montures des mules ou des bêtes autres que des chevaux (cavalls
o rocins), sous peine d'une amende de cinq mille florins, en cas
d'infraction* à ce règlement, qui entre en vigueur à partir du jour
de la Nativité.
Valence, 6 septembre 1427
[Prachmatiqua fêta per lo senyor Rey N'Alfonso, vuy bena-
venturadament régnant, sobre les cavalcadures, per aquells qui
secrueixen la cort del dit senvor.l
Nos N'Alfonso, etc., Considérants que à nostra honor e decen-
cia de nostra reyal dignitat, e à salut del régiment dels pobles à
nos per Deu comanats e benefici de la cosa publica es util e salu-
dabla la provisio infrascripta. Per tal, ab ténor de la nostra pré-
sent pragmatica sanccio fermament valedora, statuim, ordonam e
manam que tots e sengles officiais de casa nostra, familiars,
domestichs e servidors, de qualsevol dignitat, condicio e stament
sien, axi ecclesiastichs com seglars, présents e esdevenidors, e los
familiars e servidors d'aquells e de cascun d'ells, sien tenguts e
obligats tenir e cavalcar, tinguen e cavaiguen cavalls o rocins, e
no puxen en manera alguna cavalcar mules o altres animais o bes-
ties, sots pena de perdre los officis à ells acomanats. E per que
los sobredits e cascun d'ells hajen temps e espay de desexir-se
de les mules que tenen, e haver cavalls o rocins, e mètre 's en
l'orde e stament que dit es, volem e manam que les pênes de
la présent nostra pragmatica sanccio no sien exequtades tro à la
- ^45 -
festa de la Nativitat de Nostre Senyor primer vinent ; pero d'alli
avant contre tots los contrafaents sien promptament exequtades,
tengudes e observades. Exceptam empero de la dita nostra pré-
sent pracmatica sanccio les dones e donzelles de casa nostra e
altres que cort nostra "seguirân, les quais, per lur indisposicio,
volem à aço no esser tengudes e que puxen cavalcar mules à lur
volentat, sens incurriment de pena alguna.
Per que, ab la metexa présent, de nostra certa sciencia e deli-
beradament, sots incurriment de nostra ira e indignacio e pena de
V miiia florins, dehim e manam als Canceller, Vici-Canceller,
Cameriench, Majordom, Algotzis e altres nostres officiais, als
quais se pertanga, que la présent nostra pragmatica sanccio juxta
sa séria e ténor, tinguen fermament e observen, tenir e observar
fassen. E aquella per los lochs acustumats de la ciutat de Valen-
cia manam esser publicada, à fi que per algun no puxa esser alle-
gada ignorancia. E passada la dita festa de la Nativitat de Nos-
tre Senyor, à exequcio de les dites pênes contre tots los qui à la
dita présent pragmatica sanccio nostra contrevindrân volem esser
procehit sens speransa de venia o perdo. En testimoni de la quai
cosa manam esser fêta la présent ab nostre sagell secret sagellada.
Dada en Vaiencia, à VI dies de setembre, en l'any de la
Nativitat de Nostre Senvor M.CCCC.XXVl 1 .
REX ALFONSUS.
Dominus Rex mandavit mihi Ffrancisco d'Arinyo.
Praamatique sanction du dit roi, imposant la même obligation
à tous ceux de ses sujets ou vassaux qui voudraient obtenir « vega-
ria, batllia, justiciat o alcaydia o altre qualsevol ofïici », a l'ex-
ception des mostaçafs et certains autres officiers municipaux.
Valence... novembre 1427
[Pragmatica fêta per lo senyor Rey N'Alfonso sobre aquells
qui d'açi avant han à tenir e cavalcar cavalls o rocins, e no mules
ni muls].
Nos N'Alfonso, per la gracia de Deu, Rey d'Aragon, de Sici-
lia, de Vaiencia, de Mallorques, de Cerdenya et de Corsega,
comte de Barchilona, duch de Athènes e de Neopatria, e encara
— 246 —
comte de Rossello e de Cerdanya ; recordans en dies passats haver
fêta la ordinacio e prachmatica subseguent :
« Nos N'Alfonso [ut suprà), statuhim, ordonam e manam que
d'açi avant qualsevol de nostres subdits e vassalls, de qualsevol
stament sien, que no tinguen cavall o roçi à cavalcar per açi (i)
e 'Is seus familiars e servidors, e de fet no cavalcarân e cavalcar
farân à aquells sens tenir mules per cavalcar, no puxen de nos
impetrar, obtenir ne haver vegaria, batllia, justiciat o alcaydia o
altre qualsevol offici. E los qui ja en dies passats haurân obten-
guts de nos algun offici o alcaydia, si d'açi à la festa de Nadal
prop vinent, no s' serân meses à cavall, desexints-se de mules o
muls, si n' tendràn, perden de fet los officis, car nos, per les
rahons e causes sobre dites, volem e declaram tots aquells qui no
tendrân o cavalcarân, tenir e cavalcar farân cavalls o rocins per à
eils e 'Is seus qui à cavall degen anar segons es dit dessus, esser
inabils e no poder ne deure de nostra Magestat impetrar, haver
ne obtenir o tenir algun dels officis sobredits. Exceptam empero
d'aquesta nostra ordinacio les mullers e dones dels dits officiais,
per obs de les quais pusquen tenir mufs e mules, si s' volrân, puys
homens no cavalguen en aquelles e bisties que sien per à lauro o
atzembles. Manants per tant de nostra certa sciencia e expressa-
ment, sots incurriment de nostra ira e indignacio e pena de sinch
milia florins, à tots e sengles governadors, bâties gênerais e altres
qualsevol nostres officiais als quais se pertanga, présents e sdeve-
nidors, que la présent nostra pragmatica sanccio, juxta sa séria e
ténor, tinguen invioiablament e observen, e per los lochs acustu-
mats de lurs jurisdiccions fassen publicar, per tal que à tots sia
manifesta. En testimoni de la quai cosa, manam esser fêta la pré-
sent ab nostre sagell secret sasellada. Dada en Valencia, à
VI dies de setembre, en l'any de la Nativitat de Nostre Senyor
M.CCCC.XXVU.
REX ALFONSUS.
E com hajam entés que per algunes persones es posât en dupte
si en la présent nostra ordinacio e pragmatica son enteses e com-
preses justicies, mostaçafs e altres officiais o lochtinents de aquells
de les ciutats, viles o lochs, los quais officiais nos elegim de très
( 1 ) Pour soi.
— ^47 —
redo)ins(i) a nos presentats, o, en absencia nostra, los nostres
batlle gênerai e aitres batlles locals, o los quais officiais se fan per
eleccio en les dites ciurats, viles o lochs. Per ço, per ténor de la
présent, declaram e volem los dits officiais e lochtinents de aqueJls
o algun d'ells no esser compreses en la dita nostra ordinacio e prag-
matica ; ans cavalquen mules, cavalls o rocins à lur volentats, e
segons à ells sera ben vist, e, per la dita ordinacio e pracmatica,
no puxen haver impediment o contrast algun en obtenir e régir
los dits officis, en los quais serân elets e nomenats. Manants per
tant, de nostra certa sciencia e expressament, sots incurriment de
nostra ira e indignacio e pena de sinch milia florins, à tots e sen-
gles Governadors, Batlles gênerais e aitres qualsevol officiais nos-
tres als quais se pertanga, présents e sdevenidors, que la présent
nostra declaracio e volentat, juxta sa séria e ténor, tinguen invio-
lablament e observen, e, per los lochs acustumats de lurs juris-
diccions fassen publicar, per tal que à tots sia manifesta. En tes-
timoni de la quai cosa manam la présent esser fêta e de nostre
sagell secret sagellada.
Dada à Valencia... (2) dies de noembre, en l'any de la nati-
vitat de Nostre Senyor Mil CCCC. XXVI 1.
REX ALFONSUS.
Ara hojats que notifîca lo molt honorable mossen Arnalt de
Luppia, cavalier, lochtinent del molt noble mossen Ramon de
Perellos, cavalier, governador dels comtats de Rossello e de Cer-
danya, que '1 molt ait senyor Rey N' Alfonso, per la gracia de
Deu Rey d'Arago benaventuradament régnant ha fêta una prach-
matica al dit lochtinent prcsentada per l'onrat En P[ere] Roure,
lochtinent de Procurador Reyal dels dits Comtats ; la quai lo dit
senyor Rey mana publicar, de la ténor seguent :
« Nos N' Alfonso, per la gracia de Deu, etc. » (inseratur
pracmatica superius inserta.)
Per que, lo dit honorable lochtinent de governador, exequint
( I ) L'élection des consuls et mostassafs avait lieu par bulletins (ou rodolins)
tirés au sort par un enfant de moins de sept ans. Ce mode d'élection avait
été inauguré en i 402. Voir mon étude : L'organisaiion mumctpale. .., p. 47-53.
(2) En blanc.
— 248 —
los manaments del dit senyor Rey, ab veu de la présent crida,
publica e publicar fa la damunt dita prachmatica, per tal que
aicun no puxa prétendre de aquella ignorancia. E car la dita
orachmatica es stada al dit lochtinent de governador presentada
passât lo temps dins lo .quai lo dit senyor Rey ha statuit e ordo-
nat que 'Is dits officiais haguessen haver cavalls o rocins, desexint-
se de muls e mules que tinguessen, per ço lo dit lochtinent
de governador, instant e requirint lo lochtinent de Procurador
Reyal, porroga als officiais dins la dita governacio constituits d'açi
e per tôt lo mes d'abril prop vinent, e 'Is dits "officiais hajen
haver e tenir per lur cavalcar cavalls o rocins e desexir-se de
muls e de mules que tinguen, en e per la forma e manera e sots
les pênes en la dita pracmatica contengudes.
Die lune intitulata xu' januarii, anno Domini M°CÇCC.XXV111°,
fuit Dublicata dicta preconitzatio per viliam Perpiniani per loca
solita per Bernardum Cruells, curritorem publicum Perpiniani
cum sociis suis cum tubis, prout idem preco retulit(]).
XUJ. Criées concernant les paons du Château royal (3 juin 1439)
Criées faites à Perpignan par Jacques Foxa et François Sala,
au nom du Procureur du Roi, relatives à la conservation des
paons du Château Royal : défense d'élever et de garder des paons
mâles ou femelles ; obligation de déclarer à la Procuracio T(eyal,
dans les quinze jours qui suivront cet arrêt, tous les animaux (paons)
qui devront avoir une marque particulière : en cas d'infraction à
ce règlement, confiscation des sujets et amende de soixante sous (2).
Le 3 juin 1439
Die mercurii tertia pred'cti mensis junii, anno predicto [1439],
presens preconitzatio fuit \ ublicata Perpiniani per locha assueta
per Jacobum Foxa et Ffranciscum Sala, precones dicte ville, cum
()) Archives des Pyr.-Or., B. 232, Registre XV de la Procuracio Real,
f°' 1 5o-i 5i .
(2) 11 y avait, au château des rois de Majorque une ménagerie complète
et un garde pour cette installation. (Voir Vidal, Perpignan. 1898.)
— 249 —
rubis suis, mandato honorabilis locumtenentis gubernatoris, ut
dicti precones retulerunt. et cum Bartholomeo, scriptore, qui
eam legit.
« Ara hojats que us notiffica e us fa à saber lo honorable En
P. Blan, donzeil, lochtinent del molt noble mossen Ramon de
Perellos, cavalier, Governador e Capita gênerai en los comtats de
Rossello e de Cerdanya, que, com lo honorable mossen lo i'ro-
curador Reyal, per conservacio dels pagos (i) del Castell Reyal
de Perpenya, los quais tots dies se perden e s' oculten, haje
ordinat e provehit en la forma seguent, ço es que no y haja
alguna persona, de qualsevol stament o condicio que sia, que dins
la vila de Perpenya gos nodrhir ne tenir pagos mascles ne famel-
ies, si donchs no son ab algun senyal, los quais pagos e senyals
hajen à denunciar e fer scriure à la Procuracio Reyal dins xv tiies
comptadors del die de vuy de aquells pagos que ara han e de
aquells que per avant haurân, comptadors del die que 'Is haurân
hauts, sots pena à quascun e per quascuna vegada de perdre los
dits pagos, e de saxanta sols sens tota merçe.
Item, que tota persona qui trobarà o en sa casa vindrâ algun
pago o pagos qui no sien seus, que dins très dies comptadors del
dja que los dits pago o pagos serân venguîs, los hajen à denun-
ciar à la dita Procuracio Reyal, e aquels no tornen o liuren à
alguna persona. sens licencia de mossen lo Procurador Reyal o
de son lochtinent, sots la dita pena ; e de les dites pênes haurà
la terça part lo denunciador e les altres dues parts seràn del
senyor Rey.
Per ço, lo dit mossen lo lochtinent de governador, a instancia
del lochtinent de mossen lo Procurador Reyal, intima à tôt hom
generalment la dita ordinacio, per tai que alcun de aquella no
puixa ignorancia allegar ; e mana les dites coses tores e sengles
tenir e servar sors les dites pênes; de les quais pênes lo deaun-
ciador haurâ la rerça parr, e les dues parrs seràn del senyor
Rey {2).
(A suivre) Henry Aragon.
(i) Pavôn. ant. galldindi.
(a) Archives des Pyr.-Or., B. iSj^. P i56.
rn rn •Q,CDL,ÇÇtjÇpLXÇl, S
Zti^ (<»t»^^^^^^^^^^^^t'^v«'»'^ï'(^^ y» ^ y* y* y* y* y' y* y" y^^ (n^i(>if>^(n(p(n^^^i
Contrapas
t^tN^^^^
Tret del contrapas Uarg
(P. Vidal, Cansoner Caialâ.)
Pecador tingas esmena,
Pecador tingas dolor,
Lo que nostra colla mena,
Balla al nom del Redemptor.
Si de ell no tens dolencia,
Ne seras molt castigat
Y feras la penitencia
Si no diues la veritat.
Grans traballs Chr[sto passava,
Grans tormens y grans dolors,
Sanch y aigua ell ne suava
Per salvar los pecadors.
La seua gai ta sagrada
Lo Judas li ha besat,
Falsement eil l'entregava
Als Jueus amb gran crueltat.
A la cara del divinial
Eixos airats escupian ;
Feyan al manso eternal
Tots los torments que podian.
Mil assots li han donat
Ab las malvadas ahinas,
Y sus '1 cap li han posât
Una corona d'espinas.
En sas espatllas sagradas
Li cargaren una creu,
Y no se cuantas vegadas
Va estropassâ '1 Fill de Deu.
Despres que alsats se hagueren
La seua persona sagrada,
Elis a la creu la portaren
Y l'han fortament iligada,
En eixa creu arrimât
Y sufrint ab paciencia,
Christo la nit ha passât
Ab granda obediencia.
En eix carrer d'amargura,
Maria, la sua mare,
Se desmaya de tristura
Vigent del seu Fill la cara.
Prestement li han donat
Fel,* vinagre y una llansada,
La sanch a bulls ha rajat
De la mamella sagrada.
Demano perdo de cor
Al poderos Rey de gloria
Demano perdo de cor,
De la Passiô tinch memoria.
P. Francis.
N. B. L'autor a conservât l'antigua forma.
1
La seigneurie ^ la paroisse de Serralongue
^î^^iw- {SUITE)
d) Chapelle de Saint Sébasiien
Elle vit le jour à la fin du xvn' siècle. Sa construction fut ter-
minée le 27 janvier 1084, pendant que Jérôme Ortet régissait la
cure de Serralongue et que Guillaume Fort et Pierre Cerra étaient
consuls. Jérôme Ortet bénit cette chapelle le 19 mars 1684, après
avoir obtenu la permission de Bonaventure Cabanes, vicaire géné-
ral : « Als iy de janer 1 684 se acaba la capella de Sanl Sebastia,
essent rector Tiieronim Oriet, comcls Guillem Tort y Pera Cerra.
Als j8 mars 1684 fonch henehida la capella de Sanl Sebaslia per lo
^nd ^in. Qj-f^f^ curât de Serrallonga, ab licencia de l'îll" Bonavenlura
Cabanes v. g. ».
e) Tombe seigneuriale
François de Rocaberti, dit Alart, fit son testament le 29 sep-
tembre 1 582 à Barcelone, où il résidait habituellement. 11 est
bien probable qu'il y mourut le 3 novembre 1 589 et que, d'après
ses dispositions testamentaires, ses restes furent transférés auprès
de ceux de ses ancêtres dans l'église de Serralongue. Voici l'épi-
taphe de ce baron gravée sur une dalle de granit couchée au pied
du sanctuaire de cette église : elle est en mauvais état et destinée
à n'offrir, tôt ou tard, qu'une surface lisse, comme les autres pier-
res de carrellement :
HIC lASCET NoB/US DomiNuS
FRANCISCVS DE ROCHABERTI CVIVS ANIMA ]N
CELIS REQVIESCAT AMe«
OBUT DIE 3 NOVEMBRIS
1589
Je n'ai pas su lire, dit M. de Bonnefoy, les deux ou trois mots
qui séparent les éléments de la date et qui peut-être en font par-
tie. L'épitaphe forme cadre autour de la pierre ; le millésime
est gravé dans le champ. Au-dessous du millésime sont les armes
du défunt, de Rocaberti, d'Aragon moderne et d'Orcau, mais la
représentation de cet écu n'est pas d'une fidélité rigoureuse.
— 252
Ajoutons des renseignements puisés aux archives paroissiales
de Serralongue :
Le 28 mars' 1659, un visiteur ordonne de réparer le pavé de
l'église et la tombe qui est près des degrés du sanctuaire : « Axi
hé fassan adobar lo pavtment de la dila i^lesia en los llochs ahont esta
desenbn'olada y en pariicular un vas ho sepullura quès juni à las gra-
das de l'allar major ».
Le 1 1 janvier 1666, il est fait mention d'un alhal de don Joseph
de Sorribes, qui mourut à Perpignan et qui fut enterré dans
Notre-Dame de Serralongue, dans la tombe de famille : « Alhal de
don Joseph de Sorrihes, loqual wori en Perpinya. Tonl enterrai erî
TV" S'' de Serrallonga, en llur iomha ».
Le 25 novembre 1672, le seigneur don Joseph de Sorribes y
de Peguera fut inhumé, en l'église de Serralongue, dans la tombe
de ses ancêtres. Sept prêtres assistèrent à son enterrement. A
Perpignan, où il mourut, on lui fit des funérailles solennelles :
« Tonch enterrai lo S"' don Joseph de Sorrihes y de Peguera en la
iglesia parrochial de JV" S" de Serrallonga en la Iomha de sos passais.
Mssisliren en lo enterro sept capallans, perqué en Perpinya ahont ell
mori se li feran grans sujfragis » .
Le 23 avril 1679, on donne la sépulture au cadavre de dona
Théodora de Sorribes et de Peguera dans l'église paroissiale de
Serralongue, en la tombe de ses ancêtres, avec l'assistance de
vingt prêtres. Elle a fondé un anniversaire annuel pour le repos
de son âme : « Tonch sepultat lo cadaver de dona Théodora de Sorri-
hes y de Peguera dintra la iglesia parrochial de 5'" Maria de Ser-*
rallonga en la tomha de sos passais ab assistencia de vingt preveres.
Se dex un anniversari annual com consta ah lo testament de son maril
don Joseph de Sorribes. — Tta est, Miquel Boxeda, prevere y curai
de Serrallonga ».
Le 16 août 1679, il y eut un albat de dona Françoise Ros et
de Sorribes. L'enfant fut déposé dans la même tombe :
« 16 agosl i6y^, albat de dona Trancisca J^os y de Sorribes. Se
enterra dintra la tomba de sos passais en la iglesia de Serrallonga ».
L'église de Serralongue possédait aussi deux tombeaux en mar-
bre blanc. En 1819, ils furent retirés de l'église et employés à
la fontaine publique pour servir d'abreuvoir aux animaux. La
majeure partie des inscriptions est détruite, et tout ce qu'il est
— 253 —
possible d'y lire se réduit aux fragments que M. de Bonnefov
avait déjà pu déchiffrer. On lit sur le tombeau inférieur, aujour-
d'hui détaché de la fontaine et abandonné dans un coin avant
d'être brisé en plusieurs morceaux :
... VU : DIE : QVA
. . . NONAS APRILIS
GAVCERANDVS
IVS A..1..A.P..M..C..D1
IN PAGE : A . . .
D'après Alart, ce tombeau doit être attribué a G. Galcerand
de Serralongue, décédé vers i3)2.
La seconde inscription, gravée sur l'autre tombeau, est encore
plus maltraitée :
ANNO DOMINI : M . . . RTO IDVS APRILIS
OBUT NOB LMVS ....
ANIMA REQVIESCAT IN ... .
Les lettres LMVS, fin du mot GVILELMVS, ne peuvent se
rapporter qu'au grand-père de Guillem-Galcerand, à Guillem-
Hugues de Serralongue, qui prit la croix et mourut sans doute
pendant la croisade de saint Louis. Ses restes auraient été appor-
tés à Serralongue et déposés dans ce petit tombeau : ce qui s'ac-
corde fort bien avec les usages funéraires de l'époque. Ces tom-
beaux en marbre blanc, relativement petits, étaient destinés à
conserver les ossements après la décomposition totale des chairs.
]1 convient de remarquer que chacun des deux tombeaux est
orné de quatre écussons portant chacun une chèvre, armes parlan-
tes de la famille de Cabrenç ou de Serralongue. Les seigneurs de
Rocaberti avaient des armes tout à fait différentes. Il est donc
certain que ces deux tombeaux appartiennent à des membres de
l'ancienne famille de Serralongue. De plus, en examinant attenti-
vement les caractères des deux inscriptions, on observe qu'ils
sont exactement semblables et qu'ils furent sans doute gravés par
la même main.
[^ suivre) Joseph Gibrat.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans-Français ^ Français-Catalans
<ië^^ (SmTE)
rabarbre, rhubarbe. — ruibarbre.
rabaSSOla. — voir mûrgula.
rahims de borro, phytolaque. — arbre de tinta.
» de pastor, airelle myrtille. — abaixonera, naviu.
ranuncle, renoncule.
» blanca. — voir buixol.
rap, colza.
rapuntic. — voir repunxô.
raSClet. — voir auzerda.
raspeta, orcanetle. — roja marina.
rave, ravec, radis.
raveniSSa (et ravell), ravenelle, carotte sauvage.
ravequet, calebasse.
rebul, cuscute. — pels, cabells.
redô (et redon), corroyère, sumac. — roldè, rodé, fustet.
regalicia, réglisse.
regoUada. — voir fuxarda.
rementola (et rementerola). — voir menta.
remolatxa, betterave. — bleda-rave.
repalassa. — voir lleparassa.
repunx6> raiponce. — rapuntic, nap bort.
retorcitS. — voir gerani.
retrama, osyris. — ginestola.
rèvola, benoîte. — herba de sant Benêt.
ribaner. — voir lliri groc
riber (et ribes). — voir groseller.
ridorta (et ridolta). — voir vidalba.
rodô. — voir redô.
rodetS. — voir abriuls.
roella. — voir rosella.
— 255 —
roja, garance. — grana, gransa.
» marina. — voir raspeta.
roldô. — voir redo.
romSigUeva, ronce. — arsa, sarsa, esbarzer, aristôl,. roscr de pas-
tor, morera selvatge.
romani, romarin.
rOSeila (et roella), coquelicot. — babol, badabadocs, paparola.
rOSer, rosier. — (voir aussi satalia).
> de marge. — voir gavarrera.
» de pastor. — voir romaguera.
» de nadal. — voir marxivols.
roure, chêne.
rovellô, agaric lactaire.
rUCa, roquelle.
ruda, rue.
ruibarbre, rhubarbe. — rabarbre. {^ suivre)
ECHOS
FélicitaHoos Catalanes à Toccasion de la Victoire
Notre Secrétaire Général a reçu les télégrammes suivants de
nos amis francophiles de Barcelone :
Barcelone, 12 nov., i5 h.
Je vous embrasse pour votre victoire et la paix du monde.
M. Alcantara.
Barcelone, i3 nov., 8 h. 5.
Embrassons-nous, grand jour liberté France Catalogne.
J. M. Batista Y ROCA.
Plusieurs lettres nous sont également parvenues du D' Sole y
Pla, d'Apeles Mestres, de Castanyer, de Perez-Jorba, etc.
— 256 —
Un concert
Notre confrère la T^enaissance Catalane a organisé, le j8 novem-
bre, un grand concert au profit des oeuvres de Paix. M'"" Mathiide
Comès, de l'Opéra, et Alice Cornés, de l'Opéra-Comique, M"' et
M. Marseillac, MM. Déodat de Sévérac, Charpentier, Grande,
Gambardella prêtaient leur concours. La soirée a été pleinement
réussie.
Le jeune Noguès a obtenu un succès personnel dans ses créa-
tions catalanes et plus particulièrement dans « En Trufeta y la
Victoria », pièce de circonstance de M. Ch. Grando, qu'il a inter-
prétée merveilleusement.
Nos félicitations aux organisateurs et surtout aux deux étoiles
catalanes, toujours dévouées, qui rehaussèrent l'éclat de la fête.
A propos de Félibrige roussillonnais
"La Yeu de Catalunya de Barcelone a reproduit in-extenso
notre article de tête du mois dernier, « Academîa y Félibrige
rossellonench », en notant que cet article marque une date dans
les tendances régionalistes du Roussillon.
Notre confrère La J(enaissance Catalane avait également repro-
duit cet article.
Sur le même sujet, nous lisons dans le Teu du j" novem-
bre 1918, sous la signature de Marcel Comtat :
Nous ignorons ce que le Félibrige lui-même peut penser d'un tel projet,
mais rappelons à nos amis Catalans, qu'à part la question d'une organisation
particulière où seuls ils ont voix, il ne dépend pas d'eux que leur langue se
distingue historiquement et Ifnguistiquement du groupe d'Oc. Et affirmons-
leur qu'ils se trompent en croyant ici leur langue et leur poésie ignorées.
Toute question catalane nous intéresse et le sentiment fraternel qui nous
lie à la Catalogne n'a rien perdu dans le cœur des disciples de Mistral.
Sol de Posta (proses d'Iscm Dalmau)
Un début qui promet et qui honore grandement son jeune auteur.
Les dernières publications catalanes
Viennent de paraître : ha Ciutat d'ivori (poésies), de Guerau de Liost ;
"Les Jlbsencies paternals, de Lopez-Pico ; L'abrandament, de Caries Soldevila;
Poèmes biblichs, de Joan Alcover.
Le Gérant, COMET . — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
12" Année. N' 146 15 Décembre 1918
Les Manuscrits non inscrés ^^ ^^^^ V^ tf ^F^
ne son: cas Tendu*. M^^ M^.^ mf H. J M^
^#
Lfs Articles parus aans ia Revue W' "* 3^ ^^^^ y^ H /^ 1^1 ■?
n'engagent que leurs auteurs. ^S^A A A m mAi^A AJL^ M^
Organe de la Société d'Etudes Catalanes. — Cotisation : 10 fr, par an
Aima mater
Silenci solemnial. No silenci de tomba ;
silenci de bressol ont reposa un infant. —
Ni el bramul d'un canô, ni i'esclat a'una bomba,
ni l'estrèpit d'un mur que s'esventra y desplomba,
ni el gemech d'un ferit revolcantse sagnant.
Silenci benfactor, voiuptuôs, pie de vida,
L'oreig s'ha enriur el baf de carn révolta ab fang ;
cl fang s'ha fet terroç ; la carn, temps ha podrida,
s'ha fet terra, s'ha fet entranya benehid? ;
y en fécondant sahô s'ha convertit ia sang.
Jo no se, enlloch de baf, quin perfum l'ayre porta
que ubrïaga 'Is sentits y satura l'espay.
Ont Atila ha passât, l'herba es morta, ben morta,
perô la Terra no. Mes féconda y mes forta,
se sent ver^e altre cop v amorosa com mav.
No se ont sôch : en un camp... una vali... una terra
vasta com tor ei mon, potser com i'infinir.
Rès aprop, rès al iiuny, rès a dreta ni esquerra,
rès que diga : « per' qui passa '1 torb de !a guerra. »
Y la guerra, no obstant, s'hi rabejà ab despit.
Ella ho arrasà tor, per x6 rès paria d'ella ;
la ferida s'ha clos y ha emmudit el dolor. «
Una ombra a flor del camp apareix : es la relia.
Y ab un gest arrogant, repenjat damunt d'ella,
passa, semblant a un déu, un home : el Uaurador,
— 258 —
Y avança majestuos. Y ab veu vibrant y clara
entona una cançô festiva com un maig ;
y al enfonsar l'acer en la gran Terra mare,
la Terra sembla dir : « Enfonsa mes, encara !
He mengat ferro a pler y he begut sang a raig.
Enfonsa sens temor ! pénétra en mes entranyes,
ont sento ja 'Is batechs d'un avenir en flor ! »
Y la veu de la vall ressona en les montanyes ;
y el cant del llaurador té paraules estranyes
que jamay he sentit y 'm caldegen el cor.
Y ufanôs, ferm, robust, veig l'avenir qu'espleta
en onades de blat que cimbreja despay ;
y al cim de cada bri s'alça una espiga dreta,
mentres s'omple l'espay de xiscles d'oreneta
y elles, a volïors, atravessen l'espay.
l Ont van ? Arreu, arreu, s'escampen per les planes ;
y al estendre, sorprès, ma vista a l'horitzô,
veig al lluny blavejar fumeres casolanes
y fondres ab el cel al s6 d'unes campanes
que branden tôt cantant una nova oraciô.
Es un poble, son dos, cent pobles que reneixen
dels cent pobles caduchs cayguts en el combat ;
son cloquers com gegants que les boyres esqueixen ;
y s'ageganta '1 blat, y les espigues creixen
y s'encorben al pes de llur gra agegantat.
Com per obra d'encîs tôt se muda y trastocas :
els ermots se fan prats, els prats se fan jardins.
Quin florir I Quin granar !... Fins del cor de les roques,
broten tanys verdejants que 's transformen en soques,
y 's cobreixen els monts de boscos gegantins.
D'aci, d'allà, per tôt, veig corrùes que passen
caminant ab pas ferm y ab eynes a les mans ;
y tôt son ulls serens y mans que s'entrellacen,
boques que ajunta un bés, braços oberts que abracen
V una paraula eixint de tots els cors : « Germans ! »
— ^59 —
Benehir i'hoJocaust qu'en Uuytes homicides
de ilur vida han ofert vencedor y vençut !
Benehida la sang que han broiiat les ferides,
generôs devassall que ha engendrât novcs vides
y ha tornat al vell mon sa antiga joventut !
Ah, que blau es el cel ! y la terra, que immensa î
Que liiure y armoniôs el cant del rossinyoi î
Y, per damunt de tôt, quina llum mes intensa 1
Es l'alba rutilant d'un nou jorn que comença :
es el Sol î... es el Sol !...
Apeles Mestres.
La tradition locale
^ la Revue de TEldorado
Rien ne trouve un plus doux écho, dans notre cœur, aux heures
joyeuses comme aux heures grises, que les vieilles traditions loca-
les ; elles bercent les grands enfants que nous sommes ; dans l'es-
saim des souvenirs qu'elles ramènent en nous, filtre un peu de
cette vie tendre, de cette vie heureuse et imagée de la première
enfance, de la prime jeunesse.
Quel roussillonnais n'a senti battre son coeur au charme des
vieilles mélodies catalanes ; en elles revit i'âme des aïeux ; en
elles passe le souffle de la patrie, car la patrie c'est le clocher
natal et c'est la terre de nos pères, c'est leur langage et leurs
chants, ce sont leurs élans et leurs coutumes, et le sang qui coule
dans nos veines est fait de tout cela.
Nos jours passés sont des amis chers laissés en route et des-
quels nous aimons parfois à évoquer le souvenir.
Voilà comment, même dans une Revue, il suffit d'un air roussil-
lonnais pour égayer et enflammer nos âmes, et glisser en elles le
délicieux enchantement d'une aff^ection retrouvée.
Nous sommes heureux de rendre hommage à l'heureuse initia-
tive de la direction de l'Eldorado qui, sous l'image d'une vieille
grand'mère, personnifiant la tradition, a su placer dans la Revue
d'hiver quelques-unes de nos belles cantilènes catalanes.
C'est là du goût réel, M. Devalar, et nous vous en félicitons.
Ch. Grando.
La Renaissance Catalane
à récole de Mistral
(SUITE er Vm)
Par ailleurs, ne semble-t-il pas que, en la compagnie du
patriarche de Maillane, à son « Mas du Juge », nous sommes un
peu chez nous ? Là, nous respirons en quelque sorte l'air du
« Mas » catalan, l'atmosphère de la race catalane, un parfum du
terroir catalan, en même temps que nous y apprenons à mieux
savourer les douceurs, à mieux saisir le génie de notre si beau
parler catalan.
Provence et Cataloane, c'est la terre latine î'Mistral et Verda-
guer en sont les aèdes fameux ! De quel cœur affectueux ne
devons-nous pas les associer dans le même amour et dans la mê-
me gloire, ces quatre entités historiques 1 Aussi réelles que sym-
boliques, ne valent-elles pas pour nous un drapeau? Car, Mistral,
— autant que notre Verdaguer, — nous fait chérir notre petite
patrie catalane de la même dilection enthousiaste dont il aima,
lui, sa chère Provence, et pour les mêmes raisons : « pour la
beauté de son ciel, de ses montagnes, de ses perspectives, de ses
plans, de ses eaux, et pour le capiteux arôme de ses plantes, pour
l'antiquité vén^érable, pour la pureté, pour la noblesse, pour la
patine d'or de ses monuments ». Nos monuments ! Ne nous racon-
tent-ils pas — tels noire Saint-Martin-du-Canigou, noire Saint-
Michel-de-Cuxa, iiolre Serrabonne, notre Vieux Saint-Jean de
Perpignan, notre T^uscino et notre basilique lllibérienne, etc. etc.,
— autant que les Sa iH /es- 'WdT ne de Provence, « une histoire singu-
lièrement riche où fleurissent toutes les gloires » ? N'attestent-ils
pas « une civilisation lointaine et déjà très poussée au temps où
la plupart des nations du monde, voire d'Europe, étaient encore
barbares » ?
Avec Alistral, nous nous abandonnons au sentiment de la race
catalane. 11 fut un maître, un professeur de décentralisation à
outrance. A son école, nous devenons forcément ses disciples
Qciles ; il nous entraîne à sa suite, de la manière la plus persua-
— 261 —
sive. 11 nous fait voir «l'abus de l'unité » et nous prémunit « con-
tre cette puissance terrible, démesurée : la cenlralisation, qui nous
voudrait imposer, jusqu'au dernier village des Pyrénées et des
Cévennes, non seulement ses modes et son uniformité, mais encore
ses folies, ses sarcasmes, sa perversité, — cette centralisation qui
se veut mêler de tout, qui détruit nos coutumes, notre amour du
terroia^ notre attachement à l'ambiance, qui rompt le nerf de
belle énergie des ancêtres, et qui va iusqu'au tuf tarir les sources
de notre indépendance ». (Les Discours, p. 41).
Aussi bien ne devons-nous pas trouver étonnant qu'il s'élève
avec force contre l'universel nivellement qui voudrait faire table
rase de nos traditions locales "les plus respectables, telles que le
le cosiume et la langue.
Le costume catalan 1 Oh ! comme il veut que nous l'aimions,
en raison de sa beauté, de son pittoresque, de sa décence ! Chez
la femme surtout, « seul, il respecte l'harmonie des formes ».
Nul chapeau, pour si parisien qu'il soit, nul manteau du Louvre,
ne vaudront jamais Je gipo et le châle de laine fleurie, ni non plus
le capulet de blanche et chaude laine de nos « mignonnes »
grand'meTes ou de nos gentilles pastourelles.
La langue î Mistral la considérait comme « la révélation de la
vie en plein épanouissement de la pensée humaine, l'instrument
sacro-saint de la civilisation parlant des sociétés ». Voilà pour-
quoi, il s'acharnait à ne vouloir toujours parler que la langue du
Midi... Car — disait-il — « c'est le droit majeur ».
Nous, Roussiilonnais, revendiquons-le aussi « ce droit majeur »
de toujours parler notre incomparable langue catalane. Comme le
Provençal, c'est une langue du Midi, que le catalan des Verda-
auer et des Pastorellet de la Vall d'Arles. Par tous les moyens en
notre pouvoir, imposons-le à l'école, afin que nos enfants sachent
l'apprécier, le goûter et le parler, en dépit même des règlements
officiels qui prétendraient l'en bannir comme une « langue morte ».
Contre ces rèalements, Mistral s'était élevé avec force. Les
inconvénients lui en avaient paru si désastreux qu il mena contre
eux une véritable croisade. 11 n'est que trop vrai, hélas ! que, tout
en voulant franchimandéger coûte que coûte, on en arrive à créer
des légions de déracinés dans nos campagnes. Après avoir perdu
l'usage de leur langue maternelle, l'écolier n'a plus cette tournure
— 262 —
d'esprir, ni cet humour qui sont particuliers à notre race. On lui
a enlevé tout ce par quoi il aurait pu un jour être quelqu'un dans
la société.
Je me rappelle les jeunes ans où, sur les bancs de l'école primaire
de mon clocher villageois, mes camarades et moi, nous n'osions
hasarder un simple mot catalan, même en récréation, par crainte
de la férule dont nos maîtres nous menaçaient à la moindre infrac-
tion. 11 faut dire que ces maîtres étaient presque toujours
gabatxos d'origine ; d'où leur intransigeant mépris pour l'idiome
de notre aire, de nos champs et de nos foyers. Réussissaient-ils
mieux, ce faisant, à nous enseigner à parler français? Non.
« Chassez le naturel, il revient au galop », a dit, après le poète
connu, le grand Mistral. Ce n'est qu'après un temps très long et
des études supplémentaires que, à notre pleine maturité, nous
étions parvenus, — tout en gardant notre penser catalan habituel,
— à pouvoir nous familiariser avec la langue française.
J'imagine que les plus lettrés de notre province catalano-
roussillonnaise sont passés par les mêmes étapes et les mêmes
difficultés avant de conquérir leur diplôme ès-humanités. De sem-
blables résultats, on les obtiendrait, avec des facilités identiques,
voire plus rapidement, si, dans nos écoles, les maîtres habituaient
les élèves au mécanisme des thèmes et versions catalans, suivant
qu'on le pratique dans les collèges et lycées pour )e grec et le
latin.
Retenons, pour conclure, ces adjurations pressantes de Frédé-
ric Mistral aux poète'S catalans :
« Intrépides gardiens de notre parler gentil, — gardons-le franc, et pur,
et clair, comme l'argent : — tout un peuple là s'abreuve ; — car, face contre
terre qu'un peuple tombe esclave, — s'il tient sa langue, il tient la clé —
qui le délivre^ des chaînes ». (Les lies d'Or).
Gardons dès lors, et « à boulets rouges » défendons notre belle
« langue d'amour » ; le catalan ; car c'est elle « la pairie », et c'est
elle encore « la liberté ».
Remercions et félicitons de tout cœur le très distingué
M. José Vincent de nous avoir, par son délicieux -^l's/ra/, ramené
à l'école du Prince du Télibrige et rappelé de si précieux et tou-
jours si actuels enseignements. Jean Sarrète.
— ^-^— ^ -r^ ^o^P^p^p J&^y^pap fio^o^^<Q a— .— -^^
DOCUMENTS HISTORIQUES
sur la Ville de Perpignan
^^^i» , SUITE)
XJV. Criées royales au sujet des Juifs de "Perpignan, défendant aux Chrétiens
de leur donner du travail et de les héberger. Ordonnances relatives aux jeux
de hasard i i 241-1439 I.
On a longuement écrit sur les juifs en Roussillon, au point de
vue de leur condition sociale, de l'institution des jeux de hasard,
etc. De nombreux travaux relatifs aux études sociologiques ont
traité de cette matière (1). Grâce a la richesse des archives de la
Procuracto T^eal et du Consulat de Perpignan, cette question a pu
être magistralement traitée en ce qui concerne les juifs de Perpi-
gnan (2). Je renvoie le lecteur à tous ces ouvrages d'une profonde
érudition. Ici j'ai l'intention, tout en faisant connaître l'intérêt
que portaient aux juifs les rois d'Aragon, de compléter la note
précédente relative aux criées de i4a5, en reproduisant des
documents qui concernent l'interdiction de ces jeux entre juifs
et chrétiens et les diverses ordonnances rapportées à ce sujet.
La question épineuse, en ce qui concerne les juifs, a été la
question des prêts usuraires.
]1 était défendu aux juifs de joindre les intérêts au capital pour
en exiger de nouveaux intérêts, ni de prendre au-dessous de qua-
tre deniers par mois pour une livre d'argent prêtée. Il y avait, à
cette époque (1241), un petit nombre de juifs à Perpignan, et
leur aîjama ou communauté ne fut fondé qu'après la mort de
Nunyo Sanche, seigneur du Roussillon. Ceux-ci se logeaient par-
tout où ils le jugeaient à propos ; comme il en était venu un
(1) U. Robert, Les signes de l'infamie au moyen âge: Juifs, Sarrazins et
filles publiques.
(î) P. Vidal, Juifs de T{oussillon : Desplanque : Les Infâmes dans l'ancien
droit J^oussillonnais : Henry, Tiisloire de J^oussillon. tome 11, livre m, chap. ix :
Juifs ; Leur établissement à Perpignan ; Persécutions ; Leur état politique ;
Leurs usures ; Leur juridiction ; Expulsion ; Spoliation.
— 264 —
grand nombre de plusieurs contrées, de Gérone et de l'Emporda,
et principalement de Narbonne, de Béziers, de Montpellier et
des autres villes du Languedoc, ce fut le roi Jacques qui les réu-
nit tous dans le quartier du Putg, au-dessus de l'ancienne maison
des Lépreux : ce fut là, à l'extrémité du Puig, au-delà du call
des juifs, que s'éleva l'église sous l'invocation de saint Jacques (1).
Le roi d'Aragon, psr son privilège, concédait et confirmait à
«tous les juifs pobladors du Puig de Perpignan (2) » toutes les
habitations, oâtus ou m.aisons oui leur avaient été assignées sur
le dit Puig, pour les tenir et posséder en toute propriété et en
libre et franc-alleu, avec faculté de les vendre ou aliéner entre eux
sans payer aucun droit de foriscap ou de mutation, droit que le
roi se réservait dans le cas seulement où ceux-ci les engageraient
à des chrétiens (3).
En \^5^ , à l'époque du mariage du roi d'Aragon avec Yolande,
qui possédait, du reste, divers revenus en Roussillon, entre autres
ceux de Vaîjarna des juifs, et avait naturellement à Perpignan un
bailli ou procureur peur l'administration de ces domaines, la
poblacto du Puig avait joui de certaines faveurs de la part de la
reine : cette population, composée de tisserands et de pareurs de
draps, était pureme~nt industrielle: eiie avait donc des intérêts que
le roi tenait beaucoup à conserver et à développer. De plus, les
industriels du Puig ne s'opposr.ient pas à ce que les juifs, grands
manieurs d'argent, fussent toujours à leur portée : c'est ce qui
explique la faveur dont jouissaient les juifs qui résidaient au mi-
lieu des bourgeois de l'ancienne ville ; ceci est si vrai qu'on ne
trouve plus, à partir de ]25i. un seul juif résidant en dehors du
CaU du Puis.
On remarquera la sollicitude constante, et peut-être quelque
peu intéressée, qu'avait le roi pour les juifs.
En effet, quelques années plus tard, le lo octobre 1269, le roi
d'Aragon, l'infant Jacques informait ses viguiers et autres offi-
ciers qu'en récompense « des nombreux et gracieux services (4)
(i ) Operi sci Jacobi de Podki (7 ides de mai 1 244).
(2) Jlniversis jtideis populaioribus T^odWPerpiniani.
(3i Arch. des Pyr.-Or., B. lo.
(41 Propter muîta et grata servicia que fidèles nostri Judei nobis faciunt. (Pro-
curacio real, reg. IJ, P 25.)
— 265 —
que ses fidèles juifs de Perpignan lui ont rendu et ne cessent de
lui rendre », il leur accordait un privilc ;c oui les affranchissait
de tout péage de leudes. pour leurs personnes cr leurs mon-
tures (i), dans tous les lieux des viaueries royales ; il prescrivait,
en conséquence, de leur restituer toutes les sommes perçues ou
les saisies faites contre eux à l'occasion des dites leudes, denuis
la Dromulo;ation du dit privilège.
Les actes souverains émanés de l'infant se multiplièrent, et la
sollicitude envers les juifs ne fit que s'accroître.
Par une première charte du 3o janvier {^) le souverain confir-
mait « à tous les juifs habitant à Perpignan, en Cerdagne et
Confient et à tous les autres dépendant de leur collecte », la
franchise des leudes que le roi son père leur avait accordée.
Cette franchise ne devait s'appliquer qu'aux juifs de la collecte
de Perpignan, sortant du Roussillon ou de la Cerdagne pour
oasser en Catalogne ou bien aux pavs de Foix ou de Languedoc :
ceux-ci payaient les leudes comme les autres habitants lorsqu'ils
ne faisaient que circuler dans les deux comtés ; en effet, on \oit
les juifs inscrits à la taxe des leudes ae Perpignan, Collioure,
Puigcerda et Querol, dans les tarifs rédiges sous le règne de Jac-
ques de Majorque, et maintenue par ses successeurs.
Le 24 juin i^jS, le roi d'Aragon, qui se trouvait en Roussillon,
déclarait, par une charte (3) datée de Perpignan, francs et libres
tous les terrains acquis pour le présent et pour l'avenir par les
juifs de Valjama de cette ville, pour y construire des maisons, sans
qu'ils eussent rien a payer au domaine oour les droits de censivc
et de lods, droits que le roi se réservait cependant dans le cas où
ces propriétés casseraient aux mains des chrétiens. « \Jjljama ou
communauté juive de Perpignan avait acquis une grande importance
dès cette époque, et il y a (5 des ides de juin yijS] un acte de
caution donné car vingt-quatre de ses membres, qui ne repré-
I 1 ) De personis vel equilutuus suis... < Procuracio real. 1
(2) Procuracio real, registre 111, f° ic). Ce document est rcproaint par
Alart : Franchise et privilèges, page 298 : Privilegi dels Juheus coni son
franchs de leuda.
;3) Arch. des Pyr.-Or., Procuracio real, registre X, f° i : registre Xlll,
P 92 : Privilegi dels Juheus ab que son franchs de foriscapis de les cases que
tenen al Kayl de Perpenya. (Reproduit par Alart, Privilèges et titres, p. 337.)
— 266 —
sentent évidemment que la partie la plus riche de h commu-
nauté (])• »
Le roi Jacques craignait peut-être de voir la communauté juive
prendre une influence considérable : aussi le§ règlements devin-
rent-ils sévères.
Une ordonnance du roi Jacques 1" de Majorque, du 9 juin i 279,
défendait aux juifs de Perpignan de prendre des chrétiennes
pour nourrices ou pour servantes, et de les employer à un travail
quelconque à l'intérieur de leurs maisons (2).
Cette sévérité envers les juifs avait duré plus d'un siècle. En
1427, tous ces règlements étaient rapportés.
En 1427, des criées royales révoquaient, comme « injustes et
insupportables », les articles de deux criées faites par le hallle de
Perpignan au sujet des juifs de cette ville : ces articles défendaient
aux chrétiens de donner du travail à ces derniers, dans le call ou
en dehors du call (3), sous peine d'une amende de cinquante sous,
et de les accueillir dans leurs maisons à cet effet. Interdiction à
tout chrétien de pénétrer certains jours dans le call, le dimanche et
les jours de fête ; défense d'y manger, d'y boire et d'y jouer.
Les dites criées sont confirmées par le roi, quant au reste.
Voici le document (1427?) (4).
rCrida faent per los Juheus, revocant totes crides fêtes per Jo
batlle contenent en acabament que negun Christia o Christiana no
don a gohanyar à Juheu o Juhia ; la quai fou fêta de manament
del Senyor ReyJ.
Ara hojats tôt hom generalment que us notiffica lo molt ait
princep e senyor lo senyor Rey à tôt hom generalment que,
com lo batlle de la vila de Perpenya hagués fêtes dos crides
(1) Alart, op. ciL, note i.
(2) Arch. communales, Livre vert, AA. 1, f° 77 v*.
(3) Un mandement de Pierre IV d'Aragon, du 2 octobre i566, avait
astreint les Juifs à se loger dans l'enclos appelé lo Call, d'où ils étaient sortis
pour occuper des maisons sises non loin de la place du Puig, « in quodam
vico christianorum, per quod itur ad Podium lextorum m, ce qui expose à leurs
insultes le Saint-Sacrement que l'on porte aux malades. (Arch. Com.,
AA. I. f° 125.)
(4) Sans lieu ni date.
i
— 267 —
contre los Juheus de la vila de Perpenya, continents en si molts
capitols, los quais son de la ténor seguent :
a Ara hojats que us mana à tôt hom generalment lo honorable
mossen Bernât de Torroella, cavalier, batlle de la vila de Per-
penya, à instancia del honorables consols de la dita vila. que no
y haja negun ni neguna, per ardimcnt que haja, que d'aquesta
hora avant gos donar à negun Juheu ni Juhia negunes obres à fer ;
e aço sots peiia de 4 sol. à cascun et à cascuna que lo contrari
farâ, sens tota merçe, e d'altra part perdra la obra que dada li
haurâ à fer.
« D'altra part mana lo dit honorable batlle que si, per ventura,
hi havia negun ni neguna que hagués negunes obres per fer fer,
que, d'açi à diluns primer vinent, ho hagués haut à trer dels dits
Juheus e Juhies, sots pena de l sol. ; de la quai haurà lo denun-
ciador la terça part. Per que, lo dit honorable batlle, ab veu de
la présent crida, notifica à tôt hom generalment les dites coses,
per tal que algun ignorancia no puxa allegar.
« Item, que negun ni neguna, per ardiment que haja, no gos
acullir en casa sua negun Juheu ni Juhia en neguna manera. E
aço, sots pena de l soi,, de la quai pena haurâ lo denunciador la
terça part. »
E la segona crida es de la ténor seguent :
« Ara hojats que us mana à tôt hom generalment lo honorable
mossen Bernât de Torroella, cavalier, batlle de la vila de Per-
penya, à instancia e requesta dels honorables consols de la dita
vila, que no y haja negun ni neguna, per ardiment que haja, que,
d'aquesta hora avant gos donar a negun Juheu ni Juhia negunes
obres o lianes à ffer, les quais s'obren dins lo cayll ni fora lo call,
si donchs no à llur propri us d'aquell qui les obraria, e aço sots pena
de t sol. à cascun e à cascuna que lo contrari farâ, e à cascun
Juheu o Juhia que la dita obra en dimenge obrarâ, sens tota
merçe ; e d'aitre part, que perdra la obra que dada li hauria a
ffer. E si lo Christia o Christiana, Juheu o Juhia, no porâ pagar
los dits L sol., pendra vint assors, sens neguna merçe ; de la pena
peccuniaria lo denunciador haurâ la terça part.
a Item, mana lo dit honorable batlle que si, per ventura, hi
— :i68 —
haurâ negun ni neguna que hagués negunes obres per fer fer, que
d'açi à dimecres primer vinent, ha hajen haut a trer dels dits
Juheus e Juhies, sors pena de l sol., de la quai pena haurâ lo
denunciador la rerça part.
« Item, que negun ni neguna, per ardiment que haja, no gos
aculiir en casa sua negun Juheu ni Juhia en neguna manera per
fer residencia o continua habitacio ni per menjar ni per heure ; e
aço, sots pena de l sol., de la quai haurâ lo denunciador la terça
part.
« Item, que negun Crestia o Crestiana no gos intrar !o diven-
dres à nit que intrarâ !o sabbas dels Juheus dins lô quai (i) ni
jorn del dissapte, sots pena de x lliures. E si no les porâ pagar,
que paguen l assots, sens neguna merçé.
« Item, que negun Christia o Christiana no gos intrar (2), ço es
per menjar o per heure o jaure dins lo cayll, sots pena de x lliu-
res ; la quai incorrega axi meteys (3) lo Juheu o ia Juhia qui 'Is
aculliria o receptara à menjar, heure o jaurè ; e si no les poden
pagar, que paguen l assots, sens neguna merçe.
« Item, que negun Christia o Christiana no gos intrar dins lo
call, pus que lo sol sera colgat, sots pena de l sol. ; les quais,'
si no 'Js poden pagar, prenguen xx assots.
« Item, que neguna Christia o Christiana no gos intrar dins lo
call lo dimenge ni les aitres restes solennes, sots pena de x iliu-
res, les quais, si no les pot pagar, prenga l assots, sens neguna
merçe.
« ?tem, que Jo dit honorable batlle, ab veu de la présent crida,
notiffica e intima à tôt hom generalment les dites coses, per tal
que ignorancia no puxen allegar. »
(Hon (?) com al dit senvor sia vist que los capitols que prohi-
bexen aue los Chrisriqns no gosen donar obres à obrar noves ni
velles o qualsevuila goanys licits à offici o artifici de Juheus, com
son de sartres, sabarers, juponers (4) e qualsevuila aJtres officis, sien
(i) Sic, sans doute pour Call.
(2) Intras.
(3) Meseys.
(4) Dans le Caphreu de 1451, nous trouvons ce métier : juponerius (fabri-
cant de chausses). H. Aragon, Castell-J^osselh au moyen-âge, Edit. Privât.
— îéq —
jnjusrs e insupportables ; e mes encara sia vist injust ai dit senyor
que Christia no gos donar ses obres oldanes per adobar als
Juheus ; e mes encara sia vist injust ai dit senyor que negun
Christia no gos indistinctament acullir Juheu a casa sua. Per ço,
lo dit Senyor, ab veu de la présent crida, notifica à tôt hom
generalment que ell ha per revocades les dites crides. tanr com
toquen ios dits caps. Notifficant à tôt hom generalment que, ab
séria de la présent, ell ha, en Ios dits caps tant solament, hauda
per revocada la dita crida, e dona, ab la présent, licencia à tôt
hom generalment que puxa cascun Christia dar ai Juheu obres per
obrar segons j'offici que haurâ. si s' vol de sartroria, sabater,
juponer, argenter o qualsevol altre offici, si s" vol de robes o
coses noves à fer, si s' vol de velles à adobar o reparar. Och (?;
encara ab la metexa présent crida notiffica com ell dona facultat
e licencia à cascun Christia que puxa acullir Juheu en casa sua
per obrar les obres que '1 Juheu, per son offici, li obrarâ, sola-
ment ; — exceptât que no y puxa romandre ni aquell arullir per
menjar o dormir — ; les quais ccses pux3 fer sens incurriment de
aiguna pena. Les altres ordinacions o capitols de la dita crida o
crides romanents en sa forsa e valor.
Mes mana lo dit senyor à tôt hom generalment que jequesquen
anar liberalment Ios Juheus per la vila, no injuriant aqueils de fet
o en persona, sots incurriment de cent sol. per cascun qui contre-
farâ e per cascuna vegada, e dels officiais qui aquelles no execu-
tarân (i).
(i) Archives des Pyr.-Or.. B. 232, Registre XV de la Procuracio real.
f" i37 v°, i38.
Cf. même registre, f" ijpv", 120: vidimus « del privilegi dels Juheus.
que no puxen esser forçats de batejar » : bulle du pape Martin « ... datum
Rome apud Sanctam Mariam Majorem, xii kalendas cctobris, pontificatus
nostri anno quarto i>. Ce vidimus. défendant de contraindre les Juifs à se
faire baptiser, quelques engagements qu'ils aient pris a cet égard, daté du
27 mars 1423. fut signifié le 20 juillet 1426 à Gispert de Tregura. lieute-
nant du Gouverneur des Comtés.
Même registre, P 36 : règlement du roi Martin d'Aragon, en catalan, pour
l'élection des secrétaires, clavaires, auditeurs de comptes et écrivains, et
divers autres faits d'administration intérieure de l'aljama des juifs de Perpi-
gnan. 28 juillet 1408.
— 270 —
En ce qui concerne les juifs de Perpignan, des règlements très
sévères avaient été édictés relativement aux jeux : les jeux de
dés et de naips (cartes) étaient rigoureusement interdits dans les
maisons de jeu du portai de Bages et de) Toro, exception faite
pour les fêtes juives, auquel cas le jeu de naips sera autorisé entre
eux seulement. « Même chez soi, et entre amis, il n'était pas
licite de jouer sans restriction ; tous les jeux de dés et beaucoup
d'autres, qualifiés de jeux de hasard, étaient absolument interdits,
l'ancienne amende de 10 sous étant encourue pour chaque con-
travention (1). » Si la maison ou le jardin était transformé en salle
de jeu clandestine, l'amende s'élevait à 25 livres (2).
On pouvait jouer aux cartes ou nayps, à condition de ne pas
dépasser ] denier comme enjeu de chaque partie. Aux laules, on
pouvait miser jusqu'à 4 deniers (3).
En 1295, une ordonnance du roi de Majorque interdisait aux
juifs le jeu de dés, ainsi que tout jeu entre juifs et chrétiens (4).
Xii. JÇs novembr. anno dni M.CC.XC. quinto.
Ffo adordonat per manament del S. Rey, que negu Juseu no
gaus jogar en negu [jochj de daus, sens licencia e volontat del
batle de Perpenya, en festes lurs, ni en noces, ni en altre temps ;
empero io balle de Perp. déjà donar ad eyls licencia de jogar en
lurs festes et en lurs noces, tota hora que per eyls lur (5) sia
request e 'n altra manera no 'n fossen soutz (6).
E qui contre ayso fara, pac de ban per cascuna vegada x s.,
dels quais lo denunciador aura la terssa part.
E aysso es entes que 1 Juseu puga demanar licencia per totz, e
que no pugen jogar ab crestia dins lo cayl, ni fora el cayl ab
Crestia.
Item fo adordonat per en Vidal Grimau, balle de Perpenya,
{}] Desplan'que, Les Infâmes, chap. iv, paragr. 29. B. îSs, f io5 (4et 5).
(2) Ibidem, art. 3.
(3) Ibidem, art. 5 : en que vage pus avant de quatre diners lo joch.
(4) Arch. comm., Livre vert, AA. 1, f" y y v".
(5) 11 faudrait sans doute // ou U 'n, au lieu de îur. (Alart, p. 106.)
(6) Du latin soïuH. absous, libérés, dégagés, francs, quittes (idem).
On peut comparer le document reproduit par Alart, Documents sur la langue
t la ne, page )o6, avec celui que je transcris.
— 271 —
que d'aqui anant negu Juseu no gaus aiiar meyns de capa, si
donchs no 'n fasia anant e vinent de fora la vila. E qui contre avso
fara perdra ia roba que portara, J.c la quai los saigs qui la pen-
dran agen la mitât (i).
On peur, par ce document, se rendre compte de la sévérité
excessive qui frappait l'inobservance de ces règlements, relative-
ment aux diiférents jeux (2).
Les juifs eux-mêmes n'échappaient pas à ces lois: ils pouvaient
toutefois s'adonner a ces jeux dans le quartier, lo call, où ils
étaient clôturés ; mais leur communauté ne pouvait, en aucun cas,
jouer dans lo cayl ou en dehors du cayl avec un homme qui
n'était pas de sa religion. Déjà en i328, un mandement de
Pierre IV, roi d'Aragon, défendait aux juifs de Perpignan d'ache-
ter des provisions de toute nature sur la Place de la Gallinerie lin
plalea Gallinarum) avant que le tiers de la journée ne soit passé,
5 mars 1439
Arahojats que us mana lo molt honorable mossen Bernât Albert,
cavaler et Procurador Reyal en los Comtats de Rossello e de
Cerdanya quo no y haga negun Jueu dels dits comtats que, per
ardiment que haja, gos jugar ni fer jugar ni cil per aitre ab negun
Crestia en nagun joch de daus ni de naips dins la vila de Perpe-
nya ni una lega en torn ni encara star ni badar joch en les tafu-
reries de) Portai de Bages ni del Toro ni en altre loch que tafu-
raria s'i tinga ; e aço, sots pena de deu sols, per cascuna vegada
que '1 contrari sera trobat, e mes avant d'estar prés. deu jorns en
la prcso del cail. E mes avant mana lo molt honorable Procura-
dor Reyal que no y haja negun Jueu que gos jugar ab nagun altre
Jueu en nagun joch >"' • (hv?. ni de naips. 'acceotat en les festes e
(i) Ordmacions, i, f ' j y .
(2) La première interdiction eut lieu a Perpignan en 1279. Elle fut con-
firmée et gënëraiisée aux Corts de Banelone de i283. Jusque là le jeu
avait été regardé comme indifférent... On ne piit désormais jouer qu'à
certaines conditions et ie joueur de profession devint infâme de fait. En
1413, les Corts condamnèrent définitivement et les établissements de jeu et
le jeu en lui-même. Leur décision fut appliquée..., mais la mesure ne fut
exécutée à Perpignan qu'en 1417. (Desplanque, op. cit., p. 22.)
— 2^2 —
dejunis dels Jueus, que là donch pusquen jogar à naips, tant sola-
ment Jueus ab Jueus dins lo cal) de dia à dia, e aso sots les
pênes damont dites. E aço vol e ordona lo dit honorable Procu-
rador Reyal que s'observa d'asci à Pascha primer vinent, e de
Pascha à très anys.
Die Jovis V marcii anno M.CCCC.XXXVlll 1°, retulit Jaco-
bus Foxa, preco, se, mandato domini Procuratoris Regii, die
mercurii proxime lapsa publicasse cum tuba in Callo Judeorum
presentem preconitzationem (i)
Mais l'interdiction absolue des jeux de hasard n'avait pas tou-
jours été en vigueur. On a vu, dans un document antérieur, que
les vaaabonds étrangers, mendiants ou rôdeurs, les mundaris, ou
portefaix, pouvaient jouer librement à la plassa del Blat^i). Cette
classe d'individus envahissait Jes étaux du marché, les taules
caulaseres et peyoneras s'installant dans les boutiques et sous les
auvents pour se livrer à leur jeu favori.
Les juifs jouissaient également de cette tolérance : moyennant
une autorisation spéciale du bailli, ils pouvaient jouer pendant
leurs solennités (3) ; « au xv' siècle, cette permission fut restreinte
aux seules parties de cartes engagées uniquement entre juifs, et
cela sous des peines assez graves: lo sous d'amende ou deux
jours de prison (4). »
11 faut constater que ces « tafureries » avaient été une institu-
tion publique. Elle fut, à l'origine, une concession royale : puis,
« après diverses vicissitudes, à la fin du xiv' siècle et au début du
xv', elle avait reparu avec une organisation administrative bien
établie (5) ».
Les juifs n'avaient donc pas été les seuls qui aient usé large-
ment, à cette époque, des bénéfices de la spéculation : les opéra-
(1) Archives des Pyr.-Or., B. 254, P 149.
(2) Voir plus haut: Criées, 7 mai 1421, article 1] : La Piassa del Bîat,
"Les rues et marchés de "Perpignan.
(3) Cf. BB..7, P 7. Reproduit par P. Vidal, Les Juifs des Comtés de
T(oussiHcn.
(4] Desplanque, op. cil., page 63.
(5) Cf. E. Desplanque, Les Infâmes dans l'ancien droit roussillonnais, 1893,
chap. m : La Tafureria (1283-1417).
- 273 -
tions de ce genre avaient profité à toutes les classées, à toutes les
sectes et à tous les individus (ii : les juifs, du reste, loin d'être
en butte a des vexations ridicules, jouirent pendant longtemps
de certains privilèges et de certaines faveurs.
f A suivre; Henrv Aragon.
(i) Une amende punissait les lafureries secrètes, mais elles trouvaient, dans
la complaisance des officiers de police, un appui très efficace contre les tenta-
tives de répression émanant des consuls. (BB. 7, BB. 217, 209, 216.)
Cf. E. Desplanque, op. cit.. page 52.
En Trufela y la Victoria
Aquell matî, el mestre nos havia dit, d'un francès manyach,
en aixugant els vidres brunnosos de les seues lluiietes, mig-
somrient y amb una llàgrima de goig que li regalava sus la galta ':
« Si la nova arriva, acabem pas la diada en classa, maynatges ! »
Y a nosaitres, el cor nos saltava aauî dins com una granyota,
unes ganes nos prenien de fugir y correr y cridar... y no pensa-
vem : « Veyam si arrivarà aquest armistici ! »
Quan Ihora d'ixer va tocar, tots nos guinyaven amb un ayre
de dir, entre dues parpellejades : « Aquesta tarda ray, jà farem
escaoada ! » Y ala, Trufera 1 quan el mestre va haver girat l'es-
quena, amb una corredis^a van esser davant de la Llotja hont la
gent s'aniiotava, devallant de tots els cantons com un véritable
botàs. Y quina bolorda, mare mia î Dins aqueix remena-mariôn,
un poch premit de les costelles, anavi, enfaranat, a mirar de m'en-
forarar, en cerca de noves, quan unes bombes van retrunyer y,
tôt arreu, uns crits aixordadors de Victoria y uns repichs de cam-
panes omplien l'ayre ; y onejaven mes y mes drapeus a les fines-
tres, com may de la vida jo n'havia vist tants.
Carambis ! com te vaig deixar anar el cartioaç, que jà m'en
donavi de) portepluma nou que hi ténia, y pets a correr, saltiro-
nant y ballant, a abrassar la mare. Quines camades vaig fer jo î
Amb els sous que ten^a a la judriola, vaig comprar un drapeu
y un paquet ;^e fusades, y... companys, fiquem-nos una cocarda
a la gorra y fem passavila ! E)s infants de França, avuy, han de
dir la seua.
Allcvores, de cap a cap de la vila, va esser, fins a la nit, una
esperverada trascadiça, amb cançons, visques y rotllos endimoniats,
V botzides y farandoles colltrencadices. Quan hi pensi encara ne
som mig-desvariat. Hi havia tant de dies qaaqueixa alegria,
qu'ara esclatava triomfal, com diu el mestrc, me cô^'â' dihs de]
cor, y me feya zup-zup al cs^p dels dits y en els polsos. Perqué
ja ho sabia, y els meus companys també, que guanyariem nosal-
tres. Desde que En JofFre, ixint de trascantô, rés que amb los
francesos y algun Angles, va matxucar els Botxes a la Marna,
amb aquella xorriaca de primera que 'Is-hi va encetar el rasteli
de l'esquenassa, jo me vaig dir : « Nos hageràn pas, poch per
ellos ». — Jà la bestia era prou mascarada y prou que M director
de la nostra escola ho va fer re-ixer, y que va esser sus de tots
los « jornals ». En Joffre va salvar éj mon y fer possibla la Victo-
ria d'ara.
Catalans, voleu que vos digui una cosa que me som rumiada
anit, y que me pessigola la cabossa?
Si ell haguès pas sembrat lo grà,
poch que may haguessem fet la sega.
Visca En Joffre I
En Trujeîa.
Per copia conforma :
Caries Grandô.
Exposition ManaU
L'artiste estimé Célestin Manalt ouvre une exposition à la
salle Arago, du 22 décembre au 1 janvier. Le public perpigna-
nais pourra admirer ses dernières oeuvres qui lui valurent d'una-
nimes félicitations à Barcelone, au grand Salon des artistes
français.
Nous parierons de la valeur de l'œuvre artistiaue du sculpteur
Manalt dans un prochain numéro.
La seigneurie ^ la paroisse de Serralongue
^-^i'^- {SUITE)
/) T{eiable du matlre-aulel
Ce retable est en bois tout doré. La Sainte Vierge montant au
ciel portée par des anges en occupe la place d'honneur, attendu
que Serraiongue s'est placé sous la protection de Notre-Dame
des Anges et célèbre sa fête locale le i5 août. Ce retable ressem-
ble beauconp à celui de Montferrer : ii est même probable qu'ils
sont tous deux de la même époque et de ia même main. On con-
naît l'époque où le retable de l'église de Montferrer fut exé-
cuté : « Déclara jo, Benêt de T^oca, vaix firmal, per descarragar ma
consiensia, com lo any Jjiç^ lo S"' bisbe delna Tlamenvila me feu
ohrer major de la parroquial iglesia de Monfferrer per recullir las
rendas de lobra de dila iglesia y cobrar de lois los que prometeran
donar y cobrar de aquells que fan censos à dila obra, apliqual lot per
pagar lo retaula de Valtar major ques feu des de l'any jyjS fins lo
any ij^S. Que se trovara als comptes que jo doni que los len lo
S" rector de Massia. Yuy als 8 de setembre JJ45, "Benêt de T^oca ».
Ainsi, le retable de l'église de Montferrer est du commence-
ment du xviir siècle. Celui de Serraiongue, de même facture, doit
être aussi de la même époque, un peu plus tôt ou un peu plus
tard.
Chose curieuse à constater, quelques années auparavant fut
construit Je retable de sainte Juste er sainte Ruffine du maître-
autel de l'église de Prats-de-Molio, car il fut bénit en 1693 par
Michel Pujol, prêtre et domer de dite église : « Tlls quatorze del
mes de mars i6cf3 fonch beneit lo altar major de santas Justa y J^uf-
fina y lo sacrari de dit altar per lo révérend Miquel Pujol, pré y
domer de dita iglesia ». Tous ces détails semblent indiquer que les
retables des églises du Haut-Valiespir sont à peu près de la
même époque et pourraient être l'œuvre d'un même sculpteur.
Le retable de l'église de Serraiongue occupe la nef jusqu'aux
murs latéraux et jusqu'à la voûte. Il s'élève devant l'abside trans-
formée en sacristie. Eatrons dans cette sacristie pour considérer
— 27^
un moment Iz trésor qu'elle renferme : on y accède par une porte
faisant partie du retable. La voici, à gauche.
j° Le 6 septembre i633', dans un cartel de visite il est ordonné
d'acheter une cuiller en argent pour baptiser : elle devait peser
trois livres : « comprar una cullera de plaia de pes de 1res lliuras per
balejar ». Ce cartel se termine ainsi : « Dai en là lloch del Tech
als 6 de septembre /633, Gregorius episcopus "Eln. — Gabriel Ortega
noi. — Miquel Trinxaria, prevere y cura de Serrallonga ».
1° Rocha, prêtre et domer de la Seu d'Elna, étant visiteur,
avait prescrit, le 28 mars 1642, d'acheter un nouvel ostensoir.
On exécuta cette ordonnance, mais on y mit un certain temps :
« Mis ij de juny i']45, havem commençai à celebrar la solemnilal de
Corpus Chrisli i en professa, offici y complétas durant tola la octava ah
la custodia gran obrada novameni per lo S' Tlbdon Casas, argenler de
Tigueras, pesant la plaia sola de dita custodia quaranta sept onças.
fia costal, comprar h plata, dorar lo sol de una cara, vidres v mans,
cent quaranîa cinq lliuras barcelonesas, que en moneda de Trança
venen à ser quatre cents y seize .franchs — Tet per memoria als
25 juny 1J45. B. X. »
3° 11 y a aussi une croix processionnelle en argent : elle est
intéressante à voir. M. Brutails, parlant de cette croix, se con- ï
tente de dire : « La croix de Serralonaue doit être attribuée au
xvii' siècle ».
4° « En 1758, le Révérend P. Celse, gardien des Capucins de
Céret, a fait un présent à l'égiise de Serralongue d'une relique
du voile de J\oire-Dame, et le 14 juillet 1758 j'ai prié M. Biaise
Hortet, qui allait à Perpignan, d'emporter la dite relique avec
son authentique pour prier Mgr de vouloir bien la vérifier : ce
que M. Saunier, son grand vicaire, a eu la bonté de faire. Il a
envoyé le procès-verba! en date du i5 juillet 1758 et signé par
M. Saunier et par le secrétaire de Algr qui est M. Bonafos, où
est aussi le sceau des armes de Mgr. L'authentique est fait par
le vicaire général de fr. Antonin Camarda, de l'Ordre des Prê-
cheurs, assistant au Siège Pontifical et évêque de Riati. Donné à
Riati le 10 novembre 1753... Je soussigné, prêtre desservant la
cure de Serralongue, viens d'écrire ceci afin que, si l'authentique
et le procès-verbal se perdent, l'on soit assuré que la dite relique
X
I-
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\
*
V
■'i-
■3;
i
— 277 —
est véritable. A Serralongue, le 17 juillet 1758, Lacoma prêtre
desservant ».
Cette précieuse et rare relique existe-t-elle encore ? On pré-
tend qu'elle a disparu au moment de la tourmente révolutionnaire.
En tout cas, je n'ai jamais entendu dire qu'elle soit encore con-
servée et vénérée dans l'église de Serralongue.
77. — hes curés de Serralongue
Vers le milieu du xiv' siècle, une convention a lieu entre les
habitants de Serralongue et leur pasteur. Les habitants convien-
nent de donner telle somme à leur pasteur et le pasteur s'engage
à faire certaines cérémonies selon la volonté de ses paroissiens. Ce
renseignement est fourni par une note puisée dans un registre
de l'église paroissiale de Prats-de-MoUo : « item se troba una con-
cordia enire los parroquians de Cerrallonga y lo reclor del que deuan
pagar dits parroquians y lo que deu fer lo reclor. Teta en lo
any i353 ». Plus tard, l'évêque d'Elne unit la cure de Serralon-
gue à la communauté ecclésiastique de Prats-de-Mollo avec l'au-
torisation du Pape : « iiem se troba la unio de la recloria de Cer-
rallonga à la communiial de V rats fêla per lo Jlluslrissim S" Père
Mariir, bisba d'Elna, ab auclorilal aposlolica y episcopal en poder...
à 3 de juliol iSy4 ».
A cette époque, il n'y eut pas de curé proprement dit. La cure
de Serralongue était mise aux enchères et elle était adjugée au
prêtre plus offrant. Celui-ci était considère comme un vicaire par
la communauté des prêtres de Prats-de-Mollo. Le 26 mars i653,
cette communauté afferme à Vincent Massina et à Joseph Lana
les rentes, droits et profits de la rectorie de Serralongue (i).
Deux mois après, les mêmes fermiers adressent une requête aux
syndics de la communauté de Prats-de-Mollo pour qu'ils puissent
jouir en paix de la rectorie qui leur a été affermée (2). Le prêtre
qui avait affermé la cure de Serralongue en ]658 devait payer
cent livres : « Lo vicari de Cerrallonga per lo arrendament de ta rec-
loria per lo any présent de i658 pagara à la comunilal cent lliures ».
Les prêtres qui desservaient la paroisse de Serralongue en
(1) Arch. Départ., G. 877.
(2) Ibidem, ■
_ 2y8 —
payant une somme annuelle à la communauté de Prats-de-Mollo,
ne résidaient pas sans doute d'une manière constante, lis arri-
vaient probablement le samedi soir et ils repartaient après avoir
célébré la messe le lendemain dimanche. Les ecclésiastiques de
Prats-de-Mollo semblent se succéder tour à tour dans la desser-
vance de la paroisse de Serralongue. Ils quittaient cette cure dès
qu'ils trouvaient possible de se colloquer ailleurs, sans attendre
même qu'un successeur leur fut donné. De nombreux inconvé-
nients résultaient de cet état de choses. Les habitants de Serra-
longue et de Lamanère prirent la résolution d'y remédier. Le
document qui suit en est une preuve évidente. Le 3 février 1771,
le conseil général de la communauté de Serralongue (j), sous la
présidence de François Capdevila, consul, déclare qu'il serait de
la dernière importance d'avoir un curé en titre à Serralongue et
à Lamanère pour le plus grand avantage de tous les habitants,
attendu qu'un prêtre desservant n'est jamais aussi assidu aux affai-
res spirituelles qu'un curé en titre. Celui-ci n'abandonne jamais
ses paroissiens ; il .travaille avec plus de zèle aux réparations de
l'église ; il a soin des malades et des pauvres de la paroisse.
D'ailleurs, les membres de l'assemblée demandent ce qu'ils possé-
daient déjà, puisque, dans le passé, il y avait eu à Serralongue
un curé résidant. En conséquence, les habitants de Serralongue
décident d'avoir un curé p-trpétuel et nomment des syndics pour
poursuivre l'affaire. Antoine Delclos chirurgien et André Planas
sont nommés syndics, et le conseil général leur donne pleins pou-
voirs. Le document porte la signature de Julia, notaire d'Arles,
de Talrich, baille et de Capdevila, consul.
L'Evêque d'Elne approuve la décision prise par les habitants
(1) Hyacinthe Poch, Paul Pastoret, Joseph Gaiibern, François Alberti,
Joseph Daunis, François Noell, Bonaventure Vilallonga, Joseph Losta,
André Planes, Antoine Roniguo, Etienne Delos, Guillaume Delos, Jean
Fort, Antoine Delclos, Pau) Mestra, Vincent Cirait, Pierre Poncet, Jean
Vilallonga, Jean Llensa T^arragà, Joseph Costaseca, Pierre Madern,
André Delos, Jean Marti, Pierre Surroca, Pierre Llensa, Gabriel Llensa,
Jacques Sajaloli, Laurent Llensa, Charles Llubera. Sylvestre Faig, Benoît
Laveira, Jean Aspar, Joseph Xanxo, Joseph Sajaloli, Michel Delclos, Michel
Capdevila, Jean Sidérach, Jean Oms, François Planella, Bonaventure Serra,
Gabriel Aspar, Jérôme Durand, Cosma Bezairia, Vincent Bocabartella, Jean
Picamal.
i
— 279 —
de Serralongue. Cependant, Prats-de-Mollo proteste énergique-
ment. Le syndic de la ville adresse une requête au Roi au sujet
du rétablissement projeté par l'Evèque d'Elne de la vicairie per-
pétuelle de Serralongue, unie depuis plus de deux siècles à la
communauté des prêtres de P'rats, rétablissement très préjudicia-
ble à cette dernière et grâce auquel « une église d'une bonne
ville va devenir une église d'un petit village » (i). Les habitanls
de Serralongue finirent par obtenir satisfaction. Lamanère obtient
également un curé ; et alors nous constatons que les deux locali-
tés sont séparées sous le rapport religieux et forment en quelque
sorte deux paroisses.
[^ suivre) Joseph Gibrat.
(i) Arch. Départ., G. 877.
Quelques noms de plantes ^ synonymes
Catalans- Français ^ Français-Catalans
^S^^^ (SWTE)
Sabina (et sivina), genévrier. — ginebre.
Saboneta, saponaire. — herba sabonera.
sabuc (et saiic, saiiquer). sureau.
Safanoria. — voir pastanaga.
Safrà, safran.
Sagatrepa. — voir floravia.
Sairo. — voir ciurô.
Sajulida (et sejulida), sarriette, sadrée. — sarrieta, satureia, siretja.
Salaberta. — voir boixerica.
salât. — voir salicorn.
Saleia, azalée.
salicorn, salicorne. — salât, herba de salobre. — voir aussi sosa.
salsa de pastor. — voir serpoli.
salze, salser, saulà, salie, salit, salguer, salguera, saule.
Salza^parella. — voir sarsa parella.
Sàlvia, sauge. — cresta, madrona, gallo.
> d'AragÔ, phhmis blanche.
— 28o —
sanabre (et senabre), sénevé.
Sangrell. — voir sanguinyol.
Sanguinari, persicaire. — pebre d'aygua.
sanguinyol (et sarguinyol, sarquinyol, sangrell, sanguinelia,
sangonella, corneller, corner, peralloner), cornouiller.
Sanicula, sanicle. — herba de sant Llorens.
Sannua, prèle. — aspereta, aspreta, cua de rata, cua de cavall.
» longa. — voir apegaios.
Sarga (et sarguera), saule osier. — vimet.
sarguinyol (et sarquinyol), — voir sanguinyol.
Sarreig (et sarrell), panic pied de coq. — potes de gallina.
Sarriasa, gouet, arum. — candela, gujol, grujol.
Sarrieta. — voir sajullda.
SarrÔ de pastor (et Sàrronet), capselle. — heVba del pastorell.
SarronS, ansérine. — herba del corc, espinac de muntanya.
Sarsa. — voir romaguera.
Sarsaparella, smilax, salsepareille. — arinjol, aritja, aritjol, mata-
velles. •
Satureia. — voir sajuHda.
Satalia, rose blanche.
Sb.-., se... — voir esb..., esc...
Segie (et Segol), seigle.
Selva=niare. — voir mareselva.
Selvier. — voir server,
Sempreviva, immortelle. — perpetuina.
senet, séné.
Sepel). — voir bruc.
Seragatona, plantain pucier. — herba de les puces, pucera.
Serfuil. — voir cerfull.
Serpoll (et serpol), serpolet. — salsa de pastor, (voir aussi cerfull).
server (et serbera, selvier), sorbier, cormier.
Setja, scrofulaire. — herba de les scrofules.
Sindricl, melon d'eau.
Siretja. — voir sarrieta.
Siure, chêne-liège. — surô, surer, alzina surera.
Sivina. — voir sabina.
SOlana, morelle douce amère. — morella de marge.
SOSa, soude. — barrella, espinadella. (voir aussi salicorn).
Sp..., si -. — voir esp..., est...
SUbre, alisier. — pomer de sant Joan, selvier de muntanya.
surô (et surer). — voir siure. (^ suivre)
Le Gérant, COMET . — Imprimerie Catalane, COMET, rue de la Poste, Perpignan
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G57R3
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